Depuis quelques années, ces normes prescrivent de valoriser certains instruments financiers à leur juste valeur, c'est-à-dire, dans la plupart des cas, à leur valeur de marché. Or, pendant la crise des subprimes , les marchés financiers ont subi un assèchement de liquidités. Cette chute de liquidité a parfois conduit à l'absence de prix de marché ou à des valeurs décotées et insignifiantes. Confrontées à cette situation, plusieurs entreprises financières ont dû reconnaître des pertes comptables significatives.
Comment apprécier le débat ? Il est très complexe et exige une grande rigueur académique. En effet, une valeur de marché d'un actif n'est jamais que le prix de la dernière transaction. Celle-ci formule une valeur marginale : son prix n'est pertinent que pour les derniers acheteurs et vendeurs. Ce prix est d'ailleurs éphémère, puisqu'il est destiné à être contredit à tout moment. Il n'emporte aucune pérennité et entraîne sa propre précarité. Mais si ce prix est utilisé pour valoriser les bilans de banques, il s'impose comme une norme. Il devient donc une valeur moyenne qui s'impose au-delà de sa signification. L'utilisation de la juste valeur confond les valeurs moyennes et marginales d'un actif.
Ceci étant, la comptabilité n'a pas d'autre but que de recenser et d'évaluer les actifs et passifs d'une entreprise. Elle se situe en aval de l'événement économique. Elle ne peut pas, en bonne logique, contribuer au résultat de l'entreprise qu'elle est censée mesurer. Ce n'est donc pas la comptabilité qui a entraîné des pertes, mais l'événement économique qu'elle est chargée de calibrer. De surcroît, dans de nombreux cas, le manque de négociabilité des instruments financiers a été lié à leur complexité intrinsèque. Cette sophistication mathématique a conduit aux phénomènes d'illiquidité que la comptabilité a dû retranscrire. Et, à nouveau, il aurait été extravagant de demander aux règles comptables de rectifier un déficit de liquidité entraîné par la complication des instruments financiers dont elle est censée mesurer, a posteriori , la valeur.
Incidemment, l'abandon de la juste valeur en cas d'évaporation de la liquidité conduirait à attribuer à la direction comptable un pouvoir d'évaluation des instruments financiers qui serait supérieur à celui des marchés. Or, si les marchés financiers considèrent, dans leur globalité, qu'un actif doit être décoté, et que cette décote conduit à l'absence de prix de transactions acceptables, comment une entreprise pourrait-elle avancer qu'elle dispose d'un meilleur pouvoir d'évaluation ? L'adaptation des règles comptables en cas de marché illiquide conduirait à substituer un risque de modèle à un risque de marché.
Et puis, comment savoir de manière irréfutable quand un actif devient illiquide ? Et comment distinguer une décote d'illiquidité dans un prix de marché ? Selon quelle méthode intégrer cette illiquidité dans un modèle, sauf à la nier ou à l'évaluer de manière forfaitaire, c'est-à-dire subjective ? En outre, l'abandon de la juste valeur en cas de crise pourrait même inquiéter les marchés financiers, au motif que les politiques d'évaluation des actifs financiers deviendraient occultes.
... elle informe et pilote les marchés boursiers
Il faut, aujourd'hui, tirer des leçons. Les critiques doivent être étudiées avec sagesse : la comptabilité est une discipline trop construite pour l'apprécier de manière lapidaire. Elle contribue à informer et à piloter les marchés boursiers, en ce qu'elle oblige à une transparence uniforme, faute d'être parfaite.
La leçon comptable de la crise des subprimes réside donc moins dans l'inadéquation des règles que dans les difficultés à évaluer des instruments financiers sophistiqués.
Au reste, quelle serait l'alternative crédible à la juste valeur ? Certainement pas un retour aux méthodes anciennes dont l'inadéquation à des instruments financiers est flagrante. La juste valeur ne doit pas être définitivement écartée, mais plutôt affinée et débattue. La plupart des organismes de contrôle bancaire viennent de le confirmer.
Les enjeux sont significatifs car ils concernent une importante profession et les marchés boursiers, à la recherche d'apaisement et de stabilité.
D'après Trends.
Comment apprécier le débat ? Il est très complexe et exige une grande rigueur académique. En effet, une valeur de marché d'un actif n'est jamais que le prix de la dernière transaction. Celle-ci formule une valeur marginale : son prix n'est pertinent que pour les derniers acheteurs et vendeurs. Ce prix est d'ailleurs éphémère, puisqu'il est destiné à être contredit à tout moment. Il n'emporte aucune pérennité et entraîne sa propre précarité. Mais si ce prix est utilisé pour valoriser les bilans de banques, il s'impose comme une norme. Il devient donc une valeur moyenne qui s'impose au-delà de sa signification. L'utilisation de la juste valeur confond les valeurs moyennes et marginales d'un actif.
Ceci étant, la comptabilité n'a pas d'autre but que de recenser et d'évaluer les actifs et passifs d'une entreprise. Elle se situe en aval de l'événement économique. Elle ne peut pas, en bonne logique, contribuer au résultat de l'entreprise qu'elle est censée mesurer. Ce n'est donc pas la comptabilité qui a entraîné des pertes, mais l'événement économique qu'elle est chargée de calibrer. De surcroît, dans de nombreux cas, le manque de négociabilité des instruments financiers a été lié à leur complexité intrinsèque. Cette sophistication mathématique a conduit aux phénomènes d'illiquidité que la comptabilité a dû retranscrire. Et, à nouveau, il aurait été extravagant de demander aux règles comptables de rectifier un déficit de liquidité entraîné par la complication des instruments financiers dont elle est censée mesurer, a posteriori , la valeur.
Incidemment, l'abandon de la juste valeur en cas d'évaporation de la liquidité conduirait à attribuer à la direction comptable un pouvoir d'évaluation des instruments financiers qui serait supérieur à celui des marchés. Or, si les marchés financiers considèrent, dans leur globalité, qu'un actif doit être décoté, et que cette décote conduit à l'absence de prix de transactions acceptables, comment une entreprise pourrait-elle avancer qu'elle dispose d'un meilleur pouvoir d'évaluation ? L'adaptation des règles comptables en cas de marché illiquide conduirait à substituer un risque de modèle à un risque de marché.
Et puis, comment savoir de manière irréfutable quand un actif devient illiquide ? Et comment distinguer une décote d'illiquidité dans un prix de marché ? Selon quelle méthode intégrer cette illiquidité dans un modèle, sauf à la nier ou à l'évaluer de manière forfaitaire, c'est-à-dire subjective ? En outre, l'abandon de la juste valeur en cas de crise pourrait même inquiéter les marchés financiers, au motif que les politiques d'évaluation des actifs financiers deviendraient occultes.
... elle informe et pilote les marchés boursiers
Il faut, aujourd'hui, tirer des leçons. Les critiques doivent être étudiées avec sagesse : la comptabilité est une discipline trop construite pour l'apprécier de manière lapidaire. Elle contribue à informer et à piloter les marchés boursiers, en ce qu'elle oblige à une transparence uniforme, faute d'être parfaite.
La leçon comptable de la crise des subprimes réside donc moins dans l'inadéquation des règles que dans les difficultés à évaluer des instruments financiers sophistiqués.
Au reste, quelle serait l'alternative crédible à la juste valeur ? Certainement pas un retour aux méthodes anciennes dont l'inadéquation à des instruments financiers est flagrante. La juste valeur ne doit pas être définitivement écartée, mais plutôt affinée et débattue. La plupart des organismes de contrôle bancaire viennent de le confirmer.
Les enjeux sont significatifs car ils concernent une importante profession et les marchés boursiers, à la recherche d'apaisement et de stabilité.
D'après Trends.
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