Dominique Chesneau
Le conseiller d'Etat Dai Bingguo a déclaré au cours de la réunion qu'il fallait "maintenir une relative stabilité des taux de changes des principales monnaies de réserve internationales et promouvoir un système monétaire international plus diversifié et raisonnable", selon des propos rapportés à la presse par un responsable chinois.
Selon le conseiller d'Etat, il faut "améliorer le système monétaire international et renforcer le régime de réserves monétaires".
Le président chinois Hu Jintao n'est pas présent au sommet. Il a dû annuler sa participation, regagnant précipitamment la Chine à la suite des émeutes ethniques qui secouent la région du Xinjiang. Aucun élément sur cette question de la diversification du système monétaire, à laquelle sont fermement hostiles les Etats-Unis, soucieux de défendre la prépondérance du dollar, ne figure cependant dans le projet de déclaration adopté par le G8 et les pays émergents.
Au-delà de l’opposition des Etats-Unis, quelle thématique peut expliquer cette absence de mention dans le communiqué final du G8 ?
Il est possible d’avancer quelques éléments de réponse.
-Tout d’abord, personne ne sait exactement par quoi remplacer le dollar américain. Les Iraniens facturent une partie de leurs ventes de pétrole en Euros, imités par le Vénézuela d’Hugo Chavez et, quoique marginalement, par d’autres pays du Golfe Arabo-Persique. On a donc ici une réponse politique à un problème qui est « technique » ( !). Serait-il financièrement possible d’étendre cet usage de l’Euro ?
Les banques centrales des pays exportateurs de pétrole ont en moyenne investi 1/3 de leurs actifs monétaires en Euros. Il semble difficile d’excéder cette proportion…par manque de profondeur de marché. En d’autres termes, si l’on veut s’affranchir du dollar, la BCE n’a qu’à se lancer dans l’expansion monétaire : ne pas être vertueux pour affermir le rôle de sa monnaie, comme le font les américains !
-On parle sérieusement d’avoir recours aux Droits de Tirage Spéciaux (DTS). Pour les Chinois, il s’agirait d’un sas avant l’abandon du dollar comme monnaie internationale de facturation et de référence. Nous nous heurtons alors, comme précédemment, et de façon accrue, vers un manque de liquidité. Lors des années « d’abondance » connues depuis le début du millénaire, la liste des pays à problème s’est raccourcie. L’époque des grands emprunts auprès du FMI, pour soutenir les devises locales et financer des balances de paiement déficitaires semblait révolue (Brésil, Argentine…). L’augmentation de capital récente et de l’endettement du FMI (en dollars US !), offrent au Fonds la possibilité de prêter en DTS.
Mais, à date, le FMI n’est pas un institut d’émission monétaire. Il faudrait modifier ses statuts et son organisation, qui nécessiterait un accord de l’actionnaire à 37,5% que sont les Etats-Unis. Oublions donc !
-La zone Asie pourrait enfin se structurer monétairement avec une devise locale de référence qui serait…le yuan ! Cette hypothèse, pour farfelue et universitaire qu’elle semble être, est de celles présentées ici, celle qui a le plus de chance de se produire. Un seul « compétiteur », le Yen, pourrait être utilisé. Japonais et Chinois, malgré leurs ressentiments millénaires semblent en mesure de trouver un accord sur ce point, même si les américains ont indiqué aux japonais, qui n’avaient rien demandé, leur veto sur ce sujet. Mais tout est possible car l’influence économique et financière américaine n’est plus ce qu’elle était. Compte tenu du taux de croissance 2008,2009 et 2010, et partant de la masse monétaire en circulation dans la zone, permettrait d’identifier clairement ce que les Chinois ont à l’esprit sans le dire (fort de leur stratégie de négociation) : une zone dollar, une zone euro et une zone Yuan. Cette zone Yuan pouvant être étendu à l’Afrique subsaharienne, hors zone CFA, qui est l’objet de toutes les sollicitudes de nos amis chinois.
Ceci exposé, reste à estimer le temps nécessaire pour la mise en œuvre de ces scénarios. La réponse est comme dans l’histoire du refroidissement du canon : un certain temps. Car, pour les chinois, le temps ne se décompte pas comme en Occident d’une part, et pendant que ce thème est au menu des sommets internationaux, plus personne n’évoque le « vrai » sujet de la zone qu’est la sous-évaluation du yuan par rapport…au dollar et à l’euro !
En d’autres termes, il semble licite d’indiquer qu’à court terme, rien ne changera et qu’à moyen terme (5-10 ans), l’émergence du yuan est une certitude.
Sachant la difficulté actuelle des entreprises françaises pour être un risque de contrepartie à 6 mois vis-à-vis des banques occidentales, il est urgent de ne rien faire. En revanche, s’il s’agit de participer à un contrat à long terme, une facturation en yuan est peut être recommandée.
Comment alors se couvrir du risque de change ? Par le recours aux Non Deliverable Futures (NDF) dont le marché se situe à Londres et dont l’explication des produits fera l’objet d’une prochaine chronique.
Une difficulté néanmoins, ce marché ressort de la catégorie « de gré à gré, c'est-à-dire, hors règlementation autre que celle que s’auto-impose les acteurs, et donc sans chambre de compensation. Ce n’est pas dans l’air du temps !
Alors, la COFACE ? La BCE ? La Banque Centrale Chinoise ? Les Banques d’Asie ? Le FMI via des accords de swap avec des banques centrales ? Réponse dans peu de temps !
Dominique CHESNEAU
Président Tresorisk
31, place Saint Ferdinand
75017 PARIS
L.D. / Fax : + 33 1 40 55 93 98
Mobile : + 33 6 81 70 73 81
dch@tresorisk.com
Selon le conseiller d'Etat, il faut "améliorer le système monétaire international et renforcer le régime de réserves monétaires".
Le président chinois Hu Jintao n'est pas présent au sommet. Il a dû annuler sa participation, regagnant précipitamment la Chine à la suite des émeutes ethniques qui secouent la région du Xinjiang. Aucun élément sur cette question de la diversification du système monétaire, à laquelle sont fermement hostiles les Etats-Unis, soucieux de défendre la prépondérance du dollar, ne figure cependant dans le projet de déclaration adopté par le G8 et les pays émergents.
Au-delà de l’opposition des Etats-Unis, quelle thématique peut expliquer cette absence de mention dans le communiqué final du G8 ?
Il est possible d’avancer quelques éléments de réponse.
-Tout d’abord, personne ne sait exactement par quoi remplacer le dollar américain. Les Iraniens facturent une partie de leurs ventes de pétrole en Euros, imités par le Vénézuela d’Hugo Chavez et, quoique marginalement, par d’autres pays du Golfe Arabo-Persique. On a donc ici une réponse politique à un problème qui est « technique » ( !). Serait-il financièrement possible d’étendre cet usage de l’Euro ?
Les banques centrales des pays exportateurs de pétrole ont en moyenne investi 1/3 de leurs actifs monétaires en Euros. Il semble difficile d’excéder cette proportion…par manque de profondeur de marché. En d’autres termes, si l’on veut s’affranchir du dollar, la BCE n’a qu’à se lancer dans l’expansion monétaire : ne pas être vertueux pour affermir le rôle de sa monnaie, comme le font les américains !
-On parle sérieusement d’avoir recours aux Droits de Tirage Spéciaux (DTS). Pour les Chinois, il s’agirait d’un sas avant l’abandon du dollar comme monnaie internationale de facturation et de référence. Nous nous heurtons alors, comme précédemment, et de façon accrue, vers un manque de liquidité. Lors des années « d’abondance » connues depuis le début du millénaire, la liste des pays à problème s’est raccourcie. L’époque des grands emprunts auprès du FMI, pour soutenir les devises locales et financer des balances de paiement déficitaires semblait révolue (Brésil, Argentine…). L’augmentation de capital récente et de l’endettement du FMI (en dollars US !), offrent au Fonds la possibilité de prêter en DTS.
Mais, à date, le FMI n’est pas un institut d’émission monétaire. Il faudrait modifier ses statuts et son organisation, qui nécessiterait un accord de l’actionnaire à 37,5% que sont les Etats-Unis. Oublions donc !
-La zone Asie pourrait enfin se structurer monétairement avec une devise locale de référence qui serait…le yuan ! Cette hypothèse, pour farfelue et universitaire qu’elle semble être, est de celles présentées ici, celle qui a le plus de chance de se produire. Un seul « compétiteur », le Yen, pourrait être utilisé. Japonais et Chinois, malgré leurs ressentiments millénaires semblent en mesure de trouver un accord sur ce point, même si les américains ont indiqué aux japonais, qui n’avaient rien demandé, leur veto sur ce sujet. Mais tout est possible car l’influence économique et financière américaine n’est plus ce qu’elle était. Compte tenu du taux de croissance 2008,2009 et 2010, et partant de la masse monétaire en circulation dans la zone, permettrait d’identifier clairement ce que les Chinois ont à l’esprit sans le dire (fort de leur stratégie de négociation) : une zone dollar, une zone euro et une zone Yuan. Cette zone Yuan pouvant être étendu à l’Afrique subsaharienne, hors zone CFA, qui est l’objet de toutes les sollicitudes de nos amis chinois.
Ceci exposé, reste à estimer le temps nécessaire pour la mise en œuvre de ces scénarios. La réponse est comme dans l’histoire du refroidissement du canon : un certain temps. Car, pour les chinois, le temps ne se décompte pas comme en Occident d’une part, et pendant que ce thème est au menu des sommets internationaux, plus personne n’évoque le « vrai » sujet de la zone qu’est la sous-évaluation du yuan par rapport…au dollar et à l’euro !
En d’autres termes, il semble licite d’indiquer qu’à court terme, rien ne changera et qu’à moyen terme (5-10 ans), l’émergence du yuan est une certitude.
Sachant la difficulté actuelle des entreprises françaises pour être un risque de contrepartie à 6 mois vis-à-vis des banques occidentales, il est urgent de ne rien faire. En revanche, s’il s’agit de participer à un contrat à long terme, une facturation en yuan est peut être recommandée.
Comment alors se couvrir du risque de change ? Par le recours aux Non Deliverable Futures (NDF) dont le marché se situe à Londres et dont l’explication des produits fera l’objet d’une prochaine chronique.
Une difficulté néanmoins, ce marché ressort de la catégorie « de gré à gré, c'est-à-dire, hors règlementation autre que celle que s’auto-impose les acteurs, et donc sans chambre de compensation. Ce n’est pas dans l’air du temps !
Alors, la COFACE ? La BCE ? La Banque Centrale Chinoise ? Les Banques d’Asie ? Le FMI via des accords de swap avec des banques centrales ? Réponse dans peu de temps !
Dominique CHESNEAU
Président Tresorisk
31, place Saint Ferdinand
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