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Secteur de la santé recherche financements privés désespérément !

Par Marc Le Bozec, Private Equity Portfolio Manager chez Financière Arbevel


La France a tout pour réussir dans le domaine de la santé grâce à la qualité de ses chercheurs/entrepreneurs et l’efficacité des dispositifs mis en place par l’Etat. Pourtant, le financement privé du secteur reste largement insuffisant. Un grand effort de pédagogie est indispensable pour attirer les investisseurs privés et créer les champions français de demain.

En matière d’innovation, la France et plus généralement l’Europe n’ont pas à rougir. Les premiers essais de thérapie génique ont été initiés en France, l’édition de génomes a vu le jour dans les laboratoires de l’Institut Pasteur, le Centre nationale de transfusion sanguine (CNTS) a été l’un des pionniers des anticorps monoclonaux tandis que le célèbre robot chirurgical Da Vinci a été inventé en France. Ce ne sont que des exemples parmi d’autres.

Il est vrai que l’Etat a mis en place une organisation parfaitement structurée, efficace et à même de susciter les vocations entrepreneuriales partout dans le pays. Nous disposons ainsi du crédit impôt recherche et d’un guichet unique exceptionnel (la BPI), tant pour les financements sous forme de subventions, d’avances remboursables, d’investissement en capital dans les entreprises que pour l’investissement dans les fonds de capital-risque et de capital-développement.

Récapitulons : la France dispose d’excellents chercheurs et inventeurs ainsi que d’une organisation publique aux meilleurs standards mondiaux. Il faut ajouter à cela la qualité de nos entrepreneurs. Citons par exemple Stéphane Bancel, le patron de Moderna qui est français, ceux d’AstraZeneca ou de Takeda, leader pharmaceutique japonais, le sont aussi. Là encore, la liste est longue.

Rendre le secteur plus visible et plus attrayant pour les investisseurs potentiels

Dans ce contexte, comment peut-on expliquer l’incapacité structurelle de notre pays à créer des champions mondiaux dans le domaine de la santé alors même que nous avons réussi à le faire dans l’automobile, l’aéronautique, le luxe et que nous sommes en chemin pour y parvenir dans le digital au sens large ? L’explication principale vient sans doute du fait que nous n’avons pas collectivement (je m’inclus dans la critique) réussi à rendre ce secteur attractif aux yeux des investisseurs privés. Nos grandes compagnies d’assurance et nos grandes banques n’ont pas d’intérêts majeurs dans la santé comme ils peuvent en avoir dans une multitude d’autres secteurs industriels. La conséquence de ce constat est simple : une entreprise française (et cela s’applique aussi à l’échelle européenne) qui fait face à un besoin massif de capitaux pour poursuivre son développement, lancer un produit ou construire une usine, se voit contrainte à un choix difficile : vendre à un industriel, le plus souvent américain, ou bien lever des fonds sur le Nasdaq.

Je n’ai pas la formule magique pour renverser cette situation. Mais nous devons collectivement nous attacher à donner plus de visibilité au secteur de la santé. Pour cela, il convient de commencer à nous extraire d’un jargon repoussoir pour le plus grand nombre, et sans doute de se montrer moins jaloux de nos savoirs et de les partager avec le public. Il est de notre devoir d’attirer des talents venant d’autres industries pour ouvrir largement une culture parfois sclérosée. Nous devons enfin montrer que l’on peut gagner de l’argent en investissant dans notre secteur et pas uniquement sur le long terme.

Rappelons-nous que le segment des entreprises innovantes en santé a largement surperformé le marché entre 2012 et 2015, que les performances ont encore été très bonnes en 2019, 2020 et une partie de 2021. Nos fonds de private equity doivent avoir l’obsession de la performance au-delà du sens que donne le fait d’investir dans le développement de nouveaux médicaments et dispositifs médicaux. Soyons plus ouverts et œuvrons pour construire deux, trois grands leaders mondiaux et pourquoi pas davantage à horizon dix ans !

A propos de Financière Arbevel :
Reprise par ses dirigeants actuels en 2009, Financière Arbevel, société de gestion d'actifs indépendante et entrepreneuriale, est un acteur de référence de l'univers des petites et moyennes capitalisations.
Avec une philosophie de gestion centrée sur l’analyse financière, extra-financière et stratégique des sociétés, Financière Arbevel se définit avant tout comme une « Maison de Recherche », disposant d’une équipe d’analystes expérimentée de 15 personnes.
Initialement positionné comme un spécialiste de stock-picking sur les valeurs françaises, Financière Arbevel a élargi ses expertises (gestion collective et gestion sous mandat) à l’Europe, dans une logique de "cross-asset" sur l’ensemble de ses stratégies d’investissement (actions "core" et thématiques, obligations et gestion diversifiée). Au 31 décembre 2020, Financière Arbevel comptait 2,2 milliards d'euros d'actifs sous gestion et 35 salariés.

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Vendredi 12 Novembre 2021




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