DORA, DCC2, MiCA, CSRD… un choc réglementaire inédit pour les fintechs européennes
La période actuelle marque un tournant pour les fintechs : jamais autant de textes européens majeurs n’avaient été adoptés ou mis en œuvre simultanément. La directive sur la résilience opérationnelle (DORA), la nouvelle directive sur le crédit à la consommation (DCC2), la régulation des crypto-actifs (MiCA), la directive CSRD sur le reporting extra-financier ou encore l’AI Act redessinent le cadre dans lequel évoluent les jeunes entreprises financières. Un choc réglementaire confirmé dans le rapport 2024 de France Fintech qui indique que : « La concomitance et la complexité de ces nouvelles réglementations imposent une pression économique et organisationnelle significative sur les acteurs concernés ».
Pour les fintechs, souvent jeunes (40 % des fintechs françaises sont en phase d’amorçage selon France Fintech) et peu structurées, le défi est d’autant plus grand qu’il se joue à double niveau : intégrer les contraintes qui les visent directement, mais aussi répondre aux obligations imposées à leurs clients, souvent de grande taille.
Pour les fintechs, souvent jeunes (40 % des fintechs françaises sont en phase d’amorçage selon France Fintech) et peu structurées, le défi est d’autant plus grand qu’il se joue à double niveau : intégrer les contraintes qui les visent directement, mais aussi répondre aux obligations imposées à leurs clients, souvent de grande taille.
Rationaliser la conformité : un levier d’innovation
Si la régulation impose des contraintes, elle peut aussi être un vecteur d’innovation – et même un levier de croissance. « Les fintechs doivent être créatives pour répondre à ces nouveaux enjeux. Automatiser les plans d’action, rationaliser la gestion documentaire, structurer les obligations… Cela pousse à inventer des solutions efficaces et scalables », souligne Baptiste David, responsable de la stratégie marché chez Tenacy, une plateforme SaaS de pilotage de la cybersécurité. Chez Tenacy, cette approche se traduit par une plateforme qui rend la conformité plus lisible et opérationnelle, notamment face à des textes complexes comme DORA.
Cette dynamique est également à l’œuvre chez Algoan, spécialiste de l’open banking appliqué à l’octroi de crédit. L’entreprise anticipe l’entrée en vigueur de la directive DCC2 (novembre 2025), qui impose une évaluation plus rigoureuse de la solvabilité, y compris pour des crédits inférieurs à 3 000 € ou des paiements fractionnés. « Ce texte va profondément transformer les pratiques de marché », explique Paul Peyré, cofondateur. « Grâce à nos outils, nos clients peuvent analyser automatiquement les flux bancaires et détecter des signaux faibles. Cela protège les établissements... mais surtout les consommateurs », affirme-t-il.
C’est aussi sur cette logique que repose le modèle de Weefin, qui accompagne les acteurs financiers dans la gestion et le pilotage de leurs stratégies de durabilité. « Des réglementations comme la CSRD ou le SFDR ne sont pas seulement des contraintes. Elles sont aussi des opportunités de structuration et de différenciation », estime Marion Aubert, co-fondatrice de Weefin. « En apportant de la clarté dans un environnement technique et mouvant, on crée de la valeur », rappelle-t-elle.
Cette dynamique est également à l’œuvre chez Algoan, spécialiste de l’open banking appliqué à l’octroi de crédit. L’entreprise anticipe l’entrée en vigueur de la directive DCC2 (novembre 2025), qui impose une évaluation plus rigoureuse de la solvabilité, y compris pour des crédits inférieurs à 3 000 € ou des paiements fractionnés. « Ce texte va profondément transformer les pratiques de marché », explique Paul Peyré, cofondateur. « Grâce à nos outils, nos clients peuvent analyser automatiquement les flux bancaires et détecter des signaux faibles. Cela protège les établissements... mais surtout les consommateurs », affirme-t-il.
C’est aussi sur cette logique que repose le modèle de Weefin, qui accompagne les acteurs financiers dans la gestion et le pilotage de leurs stratégies de durabilité. « Des réglementations comme la CSRD ou le SFDR ne sont pas seulement des contraintes. Elles sont aussi des opportunités de structuration et de différenciation », estime Marion Aubert, co-fondatrice de Weefin. « En apportant de la clarté dans un environnement technique et mouvant, on crée de la valeur », rappelle-t-elle.
L’Europe plus régulée… mais moins lisible
Face à la multiplication des exigences, la conformité devient un critère de sélection pour les clients, les investisseurs et les partenaires. « On voit une demande croissante des clients finaux pour des garanties de sécurité et de conformité. Pour y répondre, les fintechs doivent innover », observe Baptiste David. Et ce qui est vrai en B2C, l’est aussi en B2B. « La certification, c’est un acte de réassurance. Elle permet de fluidifier les cycles de vente. C’est un peu le diplôme qui prouve que vous êtes digne de confiance », souligne-t-il.
Sur le terrain de la compétitivité internationale, en revanche, la conformité devient un casse-tête. « Le passeport européen permet en principe à une fintech agréée dans un pays d’opérer dans les autres États membres. Mais dans les faits, la lenteur des procédures et les différences nationales limitent fortement son efficacité », rappelle le rapport France Fintech. Si 87 % des fintechs françaises présentes à l’étranger choisissent l’Union européenne, c’est donc souvent par défaut de meilleure option.
L'asymétrie avec les marchés anglo-saxons se creuse. « Entre les États-Unis et l’Europe, nous allons avoir deux écosystèmes qui vivent des réalités très différentes », analyse François Assada, responsable du marché Fintech pour KPMG en France. « Outre-Atlantique, avec la nouvelle administration, la régulation est en train de s’alléger dans certains domaines et l’existence de certains régulateurs créés après la crise de 2008 est menacée. Cela permettra probablement plus d’expérimentations, mais peut-être aussi au prix d’une plus grande instabilité », partage-t-il.
Cette différence de culture réglementaire peut être un frein à l’internationalisation pour les fintechs européennes. « Pour pénétrer le marché américain, il faut impérativement une certification comme le SOC 2. En Europe, cette certification n’est pas reconnue. Résultat : une fintech française doit souvent se conformer à deux modèles parallèles pour espérer se développer à l’international », note Baptiste David.
Manon Triniac
Sur le terrain de la compétitivité internationale, en revanche, la conformité devient un casse-tête. « Le passeport européen permet en principe à une fintech agréée dans un pays d’opérer dans les autres États membres. Mais dans les faits, la lenteur des procédures et les différences nationales limitent fortement son efficacité », rappelle le rapport France Fintech. Si 87 % des fintechs françaises présentes à l’étranger choisissent l’Union européenne, c’est donc souvent par défaut de meilleure option.
L'asymétrie avec les marchés anglo-saxons se creuse. « Entre les États-Unis et l’Europe, nous allons avoir deux écosystèmes qui vivent des réalités très différentes », analyse François Assada, responsable du marché Fintech pour KPMG en France. « Outre-Atlantique, avec la nouvelle administration, la régulation est en train de s’alléger dans certains domaines et l’existence de certains régulateurs créés après la crise de 2008 est menacée. Cela permettra probablement plus d’expérimentations, mais peut-être aussi au prix d’une plus grande instabilité », partage-t-il.
Cette différence de culture réglementaire peut être un frein à l’internationalisation pour les fintechs européennes. « Pour pénétrer le marché américain, il faut impérativement une certification comme le SOC 2. En Europe, cette certification n’est pas reconnue. Résultat : une fintech française doit souvent se conformer à deux modèles parallèles pour espérer se développer à l’international », note Baptiste David.
Manon Triniac
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