Constant Calvo
On ne peut que constater, depuis, l’étonnante vitalité et continuité historique de la réflexion sur l’éthique, notamment dans la pensée occidentale.
Le but de l’éthique, selon les philosophes grecs, est le bonheur. Toute activité humaine, nous dit Aristote, vise quelque chose de bon, c’est-à-dire le bien, sachant que ce qui est ultimement visé, le bien placé au sommet, est le bonheur.
Du point de vue philosophique, l’éthique relève d’un comportement, d’une manière d’agir, et d’une réflexion, afin d’être en mesure de faire la distinction entre de ce qui est bien et ce qui est mauvais de faire, et qui suppose de se doter d’une règle de vie, entendons règle d’action.
L’éthique, ou la morale comme on voudra, - on n’entrera pas ici dans la polémique sur la différence supposée, ou à établir, entre les deux concepts -, constituait dans l’antiquité grecque le couronnement de tout système philosophique.
L’épicurisme, par exemple, contrairement à l’idée qui semble prévaloir dans l’imagination populaire, ne consiste pas à la recherche systématique du plaisir, fût-il raffiné; c’est une démarche éthique visant à la satisfaction des désirs naturels, et à fuir les satisfactions extrêmes telles que la richesse, les possessions, le pouvoir, ou la quête de l’immortalité.
Epicure disait que la recherche des plaisirs extrêmes conduisait les individus à des passions ruineuses et au malheur ; et Socrate se disait scandalisé par l’immoralisme et le goût immodéré du luxe des citoyens de la cité d’Athènes.
Il n’est pas inutile de préciser que, du point de vue de la philosophie, la recherche de ce qui est bien et mauvais de faire n’a rien à voir avec l’idée du bien et du mal. L’éthique est une démarche personnelle exigeante qui s’applique au réel, c’est un travail intérieur, sur soi.
Celui qui entreprend une démarche éthique de type philosophique est, typiquement, un individu modéré, qui ne se livre à aucune violence verbale ou physique, qui ne condamne pas, ne juge pas, et ne prétend pas détenir la vérité ; bien que la recherche de la vérité soit indissociable de la démarche éthique.
Rien n’est plus étranger à la démarche éthique que le dogme, le prosélytisme, ou le fanatisme. La démarche éthique privilégie le dialogue, l’écoute, la confrontation des idées, et l’expérience de la vie.
Plus près de nous, au XVIII è siècle, les philosophes des Lumières avaient pour ambition de fonder une éthique humaniste, résolument laïque par sa pratique mais aussi par sa spiritualité, dans laquelle la politique serait le prolongement de la morale.
(« L'Éthique des Lumières, Les Fondements de la morale dans la philosophie française du XVIIIe siècle » de Jacques Domenech ; éd. Vrin, 2008).
On se rapproche lentement des interrogations, doutes, et préoccupations de nos sociétés contemporaines.
Si l’on rapporte les préceptes philosophiques, d’une part aux enjeux de la RSE, et, d’autre part, aux défis posés par la mondialisation ainsi qu’à la crise globale et systémique à laquelle nous sommes confrontés, on comprend mieux que l’exigence éthique de nos sociétés complexes contemporaines, si elle veut se donner les chances de réussir, ne doit pas seulement concerner l’entreprise, l’institution publique, ou l’État, mais tous les individus.
L’éthique sociale, sociétale, et environnementale, en définitive, comme l’éthique philosophique, renvoie à la responsabilité de chacun.
C’est tout le sens qu’il faut donner à l’engagement des parties prenantes, internes, - les salariés et leurs représentants, afin de dynamiser et rénover le dialogue social, au niveau local, national et international -, et externes, - notamment les ONG -, ainsi qu’aux attitudes et démarches dites citoyennes qui se multiplient tant au plan individuel que collectif.
Près de vingt-cinq siècles après les anciens grecs, des penseurs de toutes cultures et nationalités, issus de toutes les disciplines, à travers le monde, mais aussi des institutions telles que l’ONU, poursuivent inlassablement le travail de réflexion afin d’élaborer une conception de l’éthique à l’échelle de l’humanité, en tenant compte de sa diversité, à l’instar du philosophe et sociologue français Edgar Morin, dans son ouvrage « Éthique », sixième et dernier volume de son oeuvre maîtresse « La Méthode. »
« Travailler à bien penser » étant devenu un enjeu vital pour résister à la cruauté du monde et à la barbarie humaine, il écrit notamment : « Nous sommes encore à la préhistoire de l’esprit humain » ; et encore : « le problème principal, pour chaque individu est celui de sa propre barbarie intérieure. »
Edgar Morin nous invite à nous donner les moyens de mener un travail sur nous-mêmes grâce à « l’auto éthique », « véritable culture psychique, plus difficile mais plus nécessaire que la culture physique. »
L’éthique ou l’éternel retour.
Constant Calvo, Directeur associé ADHERE RH
http://blog.adhere-rh.com
Le but de l’éthique, selon les philosophes grecs, est le bonheur. Toute activité humaine, nous dit Aristote, vise quelque chose de bon, c’est-à-dire le bien, sachant que ce qui est ultimement visé, le bien placé au sommet, est le bonheur.
Du point de vue philosophique, l’éthique relève d’un comportement, d’une manière d’agir, et d’une réflexion, afin d’être en mesure de faire la distinction entre de ce qui est bien et ce qui est mauvais de faire, et qui suppose de se doter d’une règle de vie, entendons règle d’action.
L’éthique, ou la morale comme on voudra, - on n’entrera pas ici dans la polémique sur la différence supposée, ou à établir, entre les deux concepts -, constituait dans l’antiquité grecque le couronnement de tout système philosophique.
L’épicurisme, par exemple, contrairement à l’idée qui semble prévaloir dans l’imagination populaire, ne consiste pas à la recherche systématique du plaisir, fût-il raffiné; c’est une démarche éthique visant à la satisfaction des désirs naturels, et à fuir les satisfactions extrêmes telles que la richesse, les possessions, le pouvoir, ou la quête de l’immortalité.
Epicure disait que la recherche des plaisirs extrêmes conduisait les individus à des passions ruineuses et au malheur ; et Socrate se disait scandalisé par l’immoralisme et le goût immodéré du luxe des citoyens de la cité d’Athènes.
Il n’est pas inutile de préciser que, du point de vue de la philosophie, la recherche de ce qui est bien et mauvais de faire n’a rien à voir avec l’idée du bien et du mal. L’éthique est une démarche personnelle exigeante qui s’applique au réel, c’est un travail intérieur, sur soi.
Celui qui entreprend une démarche éthique de type philosophique est, typiquement, un individu modéré, qui ne se livre à aucune violence verbale ou physique, qui ne condamne pas, ne juge pas, et ne prétend pas détenir la vérité ; bien que la recherche de la vérité soit indissociable de la démarche éthique.
Rien n’est plus étranger à la démarche éthique que le dogme, le prosélytisme, ou le fanatisme. La démarche éthique privilégie le dialogue, l’écoute, la confrontation des idées, et l’expérience de la vie.
Plus près de nous, au XVIII è siècle, les philosophes des Lumières avaient pour ambition de fonder une éthique humaniste, résolument laïque par sa pratique mais aussi par sa spiritualité, dans laquelle la politique serait le prolongement de la morale.
(« L'Éthique des Lumières, Les Fondements de la morale dans la philosophie française du XVIIIe siècle » de Jacques Domenech ; éd. Vrin, 2008).
On se rapproche lentement des interrogations, doutes, et préoccupations de nos sociétés contemporaines.
Si l’on rapporte les préceptes philosophiques, d’une part aux enjeux de la RSE, et, d’autre part, aux défis posés par la mondialisation ainsi qu’à la crise globale et systémique à laquelle nous sommes confrontés, on comprend mieux que l’exigence éthique de nos sociétés complexes contemporaines, si elle veut se donner les chances de réussir, ne doit pas seulement concerner l’entreprise, l’institution publique, ou l’État, mais tous les individus.
L’éthique sociale, sociétale, et environnementale, en définitive, comme l’éthique philosophique, renvoie à la responsabilité de chacun.
C’est tout le sens qu’il faut donner à l’engagement des parties prenantes, internes, - les salariés et leurs représentants, afin de dynamiser et rénover le dialogue social, au niveau local, national et international -, et externes, - notamment les ONG -, ainsi qu’aux attitudes et démarches dites citoyennes qui se multiplient tant au plan individuel que collectif.
Près de vingt-cinq siècles après les anciens grecs, des penseurs de toutes cultures et nationalités, issus de toutes les disciplines, à travers le monde, mais aussi des institutions telles que l’ONU, poursuivent inlassablement le travail de réflexion afin d’élaborer une conception de l’éthique à l’échelle de l’humanité, en tenant compte de sa diversité, à l’instar du philosophe et sociologue français Edgar Morin, dans son ouvrage « Éthique », sixième et dernier volume de son oeuvre maîtresse « La Méthode. »
« Travailler à bien penser » étant devenu un enjeu vital pour résister à la cruauté du monde et à la barbarie humaine, il écrit notamment : « Nous sommes encore à la préhistoire de l’esprit humain » ; et encore : « le problème principal, pour chaque individu est celui de sa propre barbarie intérieure. »
Edgar Morin nous invite à nous donner les moyens de mener un travail sur nous-mêmes grâce à « l’auto éthique », « véritable culture psychique, plus difficile mais plus nécessaire que la culture physique. »
L’éthique ou l’éternel retour.
Constant Calvo, Directeur associé ADHERE RH
http://blog.adhere-rh.com
Autres articles
-
Délais de paiement : le renvoi au 22 !
-
Après-Etebac, Sepa et systèmes de trésorerie dans les grands groupes
-
Services de paiement : enfin, la France a engagé la transposition de la directive CE 2007/64
-
Taxe carbone : l'euphorie écologiste ne doit pas occulter certains dangers
-
La Chine veut diversifier les monnaies