David Laufer
Jusqu’à 2007, James, 53 ans, et sa femme Candice Merrill, dirigeaient le Pasadena Now avec une équipe de 7 employés payés entre 600 et 800 dollars la semaine, c'est-à-dire des clopinettes. Mais avec les revenus publicitaires en chute libre et le lectorat sous perfusion, c’était encore trop cher. Alors James a puisé dans son expérience dans la confection. Durant les années 80, il avait délocalisé la production de chemises et de pantalons au Vietnam. L’idée lui a paru d’abord aberrante à lui-même, mais pressé par les circonstances et convaincu de la mort du modèle existant, il a décidé de tenter le coup. Et d’un jour à l’autre il a viré tous ses employés, les remplaçant par cinq journalistes indiens. Indiens d’Inde, pas d’Amérique.
Un annonce postée sur un site indien à gros trafic lui a permis de recruter ses nouveaux journalistes parmi un éventail très vaste de personnes qualifiées, sachant très bien écrire, ayant fréquenté l’université et au fait des technologies de l’information. Grâce à Skype, à l’intensification des retransmissions vidéo de tout et n’importe quoi, et notamment des séances du conseil communal de Pasadena, les nouveaux reporters indiens de Pasadena Now peuvent gratuitement se renseigner et faire leurs petites enquêtes, avant de pondre un article à l’anglais impeccable et correspondant en tous points aux exigences des lecteurs habituels. Ces méthodes ont d’ailleurs séduit Dean Singleton, patron du groupe de presse américain MediaNews qui, à la tête de 54 quotidiens dans le pays, s’est lui aussi mis à délocaliser ses journalistes en Inde. Il pense même n'avoir plus qu'un seul desk pour tous ses quotidiens. Peut-être même un desk off-shore, rêve-t-il.
Annoncer la mort de la presse écrite n’a rien d’exceptionnel de nos jours. Il suffit de voir les chiffres de diffusion des quotidiens pour comprendre que le phénomène est réel et probablement irréversible. Le Figaro, le Monde et Libération, à eux trois, ne totalisent pas 1 million d’exemplaires vendus, pour un pays de plus de 65 millions d’habitants. Il y a 30 ans, le Figaro seul en totalisait plus de 2 millions. L’Angleterre est un peu moins touchée, grâce à une vieille tradition de presse d’opinion très marquée et une grande variété d’offre. En Suisse, nous n’échappons évidemment pas au virus et l’effondrement actuel des recettes publicitaires ne risque pas d’arranger les affaires d’Edipresse, Ringier, TAMedia et des autres. Alors ?
Alors, James McPherson. Ça veut dire que le contenu des journaux en Occident est désormais d’une qualité comparable aux chemises de confection de masse, et que, comme elles, on peut parfaitement, et on va de plus en plus les faire réaliser en Inde à $7.50 les mille mots (contre 100 francs en Suisse). Et cela en dit beaucoup plus sur la qualité de la production de Pasadena Now, et de la presse en Occident d'une manière générale, que sur le savoir-faire des pays en développement, qui est hors de soupçon. Les Chinois reproduisent parfaitement les mécanismes horlogers helvétiques les plus compliqués, pourquoi les Indiens ne sauraient-ils pas écrire des articles de journaux ? A moins que, au mépris des contraintes commerciales et politiques, nous ne revenions vers un journalisme plus ouvertement subjectif, rédigé sans format, et capable de susciter autant de débats que les méthodes de James McPherson.
David Laufer
Partenaire expert CFO-news
www.cfo-news.com/index.php?action=annuaire&subaction=enter&id_annuaire=17005
Un annonce postée sur un site indien à gros trafic lui a permis de recruter ses nouveaux journalistes parmi un éventail très vaste de personnes qualifiées, sachant très bien écrire, ayant fréquenté l’université et au fait des technologies de l’information. Grâce à Skype, à l’intensification des retransmissions vidéo de tout et n’importe quoi, et notamment des séances du conseil communal de Pasadena, les nouveaux reporters indiens de Pasadena Now peuvent gratuitement se renseigner et faire leurs petites enquêtes, avant de pondre un article à l’anglais impeccable et correspondant en tous points aux exigences des lecteurs habituels. Ces méthodes ont d’ailleurs séduit Dean Singleton, patron du groupe de presse américain MediaNews qui, à la tête de 54 quotidiens dans le pays, s’est lui aussi mis à délocaliser ses journalistes en Inde. Il pense même n'avoir plus qu'un seul desk pour tous ses quotidiens. Peut-être même un desk off-shore, rêve-t-il.
Annoncer la mort de la presse écrite n’a rien d’exceptionnel de nos jours. Il suffit de voir les chiffres de diffusion des quotidiens pour comprendre que le phénomène est réel et probablement irréversible. Le Figaro, le Monde et Libération, à eux trois, ne totalisent pas 1 million d’exemplaires vendus, pour un pays de plus de 65 millions d’habitants. Il y a 30 ans, le Figaro seul en totalisait plus de 2 millions. L’Angleterre est un peu moins touchée, grâce à une vieille tradition de presse d’opinion très marquée et une grande variété d’offre. En Suisse, nous n’échappons évidemment pas au virus et l’effondrement actuel des recettes publicitaires ne risque pas d’arranger les affaires d’Edipresse, Ringier, TAMedia et des autres. Alors ?
Alors, James McPherson. Ça veut dire que le contenu des journaux en Occident est désormais d’une qualité comparable aux chemises de confection de masse, et que, comme elles, on peut parfaitement, et on va de plus en plus les faire réaliser en Inde à $7.50 les mille mots (contre 100 francs en Suisse). Et cela en dit beaucoup plus sur la qualité de la production de Pasadena Now, et de la presse en Occident d'une manière générale, que sur le savoir-faire des pays en développement, qui est hors de soupçon. Les Chinois reproduisent parfaitement les mécanismes horlogers helvétiques les plus compliqués, pourquoi les Indiens ne sauraient-ils pas écrire des articles de journaux ? A moins que, au mépris des contraintes commerciales et politiques, nous ne revenions vers un journalisme plus ouvertement subjectif, rédigé sans format, et capable de susciter autant de débats que les méthodes de James McPherson.
David Laufer
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