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Mardi 28 Avril 2009

Défaillances et sauvegardes d'entreprises (Altarès)

Sur le premier trimestre 2009, les défaillances d’entreprises augmentent de + 21,3 %. Les procédures de sauvegarde sont en forte hausse à + 147,2 %. 15 600 jugements d’ouverture ont été prononcés par les Tribunaux.


La société Altares, spécialiste de la connaissance inter-entreprises, publie son analyse trimestrielle sur l’évolution des défaillances et sauvegardes d’entreprises en France.
Sur les trois premiers mois 2009, les défaillances d’entreprises augmentent de 21,3 % en comparaison de la même période 2008. Les procédures s’accélèrent en fin de trimestre. Plus encourageant, le recours au dispositif préventif de la sauvegarde se renforce au fi l des mois.
Le nombre d’ouverture a plus que doublé (+ 147,2 %) par rapport à début 2008.
Au 28 mars 2009, Altares comptabilise 15 277 jugements d’ouvertures de RJ ou LJ directes et 304 procédures de sauvegarde.

La conjoncture diffi cile accentue des tendances déjà marquées par le dynamisme des créations.
Avec 15 277 jugements, les défaillances d’entreprises du premier trimestre 2009 restent donc à des niveaux élevés comparables à ceux constatés début 1997. Mais, il y a 10 ans, les créations d’entreprises étaient moins nombreuses (environ 210 000). Aujourd’hui, les nouvelles entreprises approchent le cap des 330 000. Or, les entreprises âgées de 0 à 5 ans représentent invariablement plus de la moitié (56 %) des défaillances d’entreprises. Mécaniquement donc, le volume de défaillances tend à croître du fait du dynamisme des créations d’entreprises.
Les sociétés les plus âgées ne sont cependant pas épargnées. Celles créées il y a plus de 50 ans, bien que peu nombreuses (56), ont vu leur nombre doubler en un an. Par ailleurs, près de 500 sociétés de plus de 20 salariés (494) ont fait l’objet d’une procédure sur ce premier trimestre 2009. Elles étaient 226 un an plus tôt. Cela représente une hausse de 86 %. Dans 69,4 % des cas, les tribunaux décident de la liquidation immédiate des entreprises contre 67,9 % il y a un an et 64,6 % en 2005. Là encore, le poids des jeunes entreprises est fort. Le taux de liquidations directes d’entreprises de 0 à 5 ans est désormais de 73,8 % contre 71,3 % sur le premier trimestre 2008.

Les défaillances augmentent 2 fois plus vite dans l’Industrie et le Transport
Les défaillances d’entreprises du Transport s’accélèrent sur ce début d’année. Au 28 mars 2009 sur trois mois, 532 entreprises de Transport ont dû déposer le bilan contre 372 un an plus tôt, soit une augmentation de 43 % sur un an. Le seul Transport routier de marchandises comptabilise 415 jugements (+ 45 %).
L’Industrie connait un retournement brutal. 1 328 entreprises ont été jugées par les tribunaux au cours du premier trimestre 2009 (+ 28 %). L’Agroalimentaire résiste encore avec un recul des défaillances de 5 % (323). En revanche, l’Industrie hors agroalimentaire dérape de 44 % avec 1005 jugements. Les activités de métallurgie-mécanique sont les plus touchées (188 jugements, + 94 %), devant celles de bois-matériaux de construction (116, + 59 %) ou d’imprimerie (98, + 44 %). La filière caoutchouc- plastique compte 51 défaillances en augmentation de 183 % sur un an.
La Construction reste mal orientée avec 4 803 jugements (+ 27 %). Le Bâtiment compte 4 110 entreprises (+ 22 %) et l’Immobilier 693 (+ 65 %). Les agences immobilières représentent l’essentiel (409) de ce dernier secteur et s’inscrivent sur une tendance très lourde (+ 134 %).
Sur ce premier trimestre 2009, 3 422 commerçants ont fait l’objet d’une procédure collective contre 2 883 un an plus tôt (+ 19 %). 885 d’entre eux sont des grossistes dont les défaillances augmentent de seulement 2 %. Hors Commerce de gros, les jugements ont cru de 33 % dans le commerce et la réparation de véhicules (456) et de 25 % dans la vente de détail (2 081 jugements). Les détaillants les plus vulnérables se situent dans les activités de bricolage et équipement du foyer (411 jugements, + 45 %), d’habillement (310, + 32 %) et les magasins multi-rayons (148, + 42 %). Pour les commerces de soins à la personne et optique les tendances sont sévères (+ 74 %) avec 80 procédures ouvertes.
Les défaillances augmentent moins vite que la moyenne dans les Services aux entreprises (1 683 jugements, + 13 %). En revanche, la sinistralité s’accélère dans les Services aux particuliers. 529 entreprises ont fait l’objet d’une ouverture de procédure contre 410 un an plus tôt, soit une augmentation de 29 %. Parmi celles-ci, les coiffeurs, soins de beauté et corporels, les plus nombreuses (320), enregistrent une hausse des défaillances de 38 %.
Le secteur Hébergement-restauration-débits de boisson comptabilise 1747 défaillances d’entreprises en augmentation de 17 % par rapport au premier trimestre 2008. La restauration draine l’essentiel du volume (1 299, + 18 %). Les débits de boisson comptent 297 jugements (+ 11 %) et l’hébergement 151 (+ 21 %).
Les activités Information et communication résistent avec une hausse des défaillances contenue à + 5 % (358 procédures). Dans ce secteur, les services informatiques et éditeurs de logiciels se défendent mieux encore (187, + 2 %).

Seule l’Ile-de-France résiste
Représentant une défaillance d’entreprises sur cinq, l’Ile-de-France donne le ton. Or, la région résiste remarquablement ce trimestre (+ 0,3 %) stabilisant le nombre de ses procédures collectives à 2 875. Sans la performance francilienne, la tendance nationale aurait approché les + 30 %. En revanche les autres régions, notamment les plus industrielles, sont fortement affectées. C’est le cas de Basse-Normandie et Rhône-Alpes où les défaillances augmentent de 40 % et plus.
Sept régions s’inscrivent sur des taux compris entre 30 % et 40 %.
C’est le cas de l’Alsace (+ 39,9 %) principalement dans la Construction (+ 98 %). En Auvergne aussi (+ 37,9 % et 251 entreprises), la Construction (+ 76 %) pèse sur les tendances. En Pays-de-la-Loire, la dégradation (+ 36,9 %, 739 entreprises) est tirée par l’Industrie (+ 79 %). En Midi-Pyrénées (+ 36,8 %, 714) et Poitou-Charentes (+ 35,3 %, 406), les activités d’Hébergement-restauration-débits de boisson affi chent les taux de défaillance les plus lourds (respectivement + 90 % et + 81 %). En Bretagne, la Construction dérape de 52 % tandis que la moyenne régionale ce trimestre est de + 34 % (687 entreprises). Enfin, en Champagne-Ardenne (+ 34 %, 265 entreprises), la dégradation est rapide dans l’Hébergement-restauration (+ 68 %).
Sept autres régions se situent sur des tendances comprises entre 20 % et 30 %.
Il s’agit de Languedoc-Roussillon (28,7 %, 844 entreprises), Bourgogne (28,2 %, 364), Limousin (27,5 %, 195), Franche-Comté (26 %, 281), Aquitaine (25,8 %, 891), Picardie (25 ,5 %, 330) et Nord-Pas de Calais (24,5 %, 843). Chacune d’elles présente des évolutions sensibles dans l’Industrie. Les évolutions y sont supérieures à + 60 % en Aquitaine, Bourgogne et Languedoc-Roussillon, de 42 % en Nord-Pas de Calais et supérieures à + 30 % en Picardie et Franche-Comté.
Cinq régions affichent des augmentations de 10 % à 20 %.
La Corse (98 entreprises) et la Lorraine (501 entreprises) sont à + 17 % par rapport au premier trimestre 2008. Le Centre enregistre une hausse des défaillances de 15,4 % (556). La Haute-Normandie et Provence-Alpes-Côte-d’Azur tentent de résister ; le nombre de jugements prononcés augmente d’environ 10 %.

Même en forte hausse, les sauvegardes ne représentent encore que 2 % de l’ensemble des ouvertures
Trois ans après l’entrée en vigueur de la loi de sauvegarde des entreprises, une ordonnance du 18 décembre 2008, applicable depuis le 15 février 2009, est venue réformer le droit des entreprises en diffi culté. Sur, les seuls trois premiers mois de 2009, ce sont déjà 304 procédures nouvelles qui ont été enregistrées.
Le volume reste cependant peu important au regard des quelques 15 300 ouvertures de RJ ou LJ directes. La sauvegarde représente aujourd’hui 2 % des ouvertures contre 1 % un an plus tôt. En tendance, il s’agit d’une augmentation de 147 % par rapport à la même période 2008.
Plus de deux procédures ouvertes sur trois (68 %) ont été demandées par des dirigeants d’entreprises de moins de 10 salariés.
Bien que peu représentées, les sociétés de plus de 50 salariés sont, sur ce début d’année, plus nombreuses à avoir opté pour ce dispositif. 29 sociétés de 50 salariés et plus, contre seulement 9 un an plus tôt, ont fait l’objet d’une sauvegarde.
Les entreprises de 0 à 5 ans sont désormais aussi nombreuses (40 %) que celles de plus de 10 ans à solliciter une procédure de sauvegarde. En comparaison du premier trimestre 2008, les plus jeunes sont 4 fois plus nombreuses à recourir à ce dispositif. C’est dans l’Industrie que l’utilisation de la sauvegarde a été la plus forte ce début d’année 2009. 70 procédures ont été ouvertes dont 66 dans l’Industrie hors agroalimentaire. Hors I.A.A, le nombre de demandes a plus que triplé en un an (+ 214 %). La tendance est également très forte dans la Construction : + 212 % et 53 jugements. Le Commerce enregistre une augmentation de 94 % avec 64 sauvegardes.
Une sauvegarde sur cinq est ouverte en Rhône-Alpes. La région en comptabilise 62 en augmentation de 244 % en comparaison du premier trimestre 2008. L’Ile-de-France en affi che 42 contre 20 un an plus tôt, devançant Provence-Alpes-Côte-d’Azur (35 contre 21).
Neuf autres régions ont enregistré plus de 10 sauvegardes sur 3 mois, il n’y en avait aucune début 2008.
« Comme attendu, les défaillances d’entreprises augmentent encore fortement ce début d’année 2009. Et, malheureusement des épisodes encore diffi ciles peuvent être craints. Toutefois, quoique très nettes, ces tendances ne doivent pas masquer des réalités plus positives », observe Thierry Millon, responsable des analyses Altares.
« Tout d’abord, les créations d’entreprises dopées par le nouveau statut de l’auto-entrepreneur, s’inscrivent en ce début d’année 2009 sur des rythmes élevés dans plusieurs secteurs notamment le Commerce et l’Industrie manufacturière. La loi de modernisation économique, ensuite, qui doit permettre notamment un raccourcissement des délais de règlement. Sans oublier la réforme de la sauvegarde qui veut rendre les procédures préventives plus attractives. La prévention est d’ailleurs le maître mot de la relation commerciale. Face à des lignes de crédit ou d’assurance plus restrictives, les besoins de trésorerie sont extrêmes. Le pilotage de la performance nécessite alors de réviser ses protocoles de gestion de risque. Développement commercial et sécurisation du poste
client sont heureusement conciliables. 60 000 défaillances annuelles représentent moins de 2 % du total des entreprises. L’essentiel des entreprises françaises, donc des clients et prospects, passera cette crise. Les connaître est primordial : détecter les clients les plus fragiles, développer les plus solides, en découvrir de nouveaux pérennes, sécuriser les fournisseurs stratégiques. Cette alchimie trouvée, les entreprises pourront continuer à faire durablement de bonnes affaires. »

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