Jérôme Turquey
Le titre du communiqué de presse
Le titre « La confiance que nous accordent nos clients est le fondement de nos métiers » soulève une interrogation.
Il souligne que l’audit des comptes est une vulgaire prestation commerciale vendue à des clients.
Or les destinataires véritables d’un audit sont les investisseurs, le marché, en d’autres termes les parties prenantes (stakeholders). Ce sont eux qui doivent avoir confiance, non les clients.
PwC Luxembourg fait part dans un paragraphe de son communiqué de presse de son engagement en matière de RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) mais oublie de parler des parties prenantes (stakeholders), notion clé de la RSE. Elles sont certes citées en fin de communiqué dans une « note à l’éditeur » mais il s’agit des parties prenantes du client. PwC Luxembourg ignore donc ses parties prenantes dans le communiqué de presse, ce qui est assez remarquable pur une firme de qualité qui communique sur son engagement en matière de RSE.
Les valeurs qui ressortent du communiqué
Outre l’expression parties prenantes (stakeholders) d’autres mots importants manquent dans le communiqué de presse. Il est dérangeant que le leader d’un centre financier ne cite pas les mots « éthique », déontology », lutte contre le blanchiment »…
En revanche le mot croissance (growth) est cité huit fois. Cela signifie que la croissance est une valeur d’entreprise. Or une telle valeur peut conduire à prendre des risques pour tenir les objectifs commerciaux.
Le mot confiance, qui s’applique aux clients et non aux parties prenantes, est lui cité cinq fois. En quoi les clients font-ils confiance ? Peut-être en la capacité de l’entité luxembourgeoise à autocensurer la criminalité économique comme le corrobore l’absence de participation de PwC Luxembourg à l’excellente Global Economic Crime Survey de la firme et surtout l’absence de rapport pays contrairement aux collègues de deux autres grands centres financiers (Suisse et Royaume Uni). Pour un centre comme le Luxembourg cela signifierait-il qu’il n’y a aucune fraude au sens large ? Bien évidemment non et surtout au Luxembourg ou les banquiers et chefs d’entreprises (Chambre de Commerce) considèrent le faux, l’usage de faux, le faux bilan, l’usage de faux bilan et l’abus de bien social comme des infractions vagues et équivoques (cela a été dit et écrit sans vergogne lors du débat sur la transposition de la deuxième directive européenne par exemple dans le rapport annuel 2003 de l’Association Banques et Banquiers - Luxembourg).
En conclusion, le communiqué de presse de PwC Luxembourg permet d’aboutir à trois conclusions/enseignements de principe sur les auditeurs externes des places financières au-delà du seul cas luxembourgeois qui, par la petite taille, rend visible les dysfonctionnements qui se trouvent amplifiés.
1) Une firme d’audit ne peut fixer sa croissance (growth) comme valeur à l’instar d’une vulgaire entreprise privée. Une telle valeur entraîne la prise de risque pour tenir les objectifs commerciaux et peut conduire les collaborateurs à quelque niveau que ce soit à manquer à leurs obligations pour ne pas perdre le client ou gagner des clients. Le réviseur/l’auditeur externe a une mission légale qui impose une réserve dans la communication sur le fond comme la forme.
2) Une firme d’audit fait ses rapports non pour le client (qui paye) mais les investisseurs, le marché et plus généralement les parties prenantes (stakeholders). Ce sont eux qui doivent avoir confiance. Viser la confiance du client ne garantit pas la qualité du travail car le client peut faire confiance à l’auditeur de… fermer les yeux sur la fraude.
3) Une firme d’audit qui autocensure la criminalité économique des et chez les clients ne peut pas inspirer confiance aux parties prenantes (stakeholders). Rien ne permet dès lors d’avoir la certitude qu’elle fait son travail dans ses missions d’audit (i.e. qu’elle n’autocensure pas la fraude et le blanchiment pour ne pas perdre le client qui a confiance) si elle ne parle pas librement de criminalité économique surtout avec l’objectif de croissance comme valeur.
Jérôme Turquey
Auditeur-conseil indépendant en éthique des affaires et risque de réputation
Chargé de cours en Master de Sciences criminelles sur les paradis financiers
En savoir plus : ethiquedesplaces.blogspirit.com
Le titre « La confiance que nous accordent nos clients est le fondement de nos métiers » soulève une interrogation.
Il souligne que l’audit des comptes est une vulgaire prestation commerciale vendue à des clients.
Or les destinataires véritables d’un audit sont les investisseurs, le marché, en d’autres termes les parties prenantes (stakeholders). Ce sont eux qui doivent avoir confiance, non les clients.
PwC Luxembourg fait part dans un paragraphe de son communiqué de presse de son engagement en matière de RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) mais oublie de parler des parties prenantes (stakeholders), notion clé de la RSE. Elles sont certes citées en fin de communiqué dans une « note à l’éditeur » mais il s’agit des parties prenantes du client. PwC Luxembourg ignore donc ses parties prenantes dans le communiqué de presse, ce qui est assez remarquable pur une firme de qualité qui communique sur son engagement en matière de RSE.
Les valeurs qui ressortent du communiqué
Outre l’expression parties prenantes (stakeholders) d’autres mots importants manquent dans le communiqué de presse. Il est dérangeant que le leader d’un centre financier ne cite pas les mots « éthique », déontology », lutte contre le blanchiment »…
En revanche le mot croissance (growth) est cité huit fois. Cela signifie que la croissance est une valeur d’entreprise. Or une telle valeur peut conduire à prendre des risques pour tenir les objectifs commerciaux.
Le mot confiance, qui s’applique aux clients et non aux parties prenantes, est lui cité cinq fois. En quoi les clients font-ils confiance ? Peut-être en la capacité de l’entité luxembourgeoise à autocensurer la criminalité économique comme le corrobore l’absence de participation de PwC Luxembourg à l’excellente Global Economic Crime Survey de la firme et surtout l’absence de rapport pays contrairement aux collègues de deux autres grands centres financiers (Suisse et Royaume Uni). Pour un centre comme le Luxembourg cela signifierait-il qu’il n’y a aucune fraude au sens large ? Bien évidemment non et surtout au Luxembourg ou les banquiers et chefs d’entreprises (Chambre de Commerce) considèrent le faux, l’usage de faux, le faux bilan, l’usage de faux bilan et l’abus de bien social comme des infractions vagues et équivoques (cela a été dit et écrit sans vergogne lors du débat sur la transposition de la deuxième directive européenne par exemple dans le rapport annuel 2003 de l’Association Banques et Banquiers - Luxembourg).
En conclusion, le communiqué de presse de PwC Luxembourg permet d’aboutir à trois conclusions/enseignements de principe sur les auditeurs externes des places financières au-delà du seul cas luxembourgeois qui, par la petite taille, rend visible les dysfonctionnements qui se trouvent amplifiés.
1) Une firme d’audit ne peut fixer sa croissance (growth) comme valeur à l’instar d’une vulgaire entreprise privée. Une telle valeur entraîne la prise de risque pour tenir les objectifs commerciaux et peut conduire les collaborateurs à quelque niveau que ce soit à manquer à leurs obligations pour ne pas perdre le client ou gagner des clients. Le réviseur/l’auditeur externe a une mission légale qui impose une réserve dans la communication sur le fond comme la forme.
2) Une firme d’audit fait ses rapports non pour le client (qui paye) mais les investisseurs, le marché et plus généralement les parties prenantes (stakeholders). Ce sont eux qui doivent avoir confiance. Viser la confiance du client ne garantit pas la qualité du travail car le client peut faire confiance à l’auditeur de… fermer les yeux sur la fraude.
3) Une firme d’audit qui autocensure la criminalité économique des et chez les clients ne peut pas inspirer confiance aux parties prenantes (stakeholders). Rien ne permet dès lors d’avoir la certitude qu’elle fait son travail dans ses missions d’audit (i.e. qu’elle n’autocensure pas la fraude et le blanchiment pour ne pas perdre le client qui a confiance) si elle ne parle pas librement de criminalité économique surtout avec l’objectif de croissance comme valeur.
Jérôme Turquey
Auditeur-conseil indépendant en éthique des affaires et risque de réputation
Chargé de cours en Master de Sciences criminelles sur les paradis financiers
En savoir plus : ethiquedesplaces.blogspirit.com
j.turquey@wanadoo.fr
http://ethiquedesplaces.blogspirit.com
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