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A CHAUD du 17 avril 2007 : L’euro killer va encore frapper…

« Mais non, l’euro fort ne coûte rien, il rapporte au contraire grâce à la baisse des prix des produits pétroliers, regardez l’Allemagne, malgré l’euro fort, sa croissance est au plus haut ! » Telle est une remarque répandue ici ou là et souvent par d’éminents experts…


A CHAUD du 17 avril 2007 : L’euro killer va encore frapper…

Marc TOUATI
Marc TOUATI
Une fois encore, la réalité n'est pas si simple. Certes, l'euro fort, ni la BCE d'ailleurs, ne sont pas à l'origine de tous nos problèmes. Pour être clair, lorsque l'euro s'apprécie de 10 % sur une année, il retire 0,5 point à la croissance eurolandaise et 0,6 point à celle de la France. Et ce en particulier lorsqu'il dépasse son niveau d'équilibre, c'est-à-dire 1,15 dollar pour un euro selon la théorie du taux de change naturel (Natrex).

Le coût d'un euro trop fort ne paraît donc effectivement pas dramatique. Néanmoins, lorsque nous partons d'une croissance structurelle de moins de 2 %, l'impact relatif devient beaucoup plus lourd, dans la mesure où avec un niveau de inférieur à 2 % et a fortiori vers 1,5 %, la croissance est insuffisante pour générer une dynamique durable de créations d'emplois.

Pour mieux comprendre ces coûts, il nous faut détailler les trois principaux vecteurs de transmission d'un euro trop fort à l'économie. Le premier est presque un lieu commun, puisqu'il s'agit des exportations qui, perdant en compétitivité via l'appréciation de la devise, ralentissent voire reculent, avec moindre investissement et repli de l'emploi à la clé.

Le second est souvent perçu comme un bienfait puisqu'il s'agit de la baisse du prix des produits importés. Pourtant, ce gain de pouvoir d'achat sur les importations génère également un effet pervers, en l'occurrence la perte de compétitivité des produits nationaux rendus relativement plus chers que ceux en provenance de l'étranger.

Enfin, le troisième vecteur est relatif aux flux d'investissements internationaux, les Eurolandais étant incités à investir davantage à l'étranger pour profiter d'un euro qui, dans la zone dollar, permet actuellement de bénéficier de soldes permanents d'environ 30 %. A contrario, les investisseurs étrangers regarderont à deux fois avant de décider d'investir dans la zone euro à des prix exorbitants.

C'est pour toutes ces raisons que la récente hausse de l'euro amputera nettement la croissance de l'Euroland et de la France et surtout leurs créations d'emplois, déjà peu flamboyantes (cf. tableau cidessus). Et ce en particulier dans l'Hexagone où l'absence de réformes et d'adaptation de l'économie nationale à la compétition internationale, aggravera le coût de l'euro fort.

C'est d'ailleurs là que l'on trouve la réponse à la différence de réaction de l'Allemagne et de la France face à la flambée de l'euro. Outre-Rhin, les exportations se focalisent sur les bons produits et les bons marchés. Les biens d'équipement représentent ainsi 45 % des exportations allemandes, souvent sur des niches, les rendants par là même moins dépendantes de leur prix. En France, cette part n'est que de 22 %. De même, depuis déjà une quinzaine d'années, l'Allemagne a fortement développé ses exportations vers l'Asie et l'Europe de l'Est alors que la France a continué de se focaliser sur la zone euro qui reste son premier partenaire commercial mais qui est aussi la zone où la croissance est la plus faible dans le monde…

Enfin, pour couronner le tout, alors que la France reste enlisée dans l'immobilisme, l'Allemagne s'est lancée depuis cinq ans dans une profonde réforme de ses structures économiques, notamment en réduisant la pression fiscale et réglementaire qui pèse sur ses entreprises.

Autrement dit, si l'on veut que l'euro fort soit moins coûteux pour notre croissance, il faut absolument engager notre économie sur la voie de la modernisation. Et comme ce n'est pas près d'être le cas, nous n'avons pas arrêté de nous plaindre…

Marc Touati

Olivier Avril Président de ACDE
marc.touati@acde.biz
www.acde.biz


Lundi 23 Avril 2007



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