C'est à l'occasion d'une conférence organisée par JPMorgan Chase que Charlie Scharf s'est – selon les propos rapportés par un article de Recode – emporté sur les pratiques de PayPal, qu'il accuse de promouvoir l'utilisation des virements bancaires auprès de ses clients, au détriment des cartes de paiement (Visa et autres), pour l'approvisionnement de leur porte-monnaie virtuel. Comme s'il fallait s'étonner que l'entreprise préfère une méthode qui dont le coût est probablement 3 ou 4 fois moins élevé !
Alors que, aux États-Unis, les virements représentent déjà plus de la moitié des flux d'alimentation de comptes PayPal (Visa s'appropriant 50% du reste), qu'est-ce qui peut soudainement déclencher une réaction aussi virulente ? Peut-être faut-il voir là un dommage collatéral des velléités américaines de mettre en place un système de transferts rapides (sinon en temps réel). En effet, s'il se concrétisait, il pourrait faire disparaître l'avantage d'instantanéité des règlements effectués par cartes et aggraver encore la situation pour les grands opérateurs.
De son côté, PayPal n'a jamais réussi à imposer son concept de porte-monnaie dédié, qui lui aurait permis de se libérer presque totalement des réseaux financiers traditionnels et, ainsi, de maîtriser l'intégralité de sa chaîne de valeur. Pour autant, et même si elle a dû être adaptée aux circonstances, sa stratégie n'a pas varié d'un iota, ce que C. Scharf semble avoir oublié (ou dangereusement négligé) : son ambition reste de remplacer les autres moyens de paiement dans les usages des consommateurs.
Au-delà des jérémiades, que peut faire Visa pour reprendre l'avantage ? En premier lieu, son patron évoque la multitude de nouveaux entrants qui viennent attaquer PayPal sur son propre terrain. L'idée que ceux-ci pourraient constituer une réponse paraît toutefois terriblement naïve : ces acteurs auront tous les mêmes incitations à se passer des cartes dans leurs modèles. Quand est invoquée la liberté de choix du consommateur, il ne faut pas oublier que, dans l'écosystème des paiements, l'entité qui gère l'encaissement (le commerçant, au sens large) est également un client et a donc son mot à dire…
Alors, une riposte frontale est-elle à craindre ? L'idée peut prêter à sourire si l'on se souvient des mésaventures de Visa dans ce genre d'initiatives, entre V.me (abandonné au début de cette année) et les hoquets secouant aujourd'hui son successeur annoncé, Visa Checkout (toujours absent en Europe). Il est difficile de prendre au sérieux l'incantation de C. Scharf lorsqu'il déclare (en dépit de ces précédents peu glorieux) que son organisation n'a jamais cherché à affronter PayPal de manière significative…
Presque aussi surprenant que l'aveuglement de Visa vis-à-vis des transformations inéluctables des paiements est celui qui affecte les autres intervenants du secteur. Pourquoi, par exemple, un instrument comme Paylib, conçu et mis en place par des banques, repose-t-il sur les cartes ? Les habitudes ont la vie dure… Il est tellement plus simple de choisir la solution qui a toujours été utilisée que d'imaginer une autre façon de faire… Et quand quelqu'un finit par rompre avec les traditions, la panique s'installe !
Alors que, aux États-Unis, les virements représentent déjà plus de la moitié des flux d'alimentation de comptes PayPal (Visa s'appropriant 50% du reste), qu'est-ce qui peut soudainement déclencher une réaction aussi virulente ? Peut-être faut-il voir là un dommage collatéral des velléités américaines de mettre en place un système de transferts rapides (sinon en temps réel). En effet, s'il se concrétisait, il pourrait faire disparaître l'avantage d'instantanéité des règlements effectués par cartes et aggraver encore la situation pour les grands opérateurs.
De son côté, PayPal n'a jamais réussi à imposer son concept de porte-monnaie dédié, qui lui aurait permis de se libérer presque totalement des réseaux financiers traditionnels et, ainsi, de maîtriser l'intégralité de sa chaîne de valeur. Pour autant, et même si elle a dû être adaptée aux circonstances, sa stratégie n'a pas varié d'un iota, ce que C. Scharf semble avoir oublié (ou dangereusement négligé) : son ambition reste de remplacer les autres moyens de paiement dans les usages des consommateurs.
Au-delà des jérémiades, que peut faire Visa pour reprendre l'avantage ? En premier lieu, son patron évoque la multitude de nouveaux entrants qui viennent attaquer PayPal sur son propre terrain. L'idée que ceux-ci pourraient constituer une réponse paraît toutefois terriblement naïve : ces acteurs auront tous les mêmes incitations à se passer des cartes dans leurs modèles. Quand est invoquée la liberté de choix du consommateur, il ne faut pas oublier que, dans l'écosystème des paiements, l'entité qui gère l'encaissement (le commerçant, au sens large) est également un client et a donc son mot à dire…
Alors, une riposte frontale est-elle à craindre ? L'idée peut prêter à sourire si l'on se souvient des mésaventures de Visa dans ce genre d'initiatives, entre V.me (abandonné au début de cette année) et les hoquets secouant aujourd'hui son successeur annoncé, Visa Checkout (toujours absent en Europe). Il est difficile de prendre au sérieux l'incantation de C. Scharf lorsqu'il déclare (en dépit de ces précédents peu glorieux) que son organisation n'a jamais cherché à affronter PayPal de manière significative…
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