Parmi les différents points qu'il aborde autour de l'émergence de nouveaux acteurs du secteur, trois réflexions me font particulièrement sursauter, entre la vision d'une certaine immuabilité des besoins des clients, la croyance que la banque est historiquement « digitale » et la conviction que les modèles de la FinTech sont aisément réplicables dans son organisation. Elles trahissent une dangereuse désinvolture vis-à-vis des mutations en cours, qui mériteraient pourtant d'être appréhendées avec plus de méfiance.
Bien sûr, la rhétorique employée est extrêmement efficace et, d'ailleurs, elle n'est pas l'exclusivité de Jamie Dimon (ce qui justifie de s'y intéresser !). Ainsi, la certitude que les produits financiers de base – ou, du moins, la plupart d'entre eux – continueront à exister encore longtemps n'est pas contestable. De la même manière, la culture d'appropriation des outils informatiques par les institutions financières afin d'améliorer leur efficacité opérationnelle et de développer leurs marchés est une évidence.
Même lorsque est évoquée l'hypothèse que la banque serait en mesure de répondre au défi des plates-formes de crédit P2P (par exemple), notamment en capitalisant sur la connaissance du client acquise à travers la relation existante, elle n'est, finalement, pas tout à fait absurde. En résumé : la révolution de la FinTech n'en est pas vraiment une, car elle ne change pas profondément le cœur de métier, et JPMorgan Chase est parfaitement capable de réaliser les évolutions nécessaires pour rester compétitive.
Malheureusement, le raisonnement ignore la réalité de la menace qui pèse sur les banques. Tout d'abord, il semble curieux de se défendre en disant « nous pourrions faire pareil que les nouveaux entrants » sans agir concrètement (sauf, ironiquement, à travers un partenariat avec OnDeck). Une telle attitude sous-entend un mépris coupable pour les idées émergentes ou elle révèle des difficultés inavouables de mise en œuvre (en raison de lourdeurs d'organisation et d'infrastructures dépassées, peut-être ?).
Ce dernier point n'est pas à négliger et devrait constituer un sujet d'inquiétude majeur pour les banques. En effet, même si elles ont les technologies inscrites dans leur ADN depuis plusieurs dizaines d'années, elles sont de moins en moins aptes à suivre le rythme des évolutions « digitales », qui impliquent aussi la prise en compte des changements de comportement des clients. Elles se trouvent alors facilement dépassées par des entreprises plus agiles, mettant à profit les outils modernes pour démultiplier leur efficacité, ce qui peut en faire des concurrentes redoutables sur des produits basiques.
Enfin, et surtout, Jamie Dimon semble oublier qu'il est aussi possible d'innover et de créer une véritable disruption avec des produits et services traditionnels. Transformer les modes de distribution et de commercialisation, identifier des marchés non servis, réinventer les processus… sont susceptibles de changer la donne aussi sûrement qu'une nouvelle offre. Or, ce sont justement les armes préférées de la FinTech : comment peut-on donc écarter d'un geste dédaigneux une menace qu'on n'a même pas analysée ?
En guise de conclusion, prenons un peu de recul… Dans le sillage du syndrome du « Chez nous, ce n'est pas pareil ! », ce qui est à l'œuvre dans les propos du PDG de JPMorgan – et qui se retrouve dans d'innombrables circonstances – est un autre grand classique des réactions tueuses d'innovation, qui consiste à assimiler artificiellement la nouveauté proposée à une pratique ou une solution antérieure (aussi ancienne que possible), de manière à se persuader qu'elle ne mérite aucune considération particulière : « Pensez donc ! Nous, on fait cela depuis 20 ans ! ».
Bien sûr, la rhétorique employée est extrêmement efficace et, d'ailleurs, elle n'est pas l'exclusivité de Jamie Dimon (ce qui justifie de s'y intéresser !). Ainsi, la certitude que les produits financiers de base – ou, du moins, la plupart d'entre eux – continueront à exister encore longtemps n'est pas contestable. De la même manière, la culture d'appropriation des outils informatiques par les institutions financières afin d'améliorer leur efficacité opérationnelle et de développer leurs marchés est une évidence.
Même lorsque est évoquée l'hypothèse que la banque serait en mesure de répondre au défi des plates-formes de crédit P2P (par exemple), notamment en capitalisant sur la connaissance du client acquise à travers la relation existante, elle n'est, finalement, pas tout à fait absurde. En résumé : la révolution de la FinTech n'en est pas vraiment une, car elle ne change pas profondément le cœur de métier, et JPMorgan Chase est parfaitement capable de réaliser les évolutions nécessaires pour rester compétitive.
Malheureusement, le raisonnement ignore la réalité de la menace qui pèse sur les banques. Tout d'abord, il semble curieux de se défendre en disant « nous pourrions faire pareil que les nouveaux entrants » sans agir concrètement (sauf, ironiquement, à travers un partenariat avec OnDeck). Une telle attitude sous-entend un mépris coupable pour les idées émergentes ou elle révèle des difficultés inavouables de mise en œuvre (en raison de lourdeurs d'organisation et d'infrastructures dépassées, peut-être ?).
Ce dernier point n'est pas à négliger et devrait constituer un sujet d'inquiétude majeur pour les banques. En effet, même si elles ont les technologies inscrites dans leur ADN depuis plusieurs dizaines d'années, elles sont de moins en moins aptes à suivre le rythme des évolutions « digitales », qui impliquent aussi la prise en compte des changements de comportement des clients. Elles se trouvent alors facilement dépassées par des entreprises plus agiles, mettant à profit les outils modernes pour démultiplier leur efficacité, ce qui peut en faire des concurrentes redoutables sur des produits basiques.
Enfin, et surtout, Jamie Dimon semble oublier qu'il est aussi possible d'innover et de créer une véritable disruption avec des produits et services traditionnels. Transformer les modes de distribution et de commercialisation, identifier des marchés non servis, réinventer les processus… sont susceptibles de changer la donne aussi sûrement qu'une nouvelle offre. Or, ce sont justement les armes préférées de la FinTech : comment peut-on donc écarter d'un geste dédaigneux une menace qu'on n'a même pas analysée ?
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