François Nemo
La France et l’Europe ne pourront pas résister à ce hold-up planétaire en s’appuyant sur les acteurs en place, incubateurs ou institutions, mais en s’inspirant des mouvements de fond qui irriguent la société civile ; en faisant émerger des acteurs indépendants qui ont compris la nature profondément subversive de la révolution numérique et répondent à travers de nouveaux projets au talon d’Achille des leaders : la perte de confiance des utilisateurs.
Pendant que nous remplissons les colonnes des sites d’information de polémiques sur les aspects législatif et éthique des plates-formes on-demand et que les experts s’insurgent contre les effets de l’Ubérisation, ces mêmes plates-formes construisent à notre insu des écosystèmes planétaires, les monopoles les plus disruptifs de l’histoire. Ces polémiques sur les questions de partage ou de protection des chauffeurs (Uber), même légitimes, ne sont pas à la hauteur de celles que soulèvent l’apparition de ces nouveaux géants américains et chinois qui sont déjà « au-delà », dans une lutte féroce pour gagner la guerre des écosystèmes qui vise à contrôler des pans entiers de l’économie mondiale dans une logique entrepreneuriale qui, loin d’être révolutionnaire, ressemble fort à celle de l’automobile à Detroit dans les années cinquante.
Apple s’empare de Didi pour contrer Uber et Mercedez et dominer le secteur du déplacement et de la logistique ; Microsoft rachète Linkedin pour combiner le Cloud et le réseau et devenir LE partenaire du monde professionnel, particuliers ou entreprises ; Airbnb, bien au-delà des services de location, vise le secteur des voyages dans toutes ses composantes, personnelle et professionnelle, restauration, loisirs et peut-être déplacement, culture, sport ; Amazon et Alibaba s’entredéchirent pour le commerce de « tout » ; Facebook relie l’ensemble de la planète et devient le passage obligé de l’accès à l’Internet ; Google, la source unique d’accès au savoir, LA machine Learning.
Apple, Facebook, Google, Amazon, Snapchat, Wechat, Taobao, Baidou, Weibo, Uber, et j’en passe, sont engagés dans cette guerre sans merci dont le cœur de l’offre est un « robot », une intelligence artificielle qui optimise la relation entre l’utilisateur et le producteur en supprimant les intermédiaires, les sites et les applications comme autant de barrières aux interactions directes et à leur propre monopole. Dans la dynamique actuelle, il restera probablement une dizaine de grands intermédiaires qui vont dominer une part significative de l’économie mondiale. Un modèle qui ne connaît pas de limite d’échelle et passe au-dessus des frontières et des Etats en abolissant les principes de régulation et de concurrence. C’est pousser le capitalisme vers une forme de libertarianisme et ouvrir la boîte de Pandore du transhumanisme, « améliorer » l’être humain à travers la robotique. Amen…
Face à cette intelligence artificielle au cœur de notre avenir, l’heure n’est plus aux polémiques sur le manque à gagner des États ni le statut des chauffeurs de VTC, dont les acteurs s’accommodent plutôt bien. La véritable question est : « Qu’est-ce que l’on met en face ! » Avec nos 550M d’utilisateurs (EU, 350M ; Chine, 1 300M), comment casser cette dynamique et instaurer un contrepoids au hold-up que sont en train d’opérer les EU et la Chine sur notre économie, notre industrie, et par voie de conséquence sur notre recherche, notre éducation et notre culture ? Saurons-nous faire subir aux leaders du numérique ce qu’eux-mêmes ont fait subir à leurs prédécesseurs ?
J’ai beaucoup d’admiration pour ces entrepreneurs de la Silicon Valley qui trente ans plus tôt ont compris la dimension subversive des mutations technologiques et qui avec l’aide de fonds publics (Armée, Nasa) ont changé notre rapport au monde. Mais comme le raconte Star Wars avec talent, tous les empires cèdent à la tentation obscure de la force et du secret. Et malgré leur puissance financière et leurs capacités de recherche quasi sans limites, le talon d’Achille des géants du numérique est la rupture avec le public. La perte de confiance et l’insatisfaction grandissante des utilisateurs sur l’avenir qu’ils nous proposent. Sur les questions de vie privée et de sécurité : même les géants comprennent que le big data n’est plus l’avenir des sociétés numériques, mais leur plus grand risque. Sur les écarts de richesse : même Ildreberg, la réunion annuelle des leaders mondiaux la plus élitiste qui réunit chaque année cent trente responsables politiques, économiques, consultants, s’inquiète des conséquences de la précarité et propose cette année pour thème « Le précariat ». L’emploi : au-delà de la robotisation et des conséquences pour l’emploi, cette phrase de Laurent Alexandre : « En 2050 les gens avec moins de 150 de QI ne serviront à rien », qui enflamme les esprits. La liberté : cette révélation d’un designer de chez Google qui nous explique comment la technologie pirate l’esprit des gens…
A l’image de la Silicon Valley qui fut à son origine nourrie par un puissant mouvement contre-culturel, une révolution numérique française et européenne ne s’appuiera pas sur les acteurs économiques en place, réseaux, incubateurs ou institutions qui sont enfermés dans le court terme pour capter au maximum la valeur existante, mais naîtra des mouvements de fond qui irriguent et animent la société civile. Sur des acteurs indépendants qui ont compris la nature profondément subversive de la révolution numérique et cristallisent les insatisfactions pour répondre à des attentes inexprimées. Des acteurs engagés qui à la manière des Robin des Bois se positionnent sur le long terme dans un véritable engagement pour confisquer les rentes et se ranger du côté des « bons ».
Je pense à Seed-Up, mi-incubateur, mi-coloc de geeks, la première hacker house de France et à son leader Paul Poupet qui refuse tout autant le confort des incubateurs que les appels du pied de Google et installe sa communauté dans un pavillon à Fresnes. Je pense à Oscaro, avec son dirigeant Pierre-Noël Luiggi, l’un des rares acteurs français qui a réussi à faire tomber le monopole des constructeurs automobiles sur les pièces détachées et à mobiliser une équipe de chercheurs pour créer un moteur de recherche intelligent. Des acteurs culturellement aptes à franchir le cap de l’écosystème « transversal » s’ils réussissent à changer d’échelle, se hisser jusqu’au purpose, cette « raison d’être » si étrangère à la culture entrepreneuriale hexagonale. Ce « quelque chose de plus grand que soi » qui donne le nord et projette dans une autre échelle de business en exploitant le potentiel de l’intelligence artificielle et du Deep Laerning.
Il y en existe d’autres et notre seule ouverture est de créer les conditions pour les faire émerger, trouver de nouvelles ressources pour libérer nos neurones, bousculer nos modèles, faire des propositions au moment ou, justement, on nous attend le moins…
François Nemo, spécialiste en conseil en stratégies de ruptures
Pendant que nous remplissons les colonnes des sites d’information de polémiques sur les aspects législatif et éthique des plates-formes on-demand et que les experts s’insurgent contre les effets de l’Ubérisation, ces mêmes plates-formes construisent à notre insu des écosystèmes planétaires, les monopoles les plus disruptifs de l’histoire. Ces polémiques sur les questions de partage ou de protection des chauffeurs (Uber), même légitimes, ne sont pas à la hauteur de celles que soulèvent l’apparition de ces nouveaux géants américains et chinois qui sont déjà « au-delà », dans une lutte féroce pour gagner la guerre des écosystèmes qui vise à contrôler des pans entiers de l’économie mondiale dans une logique entrepreneuriale qui, loin d’être révolutionnaire, ressemble fort à celle de l’automobile à Detroit dans les années cinquante.
Apple s’empare de Didi pour contrer Uber et Mercedez et dominer le secteur du déplacement et de la logistique ; Microsoft rachète Linkedin pour combiner le Cloud et le réseau et devenir LE partenaire du monde professionnel, particuliers ou entreprises ; Airbnb, bien au-delà des services de location, vise le secteur des voyages dans toutes ses composantes, personnelle et professionnelle, restauration, loisirs et peut-être déplacement, culture, sport ; Amazon et Alibaba s’entredéchirent pour le commerce de « tout » ; Facebook relie l’ensemble de la planète et devient le passage obligé de l’accès à l’Internet ; Google, la source unique d’accès au savoir, LA machine Learning.
Apple, Facebook, Google, Amazon, Snapchat, Wechat, Taobao, Baidou, Weibo, Uber, et j’en passe, sont engagés dans cette guerre sans merci dont le cœur de l’offre est un « robot », une intelligence artificielle qui optimise la relation entre l’utilisateur et le producteur en supprimant les intermédiaires, les sites et les applications comme autant de barrières aux interactions directes et à leur propre monopole. Dans la dynamique actuelle, il restera probablement une dizaine de grands intermédiaires qui vont dominer une part significative de l’économie mondiale. Un modèle qui ne connaît pas de limite d’échelle et passe au-dessus des frontières et des Etats en abolissant les principes de régulation et de concurrence. C’est pousser le capitalisme vers une forme de libertarianisme et ouvrir la boîte de Pandore du transhumanisme, « améliorer » l’être humain à travers la robotique. Amen…
Face à cette intelligence artificielle au cœur de notre avenir, l’heure n’est plus aux polémiques sur le manque à gagner des États ni le statut des chauffeurs de VTC, dont les acteurs s’accommodent plutôt bien. La véritable question est : « Qu’est-ce que l’on met en face ! » Avec nos 550M d’utilisateurs (EU, 350M ; Chine, 1 300M), comment casser cette dynamique et instaurer un contrepoids au hold-up que sont en train d’opérer les EU et la Chine sur notre économie, notre industrie, et par voie de conséquence sur notre recherche, notre éducation et notre culture ? Saurons-nous faire subir aux leaders du numérique ce qu’eux-mêmes ont fait subir à leurs prédécesseurs ?
J’ai beaucoup d’admiration pour ces entrepreneurs de la Silicon Valley qui trente ans plus tôt ont compris la dimension subversive des mutations technologiques et qui avec l’aide de fonds publics (Armée, Nasa) ont changé notre rapport au monde. Mais comme le raconte Star Wars avec talent, tous les empires cèdent à la tentation obscure de la force et du secret. Et malgré leur puissance financière et leurs capacités de recherche quasi sans limites, le talon d’Achille des géants du numérique est la rupture avec le public. La perte de confiance et l’insatisfaction grandissante des utilisateurs sur l’avenir qu’ils nous proposent. Sur les questions de vie privée et de sécurité : même les géants comprennent que le big data n’est plus l’avenir des sociétés numériques, mais leur plus grand risque. Sur les écarts de richesse : même Ildreberg, la réunion annuelle des leaders mondiaux la plus élitiste qui réunit chaque année cent trente responsables politiques, économiques, consultants, s’inquiète des conséquences de la précarité et propose cette année pour thème « Le précariat ». L’emploi : au-delà de la robotisation et des conséquences pour l’emploi, cette phrase de Laurent Alexandre : « En 2050 les gens avec moins de 150 de QI ne serviront à rien », qui enflamme les esprits. La liberté : cette révélation d’un designer de chez Google qui nous explique comment la technologie pirate l’esprit des gens…
A l’image de la Silicon Valley qui fut à son origine nourrie par un puissant mouvement contre-culturel, une révolution numérique française et européenne ne s’appuiera pas sur les acteurs économiques en place, réseaux, incubateurs ou institutions qui sont enfermés dans le court terme pour capter au maximum la valeur existante, mais naîtra des mouvements de fond qui irriguent et animent la société civile. Sur des acteurs indépendants qui ont compris la nature profondément subversive de la révolution numérique et cristallisent les insatisfactions pour répondre à des attentes inexprimées. Des acteurs engagés qui à la manière des Robin des Bois se positionnent sur le long terme dans un véritable engagement pour confisquer les rentes et se ranger du côté des « bons ».
Je pense à Seed-Up, mi-incubateur, mi-coloc de geeks, la première hacker house de France et à son leader Paul Poupet qui refuse tout autant le confort des incubateurs que les appels du pied de Google et installe sa communauté dans un pavillon à Fresnes. Je pense à Oscaro, avec son dirigeant Pierre-Noël Luiggi, l’un des rares acteurs français qui a réussi à faire tomber le monopole des constructeurs automobiles sur les pièces détachées et à mobiliser une équipe de chercheurs pour créer un moteur de recherche intelligent. Des acteurs culturellement aptes à franchir le cap de l’écosystème « transversal » s’ils réussissent à changer d’échelle, se hisser jusqu’au purpose, cette « raison d’être » si étrangère à la culture entrepreneuriale hexagonale. Ce « quelque chose de plus grand que soi » qui donne le nord et projette dans une autre échelle de business en exploitant le potentiel de l’intelligence artificielle et du Deep Laerning.
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