Le leader mondial de l’assurance estime que les retards économiques qui ont été accumulés sont patents et peuvent expliquer les lames de fond qui traversent l’électorat français. La conjoncture est bonne, puisque la croissance française devrait accélérer à +1,4% en 2017, après +1,1% en 2016. Cette accélération sera portée de nouveau cette année par son moteur traditionnel, la consommation des ménages, qui devrait croître de +2% et contribuer à la croissance du PIB à hauteur de 1,1 point. L'investissement des ménages devrait aussi reprendre des couleurs cette année (+3,6%). « Malgré cette dynamique encourageante, l’économie française accumule toujours certains retards. Le niveau de la dette publique, qui représente 96,7% du PIB contre 64,4% fin 2007, montre une partie de ce qui a changé en dix ans, mais en dresse un panorama trop restreint », explique Stéphane Colliac, économiste France chez Euler Hermes.
2006-2016 : Les stigmates d’une décennie perdue
L’économie française commence seulement à se redresser : en 2015, la croissance a dépassé la barre des +1% pour la première fois depuis 4 ans, bénéficiant d’un redémarrage de la consommation des ménages soutenu par la baisse des prix. En 2016, malgré un léger ralentissement de la croissance (+1,1%), le nombre de moteurs s’est élargi : l'investissement des entreprises a accéléré à +4,2% par rapport à 2015, et l'investissement des ménages est revenu à la croissance (+1,5% en moyenne annuelle).
« Ce retour à la normale progressif reste trop récent pour masquer les brèches qui persistent au niveau des revenus, de l’emploi, des profits et de l’investissement. 2006-2016 apparait donc comme une décennie perdue, ce qui explique en partie pourquoi le monde a les yeux rivés sur le risque d’un vote disruptif en France. D’ailleurs, selon nos estimations, les marchés craignent déjà l’élection d’un président sans majorité parlementaire, et donc un rythme de réforme au ralenti. Le coût de l’incertitude politique est de 30 points de base sur les taux obligataires français », constate Ludovic Subran, Chef économiste d’Euler Hermes. Sur quels points la France est-elle en retard par rapport à son niveau de 2007 ?
- Des revenus qui n’avancent plus
En 2016, le PIB par habitant français était à peine plus haut qu’en 2007, dès lors qu’on le mesure à prix constants. Sur cette période, il a cru très faiblement de +0,07% par an. La tendance devrait se poursuivre en 2017, mais la perception populaire reste la même : le PIB par habitant n’a pas évolué depuis 10 ans, alors que les prix ont augmenté de +12% sur la même période. Ce contexte devrait alimenter un sentiment de lassitude à l’égard des réformes entreprises.
- L’emploi ne se relève pas
Malgré une récente amélioration, le taux de chômage était toujours à 10% en 2016. Aucun progrès notable n’est attendu en 2017 (9,7%), et l’amélioration de la santé des entreprises est encore trop progressive pour espérer un retour rapide au plein emploi. En témoignent les défaillances d’entreprises, attendues en baisse de -7% en 2017, mais dont les niveaux restent supérieurs de +49% aux niveaux constatés avant la crise de 2007.
- La profitabilité reste en retrait
Les crises récentes ont pesé sur le bilan des entreprises françaises. Par rapport à leur niveau d’avant 2007, les marges des entreprises ont chuté de -3 points à fin 2013, à 29,6%. La baisse du prix du pétrole et les mesures du gouvernement (CICE, Pacte de responsabilité) ont aidé les marges à se redresser légèrement. Mais à 31,3%, elles restent encore en retard par rapport à leur niveau moyen d’avant-crise (32,5%). Il est probable que les entreprises cherchent encore à les améliorer, au détriment de leurs plans d’investissements.
- L’investissement freiné par la charge fiscale
L’investissement des entreprises peine d’ailleurs à retrouver de sa superbe. Malgré une hausse de +4,2% en 2016, il n’est que de +3% supérieur à son niveau de 2007. Le fardeau fiscal pèse sur l’investissement des entreprises françaises : le profit brut des entreprises françaises est taxé à 60%, alors que la moyenne de l’OCDE est de 40%. Pour corriger le tir sans générer du déficit, les dépenses publiques pourraient être revues à la baisse : elles représentent 57% du PIB, alors que la moyenne de la zone euro est de 49%.
Comment ont évolué les attentes économiques de l’électorat français ?
À la lumière de la résurgence du vote populiste à travers le monde, Euler Hermes s’est demandé quel était le prisme à travers lequel les électeurs et les candidats se positionnent. « Le temps a fait son œuvre, et la pyramide de Maslow de la présidentielle a évolué. Les candidats et l’électorat ont rebattu les cartes du scrutin, qui semble désormais reposer sur ce que nous appelons les 3 R : Rééquilibrage, Revenus, et Repli. Rééquilibrage, certes déjà initié, mais qui reste inachevé. Revenus, parce que leur progression a été trop faible. Repli, car la décennie perdue a engendré un désaveu grandissant vis-à-vis des institutions », expose Stéphane Colliac.
- Reflation, revenus, pouvoir d’achat : une base primordiale
En 2016, les chiffres d’affaires des entreprises n’ont progressé que de 0,3%. Dès lors, la progression des salaires est restée relativement contrainte. Dans la sphère publique, la volonté de réduire les déficits a elle aussi généré une modération salariale. Le pouvoir d’achat des ménages s’en est ressenti, d’autant plus pour les ménages modestes. « On l’a vu avec la baisse du pétrole : tout regain de pouvoir d’achat génère de la demande. Une hausse du revenu disponible des ménages pourrait ainsi soutenir la croissance, que ce soit via une fiscalité plus faible ou par une augmentation des salaires. Une réforme du marché du travail et une libération de la croissance dans les secteurs les plus réglementés pourraient aider à aller en ce sens », exprime Ludovic Subran.
- Un besoin de rééquilibrage charnière
Le déficit public a été réduit à 3,2% du PIB en 2016 (contre 5,1% en 2011) et des mesures ont été prises pour limiter la croissance du coût du travail. Toutefois, l’emploi industriel continue de se contracter. Afin de ramener la France sur un pied d’égalité avec les autres pays de la zone euro, il sera difficile d’éviter une réduction de la dépense publique, une baisse du coût du travail, et une nouvelle réforme du marché du travail. Un surcroit de compétitivité créerait un appel d’air pour la croissance, libérerait des marges de manœuvre budgétaire, et pourrait créer de l’emploi marchant par la relance de la sphère productive.
- Le repli, un mal nécessaire ?
Après des années de faible croissance, l’économie mondiale est traversée par la tentation de l’isolationnisme. La première vague de mondialisation a engendré l’arrivée d’une offre de biens et services bons marché, profitable au pouvoir d’achat des ménages. La seconde vague a généré des délocalisations et des inégalités, tout en conservant un impact global positif sur le PIB. Alors, faut-il s’ouvrir ou se replier ? Plusieurs options existent pour résoudre ce dilemme, mais la tentation du repli se fait de plus en plus forte à l’échelle mondiale. L’UE a notamment été blâmée pour la plupart des problèmes rencontrés par le secteur industriel en France. Sans aller toujours jusqu’à un Frexit, l’idée d’une redéfinition de l’Europe est présente dans nombre de programmes électoraux.
N°1 de l’assurance-crédit en France, Euler Hermes France, filiale du groupe Euler Hermes, contribue au développement rentable des entreprises en garantissant leur poste client.
Euler Hermes est le leader mondial des solutions d’assurance-crédit et un spécialiste reconnu dans les domaines du recouvrement et de la caution. Avec plus de 100 années d’expérience, Euler Hermes offre une gamme complète de services pour la gestion du poste clients. Son réseau international de surveillance permet d’analyser la stabilité financière de PME et de grands groupes actifs dans des marchés représentant 92% du PIB global. Basée à Paris, la société est présente dans plus de 50 pays avec plus de 5.900 employés. Membre du groupe Allianz, Euler Hermes est coté à NYSE Euronext Paris (ELE.PA). Le groupe est noté AA- par Standard & Poor’s et Dagong Europe. La société a enregistré un chiffre d’affaires consolidé de 2,6 milliards d’euros en 2016 et garantissait pour 883 milliards d’euros de transactions commerciales dans le monde fin 2016.
eulerhermes.com
2006-2016 : Les stigmates d’une décennie perdue
L’économie française commence seulement à se redresser : en 2015, la croissance a dépassé la barre des +1% pour la première fois depuis 4 ans, bénéficiant d’un redémarrage de la consommation des ménages soutenu par la baisse des prix. En 2016, malgré un léger ralentissement de la croissance (+1,1%), le nombre de moteurs s’est élargi : l'investissement des entreprises a accéléré à +4,2% par rapport à 2015, et l'investissement des ménages est revenu à la croissance (+1,5% en moyenne annuelle).
« Ce retour à la normale progressif reste trop récent pour masquer les brèches qui persistent au niveau des revenus, de l’emploi, des profits et de l’investissement. 2006-2016 apparait donc comme une décennie perdue, ce qui explique en partie pourquoi le monde a les yeux rivés sur le risque d’un vote disruptif en France. D’ailleurs, selon nos estimations, les marchés craignent déjà l’élection d’un président sans majorité parlementaire, et donc un rythme de réforme au ralenti. Le coût de l’incertitude politique est de 30 points de base sur les taux obligataires français », constate Ludovic Subran, Chef économiste d’Euler Hermes. Sur quels points la France est-elle en retard par rapport à son niveau de 2007 ?
- Des revenus qui n’avancent plus
En 2016, le PIB par habitant français était à peine plus haut qu’en 2007, dès lors qu’on le mesure à prix constants. Sur cette période, il a cru très faiblement de +0,07% par an. La tendance devrait se poursuivre en 2017, mais la perception populaire reste la même : le PIB par habitant n’a pas évolué depuis 10 ans, alors que les prix ont augmenté de +12% sur la même période. Ce contexte devrait alimenter un sentiment de lassitude à l’égard des réformes entreprises.
- L’emploi ne se relève pas
Malgré une récente amélioration, le taux de chômage était toujours à 10% en 2016. Aucun progrès notable n’est attendu en 2017 (9,7%), et l’amélioration de la santé des entreprises est encore trop progressive pour espérer un retour rapide au plein emploi. En témoignent les défaillances d’entreprises, attendues en baisse de -7% en 2017, mais dont les niveaux restent supérieurs de +49% aux niveaux constatés avant la crise de 2007.
- La profitabilité reste en retrait
Les crises récentes ont pesé sur le bilan des entreprises françaises. Par rapport à leur niveau d’avant 2007, les marges des entreprises ont chuté de -3 points à fin 2013, à 29,6%. La baisse du prix du pétrole et les mesures du gouvernement (CICE, Pacte de responsabilité) ont aidé les marges à se redresser légèrement. Mais à 31,3%, elles restent encore en retard par rapport à leur niveau moyen d’avant-crise (32,5%). Il est probable que les entreprises cherchent encore à les améliorer, au détriment de leurs plans d’investissements.
- L’investissement freiné par la charge fiscale
L’investissement des entreprises peine d’ailleurs à retrouver de sa superbe. Malgré une hausse de +4,2% en 2016, il n’est que de +3% supérieur à son niveau de 2007. Le fardeau fiscal pèse sur l’investissement des entreprises françaises : le profit brut des entreprises françaises est taxé à 60%, alors que la moyenne de l’OCDE est de 40%. Pour corriger le tir sans générer du déficit, les dépenses publiques pourraient être revues à la baisse : elles représentent 57% du PIB, alors que la moyenne de la zone euro est de 49%.
Comment ont évolué les attentes économiques de l’électorat français ?
À la lumière de la résurgence du vote populiste à travers le monde, Euler Hermes s’est demandé quel était le prisme à travers lequel les électeurs et les candidats se positionnent. « Le temps a fait son œuvre, et la pyramide de Maslow de la présidentielle a évolué. Les candidats et l’électorat ont rebattu les cartes du scrutin, qui semble désormais reposer sur ce que nous appelons les 3 R : Rééquilibrage, Revenus, et Repli. Rééquilibrage, certes déjà initié, mais qui reste inachevé. Revenus, parce que leur progression a été trop faible. Repli, car la décennie perdue a engendré un désaveu grandissant vis-à-vis des institutions », expose Stéphane Colliac.
- Reflation, revenus, pouvoir d’achat : une base primordiale
En 2016, les chiffres d’affaires des entreprises n’ont progressé que de 0,3%. Dès lors, la progression des salaires est restée relativement contrainte. Dans la sphère publique, la volonté de réduire les déficits a elle aussi généré une modération salariale. Le pouvoir d’achat des ménages s’en est ressenti, d’autant plus pour les ménages modestes. « On l’a vu avec la baisse du pétrole : tout regain de pouvoir d’achat génère de la demande. Une hausse du revenu disponible des ménages pourrait ainsi soutenir la croissance, que ce soit via une fiscalité plus faible ou par une augmentation des salaires. Une réforme du marché du travail et une libération de la croissance dans les secteurs les plus réglementés pourraient aider à aller en ce sens », exprime Ludovic Subran.
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