Marc Touati
Bien entendu, il serait farfelu de se livrer aujourd'hui à un chiffrage précis des conséquences économiques du blocage aérien décidé par les autorités européennes. Si ce dernier ne dure que quelques jours, son coût sera d'ailleurs particulièrement faible. En effet, dans ce cas, les voyages annulés ces derniers jours ne constitueront finalement que des reports d'activité et ne détérioreront pas significativement la santé des compagnies aériennes. D'autant qu'il ne faut pas oublier que ces dernières font aujourd'hui de sacrées économies de kérosène.
De même, au niveau macro-économique, l'arrêt de l'activité aérienne est en partie compensé par les autres moyens de transports. De plus, le blocage de milliers passagers entraîne une flambée des réservations dans les hôtels qui sont justement dans la période creuse d'avril. Autrement dit, si le blocage aérien se termine dans les prochaines heures, l'impact économique sera particulièrement limité et peut-être même positif au final.
En revanche, si ce blocage devait encore durer une semaine, il est clair que les coûts économiques commenceraient à devenir conséquents. Ainsi, les reports deviendraient des annulations définitives, obligeant les compagnies aériennes, qui ont aussi des coûts fixes élevés, à engager un chômage technique plus ou moins massif. Si les grandes compagnies pourraient en partie s'en sortir grâce à leurs activités extra-européennes, pour les plus petites, cette situation pourrait devenir inextricable d'un point de vue financier et menacer jusqu'à leur existence.
D'un point de vue macro-économique, un blocage durable se traduirait également par des ruptures de stocks dans certains domaines, notamment pour les biens alimentaires et les biens industriels. Ce qui entraînerait à la fois une augmentation des prix et une baisse de l'activité, avec chômage technique à la clé.
Même si, au total, le coût économique ne devrait pas dépasser quelques dixièmes de point de PIB, il est clair qu'avec une croissance européenne déjà très faible et d'au mieux 1,5 % en 2010, son impact relatif pourrait s'avérer déterminant. Non seulement, parce qu'il casserait la petite reprise qui se dessine depuis quelques mois dans la zone euro et en France et aussi parce qu'il retarderait d'autant le redémarrage de l'emploi. Sans parler du creusement des déficits publics que cela devrait engendrer. Ces derniers seraient effectivement augmentés notamment à cause du manque à gagner sur le front de la croissance et de l'emploi, mais aussi via les dépenses supplémentaires liées aux dédommagements probables dans certains secteurs d'activité. A l'évidence, nous n'avons pas besoin de tout cela.
Après l'exagération autour du virus H1N1, le principe de précaution pourrait encore coûter très cher à la croissance. Bien entendu, il est hors de question de sacrifier des vies humaines pour quelques dixièmes de point de PIB. Néanmoins, est-il responsable de casser le petit élan de croissance, attendu depuis deux ans, alors que les compagnies aériennes ont réalisé des tests selon lesquels des vols à moins de 9 000 mètres et/ou avec des trajectoires évitant le nuage apparaissent sans danger ? Et ce d'autant que la concentration en cendres du nuage paraît loin d'être dramatique et que de nombreuses éruptions volcaniques similaires ont lieu régulièrement dans d'autres parties du monde, notamment en Asie, sans générer une telle panique. A moins que l'on ne nous dise pas tout sur la situation actuelle…
Une fois encore, le manque de transparence et la manipulation ne manqueront pas de nuire à l'économie européenne. En attendant, le volcan grec bouillonne toujours (le taux dix ans grec vient d'atteindre un nouveau sommet de 7,62 %) et pourrait bien faire exploser la zone euro…
Marc Touati
Economiste.
Directeur Général de Global Equities.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
De même, au niveau macro-économique, l'arrêt de l'activité aérienne est en partie compensé par les autres moyens de transports. De plus, le blocage de milliers passagers entraîne une flambée des réservations dans les hôtels qui sont justement dans la période creuse d'avril. Autrement dit, si le blocage aérien se termine dans les prochaines heures, l'impact économique sera particulièrement limité et peut-être même positif au final.
En revanche, si ce blocage devait encore durer une semaine, il est clair que les coûts économiques commenceraient à devenir conséquents. Ainsi, les reports deviendraient des annulations définitives, obligeant les compagnies aériennes, qui ont aussi des coûts fixes élevés, à engager un chômage technique plus ou moins massif. Si les grandes compagnies pourraient en partie s'en sortir grâce à leurs activités extra-européennes, pour les plus petites, cette situation pourrait devenir inextricable d'un point de vue financier et menacer jusqu'à leur existence.
D'un point de vue macro-économique, un blocage durable se traduirait également par des ruptures de stocks dans certains domaines, notamment pour les biens alimentaires et les biens industriels. Ce qui entraînerait à la fois une augmentation des prix et une baisse de l'activité, avec chômage technique à la clé.
Même si, au total, le coût économique ne devrait pas dépasser quelques dixièmes de point de PIB, il est clair qu'avec une croissance européenne déjà très faible et d'au mieux 1,5 % en 2010, son impact relatif pourrait s'avérer déterminant. Non seulement, parce qu'il casserait la petite reprise qui se dessine depuis quelques mois dans la zone euro et en France et aussi parce qu'il retarderait d'autant le redémarrage de l'emploi. Sans parler du creusement des déficits publics que cela devrait engendrer. Ces derniers seraient effectivement augmentés notamment à cause du manque à gagner sur le front de la croissance et de l'emploi, mais aussi via les dépenses supplémentaires liées aux dédommagements probables dans certains secteurs d'activité. A l'évidence, nous n'avons pas besoin de tout cela.
Après l'exagération autour du virus H1N1, le principe de précaution pourrait encore coûter très cher à la croissance. Bien entendu, il est hors de question de sacrifier des vies humaines pour quelques dixièmes de point de PIB. Néanmoins, est-il responsable de casser le petit élan de croissance, attendu depuis deux ans, alors que les compagnies aériennes ont réalisé des tests selon lesquels des vols à moins de 9 000 mètres et/ou avec des trajectoires évitant le nuage apparaissent sans danger ? Et ce d'autant que la concentration en cendres du nuage paraît loin d'être dramatique et que de nombreuses éruptions volcaniques similaires ont lieu régulièrement dans d'autres parties du monde, notamment en Asie, sans générer une telle panique. A moins que l'on ne nous dise pas tout sur la situation actuelle…
Une fois encore, le manque de transparence et la manipulation ne manqueront pas de nuire à l'économie européenne. En attendant, le volcan grec bouillonne toujours (le taux dix ans grec vient d'atteindre un nouveau sommet de 7,62 %) et pourrait bien faire exploser la zone euro…
Marc Touati
Economiste.
Directeur Général de Global Equities.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Autres articles
-
Les professionnels ont besoin d’être davantage aiguillés dans l’implémentation de la DSP et du SEPA
-
La sanction du taux effectif global (TEG) erroné
-
Stock-options : un anathème de plus !
-
Rapport 2010 du C.O.D - Conseil d’Orientation de la Déontologie des Dirigeants Salariés
-
L’optimisme des CFO belges se traduit par de bons résultats