L’art moderne puis l’art contemporain ont introduit plus de libertés en matière d’inspirations et de techniques et étendu progressivement l’art à la musique, à la mode et aux arts appliqués. Warhol, Johns ou encore Liechtenstein ont initié un profond mouvement d’intégration de la culture populaire, rendant l’art plus accessible, le reliant aux époques et leurs aspirations, à nos émotions et nos sens.
Pourtant, dans notre rapport à l’art, les appréhensions subsistent. Il demeure élitiste. Entrer dans un musée ou une galerie est intimidant. Collectionner une œuvre est réservé à une poignée d’initiés, bien nés ou fortunés. Le sens d’une œuvre est difficilement accessible, voire incompréhensible ; son prix est parfois outrancier, souvent opaque. Les intermédiaires altèrent la relation entre créateurs et acquéreurs.
Le nœud gordien de notre rapport à l’art réside dans son accessibilité, qu’elle soit physique, intellectuelle ou financière. Mais cette accessibilité à l’œuvre autant qu’à l’artiste vit, depuis l’émergence des nouvelles technologies, de profonds changements. Internet, réalité virtuelle, Intelligence Artificielle, Blockchain et NFT sont les marqueurs d’une transformation importante du marché de l’art.
La digitalisation se rapproche de l’art et nous rapproche de l’artiste
Le digital a activement participé à améliorer l’accès aux œuvres d’art et à leur expérimentation, en introduisant immersion et interactivité dans les lieux d’exposition. La plateforme numérique Google Art & Culture, fédère aujourd’hui 151 musées et lieux de culture dans le monde (40 pays) et rend numériquement accessible plus de 32 000 œuvres. Plus proche de nous, si l’on puit dire, la plateforme Europeana donne accès à des millions de ressources du patrimoine culturel européen. L’affluence du musée d’Orsay ou du MoMA a-t-elle baissé pour autant ? Non, ces dispositifs digitaux se sont inscrits dans le prolongement des lieux culturels.
Art et numérique s’entremêlent dans les processus de production artistique. A titre d’exemple, le projet « Nouveau Rembrandt » a confié à un ordinateur l’analyse avancée du style et des caractéristiques du maître pour créer un nouveau tableau. En 2016, une œuvre en est née, mêlant Deep learning, algorithmes, scanners et imprimantes 3D. Est-ce encore de l’art ? Qui est l’artiste ? Quel est le sens de la démarche artistique ? Comment touche-t-elle nos propres sens et nos émotions ?
Ces questions se posent depuis que l’art existe. Comprendre une œuvre, n’est-ce pas dépasser la perception, l’esthétique, pour en saisir l’essence et les intentions de son créateur : sa démarche, son contexte, son état d’esprit et son regard sur la société ?
Le lien à l’artiste et à sa démarche artistique est donc essentiel. L’œuvre ne suffit pas et la posséder non plus. C’est exactement ce que révèle le nouveau paradigme du marché de l’art entraîné par sa dématérialisation, l’émergence d’une nouvelle génération de collectionneurs et de nouvelles façons de collectionner.
NFT ou le point d’inflexion du marché de l’Art mondial
Avec sa digitalisation, le marché de l’art s’ouvre sur un public d’acheteurs plus large, plus jeune et dont les usages ont évolué. Les néo-collectionneurs désirent de la transparence sur le prix des œuvres. Ils aiment créer un lien direct avec l’artiste, mieux le connaître et suivre son travail au quotidien. Ils affectionnent les ventes privées, des prix exclusifs, des œuvres personnalisées. Ils légitiment les œuvres numériques.
Christie’s affirme que 31% de ses nouveaux clients viennent par le digital et par intérêt envers l’art numérique. Dans le dernier rapport ArtPrice 2021 publié par Artmarket.com, le marché de l’art mondial est en hausse de 28% par rapport à 2019 et représente un volume d’échange de 17 Mds$. Les NFTs y font leur entrée pour la première fois et représentent déjà un montant global de vente de 232 M€, soit 1,6% du marché des enchères réglementées.
Mais la révolution des NFTs se situe hors du marché traditionnel. Selon Chainalaysis, leur volume d’échanges a représenté en 2021 plus de 40 Mds$. La première plateforme d’échange, Opensea, a enregistré 14 Mds$ de transactions en 2021 et un revenu de plus de 350 M$ réalisé à 94% entre août et décembre 2021 !
Thierry Ehrmann, le fondateur d’Artmarket.com, en souligne l’impact historique :
« la “révolution” NFT est d’ordre systémique tant elle implique de nouvelles façons de créer des œuvres, de rémunérer les artistes, de collectionner et d’échanger sur des plateformes où l’offre et la demande se rencontrent d’une façon totalement dématérialisée. »
Le NFT certifie l’authenticité de l'œuvre… et de la relation créateur-acquéreur
Le NFT est une innovation émanant de la blockchain. Le « Jeton non fongible » (Non Fungible Token) est à la fois une œuvre numérique, un certificat d’authenticité et un titre de propriété de non-reproductibilité inscrits directement dans une blockchain publique (Ethereum, Solana, Tezos pour les plus réputées). La blockchain et ses propriétés d’immuabilité et de transparence, garantissent l’unicité de l’œuvre et sa traçabilité et ouvrent ainsi des opportunités nouvelles pour les acquéreurs et les créateurs.
En achetant un NFT, l’acquéreur entre dans une relation transparente, directe et privilégiée avec l’artiste mais également avec une communauté partageant le même intérêt et optimisme pour la démarche artistique.
Pour les artistes, c’est un nouveau terrain d’expression dont les codes évoluent. Au-delà de la propriété de l’actif, l’auteur peut créer des fractions infinies d’une œuvre et inviter son audience à en acquérir une partie. Grâce aux contrats intelligents, autre propriété singulière de la blockchain, le créateur peut également percevoir un droit de suite sur la revente de son œuvre.
Mais les NFTs ne concernent pas exclusivement l'art numérique. De nombreuses initiatives hybrides relient désormais des œuvres physiques à une version digitale pouvant être enrichie.
L’euphorie et la spéculation autour de ventes records comme CryptoKitties, CryptoPunks, Beeple et autres, ne doivent pas masquer une réalité : les NFTs bousculent les codes du marché de l’art traditionnel et notamment le monopole des Maisons de ventes aux enchères. Elles engagent de nouvelles générations d’acquéreurs dans un monde où l’art et l’artiste sont autrement et mieux accessibles, compris et appréciés.
Ce que provoque la technologie blockchain dans l’art est, in fine, le reflet de la transformation qu’elle engage plus globalement dans de nombreux secteurs. Elle challenge nos modèles d’organisation, bouscule les intermédiations laborieuses et solidifie, technologiquement et philosophiquement, la confiance dans nos échanges.
Pourtant, dans notre rapport à l’art, les appréhensions subsistent. Il demeure élitiste. Entrer dans un musée ou une galerie est intimidant. Collectionner une œuvre est réservé à une poignée d’initiés, bien nés ou fortunés. Le sens d’une œuvre est difficilement accessible, voire incompréhensible ; son prix est parfois outrancier, souvent opaque. Les intermédiaires altèrent la relation entre créateurs et acquéreurs.
Le nœud gordien de notre rapport à l’art réside dans son accessibilité, qu’elle soit physique, intellectuelle ou financière. Mais cette accessibilité à l’œuvre autant qu’à l’artiste vit, depuis l’émergence des nouvelles technologies, de profonds changements. Internet, réalité virtuelle, Intelligence Artificielle, Blockchain et NFT sont les marqueurs d’une transformation importante du marché de l’art.
La digitalisation se rapproche de l’art et nous rapproche de l’artiste
Le digital a activement participé à améliorer l’accès aux œuvres d’art et à leur expérimentation, en introduisant immersion et interactivité dans les lieux d’exposition. La plateforme numérique Google Art & Culture, fédère aujourd’hui 151 musées et lieux de culture dans le monde (40 pays) et rend numériquement accessible plus de 32 000 œuvres. Plus proche de nous, si l’on puit dire, la plateforme Europeana donne accès à des millions de ressources du patrimoine culturel européen. L’affluence du musée d’Orsay ou du MoMA a-t-elle baissé pour autant ? Non, ces dispositifs digitaux se sont inscrits dans le prolongement des lieux culturels.
Art et numérique s’entremêlent dans les processus de production artistique. A titre d’exemple, le projet « Nouveau Rembrandt » a confié à un ordinateur l’analyse avancée du style et des caractéristiques du maître pour créer un nouveau tableau. En 2016, une œuvre en est née, mêlant Deep learning, algorithmes, scanners et imprimantes 3D. Est-ce encore de l’art ? Qui est l’artiste ? Quel est le sens de la démarche artistique ? Comment touche-t-elle nos propres sens et nos émotions ?
Ces questions se posent depuis que l’art existe. Comprendre une œuvre, n’est-ce pas dépasser la perception, l’esthétique, pour en saisir l’essence et les intentions de son créateur : sa démarche, son contexte, son état d’esprit et son regard sur la société ?
Le lien à l’artiste et à sa démarche artistique est donc essentiel. L’œuvre ne suffit pas et la posséder non plus. C’est exactement ce que révèle le nouveau paradigme du marché de l’art entraîné par sa dématérialisation, l’émergence d’une nouvelle génération de collectionneurs et de nouvelles façons de collectionner.
NFT ou le point d’inflexion du marché de l’Art mondial
Avec sa digitalisation, le marché de l’art s’ouvre sur un public d’acheteurs plus large, plus jeune et dont les usages ont évolué. Les néo-collectionneurs désirent de la transparence sur le prix des œuvres. Ils aiment créer un lien direct avec l’artiste, mieux le connaître et suivre son travail au quotidien. Ils affectionnent les ventes privées, des prix exclusifs, des œuvres personnalisées. Ils légitiment les œuvres numériques.
Christie’s affirme que 31% de ses nouveaux clients viennent par le digital et par intérêt envers l’art numérique. Dans le dernier rapport ArtPrice 2021 publié par Artmarket.com, le marché de l’art mondial est en hausse de 28% par rapport à 2019 et représente un volume d’échange de 17 Mds$. Les NFTs y font leur entrée pour la première fois et représentent déjà un montant global de vente de 232 M€, soit 1,6% du marché des enchères réglementées.
Mais la révolution des NFTs se situe hors du marché traditionnel. Selon Chainalaysis, leur volume d’échanges a représenté en 2021 plus de 40 Mds$. La première plateforme d’échange, Opensea, a enregistré 14 Mds$ de transactions en 2021 et un revenu de plus de 350 M$ réalisé à 94% entre août et décembre 2021 !
Thierry Ehrmann, le fondateur d’Artmarket.com, en souligne l’impact historique :
« la “révolution” NFT est d’ordre systémique tant elle implique de nouvelles façons de créer des œuvres, de rémunérer les artistes, de collectionner et d’échanger sur des plateformes où l’offre et la demande se rencontrent d’une façon totalement dématérialisée. »
Le NFT certifie l’authenticité de l'œuvre… et de la relation créateur-acquéreur
Le NFT est une innovation émanant de la blockchain. Le « Jeton non fongible » (Non Fungible Token) est à la fois une œuvre numérique, un certificat d’authenticité et un titre de propriété de non-reproductibilité inscrits directement dans une blockchain publique (Ethereum, Solana, Tezos pour les plus réputées). La blockchain et ses propriétés d’immuabilité et de transparence, garantissent l’unicité de l’œuvre et sa traçabilité et ouvrent ainsi des opportunités nouvelles pour les acquéreurs et les créateurs.
En achetant un NFT, l’acquéreur entre dans une relation transparente, directe et privilégiée avec l’artiste mais également avec une communauté partageant le même intérêt et optimisme pour la démarche artistique.
Pour les artistes, c’est un nouveau terrain d’expression dont les codes évoluent. Au-delà de la propriété de l’actif, l’auteur peut créer des fractions infinies d’une œuvre et inviter son audience à en acquérir une partie. Grâce aux contrats intelligents, autre propriété singulière de la blockchain, le créateur peut également percevoir un droit de suite sur la revente de son œuvre.
Mais les NFTs ne concernent pas exclusivement l'art numérique. De nombreuses initiatives hybrides relient désormais des œuvres physiques à une version digitale pouvant être enrichie.
L’euphorie et la spéculation autour de ventes records comme CryptoKitties, CryptoPunks, Beeple et autres, ne doivent pas masquer une réalité : les NFTs bousculent les codes du marché de l’art traditionnel et notamment le monopole des Maisons de ventes aux enchères. Elles engagent de nouvelles générations d’acquéreurs dans un monde où l’art et l’artiste sont autrement et mieux accessibles, compris et appréciés.
Ce que provoque la technologie blockchain dans l’art est, in fine, le reflet de la transformation qu’elle engage plus globalement dans de nombreux secteurs. Elle challenge nos modèles d’organisation, bouscule les intermédiations laborieuses et solidifie, technologiquement et philosophiquement, la confiance dans nos échanges.
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