De même, étant soumise à la validation des syndicats au sein des entreprises, la seule véritable avancée de la loi Macron, en l'occurrence l'élargissement de l'ouverture des commerces le dimanche, n'a quasiment pas vu le jour. L'exemple malheureux de la Fnac nous l'a dernièrement rappelé. Enfin, relativement appréciable dans sa première mouture, la « loi travail » a finalement été vidée de sa substance, rappelant que la modernisation de l'économie française relève de la mission impossible.
C'est malheureusement bien connu : les Français ne savent pas faire des réformes, mais seulement des révolutions. C'est en défendant cet adage d'un autre temps que, depuis trois décennies, les différents gouvernements de l'Hexagone ont refusé d'engager la réforme en profondeur et la modernisation de nos structures économiques. Il est vrai que, pour les inciter à ne rien faire, ils étaient également aidés par le fameux cycle électoral et la succession infernale des diverses élections. Ainsi, que ce soient les conseillers en tout genre, les sondages ou tout simplement la volonté effrénée d'être réélus, il y avait toujours une bonne raison pour ne pas brusquer les Français et pour continuer de leur laisser croire que tout finirait par s'arranger en augmentant les dépenses publiques.
Pourtant cette stratégie électoraliste du court-termisme et, disons-le, de l'irresponsabilité, a souvent connu des échecs cuisants, non seulement en termes d'efficacité économique, mais également en matière de politique politicienne. Ainsi, l'abandon par le gouvernement Juppé de la réforme des retraites en 1995 n'a pas empêché le parti du Président Chirac de perdre les élections législatives en 1997. De même, le refus du gouvernement Jospin d'utiliser la croissance forte des années 1998-2000 pour retrouver un équilibre budgétaire, mais au contraire de dépenser la soi-disant « cagnotte » n'a pas empêché Lionel Jospin d'être battu dès le premier tour des élections présidentielles un fameux 21 avril 2002…
Plus proche de nous, l'absence de rupture économique pourtant promise pendant la campagne présidentielle de 2007 n'a pas empêché Nicolas Sarkozy de perdre les élections de 2012. Bien entendu, la crise mondiale de 2008 pourrait constituer une circonstance atténuante. Mais c'est bien là le problème : il y a toujours des « bonnes » raisons pour retarder les réformes. Certes, quelques réformettes ont été menées ici ou là, mais rien à voir cependant avec la rupture annoncée.
Les gouvernements Ayrault et Valls n'ont bien entendu pas dérogé à la règle, en dépit là aussi de quelques réformettes. Ces dernières ont évidemment été incapables de relancer significativement la croissance française, mais suffisantes pour accroître le mécontentement général. Autrement dit, à force de vouloir faire plaisir à tout le monde, l'actuelle majorité, comme la précédente d'ailleurs, a donc réussi à ne satisfaire personne.
Le problème est que, sur la scène internationale, la France est l'un des derniers pays de l'OCDE à refuser de moderniser son économie. Elle n'a donc toujours pas réussi à se mettre à niveau vis-à-vis de ses partenaires, à commencer par l'Allemagne. Ainsi, l'écart entre la rigueur et la volonté de modernité des Allemands et le laxisme budgétaire des Français a continué de se creuser.
Qui plus est, non-contents de reléguer une vraie « loi travail » aux calendes grecques, François Hollande et son équipe ont décidé d'anticiper la période des cadeaux pré-électoraux. Représentant déjà 57,2 % du PIB, la dépense publique va donc encore augmenter, au grand dam de la rationalité économique, voire du bon sens mathématique : Comment va-t-on effectivement pouvoir continuer à faire financer plus de 57 % du PIB de dépenses publiques par les 43 % restant dans le secteur privé ?
Pire, en 2016, la croissance française ne sera pas de 1,5 % comme anticipé par le gouvernement, mais d'environ 0,7 %. Dans ce cadre, non seulement les dépenses seront plus fortes qu'annoncé, mais, en plus, les recettes fiscales seront nettement inférieures. D'où un creusement des déficits publics et in fine de la dette. Et si, pour le moment, les taux d'intérêt des obligations d'Etat restent excessivement bas, ils finiront forcément par remonter. Déjà fragile, la croissance sera alors encore diminuée et le chômage accru. D'où une nouvelle augmentation des déficits publics, donc plus de dette, des taux d'intérêt en hausse, puis moins de croissance, plus de déficit…
Autant d'évolutions qui finiront par susciter une crise sociale, voire une « crise grecque », qui imposera alors aux dirigeants du pays, quels qu'ils soient, d'engager enfin ce dernier dans une véritable rupture. Nous y voilà donc : toutes les erreurs pour ne pas dire les errements politiques que nous subissons depuis trente ans approchent de leur but : la crise sociétale ou encore une « révolution », qui constituerait donc le seul moyen de réformer en profondeur le pays.
Seul hic, mais il est de taille : une « révolution », on sait quand elle commence, mais on ne sait pas quand et surtout comment elle se termine. Plutôt que d'en arriver là, il serait donc beaucoup plus opportun d'engager le pays dans de véritables réformes, en les expliquant aux Français avec pédagogie et indépendamment des partis pris politiciens. La question reste simplement de savoir si les hommes et femmes politiques français en ont la volonté et/ou le courage. Pour le moment, la réponse est clairement négative. Dommage.
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com;
C'est malheureusement bien connu : les Français ne savent pas faire des réformes, mais seulement des révolutions. C'est en défendant cet adage d'un autre temps que, depuis trois décennies, les différents gouvernements de l'Hexagone ont refusé d'engager la réforme en profondeur et la modernisation de nos structures économiques. Il est vrai que, pour les inciter à ne rien faire, ils étaient également aidés par le fameux cycle électoral et la succession infernale des diverses élections. Ainsi, que ce soient les conseillers en tout genre, les sondages ou tout simplement la volonté effrénée d'être réélus, il y avait toujours une bonne raison pour ne pas brusquer les Français et pour continuer de leur laisser croire que tout finirait par s'arranger en augmentant les dépenses publiques.
Pourtant cette stratégie électoraliste du court-termisme et, disons-le, de l'irresponsabilité, a souvent connu des échecs cuisants, non seulement en termes d'efficacité économique, mais également en matière de politique politicienne. Ainsi, l'abandon par le gouvernement Juppé de la réforme des retraites en 1995 n'a pas empêché le parti du Président Chirac de perdre les élections législatives en 1997. De même, le refus du gouvernement Jospin d'utiliser la croissance forte des années 1998-2000 pour retrouver un équilibre budgétaire, mais au contraire de dépenser la soi-disant « cagnotte » n'a pas empêché Lionel Jospin d'être battu dès le premier tour des élections présidentielles un fameux 21 avril 2002…
Plus proche de nous, l'absence de rupture économique pourtant promise pendant la campagne présidentielle de 2007 n'a pas empêché Nicolas Sarkozy de perdre les élections de 2012. Bien entendu, la crise mondiale de 2008 pourrait constituer une circonstance atténuante. Mais c'est bien là le problème : il y a toujours des « bonnes » raisons pour retarder les réformes. Certes, quelques réformettes ont été menées ici ou là, mais rien à voir cependant avec la rupture annoncée.
Les gouvernements Ayrault et Valls n'ont bien entendu pas dérogé à la règle, en dépit là aussi de quelques réformettes. Ces dernières ont évidemment été incapables de relancer significativement la croissance française, mais suffisantes pour accroître le mécontentement général. Autrement dit, à force de vouloir faire plaisir à tout le monde, l'actuelle majorité, comme la précédente d'ailleurs, a donc réussi à ne satisfaire personne.
Le problème est que, sur la scène internationale, la France est l'un des derniers pays de l'OCDE à refuser de moderniser son économie. Elle n'a donc toujours pas réussi à se mettre à niveau vis-à-vis de ses partenaires, à commencer par l'Allemagne. Ainsi, l'écart entre la rigueur et la volonté de modernité des Allemands et le laxisme budgétaire des Français a continué de se creuser.
Qui plus est, non-contents de reléguer une vraie « loi travail » aux calendes grecques, François Hollande et son équipe ont décidé d'anticiper la période des cadeaux pré-électoraux. Représentant déjà 57,2 % du PIB, la dépense publique va donc encore augmenter, au grand dam de la rationalité économique, voire du bon sens mathématique : Comment va-t-on effectivement pouvoir continuer à faire financer plus de 57 % du PIB de dépenses publiques par les 43 % restant dans le secteur privé ?
Pire, en 2016, la croissance française ne sera pas de 1,5 % comme anticipé par le gouvernement, mais d'environ 0,7 %. Dans ce cadre, non seulement les dépenses seront plus fortes qu'annoncé, mais, en plus, les recettes fiscales seront nettement inférieures. D'où un creusement des déficits publics et in fine de la dette. Et si, pour le moment, les taux d'intérêt des obligations d'Etat restent excessivement bas, ils finiront forcément par remonter. Déjà fragile, la croissance sera alors encore diminuée et le chômage accru. D'où une nouvelle augmentation des déficits publics, donc plus de dette, des taux d'intérêt en hausse, puis moins de croissance, plus de déficit…
Autant d'évolutions qui finiront par susciter une crise sociale, voire une « crise grecque », qui imposera alors aux dirigeants du pays, quels qu'ils soient, d'engager enfin ce dernier dans une véritable rupture. Nous y voilà donc : toutes les erreurs pour ne pas dire les errements politiques que nous subissons depuis trente ans approchent de leur but : la crise sociétale ou encore une « révolution », qui constituerait donc le seul moyen de réformer en profondeur le pays.
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