Adorées par les jeunes générations, les cryptomonnaies ont connu ces dernières années une progression fulgurante. Malgré leurs indéniables atouts, elles montrent aussi des limites, qui ne devraient pas leur permettre de supplanter l’argent liquide, auquel les populations restent très attachées.
Les cryptomonnaies ont connu un boom spectaculaire au cours de la dernière décennie. Ces monnaies numériques émises et échangées de pair à pair (entre deux individus), sans nécessité de banque centrale, au moyen d’un réseau informatique décentralisé et crypté (blockchain), sont plébiscitées par les jeunes générations. Les plus célèbres ont pour nom Bitcoin, Ethereum, Ripple, Litecoin, Bitecoins Cash ou Tether… Et leurs adeptes y voient le support préférentiel de l’économie du futur.
Au cours des six premiers mois de 2021, le nombre d’utilisateurs de cryptomonnaies dans le monde a ainsi été multiplié par deux, pour atteindre 221 millions, dont 114 millions de détenteurs de bitcoins et 23 millions d’ethers. Selon un sondage Ipsos, 8 % des Français, dont près de la moitié de moins de 35 ans, ont déjà investi dans un crypto-actif, 61 % d’entre eux s’étant lancés depuis moins de trois ans.
Quant à la valeur du marché total des crypto-actifs en circulation dans le monde, elle a été multiplié par dix en moins de deux ans, jusqu’à dépasser les 2.600 milliards de dollars en novembre 2021. Après une forte chute à un peu moins de 1.500 milliards de dollars le 23 janvier 2022, le marché est ensuite remonté à près de 2.000 milliards début avril. Le bitcoin (plus de 800 milliards de capitalisation) et l’Ethereum (près de 400 milliards), détiennent ensemble les deux tiers du marché. Selon le Conseil de stabilité financière (FSB), superviseur de la finance mondiale, les cryptomonnaies représentent aujourd’hui 1 % des actifs financiers mondiaux.
Durant la seule année 2021, des milliers de nouveaux crypto-actifs ont été créés et le site spécialisé CoinMarketCap en recensait plus de 15.000 mi-juin 2021... Même si une bonne partie d’entre eux disparaissent au bout de quelques mois, n’enregistrant aucun volume d’échange, ou n’ayant été créés qu’à des fins de spéculation, voire de fraude.
Cryptomonnaies : une réelle utilité…
Le principe même de la cryptomonnaie repose sur l’absence de tout organe de contrôle centralisé. C’est pour cela que l’on parle de finance décentralisée (DEFI). En se passant ainsi de tous les intermédiaires, on gagne en réactivité et en fluidité. Une transaction en cryptomonnaie est ainsi instantanée. Et grâce à l’inviolabilité (théorique) de la blockchain, il est « presque » impossible de corrompre une transaction.
D’un point de vue pratique, les avantages de la cryptomonnaie sont donc bien réels : les transactions sont simplifiées et sécurisées ; elles s’effectuent sans l’intermédiaire d’une banque, et donc avec des frais réduits. De plus en plus de sites et de commerçants ont choisi de l’accepter comme mode de règlement, séduits par l’absence de frais de transaction et par le caractère irrévocable des transactions validées.
La cryptomonnaie permet notamment de transférer de l’argent à l’international dans un laps de temps réduit et pour un coût de transfert beaucoup plus faible qu’en recourant à une banque ou à des sociétés de type PayPal ou Western Union. Elle permet aussi d’augmenter l’accessibilité du commerce en ligne dans les pays en voie de développement. N’étant pas soumises aux horaires d’ouverture des banques et des places boursières es cryptomonnaies sont également disponibles et peuvent être achetées, vendues ou échangées 24h/24.
Mais si les cryptomonnaies sont un moyen de paiement entre deux personnes, elles sont aussi devenues, depuis 2017, un actif financier à part entière. Un actif hautement spéculatif, dont le cours est sujet à de grandes variations, à la hausse comme à la baisse. Avec des perspectives de gains records pour les investisseurs, mais aussi des risques élevés de perte en capital. Ce marché s’avère en effet particulièrement volatil, marqué par des dépréciations fortes et inattendues, sur des périodes très courtes… A l’image de l’effondrement brutal, en début d’année, de la valeur du bitcoin, qui est passée de plus de 69.000 $ en novembre 2021 à 36.000 $ le 24 janvier 2022… Avant de remonter à 42.500 $ le 4 avril 2022, puis d’amorcer une nouvelle baisse...
… Mais d’importantes limites
Cette volatilité est sans doute la première limite des cryptomonnaies. Elle rend en effet très difficile son usage comme mode de règlement puisque sa valeur fluctue constamment. Les institutions financières réfutent d’ailleurs le terme de « cryptomonnaies », considérant que celles-ci ne remplissent pas les fonctions d’une monnaie. Elles préfèrent utiliser le terme de « crypto-actif » ou celui d’« actif numérique ». Les plus-values de cession d’actifs numériques sont d’ailleurs imposées de la même manière que les revenus des actions. Les cryptomonnaies sont par ailleurs des actifs « peu liquides », leur convertibilité en monnaie légale n’étant possible que si le vendeur trouve un acheteur au prix demandé, ce qui ne peut être garanti.
A l’origine, en 2009, le bitcoin avait l’ambition de proposer une alternative aux monnaies légales dans une démarche libertaire et participative, en s’appuyant sur une technologie innovante permettant de s’affranchir des institutions financières propres au capitalisme. Mais force est de constater qu’aujourd’hui, les opérations de validation des transactions et de production de nouveaux bitcoins (« minage ») sont concentrées dans les mains de quelques opérateurs : de gigantesques « fermes » de minage, dotées d’ordinateurs puissants et situées pour l’essentiel en Chine ou en Europe de l’Est. Cette concentration augmente par ailleurs le risque de voir un mineur, ou un cartel de mineurs, détenir un jour plus de la moitié des capacités de calcul, ce qui leur permettrait de prendre le contrôle du système à leur bénéfice. Le marché lui-même est également très concentré puisque 0,01 % des investisseurs possèdent 26 % des bitcoins, ce qui rend la cryptomonnaie sujette à des manipulations de cours.
La consommation énergétique de l’activité de minage s’est d’ailleurs fortement accrue et devient même disproportionnée par rapport à l’usage du bitcoin. La revue scientifique Nature a ainsi publié une étude montrant que les émissions de carbone liées au minage de bitcoins en Chine atteindra 130 millions de tonnes en 2024, l’équivalent des émissions d’un pays comme l’Italie.
Blanchiment, arnaques et piratage informatique
Le pseudonymat ou l’anonymat des transactions (selon les monnaies), l’insaisissabilité des avoirs et la capacité à les convertir en monnaie légale via des plateformes spécialisées en ligne ont par ailleurs fait du bitcoin un actif recherché partout dans le monde par le crime organisé. Il permet en effet de blanchir « tranquillement » de l’argent issu d’activités illicites. De nombreux pays adaptent ainsi leurs réglementations pour mieux surveiller et contrôler ce phénomène.Un projet de révision de la réglementation européenne prévoit ainsi d’appliquer aux échanges de cryptomonnaies les mêmes exigences d’information qu’aux transferts d’argent. Au Royaume-Uni et aux États-Unis aussi, l’étau de la régulation se resserre. D’après Chainalysis, en 2021, 0,15 % des transactions de crypto-actifs émanaient d’activités illicites (vol, fraude, extorsion, achat de produits illégaux), pour un montant de 14 milliards de dollars. Les cybercriminels ont également blanchi 8,6 milliards de dollars de cryptomonnaies (+ 30 % par rapport à 2020). Selon l’ONU, les cartels mexicains et colombiens, en particulier, utilisent de plus en plus les cryptomonnaies pour blanchir l’argent de la drogue, en raison de l’anonymat et de la rapidité des opérations.
Paradoxalement, l’absence de contrôle centralisé est à la fois le point fort et le talon d’Achille des cryptomonnaies. D’un côté, elle permet une transaction instantanée, sans limite ni frontière, sans intermédiaire ni commission. De l’autre, elle est synonyme d’absence de sécurisation et d’encadrement des transactions par un tiers de confiance. « Les risques pour les consommateurs restent élevés, car les dispositifs de transparence et de surveillance sont insuffisants ou inadaptés », estime ainsi le FMI. Les arnaques à la cryptomonnaie (« scams » en anglais) ont ainsi bondi de 81 % en 2021 à 7,7 milliards de dollars, soit un montant équivalent aux fraudes aux cartes de crédit aux États-Unis. De nombreux acheteurs se sont vus par exemple proposer des bitcoins qui n’existent pas, par des sites à l’apparence sérieuse mais qui se révèlent être « bidons », basés dans quelque obscur pays de l’ex-URSS ou dans une petite ville de Chine.
Le risque lié au piratage informatique est également réel. Les plateformes spécialisées, où sont hébergées les cybermonnaies, sont en effet vulnérables aux attaques comme l’ont montré plusieurs affaires retentissantes (MtGox en 2015, Coincheck en 2018, etc.), qui ont abouti au vol des fonds placés par les usagers. Plus généralement, la cryptomonnaie, suite à la perte de la clé qui donne accès aux fonds, ou même d’un téléchargement sur une clé USB ou un disque dur, est définitivement perdue.
Une alternative qui n’a pas vocation à supplanter le cash
Enfin, bien qu’en croissance, le marché des cryptomonnaies n’a pour l’heure qu’un impact limité sur le grand public. Et le développement du réseau de paiement, même s’il progresse, reste limité. De plus, les cryptomonnaies connaissent aujourd’hui de vrais problèmes d’évolutivité. Les fondateurs d’Ethereum admettent ainsi que la blockchain a atteint « une certaine limite de ses capacités » qui ralentit la vitesse à laquelle les transactions peuvent être effectuées.
Si elles ne manquent pas d’atouts pour séduire les jeunes générations et les investisseurs, les cryptomonnaies montrent donc aussi leurs limites. Selon la plupart des experts, elles ne pourront donc pas entièrement se substituer aux monnaies des États, aux autres moyens de paiement, et en particulier au cash, qui reste une valeur sûre et appréciée de la population, ce qui se vérifie notamment en période de crise.
Malgré la progression des paiements dématérialisés durant la pandémie, il n’y a jamais eu autant de billets en circulation dans la zone euro. En 2020, 141 milliards d’euros de billets nouveaux ont été émis par la BCE, portant la masse monétaire en espèces en circulation à 1.435 milliards d’euros, en hausse de 11 % en un an. Durant la crise, le cash a été perçu comme une valeur « refuge ». Mais au-delà des crises, une étude de l’Ifop confirme que 83 % des Français sont toujours attachés au paiement en liquide et que 70 % y ont recours au quotidien. Un mode de paiement qu’ils considèrent toujours comme pratique, sûr, sans commission, confidentiel, et donc protecteur de la vie privée. Autant de raisons qui font que malgré la forte progression des cryptomonnaies, le cash a encore un bel avenir devant lui.
Les cryptomonnaies ont connu un boom spectaculaire au cours de la dernière décennie. Ces monnaies numériques émises et échangées de pair à pair (entre deux individus), sans nécessité de banque centrale, au moyen d’un réseau informatique décentralisé et crypté (blockchain), sont plébiscitées par les jeunes générations. Les plus célèbres ont pour nom Bitcoin, Ethereum, Ripple, Litecoin, Bitecoins Cash ou Tether… Et leurs adeptes y voient le support préférentiel de l’économie du futur.
Au cours des six premiers mois de 2021, le nombre d’utilisateurs de cryptomonnaies dans le monde a ainsi été multiplié par deux, pour atteindre 221 millions, dont 114 millions de détenteurs de bitcoins et 23 millions d’ethers. Selon un sondage Ipsos, 8 % des Français, dont près de la moitié de moins de 35 ans, ont déjà investi dans un crypto-actif, 61 % d’entre eux s’étant lancés depuis moins de trois ans.
Quant à la valeur du marché total des crypto-actifs en circulation dans le monde, elle a été multiplié par dix en moins de deux ans, jusqu’à dépasser les 2.600 milliards de dollars en novembre 2021. Après une forte chute à un peu moins de 1.500 milliards de dollars le 23 janvier 2022, le marché est ensuite remonté à près de 2.000 milliards début avril. Le bitcoin (plus de 800 milliards de capitalisation) et l’Ethereum (près de 400 milliards), détiennent ensemble les deux tiers du marché. Selon le Conseil de stabilité financière (FSB), superviseur de la finance mondiale, les cryptomonnaies représentent aujourd’hui 1 % des actifs financiers mondiaux.
Durant la seule année 2021, des milliers de nouveaux crypto-actifs ont été créés et le site spécialisé CoinMarketCap en recensait plus de 15.000 mi-juin 2021... Même si une bonne partie d’entre eux disparaissent au bout de quelques mois, n’enregistrant aucun volume d’échange, ou n’ayant été créés qu’à des fins de spéculation, voire de fraude.
Cryptomonnaies : une réelle utilité…
Le principe même de la cryptomonnaie repose sur l’absence de tout organe de contrôle centralisé. C’est pour cela que l’on parle de finance décentralisée (DEFI). En se passant ainsi de tous les intermédiaires, on gagne en réactivité et en fluidité. Une transaction en cryptomonnaie est ainsi instantanée. Et grâce à l’inviolabilité (théorique) de la blockchain, il est « presque » impossible de corrompre une transaction.
D’un point de vue pratique, les avantages de la cryptomonnaie sont donc bien réels : les transactions sont simplifiées et sécurisées ; elles s’effectuent sans l’intermédiaire d’une banque, et donc avec des frais réduits. De plus en plus de sites et de commerçants ont choisi de l’accepter comme mode de règlement, séduits par l’absence de frais de transaction et par le caractère irrévocable des transactions validées.
La cryptomonnaie permet notamment de transférer de l’argent à l’international dans un laps de temps réduit et pour un coût de transfert beaucoup plus faible qu’en recourant à une banque ou à des sociétés de type PayPal ou Western Union. Elle permet aussi d’augmenter l’accessibilité du commerce en ligne dans les pays en voie de développement. N’étant pas soumises aux horaires d’ouverture des banques et des places boursières es cryptomonnaies sont également disponibles et peuvent être achetées, vendues ou échangées 24h/24.
Mais si les cryptomonnaies sont un moyen de paiement entre deux personnes, elles sont aussi devenues, depuis 2017, un actif financier à part entière. Un actif hautement spéculatif, dont le cours est sujet à de grandes variations, à la hausse comme à la baisse. Avec des perspectives de gains records pour les investisseurs, mais aussi des risques élevés de perte en capital. Ce marché s’avère en effet particulièrement volatil, marqué par des dépréciations fortes et inattendues, sur des périodes très courtes… A l’image de l’effondrement brutal, en début d’année, de la valeur du bitcoin, qui est passée de plus de 69.000 $ en novembre 2021 à 36.000 $ le 24 janvier 2022… Avant de remonter à 42.500 $ le 4 avril 2022, puis d’amorcer une nouvelle baisse...
… Mais d’importantes limites
Cette volatilité est sans doute la première limite des cryptomonnaies. Elle rend en effet très difficile son usage comme mode de règlement puisque sa valeur fluctue constamment. Les institutions financières réfutent d’ailleurs le terme de « cryptomonnaies », considérant que celles-ci ne remplissent pas les fonctions d’une monnaie. Elles préfèrent utiliser le terme de « crypto-actif » ou celui d’« actif numérique ». Les plus-values de cession d’actifs numériques sont d’ailleurs imposées de la même manière que les revenus des actions. Les cryptomonnaies sont par ailleurs des actifs « peu liquides », leur convertibilité en monnaie légale n’étant possible que si le vendeur trouve un acheteur au prix demandé, ce qui ne peut être garanti.
A l’origine, en 2009, le bitcoin avait l’ambition de proposer une alternative aux monnaies légales dans une démarche libertaire et participative, en s’appuyant sur une technologie innovante permettant de s’affranchir des institutions financières propres au capitalisme. Mais force est de constater qu’aujourd’hui, les opérations de validation des transactions et de production de nouveaux bitcoins (« minage ») sont concentrées dans les mains de quelques opérateurs : de gigantesques « fermes » de minage, dotées d’ordinateurs puissants et situées pour l’essentiel en Chine ou en Europe de l’Est. Cette concentration augmente par ailleurs le risque de voir un mineur, ou un cartel de mineurs, détenir un jour plus de la moitié des capacités de calcul, ce qui leur permettrait de prendre le contrôle du système à leur bénéfice. Le marché lui-même est également très concentré puisque 0,01 % des investisseurs possèdent 26 % des bitcoins, ce qui rend la cryptomonnaie sujette à des manipulations de cours.
La consommation énergétique de l’activité de minage s’est d’ailleurs fortement accrue et devient même disproportionnée par rapport à l’usage du bitcoin. La revue scientifique Nature a ainsi publié une étude montrant que les émissions de carbone liées au minage de bitcoins en Chine atteindra 130 millions de tonnes en 2024, l’équivalent des émissions d’un pays comme l’Italie.
Blanchiment, arnaques et piratage informatique
Le pseudonymat ou l’anonymat des transactions (selon les monnaies), l’insaisissabilité des avoirs et la capacité à les convertir en monnaie légale via des plateformes spécialisées en ligne ont par ailleurs fait du bitcoin un actif recherché partout dans le monde par le crime organisé. Il permet en effet de blanchir « tranquillement » de l’argent issu d’activités illicites. De nombreux pays adaptent ainsi leurs réglementations pour mieux surveiller et contrôler ce phénomène.Un projet de révision de la réglementation européenne prévoit ainsi d’appliquer aux échanges de cryptomonnaies les mêmes exigences d’information qu’aux transferts d’argent. Au Royaume-Uni et aux États-Unis aussi, l’étau de la régulation se resserre. D’après Chainalysis, en 2021, 0,15 % des transactions de crypto-actifs émanaient d’activités illicites (vol, fraude, extorsion, achat de produits illégaux), pour un montant de 14 milliards de dollars. Les cybercriminels ont également blanchi 8,6 milliards de dollars de cryptomonnaies (+ 30 % par rapport à 2020). Selon l’ONU, les cartels mexicains et colombiens, en particulier, utilisent de plus en plus les cryptomonnaies pour blanchir l’argent de la drogue, en raison de l’anonymat et de la rapidité des opérations.
Paradoxalement, l’absence de contrôle centralisé est à la fois le point fort et le talon d’Achille des cryptomonnaies. D’un côté, elle permet une transaction instantanée, sans limite ni frontière, sans intermédiaire ni commission. De l’autre, elle est synonyme d’absence de sécurisation et d’encadrement des transactions par un tiers de confiance. « Les risques pour les consommateurs restent élevés, car les dispositifs de transparence et de surveillance sont insuffisants ou inadaptés », estime ainsi le FMI. Les arnaques à la cryptomonnaie (« scams » en anglais) ont ainsi bondi de 81 % en 2021 à 7,7 milliards de dollars, soit un montant équivalent aux fraudes aux cartes de crédit aux États-Unis. De nombreux acheteurs se sont vus par exemple proposer des bitcoins qui n’existent pas, par des sites à l’apparence sérieuse mais qui se révèlent être « bidons », basés dans quelque obscur pays de l’ex-URSS ou dans une petite ville de Chine.
Le risque lié au piratage informatique est également réel. Les plateformes spécialisées, où sont hébergées les cybermonnaies, sont en effet vulnérables aux attaques comme l’ont montré plusieurs affaires retentissantes (MtGox en 2015, Coincheck en 2018, etc.), qui ont abouti au vol des fonds placés par les usagers. Plus généralement, la cryptomonnaie, suite à la perte de la clé qui donne accès aux fonds, ou même d’un téléchargement sur une clé USB ou un disque dur, est définitivement perdue.
Une alternative qui n’a pas vocation à supplanter le cash
Enfin, bien qu’en croissance, le marché des cryptomonnaies n’a pour l’heure qu’un impact limité sur le grand public. Et le développement du réseau de paiement, même s’il progresse, reste limité. De plus, les cryptomonnaies connaissent aujourd’hui de vrais problèmes d’évolutivité. Les fondateurs d’Ethereum admettent ainsi que la blockchain a atteint « une certaine limite de ses capacités » qui ralentit la vitesse à laquelle les transactions peuvent être effectuées.
Si elles ne manquent pas d’atouts pour séduire les jeunes générations et les investisseurs, les cryptomonnaies montrent donc aussi leurs limites. Selon la plupart des experts, elles ne pourront donc pas entièrement se substituer aux monnaies des États, aux autres moyens de paiement, et en particulier au cash, qui reste une valeur sûre et appréciée de la population, ce qui se vérifie notamment en période de crise.
Malgré la progression des paiements dématérialisés durant la pandémie, il n’y a jamais eu autant de billets en circulation dans la zone euro. En 2020, 141 milliards d’euros de billets nouveaux ont été émis par la BCE, portant la masse monétaire en espèces en circulation à 1.435 milliards d’euros, en hausse de 11 % en un an. Durant la crise, le cash a été perçu comme une valeur « refuge ». Mais au-delà des crises, une étude de l’Ifop confirme que 83 % des Français sont toujours attachés au paiement en liquide et que 70 % y ont recours au quotidien. Un mode de paiement qu’ils considèrent toujours comme pratique, sûr, sans commission, confidentiel, et donc protecteur de la vie privée. Autant de raisons qui font que malgré la forte progression des cryptomonnaies, le cash a encore un bel avenir devant lui.
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