Il y a plus d’un siècle, les institutions financières adoptaient un meuble qui allait devenir un élément incontournable de la vie professionnelle : le bureau. Cet élément de mobilier est devenu un symbole de puissance ; plus il était imposant et raffiné ou fabriqué avec une essence de bois rare, et plus son utilisateur entendait souligner sa grandeur. Les bureaux sont devenus un moyen de marquer une réelle distance entre un chef et ses employés, ce qui, dans l’univers bancaire, permettait de rappeler qui avait le dernier mot. Les services de courtiers utilisent d’ailleurs toujours le terme « bureau de négociation », réminiscence de cet état d’esprit.
Lorsque les premières grandes institutions financières ont construit leurs premiers locaux et bureaux à la fin du 19e siècle, ces symboles de puissance se présentaient comme une innovation censée établir un réel ordre social et assurer une plus grande efficacité organisationnelle. Le modèle de l’employé de banque assis à son bureau et formant une rangée avec ses collègues, chacun comportant une plaque arborant son nom et sa fonction, a rapidement été repris par d’autres secteurs d’activité qui en ont fait leur politique. Les employés ne quittaient jamais leur poste de travail, « respirant l’air entre quatre murs aux pans inclinés » (selon la description faire au 19e siècle par Charles Lamb, lui-même un employé) de 9h à 18h. L’efficacité et l’ordre promis par la seconde révolution industrielle ont fini par s’appliquer au capital humain dans le monde du travail.
L’open space et le système hiérarchique au sein de l’univers professionnel sont aujourd’hui des quasi-évidences. Pourtant, ces principes connaissent une nouvelle crise identitaire avec l’arrivée sur le marché du travail de la génération du Millénaire ou Y, née avec le numérique. Ce modèle du bureau peine ainsi à garder sa pertinence à l’heure où de nouvelles entreprises arrivent sur des secteurs avec un modèle économique plus agile, émancipées des systèmes et des processus propriétaires vieillissants. Les banques ont une fois de plus la possibilité de changer la donne en innovant. Le bureau physique sera bientôt obsolète, mais l’industrie de la finance est-elle suffisamment audacieuse et visionnaire pour orchestrer cette nouvelle révolution ?
L’avènement de la mobilité et la transformation digitale
Le bureau n’est clairement plus omniprésent ; un quart des salariés de l’Union européenne sont désormais considérés comme des « e-nomades ». Selon une étude récente de la CBRE, société conseil en immobilier d’entreprise, le taux d’occupation des bureaux à Londres est désormais de 65%. En adoptant une culture du « bureau partagé », il pourrait passer à 85% ce qui changerait considérablement la donne pour les frais généraux. La Deutsche Bank, par exemple, prévoit d’allouer 5 postes de travail pour 6 salariés dans le cadre d’un programme de consolidation du nombre de bureaux au sein de son siège londonien. Le gouverneur de la Bank of England, Mark Carney, a personnellement souhaité donner l’exemple en travaillant avec son ordinateur portable posé sur plusieurs bureaux, dans différents services de l’établissement.
Aujourd’hui, pour être puissant, il faut pouvoir s’émanciper totalement d’un bureau attitré. La culture d’entreprise moderne est placée sous le signe de la flexibilité et du choix du lieu et des horaires de travail.
L’environnement du bureau traditionnel comme lieu de travail a besoin d’évoluer tant technologiquement que socialement. Dans un avenir pas si lointain, les établissements bancaires fermeront leurs portes. Mais d’ici là, ils doivent se décider à adopter un nouveau mode de travail mobile.
Aujourd’hui, pour entrer en contact avec son agence bancaire, un client a la possibilité de la contacter via un tweet, un SMS ou un mail… De moins en moins de personnes se déplacent pour rencontrer un conseiller à l’occasion d’un rendez-vous. Les clients espèrent désormais voir les opérations de paiement et de transfert de fonds digitalisés, en ayant la possibilité de les réaliser à l’aide de leur smartphone ou de leur tablette.
Les acteurs de la Fintech (les technologies dédiées aux services financiers) sont en plein essor car ils ont parfaitement bien entrevu le fossé grandissant entre l’offre de la banque traditionnelle et les attentes des consommateurs. Et ce jeune secteur a rapidement pris une longueur d’avance sur les pratiques commerciales traditionnelles. Dans le monde entier, les start-up de la fintech se multiplient – avec des offres de paiements informatisés et d’échange de devises, de financement participatif, de prêt en ligne et des services de gestion de patrimoine – qui concurrencent les établissements de services bancaires et financiers traditionnels. Tous concourent à la mise en place d’une relation d’un nouveau genre entre l’argent, les banques et leurs clients.
La fintech a plus particulièrement permis de créer des modèles économiques qui réduisent la structure formelle des banques, tout en permettant de servir le client avec une plus grande efficacité. Mais en dépit de ces innovations, le bureau physique ne semble pas avoir dit son dernier mot…
La technologie existe déjà
La technologie adéquate nécessaire pour faire du travail virtuel la nouvelle norme pour les banques, mais aussi les spécialistes de l’assurance et de l’investissement, est déjà disponible. Selon les résultats d’une récente étude d’IDG Research Services, les fournisseurs informatiques leaders sur le secteur des services financiers ont compris l’importance de la mobilité : 54% d’entre eux la considèrent comme l’une des principales priorités ou la priorité n°1. Et comparé aux autres industries prises en compte pour cette étude, ils sont plus enclins à piloter des initiatives encourageant la mobilité au sein de certains départements ou dans l’ensemble de l’entreprise.
A la Deutsche Bank, les solutions de virtualisation accompagnent la stratégie de durabilité de l’établissement et ont permis à ses salariés d’adopter des modes de travail plus souples dans le monde entier, qu’ils travaillent en agence ou soient traders. A Hong Kong, la salle des marchés est désormais entièrement virtualisée pour qu’en cas d’urgence ou de sinistre, les salariés puissent fuir en quelques minutes afin de se mettre à l’abri. Ce passage à un environnement virtuel a permis de faire baisser de 55% la consommation d’électricité et de 89% l’empreinte carbone au sein du siège de Francfort. « Toute structure informatique qui résiste en s’accrochant aux méthodes du passé, sans se rendre compte que ces innovations permettent de servir la clientèle d’une manière inédite, fait une énorme erreur et risque de passer à côté d’une opportunité de taille », explique Mike Dituro, responsable des technologies de productivité et de collaboration au sein de la Deutsche Bank.
La mobilité fonctionne, même dans le cas d’une industrie aussi réglementée que la finance sur laquelle pèsent des contraintes de sécurisation imposées. Elle est en train de devenir un must pour réussir, et les DSI prennent conscience qu’ils doivent trouver des moyens d’en tirer parti pour répondre aux attentes des entreprises désireuses d’améliorer leur productivité, leur agilité, la confidentialité des échanges avec leurs clients et une certaine flexibilité du côté de l’informatique. TD Bank, par exemple, propose à ses collaborateurs un environnement de travail sans contrainte de lieu et d’horaires afin de leur permettre d’équilibrer leur vie professionnelle et leur sphère privée, mais aussi de garantir sa durabilité environnementale et sa culture de la performance par le biais d’applications et de bureaux virtualisés.
Penser dès aujourd’hui à demain
Les récents tumultes du secteur, notamment la victoire du camp du Brexit au Royaume-Uni, sont autant de bonnes raisons pour les banques de ne plus rattacher leurs métiers à un lieu spécifique. A l’annonce du départ prochain de l’UE, la rumeur a fait état de banques internationales prêtes à s’en aller si elles perdaient leur droit au « passeport ». En outre, la pression des coûts et la baisse de leur chiffre d’affaires poussent déjà de nombreuses banques à réduire la voilure en termes de locaux, en vendant leurs biens immobiliers et en fermant des succursales. Les agences de centre-ville appartiendront bientôt au passé, tout comme la notion de poste de travail physique. Le bureau mobile digitalisé sera la norme et la seule formule viable. Les banques et les autres institutions financières doivent en prendre rapidement conscience pour orchestrer cette transformation et rester compétitives et attractives aux yeux des salariés, des clients et du marché au sens large, maintenant et pour demain.
Lorsque les premières grandes institutions financières ont construit leurs premiers locaux et bureaux à la fin du 19e siècle, ces symboles de puissance se présentaient comme une innovation censée établir un réel ordre social et assurer une plus grande efficacité organisationnelle. Le modèle de l’employé de banque assis à son bureau et formant une rangée avec ses collègues, chacun comportant une plaque arborant son nom et sa fonction, a rapidement été repris par d’autres secteurs d’activité qui en ont fait leur politique. Les employés ne quittaient jamais leur poste de travail, « respirant l’air entre quatre murs aux pans inclinés » (selon la description faire au 19e siècle par Charles Lamb, lui-même un employé) de 9h à 18h. L’efficacité et l’ordre promis par la seconde révolution industrielle ont fini par s’appliquer au capital humain dans le monde du travail.
L’open space et le système hiérarchique au sein de l’univers professionnel sont aujourd’hui des quasi-évidences. Pourtant, ces principes connaissent une nouvelle crise identitaire avec l’arrivée sur le marché du travail de la génération du Millénaire ou Y, née avec le numérique. Ce modèle du bureau peine ainsi à garder sa pertinence à l’heure où de nouvelles entreprises arrivent sur des secteurs avec un modèle économique plus agile, émancipées des systèmes et des processus propriétaires vieillissants. Les banques ont une fois de plus la possibilité de changer la donne en innovant. Le bureau physique sera bientôt obsolète, mais l’industrie de la finance est-elle suffisamment audacieuse et visionnaire pour orchestrer cette nouvelle révolution ?
L’avènement de la mobilité et la transformation digitale
Le bureau n’est clairement plus omniprésent ; un quart des salariés de l’Union européenne sont désormais considérés comme des « e-nomades ». Selon une étude récente de la CBRE, société conseil en immobilier d’entreprise, le taux d’occupation des bureaux à Londres est désormais de 65%. En adoptant une culture du « bureau partagé », il pourrait passer à 85% ce qui changerait considérablement la donne pour les frais généraux. La Deutsche Bank, par exemple, prévoit d’allouer 5 postes de travail pour 6 salariés dans le cadre d’un programme de consolidation du nombre de bureaux au sein de son siège londonien. Le gouverneur de la Bank of England, Mark Carney, a personnellement souhaité donner l’exemple en travaillant avec son ordinateur portable posé sur plusieurs bureaux, dans différents services de l’établissement.
Aujourd’hui, pour être puissant, il faut pouvoir s’émanciper totalement d’un bureau attitré. La culture d’entreprise moderne est placée sous le signe de la flexibilité et du choix du lieu et des horaires de travail.
L’environnement du bureau traditionnel comme lieu de travail a besoin d’évoluer tant technologiquement que socialement. Dans un avenir pas si lointain, les établissements bancaires fermeront leurs portes. Mais d’ici là, ils doivent se décider à adopter un nouveau mode de travail mobile.
Aujourd’hui, pour entrer en contact avec son agence bancaire, un client a la possibilité de la contacter via un tweet, un SMS ou un mail… De moins en moins de personnes se déplacent pour rencontrer un conseiller à l’occasion d’un rendez-vous. Les clients espèrent désormais voir les opérations de paiement et de transfert de fonds digitalisés, en ayant la possibilité de les réaliser à l’aide de leur smartphone ou de leur tablette.
Les acteurs de la Fintech (les technologies dédiées aux services financiers) sont en plein essor car ils ont parfaitement bien entrevu le fossé grandissant entre l’offre de la banque traditionnelle et les attentes des consommateurs. Et ce jeune secteur a rapidement pris une longueur d’avance sur les pratiques commerciales traditionnelles. Dans le monde entier, les start-up de la fintech se multiplient – avec des offres de paiements informatisés et d’échange de devises, de financement participatif, de prêt en ligne et des services de gestion de patrimoine – qui concurrencent les établissements de services bancaires et financiers traditionnels. Tous concourent à la mise en place d’une relation d’un nouveau genre entre l’argent, les banques et leurs clients.
La fintech a plus particulièrement permis de créer des modèles économiques qui réduisent la structure formelle des banques, tout en permettant de servir le client avec une plus grande efficacité. Mais en dépit de ces innovations, le bureau physique ne semble pas avoir dit son dernier mot…
La technologie existe déjà
La technologie adéquate nécessaire pour faire du travail virtuel la nouvelle norme pour les banques, mais aussi les spécialistes de l’assurance et de l’investissement, est déjà disponible. Selon les résultats d’une récente étude d’IDG Research Services, les fournisseurs informatiques leaders sur le secteur des services financiers ont compris l’importance de la mobilité : 54% d’entre eux la considèrent comme l’une des principales priorités ou la priorité n°1. Et comparé aux autres industries prises en compte pour cette étude, ils sont plus enclins à piloter des initiatives encourageant la mobilité au sein de certains départements ou dans l’ensemble de l’entreprise.
A la Deutsche Bank, les solutions de virtualisation accompagnent la stratégie de durabilité de l’établissement et ont permis à ses salariés d’adopter des modes de travail plus souples dans le monde entier, qu’ils travaillent en agence ou soient traders. A Hong Kong, la salle des marchés est désormais entièrement virtualisée pour qu’en cas d’urgence ou de sinistre, les salariés puissent fuir en quelques minutes afin de se mettre à l’abri. Ce passage à un environnement virtuel a permis de faire baisser de 55% la consommation d’électricité et de 89% l’empreinte carbone au sein du siège de Francfort. « Toute structure informatique qui résiste en s’accrochant aux méthodes du passé, sans se rendre compte que ces innovations permettent de servir la clientèle d’une manière inédite, fait une énorme erreur et risque de passer à côté d’une opportunité de taille », explique Mike Dituro, responsable des technologies de productivité et de collaboration au sein de la Deutsche Bank.
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