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Le cours de Bourse a ses raisons que la raison ne connait pas

Lettre du vendredi 18 novembre 2022 rédigée par Eric Galiègue - Analyste financier indépendant, Président de VALQUANT EXPERTYSE SAS.


Du 29 septembre au 15 novembre, en 6 semaines, le CAC 40 exprimé en $, a gagné 24,2% : 17% en € et 7% en $. La volatilité des cours n’est pas une découverte. Mais tant pour l’indice boursier national que pour la parité de change de l’€, nous avons atteint un sommet de volatilité. Cette hausse nous surprend d’autant plus que nous sommes toujours aussi prudents sur le marché et recommandons de ne pas acheter d’actions maintenant. Cette recommandation est naturellement renforcée par cette hystérie haussière.
Eric Galiègue
Eric Galiègue

Nous avons calculé la performance en glissement 6 semaines du CAC 40 en $ depuis sa création, et une hausse de plus de 24% n’a été observée que lors des reprises boursières consécutives à une chute majeure. Précisément, à 3 reprises : après la chute (-58%) de 2002 (novembre 2002, avril 2003), après celle de 2008-2009 (-65%), en avril et aout 2009, et en décembre 2020. La hausse actuelle suit une baisse de 33% du CAC 40 depuis la fin 2021.

Du 29 septembre au 15 novembre, les taux d’intérêt sont passés de 2,84% à 2,57% pour l’OAT Français, et de 3,75% à 3,8% pour les obligations à 10 ans émises par le Trésor Américain. Cette évolution reflète le ralentissement du rythme de l’inflation, qui a été publié le 10 novembre à 7,7% vs une anticipation de 8%. Cette bonne nouvelle a été confirmée cette semaine, avec la publication de l’indice des prix à la production, qui a progressé de 8%, en ralentissement par rapport au mois précédent, et plus bas que l’anticipation du consensus. La très faible réaction des taux de marché démontre que les investisseurs prennent désormais en compte une inflation permanente revenue autour de 3%, et ne sont pas dupe d’une baisse « nominale » de l’inflation, dont ils savaient, évidemment, qu’elle ne resterait pas à 8 ou 9%.

Du 29 septembre au 15 novembre, l’indice du bénéfice prospectif (en €) a baissé de 2%, traduisant des révisions négatives des prévisions des analystes du consensus Factset. Ces révisions portent sur 2022 et surtout 2023 : les analystes prennent en compte la révision en baisse significative de la croissance du PIB, annoncées par les grands organismes internationaux. La dynamique du PIB va subir un coup d’arrêt majeur, puisqu’elle va passer de plus de 2,5% à 0% en 2023. Par ailleurs, il apparait que les charges des entreprises vont rester à des niveaux élevés, voire progresser. Les charges salariales, notamment, vont s’ajuster avec un retard lié aux délais de négociations dans les différentes branches sectorielles. Ainsi, les salaires vont progresser à un rythme plus élevé au moment ou la conjoncture va ralentir drastiquement. De plus, les prix des matières premières pourraient rester tendus, en raison de la réouverture progressive de l’économie chinoise, qui demeure le plus grand consommateur de matières premières de la planète.

Ni l’évolution des taux d’intérêt, ni l’évolution des anticipations de bénéfice, ni la tendance des matières premières, ne peut expliquer un rebond de 24% du cours en $ des actions européennes. La cause de cette hausse est ailleurs. Une progression conjointe des indices d’actions européennes et de l’€ ne peut s’expliquer que par des achats d’investisseurs américains, dont on connait la puissance de feu et l’appétit pour les actions. Ces investisseurs américains, inquiets des perspectives économiques et géopolitiques chinoises, auraient ainsi quitté l’Empire du Milieu pour revenir sur le Vieux Continent. Comme il faut acheter les actions en monnaie locales, il faut convertir des $ en €, ce qui fait monter la parité €/$ conjointement au cours des actions européennes. De plus, les investisseurs ont probablement anticipé la saisonnalité des marchés, qui redevient favorable à partir de novembre. Nous avons souvent évoqué « l’effet Novembre Avril » …Mais au-delà de la saisonnalité, du report d’investissement chinois en Europe, on se demande ce qui peut tant attirer en Europe... Le Vieux Continent est en proie à une récession qu’on attend plus dure qu’aux USA, il n’a ni matières premières ni armée face à un voisin agressif, et a pris des engagements climatiques très ambitieux.


Recommandation investisseurs : nous sommes toujours en forte sous-pondération des actions pour un CAC 40 supérieur à 5 650 points.

Tendance sur les marchés de taux et de devises : Les taux des obligations d’Etat ont légèrement baissé, en France (2,5%) comme aux USA (3,78%). L’euro a de nouveau fortement progressé, de 2% en une semaine.

Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole a baissé de 2$ environ.


Vendredi 18 Novembre 2022




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