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La prise en compte du risque pays : une tendance de plus en plus forte

La crise de la dette mexicaine en 1982 qui a contraint le pays à décréter un moratoire est l’une des premières et principales manifestations contemporaines du risque pays. Le concept prend d’ailleurs toute son ampleur au cours des années 90 avec les crises des pays émergents (crise asiatique de 1997, crise russe de 1998…). En effet, face à la globalisation de l’économie et à la succession des crises due à l’expansion des mouvements de capitaux à l’échelle mondiale, les agents économiques et financiers, pour leur choix notamment d’investissement et de croissance externe, ont besoin d’informations précises sur l’évaluation des profils risques des pays visés.


La prise en compte du risque pays : une tendance de plus en plus forte
Une définition unique du risque pays est cependant difficile à fournir dans la mesure où c’est une notion composite. Le risque pays englobe effectivement l’ensemble des aléas pouvant affecter un investisseur financier dans le déroulement de ses opérations en relation avec un pays dit « à risque ». Les risques dont il est question sont liés à l’état du pays, indépendamment de la qualité du débiteur ou du projet.

Cependant, si le concept reste difficile à définir de manière exhaustive, son analyse est loin d’être insurmontable. De nombreux outils et procédures sont à la disposition des acteurs pour appréhender ce risque.

Qu’est-ce que le risque pays ?

Tout d’abord, les concepts de risque pays et de risque souverain sont très souvent confondus. Le risque souverain traduit le risque pour des organismes financiers de voir le Souverain (Gouvernements Centraux, Ministères, administrations publiques locales et régionales…) auquel ils ont accordé des prêts, refuser ou être incapable d'honorer ses obligations de paiement envers eux. Le risque pays quant à lui présente un périmètre bien plus vaste car il n’y a pas de notion de « Souverain », l’entité considérée est le pays tout entier. Les deux notions restent néanmoins intimement liées. En effet, dans le cadre d’un scoring, la note du Souverain ne peut être trop éloignée de la note du Pays ; la qualité de la première est dépendante de l’environnement du pays et les décisions du Souverain sont rarement sans conséquence sur le fonctionnement économique du pays.

Le risque pays est en fait une combinaison d’une multitude de risques influencés par 3 types de facteurs :

- les facteurs économico-financiers (systèmes bancaire défaillants, système fiscal instable, mauvaise gestion des finances publiques…)
- les facteurs politiques (légitimité des gouvernements, répression politique, censure…)
- les facteurs socioculturels (comportements et traditions locales, inégalités d’accès aux ressources…)

Le schéma ci-dessous propose un cadre d’analyse du risque pays, l’objectif étant de bien comprendre que le risque pays peut être appréhendé à travers un nombre important et très varié de facteurs de risque (aussi bien nationaux qu’internationaux).

La prise en compte du risque pays : une tendance de plus en plus forte

Les outils d’analyse du risque pays

Quels sont les outils de mesure de risque dont dispose par exemple une entreprise souhaitant mener une opération d’implantation à l’étranger ? Deux outils principaux sont caractéristiques du cadre d’analyse du risque pays :

- Le rating

Le rating est l’outil le plus utilisé dans l’évaluation du risque pays encouru par les entités économiques ayant conclu un contrat à l’échelle internationale. Les ratings sont des mécaniques de projection de la réalité sur une échelle unidimensionnelle de notation. Les procédures de rating utilisent des critères (économiques, financiers, politiques, sociaux…) très objectifs afin de rendre la mécanique « scientifique ».

Ce sont essentiellement des institutions spécialisées qui sont chargées d’élaborer les ratings. Ces institutions sont en majeure partie des agences de rating (Fitch Ratings, Political Risk Services, Moody’s et Standard & Poor’s), mais aussi des cabinets spécialisés (Business Environment Risk Intelligence ou Economic Intelligence Unit) et des journaux financiers (Institutional Investor). En France, les assureurs crédit comme la COFACE (Compagnie Française d’Assurance pour le Commerce Extérieur) ont un rôle prépondérant dans l’analyse du risque pays. En effet, la COFACE est très souvent le partenaire privilégié des PME exportatrices n’ayant pas les ressources internes d’analyse du risque pays.

La prise en compte du risque pays : une tendance de plus en plus forte

- Les scénarios de risque

Instruments d’anticipation par excellence, les scénarios de risque constituent l’autre procédure incontournable dans l’analyse du risque pays. Ils visent à effectuer des combinaisons de multiples facteurs de risque (économique, politique…) en « stressant » plus ou moins leurs caractéristiques et ce pour des horizons temporels variés (court, moyen et long termes). Les résultats des scénarios permettent alors aux investisseurs ou aux banquiers d’avoir une vision plus exhaustive de leur éventail de pertes et de gains potentiels, ce qui influencera leur choix de lancer ou non l’opération.

Le schéma ci-dessous synthétise la logique d’un scénario de risque pays :

La prise en compte du risque pays : une tendance de plus en plus forte

La prise en compte du risque pays : une tendance de plus en plus forte
Focus sur la réglementation bancaire

Lors de l’introduction du ratio Cooke, selon que le pays était membre ou non de l’OCDE, les engagements à l’égard de résidents de pays étrangers étaient pondérés à 0 % ou à 100 %. Un titre de dette émis par un gouvernement pouvait donc de ne pas rentrer en compte dans le calcul du ratio Cooke, ce qui donnait un avantage conséquent aux pays de l’OCDE jusqu’en 1994 et l’ouverture à des pays plus « modestes ».

Dans le cadre de la réglementation Bâle II, l’approche IRB (Internal Rating Based) suppose l’existence d’une probabilité de défaut pour les contreparties. Mais est-il vraiment possible de parler de « défaut » pour des pays ? L’agence S&P a d’ailleurs introduit la notion SD (Selected Default) pour signaler les Etats qui n’honorent pas leur dette puisque, techniquement, ils ne peuvent pas être mis en faillite comme les entreprises. La mise en défaut d’un pays passe donc par l’analyse de la solvabilité de l’Etat. Il est ainsi nécessaire d’appréhender correctement les impacts de la capacité fiscale de l’Etat considéré sur sa capacité de remboursement et de bien définir un seuil d’endettement acceptable pour la dette souveraine. Néanmoins, ces problématiques sont davantage relatives à la notion de risque souverain qu’à celle de risque pays dans sa globalité, preuve une nouvelle fois que les notions sont très proches.

Investir dans les pays émergents ?

Investir dans des pays émergents à forte croissance est une tendance actuelle importante comme en témoigne la prolifération des fonds BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). Cependant, bien que les résultats soient assez encourageants, ces investissements ne sont pas sans risques car ces pays ne sont jamais à l’abri de tensions politiques, car leur marché reste parfois très volatiles et enfin car une grosse partie des investissements est située dans l’énergie. C’est pourquoi les agences de rating sont très sollicitées par les gérants de fonds afin de rassurer les investisseurs, l’analyse du risque pays restant ainsi incontournable.

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Jeudi 11 Octobre 2007



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