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Mercredi 29 Mars 2023
Anne-Laure Allain

L'ACTU VUE PAR...Benoit de Jessey. "MNBC : serait-on en train de copier la Chine ? "

Lors de la dernière Paris Blockchain Week qui se tenait à Paris, j’ai eu l’occasion d’assister à la conférence animée par Hubert de Vauplane, associé au sein du cabinet d’avocats Kramer Levin. Le thème ? Les Monnaies Numériques de Banque Centrale (MNBC). Sur le plateau on retrouvait Marion Laboure, Ph.D. – Macro Strategist Deutsche Bank, Diane Maurice , Conseillère au Département du Trésor U.S et ex-FED, Yorick de Mombynes – Conseiller référendaire à la Cour des comptes.
Un débat qui m’a à la fois apeuré comme fasciné… Extraits.


« Les MNBC sont-elles l’avenir ? »

Il est important de noter que chaque invité s’est exprimé en son nom propre.

Pour Marion Laboure, Ph.D. - Deutsche Bank, c’est « le cash du 21e siècle » et « le futur du cash » dans un monde où les espèces sont de moins en moins utilisées. Son argument principal tient dans la possibilité d’inclure financièrement tous les citoyens, en rappelant que sur les 1.6 milliards d’individus n’ayant pas accès aux services financiers, 2/3 d’entres-eux ont un smartphone.
Selon elle, les MNBC seront opérationnelles en UE d’ici 2025-2026.

Diane Maurice, Conseillère au Département du Trésor U.S et ex-FED, partage un avis similaire, estimant que les MNBC permettront de démocratiser l’usage de la monnaie et pourront ainsi réduire la pauvreté en Afrique.
Elle émet cependant quelques réserves concernant la vie privée et évoque les difficultés pour les US de mettre en place ce système en raison de l’implication de nombreuses entités.

Quant à Yorick de Mombynes - Cour des comptes, il estime pour sa part que les MNBC sont un outil de contrôle puissant pour les États.
Cela leur permettra d’émettre une monnaie programmable avec une limite d’utilisation dans le temps, qui pourront augmenter l’incitation à dépenser, mettre en place des taux d’intérêts négatifs, augmentant ainsi la consommation afin de booster l’économie (idéologie keynésienne).
C’est un problème mondial dont les enjeux sont d’ordre philosophiques, politiques et civilisationnels.

En réponse aux MNBC dont le principal argument semble être l’inclusion financière, Yorick précise que la solution existe déjà : le Bitcoin. « Il est possible de faire transiter de la monnaie FIAT sur le réseau Bitcoin : c’est la preuve que nous n’avons pas besoin des MNBC »

À la question s’il est en faveur de leur mise en place, sa réponse est pour le moins intéressante (bien que sarcastique) :
« Oui ! Cela fera la promotion de Bitcoin car les gens pourront enfin comparer ! »

Alors pourquoi ai-je été « apeuré » ?

Parce que nous suivons l’exemple de la Chine, et que ce n’est pas une bonne nouvelle pour notre vie privée.

Pour paraphraser Marion Laboure :
Entre la praticité et la confidentialité, les gens choisissent généralement la praticité (Facebook, Gmail…). Pour les MNBC, les États choisiront le contrôle et non la confidentialité, notamment pour des questions de transactions illicites.

Et je conclurai sur la question rhétorique de Yorick de Mombynes :
« Les États occidentaux sont de plus en plus autoritaires. Alors sommes-nous certains de vouloir développer un outil leur donnant un accès instantané et automatique à nos données financières ? »

Comme dirait l’autre, je pense que « la question est vite répondue » !

La seule question qui reste en suspens et qui n’a finalement pas réellement trouvé de réponse lors de ce débat : les MNBC autoriseront-elles une sorte de concurrence de la part des stablecoins ? Notamment lorsqu’on constate l’échec de l’adoption du e-Naira, l’une des seules MNBC opérationnelle à ce jour.

Lire la précédente Chronique de Benoît de Jessey

Chronique réalisée par Benoît de Jessey, CEO de Cryptech

Notes :
Benoit de Jessey est co-fondateur de Cryptech, "solution innovante de placement pour la trésorerie d’entreprise"

Nota Bene, Benoît de Jessey s’exprime ici en qualité de contributeur afin d’éclairer sur des actualités du monde de la crypto. Il ne s’agit en aucun cas de conseil en investissement. Benoît de Jessey et Finyear ont conclu un engagement moral concernant ce point. Les propos tenus dans cette chronique ne concernent que son auteur. Si Finyear opère un filtre éditorial, les opinions émises ne peuvent pas être considérées comme le reflet de la direction.

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