L’absence de réaction à la publication d’une inflation américaine supérieure au consensus est stupéfiante. En rythme annuel, l’inflation aux USA a atteint 6,2% vs 5,4% le mois précédent, alors que les économistes du consensus attendaient 5,8%. La « véritable » inflation, corrigée des composantes volatiles (énergie et alimentation) a atteint 4,6% vs 4,3% anticipé. Il s’agit à n’en pas douter d’une nouvelle négative, en ce sens que l’inflation, rappelons-le, ponctionne le pouvoir d’achat des ménages, notamment et a fortiori lorsqu’elle a une composante pétrolière importante. Le Président Biden n’ a-t-il pas dit lui-même mercredi que « freiner la hausse des prix est une priorité absolue » ? L’inflation rogne aussi le pouvoir d’achat de l’épargnant, et habituellement fait monter les taux d’intérêt, dont le niveau est censé refléter la hausse à long terme de l’activité, en volume comme en prix. Les marchés financiers auraient dû prendre ombrage de cette statistique. Que nenni ! Le marché obligataire est resté de marbre et le cours de actions a continué sa marche en avant, sans coup férir… Il faut à nouveau invoquer les banques centrales et leur mainmise sur le marché pour tenter de comprendre ce qui se passe dans la sphère financière. La semaine précédente, on avait assisté à un reflux significatif des taux obligataire. Il a été manifestement orchestré par les banques centrales, qui avaient organisé une action concertée pour forcer la main du marché. La Banque d’Angleterre n’avait pas annoncé de hausse de taux, et Mme Lagarde avait déclaré que les taux de la BCE ne monteraient probablement pas en 2022 : une façon de venir en aide à M. Powell, qui avait annoncé de son coté le commencement de la fin du Quantitative Easing. Ainsi, le discours rassurant des banques centrales est-il repris systématiquement par le marché, qui semble aujourd’hui absolument incapable d’exister face aux faiseurs de monnaie. C’est d’ailleurs la question que nous nous posons : le marché existe-t-il encore ? Il est vrai que l’adage bien connu « don’t fight the Fed » ne date pas d’aujourd’hui. Mais quand même. Pendant combien de temps encore le marché va-t-il ignorer la hausse des prix ? Au niveau de 1,5% Outre Atlantique, les taux obligataires à 10 ans demeurent dans une logique de crainte de la déflation. Tout se passe comme si le marché considérait que le caractère récessif de la hausse des prix allait très vite tuer dans l’œuf tout velléité de retour du phénomène inflationniste. Certes, cette analyse est effectivement la plus pertinente, mais le risque de transformation du phénomène transitoire en phénomène permanent n’est pas nul. Les arguments en faveur d’un retour d’une inflation de 2 à 4% sont crédibles. Mais rien n’y fait. Manifestement, ce sont les banques centrales qui fixent les taux obligataires de marché, comme elles fixent les taux monétaires.
Le marché n’ose pas affronter les banques centrales, même si les arguments sont bien là. Ainsi, les taux réels, c’est à dire les taux nominaux diminués de la variation des prix à la consommation, continuent à baisser, et atteignent leurs plus bas séculaires. Marché comme banque centrales semblent se complaire dans un statu quo qui fait supporter aux épargnants un ajustement long mais moins douloureux qu’une opération chirurgicale dangereuse (une forte hausse des taux de marché) et politiquement très difficile. Jusqu’ou peuvent descendre les taux d’intérêt réel ? Et le statu quo peut-il durer encore longtemps ? Selon ce raisonnement, la bulle financière ne se dégonflera jamais. Les prix des obligations, de l’immobilier et des actions resteront très élevés pendant très longtemps encore. Jusque ce que leurs effets négatifs sur la sphère réelle deviennent insupportables. Nous les présenterons la semaine prochaine.
Investisseurs : Nous sommes sous pondérés au maximum pour un CAC 40 supérieur à 6 608.
Tendance sur les marchés de taux et de devises : Le taux des obligations est en très légère baisse cette semaine, à 0,12% pour l’OAT 10 ans et à 1,55% pour le dix ans américain.
Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole a rebondi et demeure au-dessus de 81$ pour le Brent de la mer du nord. Le prix du cuivre s’est stabilisé au-dessous de 10 000$ la tonne.
Le marché n’ose pas affronter les banques centrales, même si les arguments sont bien là. Ainsi, les taux réels, c’est à dire les taux nominaux diminués de la variation des prix à la consommation, continuent à baisser, et atteignent leurs plus bas séculaires. Marché comme banque centrales semblent se complaire dans un statu quo qui fait supporter aux épargnants un ajustement long mais moins douloureux qu’une opération chirurgicale dangereuse (une forte hausse des taux de marché) et politiquement très difficile. Jusqu’ou peuvent descendre les taux d’intérêt réel ? Et le statu quo peut-il durer encore longtemps ? Selon ce raisonnement, la bulle financière ne se dégonflera jamais. Les prix des obligations, de l’immobilier et des actions resteront très élevés pendant très longtemps encore. Jusque ce que leurs effets négatifs sur la sphère réelle deviennent insupportables. Nous les présenterons la semaine prochaine.
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Tendance sur les marchés de taux et de devises : Le taux des obligations est en très légère baisse cette semaine, à 0,12% pour l’OAT 10 ans et à 1,55% pour le dix ans américain.
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Eric GALIEGUE
Analyste financier indépendant,
Président de VALQUANT EXPERTYSE SAS
Membre de l'AFITE
Enregistré à l' ORIAS sous le N° 11059738
7 rue Greffulhe
75 008 PARIS
01 42 93 23 68
06 82 84 78 61
eric.galiegue@valquant.fr
www.valquant.fr
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