La réaction négative des marchés à la nouvelle hausse des taux annoncée par la Fed cette semaine ne nous surprend évidemment pas. Et face à la « surprise » des marchés, le slogan de Schweppes, repris dans une publicité bien connue nous vient à l’esprit : « What did you expect ? ».
Mais qu’attendait donc le marché de la réunion du Federal Open Market Committee de cette semaine ? Certes, Jérôme Powell n’a pas la plastique de Penelope Cruz, une des égéries de la marque de soda, qui apparait dans le spot publicitaire de 2014. Le terme « pivot » repris par de nombreux commentateurs est pathétique, ainsi que l’espoir du retour de la baisse des taux dès que les nuages récessifs seront plus menaçants. On a même l’impression du syndrome de Stockholm, par lequel les otages se mettent à sympathiser avec leur geôlier. Non, Jérôme Powell n’est pas là pour faire plaisir. Il a lui-même annoncé à Jackson Hole que les décisions qu’il doit prendre feront souffrir l’économie.
Même si la croissance économique en est affectée, il continuera à relever les taux pour juguler l’inflation. On peut bien sur douter de cette manière de procéder, car l’inflation est une pathologie qui a ses racines dans la sphère réelle : dans la démondialisation (présentée par le FMI dans son dernier rapport), dans l’accroissement des risques géopolitiques (le conflit Ukraine Russie est bien là !), dans la guerre commerciale Chine USA (interdiction pour les citoyens américains de travailler pour des entreprises chinoise de semi-conducteurs…), dans l’abandon des énergies fossiles, dans la pénurie de main d’œuvre qualifiée, etc…
Les banques centrales le savent bien, d’ailleurs : il faut associer au remède monétaire, des actions sur l’offre, pour définitivement éradiquer le risque inflationniste. Jérôme Powell a simplement dit que les hausses futures seront probablement de 0,5% dès le mois de décembre…mais ce seront toujours des hausses ! Le niveau du taux directeur de la Fed atteint déjà 4%, soit le niveau des taux obligataires, et il faut désormais s’attendre à ce qu’il atteigne 5% et plus.
D’ailleurs, le Président de la Fed l’a dit lui-même : il veut porter les taux de la banque centrale au-delà de l’inflation. Ce repère-là est important : évidemment, ce ne sont pas les taux qui vont rattraper l’inflation, mais l’inflation qui va rattraper les taux. Le ralentissement progressif de la hausse des prix est programmé, d’abord par des effets de bases consubstantiels à la méthode de calcul, mais aussi par l’effet du ralentissement économique. Car l’inflation porte en elle-même son propre remède : en détruisant le pouvoir d’achat des ménages, elle provoque une baisse de la demande réelle (en volume), qui refroidit les prix. Il existe pourtant plusieurs obstacles à cette « auto-stabilisation », à ce retour naturel à la normale. Le plus important est la résilience de l’économie elle-même, stimulée notamment en Europe par des politiques de soutien à la demande. La publication du PIB américain, en hausse de 2,6% en rythme annuel au troisième trimestre 2022, montre que l’économie américaine résiste remarquablement ; grâce à la baisse du taux d’épargne des ménages américains ; grâce au recours continu au crédit à la consommation, en dépit d’une politique monétaire considérée comme restrictive. Elle résiste par ce que le marché de l’emploi demeure dynamique, comme les salaires. Certes, c’est un indicateur retardé, mais selon l’enquête ADP, l’économie américaine a créé 230 000 emplois le mois dernier, et le taux de chômage demeure toujours aussi bas. Enfin, lorsque l’on regarde les cours du pétrole, on se dit que finalement l’effet de base que l’on attend sur les données de l’inflation ne sera pas aussi fort ; Le prix de l’énergie restera cher, et il contribuera au maintien d’une inflation élevée.
Au total, même si la Fed a remonté très fortement ses taux depuis le début de l’année, il faut bien admettre que son travail n’est pas fini. Il est vrai que la Fed a été l’ami des marchés depuis 25 ans. La plupart des intervenants ont une expérience bien inférieure à ce chiffre, et ne conçoivent pas que la Fed puisse être l’ennemie des marchés. Il est vrai que les crises ont été résolues par les banques centrales depuis LTCCM et le défaut de la Russie (dernier trimestre 1998). Elles ont toujours apporté la solution, alors qu’aujourd’hui elles sont le problème. Don’t expect anything from the Fed before 2024. .
Recommandation investisseurs : nous sommes toujours en forte sous-pondération des actions pour un CAC 40 supérieur à 5 650 points.
Tendance sur les marchés de taux et de devises : Les taux des obligations d’Etat sont stables cette semaine, en France comme aux USA. L’euro a fortement baissé contre le $ (-2,5%), à l’inverse de la semaine précédente.
Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole a encore progressé, au-delà de 96$ pour le Brent
Mais qu’attendait donc le marché de la réunion du Federal Open Market Committee de cette semaine ? Certes, Jérôme Powell n’a pas la plastique de Penelope Cruz, une des égéries de la marque de soda, qui apparait dans le spot publicitaire de 2014. Le terme « pivot » repris par de nombreux commentateurs est pathétique, ainsi que l’espoir du retour de la baisse des taux dès que les nuages récessifs seront plus menaçants. On a même l’impression du syndrome de Stockholm, par lequel les otages se mettent à sympathiser avec leur geôlier. Non, Jérôme Powell n’est pas là pour faire plaisir. Il a lui-même annoncé à Jackson Hole que les décisions qu’il doit prendre feront souffrir l’économie.
Même si la croissance économique en est affectée, il continuera à relever les taux pour juguler l’inflation. On peut bien sur douter de cette manière de procéder, car l’inflation est une pathologie qui a ses racines dans la sphère réelle : dans la démondialisation (présentée par le FMI dans son dernier rapport), dans l’accroissement des risques géopolitiques (le conflit Ukraine Russie est bien là !), dans la guerre commerciale Chine USA (interdiction pour les citoyens américains de travailler pour des entreprises chinoise de semi-conducteurs…), dans l’abandon des énergies fossiles, dans la pénurie de main d’œuvre qualifiée, etc…
Les banques centrales le savent bien, d’ailleurs : il faut associer au remède monétaire, des actions sur l’offre, pour définitivement éradiquer le risque inflationniste. Jérôme Powell a simplement dit que les hausses futures seront probablement de 0,5% dès le mois de décembre…mais ce seront toujours des hausses ! Le niveau du taux directeur de la Fed atteint déjà 4%, soit le niveau des taux obligataires, et il faut désormais s’attendre à ce qu’il atteigne 5% et plus.
D’ailleurs, le Président de la Fed l’a dit lui-même : il veut porter les taux de la banque centrale au-delà de l’inflation. Ce repère-là est important : évidemment, ce ne sont pas les taux qui vont rattraper l’inflation, mais l’inflation qui va rattraper les taux. Le ralentissement progressif de la hausse des prix est programmé, d’abord par des effets de bases consubstantiels à la méthode de calcul, mais aussi par l’effet du ralentissement économique. Car l’inflation porte en elle-même son propre remède : en détruisant le pouvoir d’achat des ménages, elle provoque une baisse de la demande réelle (en volume), qui refroidit les prix. Il existe pourtant plusieurs obstacles à cette « auto-stabilisation », à ce retour naturel à la normale. Le plus important est la résilience de l’économie elle-même, stimulée notamment en Europe par des politiques de soutien à la demande. La publication du PIB américain, en hausse de 2,6% en rythme annuel au troisième trimestre 2022, montre que l’économie américaine résiste remarquablement ; grâce à la baisse du taux d’épargne des ménages américains ; grâce au recours continu au crédit à la consommation, en dépit d’une politique monétaire considérée comme restrictive. Elle résiste par ce que le marché de l’emploi demeure dynamique, comme les salaires. Certes, c’est un indicateur retardé, mais selon l’enquête ADP, l’économie américaine a créé 230 000 emplois le mois dernier, et le taux de chômage demeure toujours aussi bas. Enfin, lorsque l’on regarde les cours du pétrole, on se dit que finalement l’effet de base que l’on attend sur les données de l’inflation ne sera pas aussi fort ; Le prix de l’énergie restera cher, et il contribuera au maintien d’une inflation élevée.
Au total, même si la Fed a remonté très fortement ses taux depuis le début de l’année, il faut bien admettre que son travail n’est pas fini. Il est vrai que la Fed a été l’ami des marchés depuis 25 ans. La plupart des intervenants ont une expérience bien inférieure à ce chiffre, et ne conçoivent pas que la Fed puisse être l’ennemie des marchés. Il est vrai que les crises ont été résolues par les banques centrales depuis LTCCM et le défaut de la Russie (dernier trimestre 1998). Elles ont toujours apporté la solution, alors qu’aujourd’hui elles sont le problème. Don’t expect anything from the Fed before 2024. .
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Tendance sur les marchés de taux et de devises : Les taux des obligations d’Etat sont stables cette semaine, en France comme aux USA. L’euro a fortement baissé contre le $ (-2,5%), à l’inverse de la semaine précédente.
Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole a encore progressé, au-delà de 96$ pour le Brent
Eric GALIEGUE
Analyste financier indépendant,
Président de VALQUANT EXPERTYSE SAS
Membre de l'AFITE
Enregistré à l' ORIAS sous le N° 11059738
7 rue Greffulhe
75 008 PARIS
01 42 93 23 68
06 82 84 78 61
eric.galiegue@valquant.fr
www.valquant.fr
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