Dans ce cadre, la loi Macron était bien entendu loin du compte, mais elle avait le mérite de montrer au monde que la France pouvait ouvrir la brèche et entrer progressivement sur la voie des vraies réformes. De plus, après des mois de négociations, elle avait été en partie vidée de sa substance, si bien qu'une majorité des Français y était favorable.
Seulement voilà, les calculs politiciens, les querelles de clochers et la sempiternelle volonté d'immobilisme ont, une nouvelle fois, tout cassé. A tel point que le gouvernement a dû dégainer le 49.3 pour faire passer la loi Macron faute de majorité.
Face à ce nouveau couac, une remarque émerge : s'il faut un 49.3 pour faire passer une réformette comme la loi Macron, que faudra-t-il pour engager des vraies réformes et a fortiori une thérapie de choc ?
Ce nouveau psychodrame politicien rappelle tristement que la France est irréformable. Depuis trente ans, que ce soit des gouvernements de gauche ou de droite et avec ou sans croissance, aucune réforme économique majeure n'a été engagée. Pourtant les occasions n'ont pas manqué. Comme dirait Georges Perec, « je me souviens ». Premier gâchis : 1998-2000. À l'époque, la croissance était forte (près de 4 % par an), portée notamment par la révolution des NTIC (Nouvelles technologies de l'information et de la communication), une croissance mondiale vigoureuse, un baril peu cher et un euro faible. Il était donc aisé d'assainir les dépenses publiques et de supprimer celles qui étaient superflues.
Pourtant, en dépit de ces « cadeaux du ciel », le gouvernement français de l'époque, en l'occurrence celui de Lionel Jospin, n'a pas le courage ou plutôt l'envie d'abaisser les dépenses et les déficits structurels. Pis, il les augmente, préférant mettre en exergue une « cagnotte » qui n'en est pas une. Cette stratégie court-termiste et par définition inefficace ne portera d'ailleurs pas bonheur à son instigateur, puisque Lionel Jospin ne passera même pas le premier tour des élections présidentielles de 2002, permettant à Jacques Chirac d'être réélu avec plus de 80 % des voix.
D'où la seconde occasion gâchée, puisqu'en dépit de cette réélection historique et bien qu'il entamait son second et dernier mandat, notre président amateur de Corona n'engagea aucune réforme de fond. Il y eut bien la réforme des retraites, dite « réforme Fillon », mais celle-ci s'avéra rapidement caduque dans la mesure où son cadrage financier tablait sur une croissance économique de 3 % et un taux de chômage de 4,5 %... Bien entendu, ce dernier est vite remonté vers les 9,5 % dès 2006.
Mais, la malchance s'est encore acharnée sur notre pauvre économie. Celle-ci a donc connu un troisième gâchis à partir de 2007, année qui devait marquer le lancement d'une rupture, qui ne vint jamais. Ainsi, alors que la crise des subprimes n'a pas encore éclatée, le président Sarkozy promet qu'il va diminuer les dépenses publiques, moderniser la France et redonner du travail et du pouvoir d'achat à un maximum de Français. Malheureusement, il n'en a rien été et la première année de cette présidence n'a pas été utilisée pour réduire la dépense publique, ni la pression fiscale, ni encore les rigidités du marché du travail. Certes, quelques réformettes ont été effectuées, mais bien insuffisantes par rapport à celles qui étaient indispensables.
Le baril à 150 dollars, l'irresponsabilité de la BCE, l'euro à 1,60 dollar, la faillite de Lehman Brothers, la crise financière, puis celle de la dette publique et enfin celle de la zone euro ont alors fait le reste. La France a logiquement plongé dans la récession et le chômage a flambé. Ainsi, bien qu'ayant été élu sur un programme de baisse des dépenses publiques, le président Sarkozy ne parvint pas à tenir ses promesses et quitta l'Élysée avec un ratio de dépenses publiques/PIB de 56 %, soit presque 4 points de plus qu'à son arrivée.
Aujourd'hui, ce ratio dépasse les 57 % du PIB, mais la France vient encore de tomber dans le même piège. Avec des conséquences graves : crise politique, impossibilité d'engager de vraies réformes économiques jusqu'en 2017, dépréciation de la parole de la France sur la scène économique internationale.
Autant de drames qui ne manqueront pas d'engendrer une prochaine et forte dégradation de la note de la France, d'où une réactivation de la crise de la dette publique dans l'Hexagone et dans la zone euro. Ne l'oublions pas : la vie, y compris économique et politique, est une succession d'opportunités. Il s'agit de ne pas les manquer… ce que n'a malheureusement pas su faire la France pendant tant d'années. Elle va bientôt en payer le juste prix.
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Seulement voilà, les calculs politiciens, les querelles de clochers et la sempiternelle volonté d'immobilisme ont, une nouvelle fois, tout cassé. A tel point que le gouvernement a dû dégainer le 49.3 pour faire passer la loi Macron faute de majorité.
Face à ce nouveau couac, une remarque émerge : s'il faut un 49.3 pour faire passer une réformette comme la loi Macron, que faudra-t-il pour engager des vraies réformes et a fortiori une thérapie de choc ?
Ce nouveau psychodrame politicien rappelle tristement que la France est irréformable. Depuis trente ans, que ce soit des gouvernements de gauche ou de droite et avec ou sans croissance, aucune réforme économique majeure n'a été engagée. Pourtant les occasions n'ont pas manqué. Comme dirait Georges Perec, « je me souviens ». Premier gâchis : 1998-2000. À l'époque, la croissance était forte (près de 4 % par an), portée notamment par la révolution des NTIC (Nouvelles technologies de l'information et de la communication), une croissance mondiale vigoureuse, un baril peu cher et un euro faible. Il était donc aisé d'assainir les dépenses publiques et de supprimer celles qui étaient superflues.
Pourtant, en dépit de ces « cadeaux du ciel », le gouvernement français de l'époque, en l'occurrence celui de Lionel Jospin, n'a pas le courage ou plutôt l'envie d'abaisser les dépenses et les déficits structurels. Pis, il les augmente, préférant mettre en exergue une « cagnotte » qui n'en est pas une. Cette stratégie court-termiste et par définition inefficace ne portera d'ailleurs pas bonheur à son instigateur, puisque Lionel Jospin ne passera même pas le premier tour des élections présidentielles de 2002, permettant à Jacques Chirac d'être réélu avec plus de 80 % des voix.
D'où la seconde occasion gâchée, puisqu'en dépit de cette réélection historique et bien qu'il entamait son second et dernier mandat, notre président amateur de Corona n'engagea aucune réforme de fond. Il y eut bien la réforme des retraites, dite « réforme Fillon », mais celle-ci s'avéra rapidement caduque dans la mesure où son cadrage financier tablait sur une croissance économique de 3 % et un taux de chômage de 4,5 %... Bien entendu, ce dernier est vite remonté vers les 9,5 % dès 2006.
Mais, la malchance s'est encore acharnée sur notre pauvre économie. Celle-ci a donc connu un troisième gâchis à partir de 2007, année qui devait marquer le lancement d'une rupture, qui ne vint jamais. Ainsi, alors que la crise des subprimes n'a pas encore éclatée, le président Sarkozy promet qu'il va diminuer les dépenses publiques, moderniser la France et redonner du travail et du pouvoir d'achat à un maximum de Français. Malheureusement, il n'en a rien été et la première année de cette présidence n'a pas été utilisée pour réduire la dépense publique, ni la pression fiscale, ni encore les rigidités du marché du travail. Certes, quelques réformettes ont été effectuées, mais bien insuffisantes par rapport à celles qui étaient indispensables.
Le baril à 150 dollars, l'irresponsabilité de la BCE, l'euro à 1,60 dollar, la faillite de Lehman Brothers, la crise financière, puis celle de la dette publique et enfin celle de la zone euro ont alors fait le reste. La France a logiquement plongé dans la récession et le chômage a flambé. Ainsi, bien qu'ayant été élu sur un programme de baisse des dépenses publiques, le président Sarkozy ne parvint pas à tenir ses promesses et quitta l'Élysée avec un ratio de dépenses publiques/PIB de 56 %, soit presque 4 points de plus qu'à son arrivée.
Aujourd'hui, ce ratio dépasse les 57 % du PIB, mais la France vient encore de tomber dans le même piège. Avec des conséquences graves : crise politique, impossibilité d'engager de vraies réformes économiques jusqu'en 2017, dépréciation de la parole de la France sur la scène économique internationale.
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