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Trump, la Fed et Wall Street

Lettre du 3 mai 2019 par Eric Galiègue - VALQUANT.


La Fed a opté pour le statu quo. La dernière réunion de politique monétaire a maintenu les taux inchangés, alors que le Président Trump, dans un de ses tweets, proposait une baisse de 100 pb des taux de la Fed.
Selon l’inénarrable locataire de la Maison Blanche, le premier adversaire de l’économie américaine, c’est la politique monétaire de sa banque centrale, qui lui a confisqué 1% de croissance en 2018. Sans la hausse des taux en 2018, l’économie américaine aurait atteint l’objectif de croissance fixé par l’économiste bien connu qu’est M. Trump : 4%. Wall Street a elle aussi été déçue par la décision de la Fed. La Bourse américaine aurait préféré une baisse des taux : elle en a donc profité pour abandonner quelques fractions, sans remettre en cause sa croissance quasiment ininterrompue depuis 2009.

Les apparences servent M. Trump. La croissance du premier trimestre, publiée à 3,2%, a déjoué tous les pronostics. Les spécialistes avancent des effets transitoires (reconstitution des stocks) et externes (forte contribution non récurrente du commerce extérieur). Le taux d’inflation a lui-même reculé, ce qui confirme à nouveau les risques très faibles de dérapage généralisé des prix des biens et services. M. Powell a d’ailleurs évoqué ce sujet, en parlant d’une croissance « solide », et d’une inflation « en déclin », inférieure à la cible de la Fed, en raison de facteurs « temporaires ». Cette analyse a déçu les investisseurs, qui ont vu dans cette déclaration la volonté de ne pas baisser les taux cette année.

Comme un enfant gâté, comme M. Trump, Wall Street est insatiable. Alors que la performance des actions américaines est d’autant plus forte, qu’elle est renforcée par la hausse du dollar américain, elle réclame encore de la liquidité auprès de la banque centrale pour justifier une nouvelle étape de hausse. La croissance économique demeure robuste, et pourtant, les investisseurs réclament une baisse des taux. On retrouve là le rêve d’une croissance sans fin et sans risque, générée par cette « nouvelle économie » qui n’est pas sans rappeler la situation de la fin des années 90 et de l’année 2000.

Il est vrai que la surabondance de liquidité est devenue indispensable à la performance des actions. Nous l’avons suffisamment souligné, ce facteur-là est devenu la cause de la croissance, dans le cadre d’une inversion de la causalité entre la sphère réelle et la sphère financière. La grande majorité des décisions d’investissement à long terme sont conditionnées à leur refinancement au jour le jour. C’est bien la disponibilité de ces refinancements et leur coût très bas qui détermine la décision d’investissement elle-même. Comme une banque qui ne prête à long terme que si elle sait qu’elle va trouver sur le marché monétaire la ressource nécessaire. A un coût plus faible.

Face à cette réalité, la fuite en avant et la généralisation de l’hyper liquidité est la seule solution. Les anglo-saxon aiment les acronymes (GAFAM, BRICS et autre BREXIT) ; TINA (There Is No Alternative) existe depuis longtemps, a été repris dans les années 80, à l’époque de Margareth Thatcher, pour justifier sa politique économique. Si vous pensez « TINA », l’hyper liquidité à de beaux jours devant elle, et les cours des actions peuvent encore monter à court terme, surtout aux USA. Pour notre part, nous pensons que la performance annuelle est faite et que les risques sur les bénéfices vont faire plier Wall Street.


Tendance sur les marchés de taux et de devises : les taux souverains se stabilisent à 2,5% aux USA et autour de zéro en Allemagne.

Tendances récentes sur les matières premières : le cours du Brent a consolidé à l’annonce d’une hausse des stocks américains. Le cours du cuivre est stable.

Investisseurs : nous recommandons aux investisseurs à risque moyen ou faible de sous pondérer les actions au maximum pour un CAC 40 au-delà de 5 163 points.
Eric Galiègue
Eric Galiègue

Eric GALIEGUE
Analyste financier indépendant,

Président de VALQUANT EXPERTYSE SAS
Membre de l'ACIFTE, association agrée par l' AMF
Enregistré à l' ORIAS sous le N° 11059738

7 rue Greffulhe
75 008 PARIS
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