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Opinion | Franck Sebag - EY - "Futur de l’écosystème start-up : vers un renouveau industriel ?"

Rentrée 2024 ! La trêve estivale, si chère sous nos cieux hexagonaux, a officiellement touché à sa fin ce lundi 2 septembre.
Si la planète business ne s’est, elle, pas arrêté de tourner, la période demeure propice à la réflexion et à l’exercice de la projection.
Souvenez-vous, début juillet, nous avions laissé une French Tech jugée en convalescence, côté montants levés, selon les bilans semestriels établis. Les plus optimistes penchaient pour un retour à la normale. Une normale qui aurait été celle d’avant la crise Covid.
Les plus pessimistes lançaient les paris sur les faillites à escompter dans les mois à venir (sans parfois confronter ce chiffre ou cette estimation au taux de faillites global des entreprises en France, startup or not startup… ).
Quelques semaines de repos (ou non) plus tard, l’heure serait donc à la réflexion quant à une possible mutation à envisager de notre système de financement en France.
Pour Franck Sebag, les banques et les fonds de dettes pourraient revenir sur le devant de la scène et jouer un déterminant dans le financement de nos jeunes pousses sur le long terme. Les fonds de capital -risque seraient-ils prêts à ne plus à les stars du système ?
Par Franck Sebag, Associé, Assurances, Fast Growing Companies Leader, Europe West, EY.


Y a-t-il eu des évolutions marquantes dans l’écosystème start-up cette année ?

L’année 2023 a été marquée par deux tendances qui montrent qu’un changement profond est en train de se
produire. D’abord l’arrivée fracassante de l’IA générative dans le paysage entrepreneurial français donne un second souffle à la révolution digitale, sans laquelle on observerait une baisse des investissements dans le secteur des logiciels et des services informatiques. Ensuite, nous observons une montée en puissance remarquable des Greentechs, qui ont conquis pour la première fois en 2023 le haut du podium des investissements en capital-risque après avoir été reléguées en queue de classement pendant
des années. Ces sociétés, virtuellement inexistantes il y a cinq ans, ont rassemblé près de 2 704 millions d’euros en 2023 : un record !
Cet essor témoigne de l’étendue de la prise de conscience de l’écosystème et des partenaires financiers vis-à-vis de la transition énergétique. La vision européenne, qu’il s’agisse de la CSRD ou du programme Fit for 55, a donné une impulsion qui s’est révélée une source irréversible de changement pour les entreprises, tout autant que d’opportunités pour les start-up.

Quelles évolutions, voyez-vous, d’ici trois à cinq ans ?

Les révolutions énergétique et algorithmique dont nous voyons les prémisses aujourd’hui vont s’accélérer.
Contrairement à la précédente révolution numérique, le profil des sociétés sera très différent. Les projets qui se développent aujourd’hui sont en effet principalement de nature industrielle : qu’il s’agisse d’usines de batteries et de solutions de recharge (qui représentent actuellement 20 % des levées de fonds), d’usines de production de farines à base d’insectes ou de caséine synthétique, produire nécessitera de l’espace et des infrastructures.
Pour se développer, ces entreprises auront donc besoin de capitaux, et ce à long terme. Le marché du capitalrisque français et européen aura-t-il les poches assez profondes pour accompagner ces pionniers d’un possible renouveau industriel ? Compte tenu des sommes en jeux et des durées d’investissement, il est possible que nous assistions à une mutation du système de financement des jeunes pousses. Plutôt que les fonds de capital-risque ou en complément de ces acteurs, les banques et fonds de dette pourraient revenir sur le devant de la scène et jouer un rôle déterminant pour financer ces projets sur de longues périodes.
La question est d’ailleurs la même pour l’IA. Nous devons réussir à financer nos champions les plus prometteurs et à trouver le juste équilibre entre sécurité et liberté pour échapper au piège de l’hyperréglementation.

Verra-t-on l’apparition de cet animal rare qu’est le Décacorne, ces sociétés valorisées plus de dix milliards de dollars ?

Il y a dix ans, on doutait de voir en France des licornes, valorisées plus d’un milliard de dollars. Aujourd’hui,
l’Hexagone en compte une trentaine. Pourquoi tous les espoirs ne seraient-il pas permis ?

Et en 2050 ? Connaîtra-t-on un saut technologique comme l’ont anticipé certains scientifiques et auteurs de science-fiction ?

On aimerait tous le savoir ! En 2050, à l’opposé des récits dystopiques qui jettent sur l’IA de mauvaises ombres, on pourrait au contraire imaginer que les progrès de cette technologie nous aideront à nous réparer et à nous protéger, à aller un cran plus loin dans notre vieux rêve de vaincre les maladies. De toute évidence si l’IA parvient à remplacer l’être humain dans les tâches répétitives, nous allons retrouver du temps libre, beaucoup de temps libre.
Dans Homo Deus, Yuval Harari prévoit que le progrès technologique créera des « classes d’inutiles » nourries
et entretenues par des algorithmes qui pourraient être poussées à vivre dans des paradis artificiels par excès de temps libre. De quoi susciter des réflexions sur la notion même de relation humaine, d’utilité et d’organisation sociale.
Dans le passé, les grandes ruptures technologiques ont déjà provoqué des refondations sociétales, des transferts de pouvoir. Il n’y a pas de raison que nous ne connaissions pas des mouvements similaires. Que dirait par exemple aujourd’hui un observateur d’un autre siècle de nos entreprises, multi-ethniques et multinationales, dont la puissance financière équivaut pour certaines à celle de petits États ?
Quoi que le futur nous réserve, le mouvement de destruction créatrice cher à Schumpeter est en cours…

La France a-t-elle une place particulière dans cette vision ?

La France est un hub d’innovation dans le monde.
Porteuse de valeurs humanistes et d’un contrat social passé par des crises et innovations successives, elle fait
partie des pays qui sont les plus avancés pour penser le monde de demain et l’organiser.
Dans le changement d’ère qui s’annonce, la France a la capacité d’être un rôle modèle pour répondre à l’urgence climatique et figurer dans les premiers pays à développer ces nouvelles capacités technologiques.

A propos de Franck Sebag, Associé EY, Assurances, Fast Growing Companies Leader, Europe West.

50 ans, expert-comptable et commissaire aux comptes, est diplômé de la Sorbonne (Master Comptabilité Contrôle et Audit) et de programmes Executive Education de L’IMD & Kellogs Business School. Il débute sa carrière chez Constantin, puis rejoint Grant Thornton en 1996. En 2000, Franck Sebag intègre EY et est nommé associé en 2006.
Avec plus de 25 ans d’expérience, il possède une connaissance approfondie dans les domaines de l'audit et du conseil auprès de sociétés privées et publiques. Franck Sebag est depuis 2009 responsable des activités Fast Growing Companies pour la France et la région Europe West et 2021 pour la région EMEIA d’EY.
Franck Sebag accompagne les entreprises lors d’opérations d’acquisitions, de due diligence, de financement ou encore d'introductions en bourse. Tout au long de sa carrière, il a été impliqué en tant qu'auditeur ou conseiller dans de nombreuses success story d’entreprises financées par le capital-risque en France et en Europe.
Il dispose d’une connaissance approfondie des marchés financiers internationaux, ayant dirigé plus de 20 introductions en bourse en Europe et aux Etats-Unis. Il pilote de nombreuses études sectorielles et est responsable du prix de la start-up de l'année dans le cadre du Prix de l'Entrepreneur de l'Année (EOY). Il siège au comité consultatif de France Digitale et à Croissance Plus. Il a également lancé un podcast « Grow fast Now What », dédié aux entrepreneurs de la FrenchTech.

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Lundi 2 Septembre 2024




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