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Mardi 10 Novembre 2015
Finyear, Quotidien Finance d'Entreprise

Les espoirs de 2016…

La lettre hebdo du 6 novembre 2015.


Eric Galiègue
Eric Galiègue
De quoi sera faite l’année 2016 ? Face à la hausse récente du marché, qui remet en cause le diagnostic baissier que nous avons établi à la fin du mois d’août, nous souhaitons faire la liste des raisons qui pourraient justifier une poursuite du marché haussier en 2016. Ou, en quelque sorte, faire la liste des espoirs sur lesquels se fonde la hausse récente.

L’espoir est dans un premier temps monétaire. La promesse faite par M. Draghi dans la dernière conférence de presse de la BCE a été reçue « 5 sur 5 » par les acteurs du marché. Evidemment, l’idée que, dès la fin 2015, la Banque Centrale Européenne accroisse encore la création d’€ sans contrepartie autre que les actifs financiers qu’ils permettent d’acquérir, est de nature à susciter des espoirs… de hausse immédiate des prix de marché. C’est d’ailleurs cet espoir qui a justifié le « rallye » du mois d’octobre. L’espoir, c’est que le « Quantitative Easing » continue au-delà de septembre 2016, et qu’il soit même augmenté sur toute cette période. La conséquence, naturellement, c’est la poursuite de la baisse de l’ €, qui a pour contrepartie automatique, la hausse des cours des actions. Il est ainsi beaucoup plus simple et rapide de faire monter les prix via le mécanisme monétaire direct, que via le processus habituel. Habituellement, sans stimulation monétaire directe, la croissance des prix résulte de l’augmentation de l’activité dans l’économie réelle, qui permet un accroissement des profits, qui lui-même permet une hausse des cours, concomitamment à la hausse de la valeur de l’entreprise. On l’a bien compris, la stimulation monétaire intense permet une hausse des prix, mais pas une hausse de la valeur : c’est ce que l’on appelle, après coup, le gonflement d’une bulle spéculative.

Mais l’espoir est avant tout économique. Si l’on veut bien mettre de côté le raisonnement décrit précédemment, finalement l’espoir monétaire permet de faire renaitre l’espoir économique. C’est ce qui justifie les mesures prises par les banquiers centraux : la lutte contre la déflation, pour le retour d’une croissance saine. La hausse des cours dont l’origine est monétaire, c’est aussi l’anticipation d’une croissance pour 2016. De ce point de vue-là, tous les espoirs ne sont pas permis. Il est en effet peu probable que « l’alignement des astres » qui a caractérisé l’année 2015 puisse durer toute l’année 2016. Il est en effet difficile d’envisager un nouveau contre-choc pétrolier : l’effet de la chute des cours du pétrole s’estompe, une stimulation conjoncturelle plus forte en 2016 n’est pas imaginable. La baisse de l’€, deuxième élément de stimulation de la croissance en 2015, pourrait être relancée. On évoque la parité avec le $, qui signifierait une sous-évaluation de 15 % environ de notre monnaie. Si une telle perspective n’est pas impossible, voire probable, il faut évidemment craindre une réaction de la Fed. Mais même si la perspective d’une hausse des taux le 16 décembre est relancée, voire validée par le marchés des taux monétaires américains, on a du mal à imaginer une restriction monétaire d’ampleur de l’autre côté de l’Atlantique. La hausse du dollar a contribué largement à l’érosion des bénéfices américains en 2015 (croissance nulle des profits du S&P 500, contre une croissance anticipée de 10% il y a un an)… La seule quasi-certitude est que les conditions de financement des entreprises et des marchés en général devraient rester extrêmement favorables en 2016… Mais est-ce vraiment le problème ?

La réalité telle que mesurée aujourd’hui, c’est bien un ralentissement économique mondial.
Ce ralentissement est américain, chinois et japonais et affecte très durement les pays émergents. L’Europe fait exception, puisque le redressement progressif est confirmé, notamment par la livraison des derniers indices Markit. Mais l’Europe devra compter en 2016 avec de nombreuses contraintes d’ordre politique : la gestion politique du drame des réfugiés, les négociations avec la Grande Bretagne, le risque grec, la montée en puissance des eurosceptiques (le terme est faible),…

Nous restons prudents et préférons rester à l’écart des actions, dont les perspectives à 12 mois nous semblent insuffisantes, au regard des nombreux risques.

Spec : Le Cac 40 a un peu progressé, mais une consolidation correction reste le plus probable, avec un retour vers 4650 points.

Investisseurs : Nous sous-pondérons au maximum les actions.

Tendances sur les taux et les devises : L’€ s’est encore affaibli contre $, sous 1,09. Les taux des obligations d’état se redressent.

Tendances récentes sur les matières premières : Le cours du pétrole est stable cette semaine.

Eric Galiègue
VALQUANT

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