L'AFD identifie plusieurs handicaps, notamment «le double excès d'offre observé sur les marchés de facteurs – chômage et surplus d'épargne – qui témoigne d'obstacles structurels à l'initiative privée, à l'investissement et à la croissance». Quels seraient alors les éléments qui permettraient au Maroc de bénéficier d'un taux de croissance structurellement élevé à même de limiter le risque-pays ? Rehausser la productivité en favorisant l'adéquation entre offre et demande de travail, ce qui passe par l'amélioration des systèmes éducatifs et la diffusion des technologies à une plus large échelle. Ainsi, avec une inflation maîtrisée, une santé budgétaire retrouvée et un risque-pays au plus bas, le Maroc peut se prévaloir d'un climat économique particulièrement favorable. Or la faible productivité du travail et les contraintes pesant sur l'offre, du fait de systèmes éducatifs inadaptés au marché de l'emploi, posent problème. Ces problèmes avaient déjà été identifiés bien avant la période actuelle, quand la réforme de l'enseignement, qui devait faire du Royaume un pôle de compétitivité attractive, a été initiée (cf. www.leconomiste.com). Mais la mauvaise passe conjoncturelle traversée entre 2005 (croissance ramenée à environ 1%) et aujourd'hui a retardé l'avancée vers cet objectif, au demeurant très ambitieux, pour ne pas dire trop ambitieux.
Fait principalement mis en cause: la sécheresse observée durant la campagne 2004-2005, grevant lourdement la production agricole (13% du PIB et 40% de la population active). Un bémol cependant: la croissance non agricole a été moins affectée que dans le passé par l'effet des aléas climatiques. En attestent les prévisions du Haut commissariat au Plan (HCP), qui font état d'une légère baisse de la croissance de 4,7% en 2004 à 3,1%.
Comme le souligne, par ailleurs, le rapport de l'AFD, «le marché du travail marocain présente des caractères assez marqués qui éclairent fortement un certain nombre de problèmes structurels que connaît le pays». Il épingle le niveau élevé du chômage déguisé ou de l'emploi dit traditionnel, le secteur informel urbain, couvrant 30 à 40% de l'emploi, le bas taux de l'activité des femmes ou encore le chômage formel en milieu urbain, notamment au seins des classes les plus formées (enseignement supérieur). Au chapitre épargne-investissement, le document met à l'index l'excédent courant et la surliquidité des banques qui «témoigne d'un problème structurel d'allocation de l'épargne».
Le rapport salue en revanche les performances du crédit immobilier et la consommation qui «connaissent une croissance soutenue», ainsi que le microcrédit même «s'il ne capte que peu d'épargne pour le moment». Mais «le contraste entre la difficulté à prêter aux PME et le succès du microcrédit pointe un enjeu important du développement économique du Maroc». Principalement mises en causes: la faiblesse des institutions «non tant au niveau de l'Etat central et de ses politiques globales, mais au niveau microlocal». C'est-à-dire dans une interaction directe avec des agents économiques.
L'AFD, qui relève les avancées des réformes, affirme sans ambages qu'«il est donc peu probable que le Maroc puisse prendre à moyen terme le statut d'économie émergente, caractérisée par une règle capitaliste dure et une capacité à absorber les fortes tensions sociales». Concernant la balance des paiements, le rapport souligne, en parlant du textile et de l'habillement, que «c'est de fait la seule industrie qui a émergé à la suite des accords douaniers préférentiels signés avec la Communauté européenne dans les années 1970». Il relativise cependant le poids des phosphates (3/4 des réserves mondiales), dont l'apport dans le PIB ne représentait que 3,2% en 2004 et 16,7% des recettes d'exportations. Les exportations agroalimentaires (19,5%) entre janvier et septembre 2005 sont largement tributaires des aléas climatiques. «La conjonction des problèmes de climat, de pauvreté rurale et d'ouverture sera l'un des principaux problèmes qui se poseront au pays dans les dix prochaines années», conclut le rapport, qui n'est pas parvenu à faire ressortir l'impact de la culture du canabis sur l'économie et les comptes extérieurs du Maroc. Le tourisme, les remises des travailleurs émigrés et les investissements étrangers affichent des perspectives à moyen terme soutenues.
Le salut viendrait de la capacité des pouvoirs publics marocains à centrer «pas à pas» son action sur la recherche de compromis viables entre trois objectifs principaux: un ajustement à la concurrence internationale, la préservation d'un degré de stabilité macroéconomique et la revalorisation sociale.
Bachir THIAM
Source : http://www.leconomiste.com
Fait principalement mis en cause: la sécheresse observée durant la campagne 2004-2005, grevant lourdement la production agricole (13% du PIB et 40% de la population active). Un bémol cependant: la croissance non agricole a été moins affectée que dans le passé par l'effet des aléas climatiques. En attestent les prévisions du Haut commissariat au Plan (HCP), qui font état d'une légère baisse de la croissance de 4,7% en 2004 à 3,1%.
Comme le souligne, par ailleurs, le rapport de l'AFD, «le marché du travail marocain présente des caractères assez marqués qui éclairent fortement un certain nombre de problèmes structurels que connaît le pays». Il épingle le niveau élevé du chômage déguisé ou de l'emploi dit traditionnel, le secteur informel urbain, couvrant 30 à 40% de l'emploi, le bas taux de l'activité des femmes ou encore le chômage formel en milieu urbain, notamment au seins des classes les plus formées (enseignement supérieur). Au chapitre épargne-investissement, le document met à l'index l'excédent courant et la surliquidité des banques qui «témoigne d'un problème structurel d'allocation de l'épargne».
Le rapport salue en revanche les performances du crédit immobilier et la consommation qui «connaissent une croissance soutenue», ainsi que le microcrédit même «s'il ne capte que peu d'épargne pour le moment». Mais «le contraste entre la difficulté à prêter aux PME et le succès du microcrédit pointe un enjeu important du développement économique du Maroc». Principalement mises en causes: la faiblesse des institutions «non tant au niveau de l'Etat central et de ses politiques globales, mais au niveau microlocal». C'est-à-dire dans une interaction directe avec des agents économiques.
L'AFD, qui relève les avancées des réformes, affirme sans ambages qu'«il est donc peu probable que le Maroc puisse prendre à moyen terme le statut d'économie émergente, caractérisée par une règle capitaliste dure et une capacité à absorber les fortes tensions sociales». Concernant la balance des paiements, le rapport souligne, en parlant du textile et de l'habillement, que «c'est de fait la seule industrie qui a émergé à la suite des accords douaniers préférentiels signés avec la Communauté européenne dans les années 1970». Il relativise cependant le poids des phosphates (3/4 des réserves mondiales), dont l'apport dans le PIB ne représentait que 3,2% en 2004 et 16,7% des recettes d'exportations. Les exportations agroalimentaires (19,5%) entre janvier et septembre 2005 sont largement tributaires des aléas climatiques. «La conjonction des problèmes de climat, de pauvreté rurale et d'ouverture sera l'un des principaux problèmes qui se poseront au pays dans les dix prochaines années», conclut le rapport, qui n'est pas parvenu à faire ressortir l'impact de la culture du canabis sur l'économie et les comptes extérieurs du Maroc. Le tourisme, les remises des travailleurs émigrés et les investissements étrangers affichent des perspectives à moyen terme soutenues.
Le salut viendrait de la capacité des pouvoirs publics marocains à centrer «pas à pas» son action sur la recherche de compromis viables entre trois objectifs principaux: un ajustement à la concurrence internationale, la préservation d'un degré de stabilité macroéconomique et la revalorisation sociale.
Bachir THIAM
Source : http://www.leconomiste.com