Dans les deux cas, il existe trois canaux de transmission à l'économie réelle. Considérons tout d'abord l'or noir. Primo, lorsque les prix du baril baissent, le pouvoir d'achat des ménages est amélioré, permettant à ces derniers de consommer davantage. Secundo, les coûts de production des entreprises sont réduits, assurant à ces dernières une meilleure rentabilité, les incitant par là même à investir et à embaucher davantage. Tertio, compte tenu de ces deux premiers avantages, l'horizon global s'améliore, alimentant un cercle vertueux revenu-consommation-investissement-emploi.
Parallèlement, pour ceux qui auraient tendance à oublier les dangers d'une devise surévaluée, rappelons que les vecteurs de transmission d'un euro trop fort sur l'économie sont aussi au nombre de trois. Premièrement, il augmente les prix des exportations, qui deviennent donc trop chères et finissent par reculer. Les entreprises exportatrices sont alors contraintes de réduire leur production, avec souvent des destructions d'emplois et de revenus à la clé.
Deuxièmement, un euro trop fort signifie que les prix des produits importés reculent. Si cette évolution peut être perçue comme un avantage, notamment pour les consommateurs nationaux, elle se traduit également par un effet pervers. En effet, si les produits importés sont moins chers, les producteurs nationaux voient la compétitivité-prix de leurs produits diminuer à vue d'œil. Ils perdent donc des parts de marché, réduisent la voilure et licencient. Les revenus sont abaissés et la consommation avec.
Troisièmement, lorsque l'euro est trop cher, investir dans la zone euro depuis l'étranger devient très onéreux, tandis qu'investir à l'étranger devient meilleur marché pour un Eurolandais. Dès lors, les flux d'investissements étrangers vers l'UEM se tarissent et les flux d'investissements eurolandais à l'étranger augmentent, réduisant mécaniquement la croissance et l'emploi dans la zone euro.
Réciproquement, la baisse de l'euro produit les mêmes effets mais dans le bon sens : davantage d'exportations, plus de compétitivité des produits nationaux vis-à-vis des produits importés, donc plus de parts de marché pour les premiers et, enfin, plus d'investissements étrangers dans l'UEM et moins de fuite de capitaux à l'extérieur de cette dernière.
Que l'on soit également rassuré : l'impact de la baisse de l'euro sur les cours des matières premières, qui deviendraient donc plus chères, sera limité. En effet, lorsque l'euro recule, le dollar s'apprécie. Généralement cette appréciation du billet vert se traduit par une désaffection des investisseurs pour les matières premières et notamment le pétrole, qui voient ainsi leurs cours baisser. C'est d'ailleurs exactement ce que nous sommes en train de vivre.
Dans ce cadre, avec un baril à moins de 80 dollars et un euro autour des 1,25 dollar, le gain potentiel pour l'économie française pourrait atteindre 1,5 point de croissance pour l'année 2015, consacrant ainsi une hausse annuelle du PIB supérieure à 2 %.
Ces soutiens « venus d'ailleurs » sont d'ailleurs ceux qui ont permis à la France de connaître sa dernière phase de croissance forte. En l'occurrence lors des années 1998-2000 : à l'époque, le baril valait 10 dollars et l'euro oscillait autour des 0,90 dollar. Aidée dans le même temps par la vigueur de la croissance mondiale, elle-même portée par la révolution des NTIC, la croissance annuelle moyenne française a alors réussi à atteindre 3,6 % pendant trois ans.
De quoi nous faire rêver, mais aussi nous rappeler cruellement qu'au lieu de profiter de cette dynamique économique exceptionnelle pour réformer la France, les dirigeants de l'époque ont préféré mettre en avant une soi-disant « cagnotte fiscale » pour augmenter les dépenses publiques et refuser d'engager le pays sur la voie de la modernité économique.
Et nous voilà aujourd'hui, bien loin de la marge de manœuvre dont disposait la France en 1998-2000. En décembre 2014, la dette publique n'est effectivement plus de 56 % du PIB mais de bientôt 100 %. La part des dépenses publiques dans le PIB n'est plus de 51 % mais de 57,1 %. Le poids des prélèvements obligatoires dans la richesse nationale n'est plus de 42,5 % mais de 46,3 %.
Mais il y a encore pire. Car, si jusqu'au début des années 2000, les acteurs économiques français et notamment les entreprises avaient encore relativement confiance dans les dirigeants du pays et dans les perspectives de ce dernier, la donne a bien changé aujourd'hui.
Un mouvement de défiance s'est même engagé, engendrant une incompréhension grandissante entre les dirigeants du pays et les acteurs économiques, en particulier les entreprises. Après avoir soutenu qu'ils aimaient ces dernières, MM Macron et Valls n'hésitent plus désormais à les montrer du doigt et à les rendre responsables de la crise actuelle.
Dans ce cadre, il est clair qu'à cause d'une pression fiscale historiquement élevée, d'un marché du travail de plus en plus rigide, d'une réglementation de plus en plus complexe et surtout d'un manque criant de confiance et de perspectives, l'investissement des entreprises va rester faible et les créations d'emploi avec.
Autrement dit, les effets positifs de la baisse de l'euro et des cours du pétrole devraient être en partie compensés par les effets négatifs du dogmatisme maladif dont font preuve les dirigeants du pays. Bien loin des 2 %, la croissance française de 2015 devrait ainsi rester inférieure à 1 %. Quel gâchis !
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Parallèlement, pour ceux qui auraient tendance à oublier les dangers d'une devise surévaluée, rappelons que les vecteurs de transmission d'un euro trop fort sur l'économie sont aussi au nombre de trois. Premièrement, il augmente les prix des exportations, qui deviennent donc trop chères et finissent par reculer. Les entreprises exportatrices sont alors contraintes de réduire leur production, avec souvent des destructions d'emplois et de revenus à la clé.
Deuxièmement, un euro trop fort signifie que les prix des produits importés reculent. Si cette évolution peut être perçue comme un avantage, notamment pour les consommateurs nationaux, elle se traduit également par un effet pervers. En effet, si les produits importés sont moins chers, les producteurs nationaux voient la compétitivité-prix de leurs produits diminuer à vue d'œil. Ils perdent donc des parts de marché, réduisent la voilure et licencient. Les revenus sont abaissés et la consommation avec.
Troisièmement, lorsque l'euro est trop cher, investir dans la zone euro depuis l'étranger devient très onéreux, tandis qu'investir à l'étranger devient meilleur marché pour un Eurolandais. Dès lors, les flux d'investissements étrangers vers l'UEM se tarissent et les flux d'investissements eurolandais à l'étranger augmentent, réduisant mécaniquement la croissance et l'emploi dans la zone euro.
Réciproquement, la baisse de l'euro produit les mêmes effets mais dans le bon sens : davantage d'exportations, plus de compétitivité des produits nationaux vis-à-vis des produits importés, donc plus de parts de marché pour les premiers et, enfin, plus d'investissements étrangers dans l'UEM et moins de fuite de capitaux à l'extérieur de cette dernière.
Que l'on soit également rassuré : l'impact de la baisse de l'euro sur les cours des matières premières, qui deviendraient donc plus chères, sera limité. En effet, lorsque l'euro recule, le dollar s'apprécie. Généralement cette appréciation du billet vert se traduit par une désaffection des investisseurs pour les matières premières et notamment le pétrole, qui voient ainsi leurs cours baisser. C'est d'ailleurs exactement ce que nous sommes en train de vivre.
Dans ce cadre, avec un baril à moins de 80 dollars et un euro autour des 1,25 dollar, le gain potentiel pour l'économie française pourrait atteindre 1,5 point de croissance pour l'année 2015, consacrant ainsi une hausse annuelle du PIB supérieure à 2 %.
Ces soutiens « venus d'ailleurs » sont d'ailleurs ceux qui ont permis à la France de connaître sa dernière phase de croissance forte. En l'occurrence lors des années 1998-2000 : à l'époque, le baril valait 10 dollars et l'euro oscillait autour des 0,90 dollar. Aidée dans le même temps par la vigueur de la croissance mondiale, elle-même portée par la révolution des NTIC, la croissance annuelle moyenne française a alors réussi à atteindre 3,6 % pendant trois ans.
De quoi nous faire rêver, mais aussi nous rappeler cruellement qu'au lieu de profiter de cette dynamique économique exceptionnelle pour réformer la France, les dirigeants de l'époque ont préféré mettre en avant une soi-disant « cagnotte fiscale » pour augmenter les dépenses publiques et refuser d'engager le pays sur la voie de la modernité économique.
Et nous voilà aujourd'hui, bien loin de la marge de manœuvre dont disposait la France en 1998-2000. En décembre 2014, la dette publique n'est effectivement plus de 56 % du PIB mais de bientôt 100 %. La part des dépenses publiques dans le PIB n'est plus de 51 % mais de 57,1 %. Le poids des prélèvements obligatoires dans la richesse nationale n'est plus de 42,5 % mais de 46,3 %.
Mais il y a encore pire. Car, si jusqu'au début des années 2000, les acteurs économiques français et notamment les entreprises avaient encore relativement confiance dans les dirigeants du pays et dans les perspectives de ce dernier, la donne a bien changé aujourd'hui.
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Dans ce cadre, il est clair qu'à cause d'une pression fiscale historiquement élevée, d'un marché du travail de plus en plus rigide, d'une réglementation de plus en plus complexe et surtout d'un manque criant de confiance et de perspectives, l'investissement des entreprises va rester faible et les créations d'emploi avec.
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