Car, attention, cette fois « c'est sûr », l'économie française semble vraiment sortir du tunnel si l'on en croit d'un côté les chiffres de la DARES, qui annoncent une forte baisse du nombre de chômeurs en mars et, de l'autre côté, l'INSEE qui a publié des comptes nationaux du premier trimestre 2016, disons-le, exceptionnels !
Asseyez-vous et préparez-vous au choc des chiffres : après avoir déjà augmenté de 0,4 % au troisième trimestre 2015, puis de 0,3 % au trimestre suivant, le PIB français aurait progressé de 0,5 % au premier trimestre de l'année 2016. Grâce à ce mouvement euphorique, l'acquis de croissance pour l'année 2016 atteint d'ores et déjà 1 %. Cela signifie donc que, sauf si le PIB national recule au cours des trimestres suivants, la croissance française dépassera sans difficulté le 1 %, voire les 1,5 %. Autrement dit, il faut savoir être bon joueur : notre prévision d'une croissance française d'environ 0,8 % cette année apparaît non seulement trop pessimiste mais aussi caduque.
De plus, le détail des comptes nationaux du premier trimestre est particulièrement favorable. La consommation des ménages a ainsi flambé de 1,2 %, sa plus forte augmentation depuis le quatrième trimestre 2004 ! Pour trouver plus fort, il faut même remonter au deuxième trimestre 1998 (avec + 1,4 %) et le fameux « effet coupe du monde de football ».
Mais ce n'est pas tout. En effet, après avoir déjà progressé de 1 % au quatrième trimestre 2015, l'investissement des entreprises non-financières a explosé de 1,6 % sur le seul premier trimestre 2016. Grâce à cette envolée, cet indicateur phare de l'économie française a même dépassé de 0,5 % son niveau du premier trimestre 2008, c'est-à-dire d'avant-crise.
Par ailleurs, si au cours des deux derniers trimestres, la contribution des stocks à la croissance française apparaissait démesurée (0,7 point au troisième trimestre 2015 et 0,5 point au quatrième), elle a été de - 0,2 point au premier trimestre 2016. Ce qui signifie que, hors stocks, la croissance française a été de 0,7 % !
Enfin, les exportations ayant baissé de 0,2 % et les importations ayant progressé de 0,5 %, la contribution du commerce extérieur à la croissance a également été de - 0,2 point. Ainsi, la progression de la demande intérieure finale (c'est-à-dire du PIB hors stocks et hors commerce extérieur) a été de + 0,9 %. En un mot : ENORME !
Pour parfaire cette « énormité », la DARES a d'ailleurs annoncé que le nombre de chômeurs de catégorie A en métropole avait reculé de 60 000 personnes en mars. Cette fois-ci, ce n'est pas compliqué, une telle « performance » n'a jamais été réalisée, sauf en juillet 1999, avec précisément une baisse de 60 900 chômeurs ! Le problème c'est qu'à l'époque la croissance française était de 4 %. Elle n'est aujourd'hui que de 1,3 %, malgré la flambée du PIB du premier trimestre 2016. Cherchez l'erreur…
En fait, au risque de faire de la peine à notre Président de « la reprise est là », cette baisse du chômage est artificielle, pour ne pas dire fallacieuse. Elle ne correspond simplement qu'au début des postes de « formations » des chômeurs, qui consistent à faire passer ces derniers de la catégorie A à la catégorie D ou E. Notons d'ailleurs que, dans ces deux catégories, on compte 1 600 chômeurs de plus sur le même mois de mars. Ne cherchez plus l'erreur, vous l'avez trouvée…
Disons-le d'ailleurs clairement : ce repli factice du chômage va se prolonger puisque le gouvernement va créer environ 500 000 postes de formation d'ici le début 2017. Que deviendront ces chômeurs maquillés après 2017 ? La question reste entière, mais le coût de cet artifice est déjà connu : environ deux milliards d'euros…
Plus globalement, même si nous ne voulons pas remettre en question les calculs de l'INSEE, il faut admettre que la croissance forte des derniers trimestres tranche avec les données de toutes les enquêtes, notamment celles des directeurs d'achat interrogés par Markit, mais aussi celles de l'INSEE auprès des chefs d'entreprise et des ménages. Autrement dit, selon les chiffres officiels, la reprise est là, mais les Français sont las…
Il y a donc deux possibilités : soit ces enquêtes sont fausses et la reprise est bien en marche, soit ces enquêtes disent vrai et une nette correction baissière du PIB et de l'emploi va se produire au cours des prochains trimestres.
Compte tenu des dérapages sociaux passés et à venir dans l'Hexagone, du ralentissement de la croissance mondiale, mais aussi des risques internationaux, tels que le retour de la crise grecque, l'occurrence d'un Brexit, la remontée intempestive de l'euro/dollar, ou encore le renchérissement progressif du pétrole et des matières premières, il est clair que la probabilité d'une rechute de la croissance française augmente rapidement et massivement.
Certes, profitons de l'instant présent pour savourer les bons chiffres du passé, mais soyons également conscients que ces derniers ne sont pas extrapolables et laisseront bientôt la place à un net ralentissement. Voilà pourquoi, nous continuons d'anticiper que la progression annuelle moyenne du PIB français ne fera pas de miracle en 2016 et oscillera autour de 1 %.
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com;
Asseyez-vous et préparez-vous au choc des chiffres : après avoir déjà augmenté de 0,4 % au troisième trimestre 2015, puis de 0,3 % au trimestre suivant, le PIB français aurait progressé de 0,5 % au premier trimestre de l'année 2016. Grâce à ce mouvement euphorique, l'acquis de croissance pour l'année 2016 atteint d'ores et déjà 1 %. Cela signifie donc que, sauf si le PIB national recule au cours des trimestres suivants, la croissance française dépassera sans difficulté le 1 %, voire les 1,5 %. Autrement dit, il faut savoir être bon joueur : notre prévision d'une croissance française d'environ 0,8 % cette année apparaît non seulement trop pessimiste mais aussi caduque.
De plus, le détail des comptes nationaux du premier trimestre est particulièrement favorable. La consommation des ménages a ainsi flambé de 1,2 %, sa plus forte augmentation depuis le quatrième trimestre 2004 ! Pour trouver plus fort, il faut même remonter au deuxième trimestre 1998 (avec + 1,4 %) et le fameux « effet coupe du monde de football ».
Mais ce n'est pas tout. En effet, après avoir déjà progressé de 1 % au quatrième trimestre 2015, l'investissement des entreprises non-financières a explosé de 1,6 % sur le seul premier trimestre 2016. Grâce à cette envolée, cet indicateur phare de l'économie française a même dépassé de 0,5 % son niveau du premier trimestre 2008, c'est-à-dire d'avant-crise.
Par ailleurs, si au cours des deux derniers trimestres, la contribution des stocks à la croissance française apparaissait démesurée (0,7 point au troisième trimestre 2015 et 0,5 point au quatrième), elle a été de - 0,2 point au premier trimestre 2016. Ce qui signifie que, hors stocks, la croissance française a été de 0,7 % !
Enfin, les exportations ayant baissé de 0,2 % et les importations ayant progressé de 0,5 %, la contribution du commerce extérieur à la croissance a également été de - 0,2 point. Ainsi, la progression de la demande intérieure finale (c'est-à-dire du PIB hors stocks et hors commerce extérieur) a été de + 0,9 %. En un mot : ENORME !
Pour parfaire cette « énormité », la DARES a d'ailleurs annoncé que le nombre de chômeurs de catégorie A en métropole avait reculé de 60 000 personnes en mars. Cette fois-ci, ce n'est pas compliqué, une telle « performance » n'a jamais été réalisée, sauf en juillet 1999, avec précisément une baisse de 60 900 chômeurs ! Le problème c'est qu'à l'époque la croissance française était de 4 %. Elle n'est aujourd'hui que de 1,3 %, malgré la flambée du PIB du premier trimestre 2016. Cherchez l'erreur…
En fait, au risque de faire de la peine à notre Président de « la reprise est là », cette baisse du chômage est artificielle, pour ne pas dire fallacieuse. Elle ne correspond simplement qu'au début des postes de « formations » des chômeurs, qui consistent à faire passer ces derniers de la catégorie A à la catégorie D ou E. Notons d'ailleurs que, dans ces deux catégories, on compte 1 600 chômeurs de plus sur le même mois de mars. Ne cherchez plus l'erreur, vous l'avez trouvée…
Disons-le d'ailleurs clairement : ce repli factice du chômage va se prolonger puisque le gouvernement va créer environ 500 000 postes de formation d'ici le début 2017. Que deviendront ces chômeurs maquillés après 2017 ? La question reste entière, mais le coût de cet artifice est déjà connu : environ deux milliards d'euros…
Plus globalement, même si nous ne voulons pas remettre en question les calculs de l'INSEE, il faut admettre que la croissance forte des derniers trimestres tranche avec les données de toutes les enquêtes, notamment celles des directeurs d'achat interrogés par Markit, mais aussi celles de l'INSEE auprès des chefs d'entreprise et des ménages. Autrement dit, selon les chiffres officiels, la reprise est là, mais les Français sont las…
Il y a donc deux possibilités : soit ces enquêtes sont fausses et la reprise est bien en marche, soit ces enquêtes disent vrai et une nette correction baissière du PIB et de l'emploi va se produire au cours des prochains trimestres.
Compte tenu des dérapages sociaux passés et à venir dans l'Hexagone, du ralentissement de la croissance mondiale, mais aussi des risques internationaux, tels que le retour de la crise grecque, l'occurrence d'un Brexit, la remontée intempestive de l'euro/dollar, ou encore le renchérissement progressif du pétrole et des matières premières, il est clair que la probabilité d'une rechute de la croissance française augmente rapidement et massivement.
Certes, profitons de l'instant présent pour savourer les bons chiffres du passé, mais soyons également conscients que ces derniers ne sont pas extrapolables et laisseront bientôt la place à un net ralentissement. Voilà pourquoi, nous continuons d'anticiper que la progression annuelle moyenne du PIB français ne fera pas de miracle en 2016 et oscillera autour de 1 %.
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