Marc Touati
Si cette analyse excessive peut susciter le rire, force est malheureusement de constater qu'elle n'est pas dénuée d'une certaine part de vérité. En effet, la France est un pays dans lequel le poids des dépenses publiques et de la pression fiscale dans le PIB figure parmi les plus élevés du globe. Seuls certains pays scandinaves font « mieux » que nous, mais, en échange, ils obtiennent des résultats significatifs en termes de croissance, d'emploi et de stabilité sociale. Et ce pour une simple raison : leur pacte social est transparent, n'acceptant aucune fraude et ne servant que l'intérêt général.
A l'inverse, la France se paie le luxe d'entretenir des dépenses publiques pharaoniques avec pour seuls résultats : une croissance molle, un chômage élevé, un accroissement des inégalités sociales et de la pauvreté. Certains diront alors que, justement, si ces dépenses n'étaient pas là, la situation serait encore plus dramatique. Et c'est justement là que la France commence à sombrer dans le communisme. Car, si pratiquer un laxisme budgétaire depuis trente ans sans résultats positifs peut, à la rigueur, se comprendre pour des raisons bassement politiciennes liées à la volonté des dirigeants politiques d'être élus ou réélus, vouloir encore augmenter la facture devient grotesque et surtout dangereux.
Or, à quelques exceptions près, peu de personnes en France osent demander la transformation de notre modèle étatiste hypertrophié en un système libéré avec moins de pressions fiscales, budgétaires et réglementaires. Pis, de plus en plus de Français souhaitent engager un mouvement inverse. Ainsi, selon un récent sondage Ipsos, 48 % des Français estiment que le dérapage structurel de la dette publique ne constitue pas un danger qu'il faudrait régler d'urgence. De quoi rappeler que le « toujours plus d'Etat » a la vie longue dans l'Hexagone en dépit de son inefficacité criante depuis trente ans.
Mais il y a encore plus grave. Dernièrement, un ancien joueur de football, devenu acteur a appelé les Français à retirer leurs espèces de leurs comptes en banque, en soulignant que « la révolution se fait par les banques ». La petite farce d'une ancienne star du foot en mal de faire parler d'elle aurait pu s'arrêter là, mais elle a été reprise massivement sur la toile si bien qu'une sorte de collectif anticapitaliste appelle à des retraits bancaires massifs le 7 décembre 2010. Particulièrement grotesques, ces élucubrations montrent néanmoins l'ampleur du malaise social qui prévaut dans notre « douce France ». En effet, avec plus de 8 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, un revenu médian de seulement 1 580 euros et une augmentation des inégalités, la France apparaît particulièrement menacée par une crise sociale de grande envergure.
Si l'origine principale de ce mal-être réside évidemment dans la crise que traverse le pays depuis plus de trois ans, elle relève également de maux ancrés au plus profond de la culture française. En l'occurrence, la méconnaissance des mécanismes économiques, l'hypocrisie face à l'argent, le mépris de la réussite et, synthétisant le tout, la culture de la lutte des classes. Or, cette dernière est certainement le meilleur allié de la pauvreté puisqu'elle revient à figer la société, élevant les uns contre les autres dans un but stérile, voire destructeur.
Ainsi, lorsque M. Cantona demande aux Français de détruire le système bancaire, il ignore ou feint d'ignorer que ceux qui perdront le plus dans l'écroulement de ce dernier seront justement les petits épargnants qui ne pourront plus récupérer leurs fonds difficilement acquis car leur banque aura fait faillite. Plutôt que de sombrer dans le populisme et la démagogie, les sportifs et autres stars, qui ont d'ailleurs gagné des millions d'euros grâce au capitalisme et souvent sur le dos de supporters et autres fans peu aisés, feraient mieux d'inciter au travail, à la victoire et à la montée dans l'échelle sociale. Car, il est clair qu'à force de vouloir tout casser et alimenter la lutte des classes, l'ascenseur social ne montera jamais pour ces personnes manipulées.
Et c'est uniquement parce que j'ai grandi jusqu'à 25 ans dans une cité HLM d'Orly dans laquelle 85 % d'une classe d'âge n'avait pas le bac, que je me permets d'en parler. Seulement voilà, si j'ai réussi à m'en sortir, combien y sont restés ? Déjà tendue il y a vingt ans, la situation de ces cités à travers la France a évidemment empiré. Pourquoi ? Tout simplement par manque d'espoir et de perspectives. Aussi, pour sortir la France de sa lutte des classes viscérale et par là même de son immobilisme structurel, il n'y a qu'une seule solution : redonner de l'espoir à une population et à une jeunesse en mal de repères. Et cela ne passera certainement pas par une augmentation des dépenses publiques et des perfusions diverses et variées qui sclérosent la société. Cela passera, au contraire, par une libération des énergies et de l'esprit d'initiative qui ne pourront s'opérer que par une réduction des pressions fiscales, réglementaires et budgétaires. Pour y parvenir, il faudra également augmenter la culture économique des Français et sortir du vieux carcan anticapitaliste qui est malheureusement trop présent dans les manuels scolaires et ailleurs. Cela permettra notamment de faire comprendre aux jeunes et aux moins jeunes que si le système capitaliste n'est évidemment pas parfait, il est le seul capable de fonctionner, comme l'ont montré les échecs cuisants des autres expériences. Dès lors, ce n'est pas en le détruisant que l'on créera un monde meilleur, mais en améliorant son fonctionnement.
Si nous voulons sortir par le haut de la crise actuelle et éviter que la France sombre dans une révolution sociale, nous savons ce qui nous reste à faire. Mais si nous continuons de refuser de voir la réalité en face et que nous maintenons notre comportement dogmatique, alors la haine et la lutte des classes s'imposeront de plus en plus, ce qui finira par plonger la France dans un marasme sans nom. Nous sommes prévenus…
Marc Touati
Economiste.
Directeur Général de Global Equities.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
A l'inverse, la France se paie le luxe d'entretenir des dépenses publiques pharaoniques avec pour seuls résultats : une croissance molle, un chômage élevé, un accroissement des inégalités sociales et de la pauvreté. Certains diront alors que, justement, si ces dépenses n'étaient pas là, la situation serait encore plus dramatique. Et c'est justement là que la France commence à sombrer dans le communisme. Car, si pratiquer un laxisme budgétaire depuis trente ans sans résultats positifs peut, à la rigueur, se comprendre pour des raisons bassement politiciennes liées à la volonté des dirigeants politiques d'être élus ou réélus, vouloir encore augmenter la facture devient grotesque et surtout dangereux.
Or, à quelques exceptions près, peu de personnes en France osent demander la transformation de notre modèle étatiste hypertrophié en un système libéré avec moins de pressions fiscales, budgétaires et réglementaires. Pis, de plus en plus de Français souhaitent engager un mouvement inverse. Ainsi, selon un récent sondage Ipsos, 48 % des Français estiment que le dérapage structurel de la dette publique ne constitue pas un danger qu'il faudrait régler d'urgence. De quoi rappeler que le « toujours plus d'Etat » a la vie longue dans l'Hexagone en dépit de son inefficacité criante depuis trente ans.
Mais il y a encore plus grave. Dernièrement, un ancien joueur de football, devenu acteur a appelé les Français à retirer leurs espèces de leurs comptes en banque, en soulignant que « la révolution se fait par les banques ». La petite farce d'une ancienne star du foot en mal de faire parler d'elle aurait pu s'arrêter là, mais elle a été reprise massivement sur la toile si bien qu'une sorte de collectif anticapitaliste appelle à des retraits bancaires massifs le 7 décembre 2010. Particulièrement grotesques, ces élucubrations montrent néanmoins l'ampleur du malaise social qui prévaut dans notre « douce France ». En effet, avec plus de 8 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, un revenu médian de seulement 1 580 euros et une augmentation des inégalités, la France apparaît particulièrement menacée par une crise sociale de grande envergure.
Si l'origine principale de ce mal-être réside évidemment dans la crise que traverse le pays depuis plus de trois ans, elle relève également de maux ancrés au plus profond de la culture française. En l'occurrence, la méconnaissance des mécanismes économiques, l'hypocrisie face à l'argent, le mépris de la réussite et, synthétisant le tout, la culture de la lutte des classes. Or, cette dernière est certainement le meilleur allié de la pauvreté puisqu'elle revient à figer la société, élevant les uns contre les autres dans un but stérile, voire destructeur.
Ainsi, lorsque M. Cantona demande aux Français de détruire le système bancaire, il ignore ou feint d'ignorer que ceux qui perdront le plus dans l'écroulement de ce dernier seront justement les petits épargnants qui ne pourront plus récupérer leurs fonds difficilement acquis car leur banque aura fait faillite. Plutôt que de sombrer dans le populisme et la démagogie, les sportifs et autres stars, qui ont d'ailleurs gagné des millions d'euros grâce au capitalisme et souvent sur le dos de supporters et autres fans peu aisés, feraient mieux d'inciter au travail, à la victoire et à la montée dans l'échelle sociale. Car, il est clair qu'à force de vouloir tout casser et alimenter la lutte des classes, l'ascenseur social ne montera jamais pour ces personnes manipulées.
Et c'est uniquement parce que j'ai grandi jusqu'à 25 ans dans une cité HLM d'Orly dans laquelle 85 % d'une classe d'âge n'avait pas le bac, que je me permets d'en parler. Seulement voilà, si j'ai réussi à m'en sortir, combien y sont restés ? Déjà tendue il y a vingt ans, la situation de ces cités à travers la France a évidemment empiré. Pourquoi ? Tout simplement par manque d'espoir et de perspectives. Aussi, pour sortir la France de sa lutte des classes viscérale et par là même de son immobilisme structurel, il n'y a qu'une seule solution : redonner de l'espoir à une population et à une jeunesse en mal de repères. Et cela ne passera certainement pas par une augmentation des dépenses publiques et des perfusions diverses et variées qui sclérosent la société. Cela passera, au contraire, par une libération des énergies et de l'esprit d'initiative qui ne pourront s'opérer que par une réduction des pressions fiscales, réglementaires et budgétaires. Pour y parvenir, il faudra également augmenter la culture économique des Français et sortir du vieux carcan anticapitaliste qui est malheureusement trop présent dans les manuels scolaires et ailleurs. Cela permettra notamment de faire comprendre aux jeunes et aux moins jeunes que si le système capitaliste n'est évidemment pas parfait, il est le seul capable de fonctionner, comme l'ont montré les échecs cuisants des autres expériences. Dès lors, ce n'est pas en le détruisant que l'on créera un monde meilleur, mais en améliorant son fonctionnement.
Si nous voulons sortir par le haut de la crise actuelle et éviter que la France sombre dans une révolution sociale, nous savons ce qui nous reste à faire. Mais si nous continuons de refuser de voir la réalité en face et que nous maintenons notre comportement dogmatique, alors la haine et la lutte des classes s'imposeront de plus en plus, ce qui finira par plonger la France dans un marasme sans nom. Nous sommes prévenus…
Marc Touati
Economiste.
Directeur Général de Global Equities.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com