Jusqu'à présent seule cette dernière a « tenu ses promesses ». Et pour cause : elle a non seulement rechuté vers la récession, mais a aussi été incapable de dépasser durablement les 1 % de croissance. En fait, depuis 2010, seules la résistance de la Chine et celle des Etats-Unis ont permis à la marche mondiale des affaires d'éviter le repli.
Il faut dire que les politiques monétaires de ces deux locomotives de l'économie planétaire ont été sans faille et ont tout fait pour éviter le retour de la récession et a fortiori de la déflation. Mieux, depuis deux ans, la BCE a également apporté sa pierre à l'édifice. Pour autant, la zone euro reste toujours menacée par la baisse des prix et ses corollaires, à savoir le recul de la production et l'augmentation du chômage.
Depuis quelques semaines, la baisse marquée de l'euro/dollar pourrait inverser cette spirale dévastatrice. Néanmoins, pour le moment, cette dépréciation reste insuffisante. En effet, tant que l'euro ne retrouve pas son niveau d'équilibre d'environ 1,15 dollar, l'UEM demeure incapable de retrouver le chemin de la croissance forte.
D'ores et déjà, il paraît inévitable que l'économie eurolandaise continuera de stagner jusqu'à la fin 2014. Sur cette faiblesse chronique viennent s'ajouter de nombreux risques géopolitiques (Ukraine, Russie, Irak…) ou sanitaires (Ebola) qui ne manqueront pas d'affecter négativement la confiance des investisseurs et de limiter par là même le niveau de la croissance économique.
De plus, même s'ils sont en sommeil, les risques financiers restent majeurs : Argentine, Brésil, Thaïlande et, plus proche de nous, Portugal, Grèce, Italie et bientôt France. Effectivement, il est fort probable que la note de la dette publique française sera nettement dégradée dans les prochains mois. La révision baissière des prévisions de croissance française par Moody's en fournit d'ailleurs les prémices. Le raisonnement est à la fois simple et imparable : moins de croissance, c'est plus de chômage et de déficits publics, donc plus de dette et moins de « A » en perspective.
Certes, la faiblesse des taux longs français semble pouvoir contrecarrer tout impact fortement négatif de cette dégradation sur le niveau des taux d'intérêt à venir, donc sur la croissance. Cependant, méfions-nous de l'eau qui dort et surtout n'oublions jamais que l'on ne prend conscience de l'ampleur des bulles financières que lorsque celles-ci ont explosé. Autrement dit, même si la déflation limitera de facto l'augmentation des taux longs, ce n'est pas parce que ces derniers sont actuellement bas qu'ils le resteront éternellement.
Dans ce cadre, il est donc bien possible de dire que la croissance eurolandaise reste menacée, et par là même que celle de l'économie mondiale l'est également. Pour autant, il ne faudrait pas minorer une réalité structurelle : depuis dix ans, la contribution annuelle moyenne de la zone euro à la croissance mondiale est inférieure à 0,1 point. Mieux, ou plutôt pire pour nous : au cours de cette dernière décennie, la progression annuelle moyenne du PIB planétaire a été de 4 %, contre 0,8 % pour la zone euro. En d'autres termes, que l'UEM soit en croissance ou pas, l'économie mondiale avance sans complexe. Cela signifie que la première a beaucoup plus besoin de la seconde que l'inverse. Et cela n'est pas près de changer…
Voilà pourquoi, nous estimons qu'en dépit des risques qui pèsent sur la zone euro, mais aussi sur la géopolitique internationale, la croissance mondiale restera soutenue par ses deux locomotives habituelles que sont les Etats-Unis et la Chine. Bien entendu, elles-aussi connaîtront des difficultés et des phases de ralentissement. Néanmoins, elles seront suffisamment puissantes pour permettre à la croissance mondiale de se stabiliser durablement autour de son niveau structurel, en l'occurrence entre 3,5 % et 4 %. Et ce, au moins jusqu'à la fin 2015. C'est d'ailleurs pour cette raison que les marchés boursiers internationaux demeurent bien orientés malgré les multiples dangers environnants.
Dans le flot d'inquiétudes en tous genres et dans la morosité ambiante, classique lors des retours de congés, voilà peut-être une bonne nouvelle qui permettra d'aborder la rentrée avec enthousiasme ou du moins en gardant l'espoir. De toute façon, nous n'avons pas le choix. Car ne l'oublions : celui qui baisse les bras est sûr de perdre, alors que celui qui ose regarder vers l'avenir, innover et investir n'est, certes, pas sûr de gagner (car on ne peut jamais l'être), mais dispose d'une grande chance de l'emporter. C'est grâce à cet état d'esprit que certains pays émergents d'hier sont devenus dominants aujourd'hui ou encore que les Etats-Unis ont pu garder leur rang.
A l'inverse, c'est parce que leurs dirigeants (notamment politiques) n'ont pas su en faire leur adage que, dans leur grande majorité, les pays de la zone euro sont devenus les lanternes rouges de la croissance mondiale. Certains chiffres sont parfois plus édifiants que des mots : en 1990, l'actuelle zone euro représentait 22 % du PIB mondial (en parités de pouvoir d'achat), cette part est aujourd'hui de 12,8 %. Dans le même temps, celle des Etats-Unis est passée de 25 % à 19,5 % et celle de la Chine de 3,8 % à 16 %.
Ah ! Si les dirigeants eurolandais, et notamment français, pouvaient méditer ces quelques chiffres et réagir en conséquence, nous pourrions vraiment affronter les mois à venir avec optimisme…
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Il faut dire que les politiques monétaires de ces deux locomotives de l'économie planétaire ont été sans faille et ont tout fait pour éviter le retour de la récession et a fortiori de la déflation. Mieux, depuis deux ans, la BCE a également apporté sa pierre à l'édifice. Pour autant, la zone euro reste toujours menacée par la baisse des prix et ses corollaires, à savoir le recul de la production et l'augmentation du chômage.
Depuis quelques semaines, la baisse marquée de l'euro/dollar pourrait inverser cette spirale dévastatrice. Néanmoins, pour le moment, cette dépréciation reste insuffisante. En effet, tant que l'euro ne retrouve pas son niveau d'équilibre d'environ 1,15 dollar, l'UEM demeure incapable de retrouver le chemin de la croissance forte.
D'ores et déjà, il paraît inévitable que l'économie eurolandaise continuera de stagner jusqu'à la fin 2014. Sur cette faiblesse chronique viennent s'ajouter de nombreux risques géopolitiques (Ukraine, Russie, Irak…) ou sanitaires (Ebola) qui ne manqueront pas d'affecter négativement la confiance des investisseurs et de limiter par là même le niveau de la croissance économique.
De plus, même s'ils sont en sommeil, les risques financiers restent majeurs : Argentine, Brésil, Thaïlande et, plus proche de nous, Portugal, Grèce, Italie et bientôt France. Effectivement, il est fort probable que la note de la dette publique française sera nettement dégradée dans les prochains mois. La révision baissière des prévisions de croissance française par Moody's en fournit d'ailleurs les prémices. Le raisonnement est à la fois simple et imparable : moins de croissance, c'est plus de chômage et de déficits publics, donc plus de dette et moins de « A » en perspective.
Certes, la faiblesse des taux longs français semble pouvoir contrecarrer tout impact fortement négatif de cette dégradation sur le niveau des taux d'intérêt à venir, donc sur la croissance. Cependant, méfions-nous de l'eau qui dort et surtout n'oublions jamais que l'on ne prend conscience de l'ampleur des bulles financières que lorsque celles-ci ont explosé. Autrement dit, même si la déflation limitera de facto l'augmentation des taux longs, ce n'est pas parce que ces derniers sont actuellement bas qu'ils le resteront éternellement.
Dans ce cadre, il est donc bien possible de dire que la croissance eurolandaise reste menacée, et par là même que celle de l'économie mondiale l'est également. Pour autant, il ne faudrait pas minorer une réalité structurelle : depuis dix ans, la contribution annuelle moyenne de la zone euro à la croissance mondiale est inférieure à 0,1 point. Mieux, ou plutôt pire pour nous : au cours de cette dernière décennie, la progression annuelle moyenne du PIB planétaire a été de 4 %, contre 0,8 % pour la zone euro. En d'autres termes, que l'UEM soit en croissance ou pas, l'économie mondiale avance sans complexe. Cela signifie que la première a beaucoup plus besoin de la seconde que l'inverse. Et cela n'est pas près de changer…
Voilà pourquoi, nous estimons qu'en dépit des risques qui pèsent sur la zone euro, mais aussi sur la géopolitique internationale, la croissance mondiale restera soutenue par ses deux locomotives habituelles que sont les Etats-Unis et la Chine. Bien entendu, elles-aussi connaîtront des difficultés et des phases de ralentissement. Néanmoins, elles seront suffisamment puissantes pour permettre à la croissance mondiale de se stabiliser durablement autour de son niveau structurel, en l'occurrence entre 3,5 % et 4 %. Et ce, au moins jusqu'à la fin 2015. C'est d'ailleurs pour cette raison que les marchés boursiers internationaux demeurent bien orientés malgré les multiples dangers environnants.
Dans le flot d'inquiétudes en tous genres et dans la morosité ambiante, classique lors des retours de congés, voilà peut-être une bonne nouvelle qui permettra d'aborder la rentrée avec enthousiasme ou du moins en gardant l'espoir. De toute façon, nous n'avons pas le choix. Car ne l'oublions : celui qui baisse les bras est sûr de perdre, alors que celui qui ose regarder vers l'avenir, innover et investir n'est, certes, pas sûr de gagner (car on ne peut jamais l'être), mais dispose d'une grande chance de l'emporter. C'est grâce à cet état d'esprit que certains pays émergents d'hier sont devenus dominants aujourd'hui ou encore que les Etats-Unis ont pu garder leur rang.
A l'inverse, c'est parce que leurs dirigeants (notamment politiques) n'ont pas su en faire leur adage que, dans leur grande majorité, les pays de la zone euro sont devenus les lanternes rouges de la croissance mondiale. Certains chiffres sont parfois plus édifiants que des mots : en 1990, l'actuelle zone euro représentait 22 % du PIB mondial (en parités de pouvoir d'achat), cette part est aujourd'hui de 12,8 %. Dans le même temps, celle des Etats-Unis est passée de 25 % à 19,5 % et celle de la Chine de 3,8 % à 16 %.
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