En effet, compte tenu de la bonne santé de l'économie américaine depuis un an et demi et du retour du plein-emploi depuis bientôt un an, la Fed aurait dû remonter ses taux directeurs depuis plusieurs mois, ne serait-ce que pour se redonner une marge de manœuvre en cas de rechute de la croissance.
Néanmoins, par crainte de susciter une panique boursière et/ou de fragiliser la croissance américaine, la Fed a préféré le statu quo monétaire. Mieux, ou plutôt pire, lors du FOMC du 17 septembre, la Présidente Janet Yellen a indiqué que la Fed ne resserrera pas son étreinte tant que l'inflation restera éloignée de la barre des 2 %. Dans la mesure où cette dernière n'est actuellement que de 0,2 % et où les risques de reflation sont particulièrement faible, cela signifie donc que le statu quo monétaire a encore de longs mois devant lui.
Si cette stratégie a de quoi satisfaire les marchés qui pourront profiter d'un excès durable de liquidités à très bas coût, elle confirme que les Etats-Unis sont bien entrés dans une phase durable de « trappe à liquidités ». Cela signifie que les sommes injectées iront avant tout grossir les bas de laine ou encore alimenter la spéculation sur les marchés financiers.
Car là aussi, la Fed a déjà péché par manque de réactivité. En effet, que ce soit dans les années 1980, 1990 ou 2000, la Fed a toujours accompagné la remontée boursière par une augmentation de ses taux directeurs de manière à limiter l'ardeur des investisseurs boursiers. Ce qu'elle n'a absolument pas fait au cours des dernières années.
Certes, il ne faut pas oublier qu'au cours de la crise de 2007-2008, la Fed a tout simplement sauvé l'économie américaine et par là même la sphère économico-financière internationale.
Pour ce faire, elle n'a pas hésité à utiliser les grands moyens. Tout d'abord, en réduisant son taux objectif des federal funds entre 0 et 0,25 % dès la fin 2008. Ensuite, en actionnant une « planche à billets » historique de près de 4 000 milliards de dollars. Enfin, en maintenant durablement ses taux directeurs au plus bas.
Autrement dit, elle n'a voulu prendre aucun risque et a ainsi permis à l'économie américaine d'éviter la dépression, puis de retrouver le chemin de la croissance soutenue et du plein-emploi.
Seulement voilà, le mieux est parfois l'ennemi du bien. Ainsi, plutôt que de profiter de la bonne tenue de la croissance américaine pour commencer à remonter ses taux directeurs, la Fed s'est complu dans le statu quo.
Malheureusement, cette politique monétaire trop accommodante n'a eu et n'aura que peu d'impact positif sur l'investissement productif et sur la croissance. Le problème est que lorsque cette dernière commencera à reculer significativement (ce qui devrait arriver dès 2016), la Fed n'aura aucun moyen de relancer la machine, puisque ses taux directeurs seront toujours proches de 0 %.
Pire, une nouvelle crise économico-financière a déjà commencé depuis l'été dernier et l'économie américaine pourrait même souffrir à l'horizon 2016. Et pour cause : un cycle de croissance dure entre 28 et 34 trimestres aux Etats-Unis. Or, le cycle actuel est déjà « vieux » de 29 trimestres. Dans le meilleur des cas, la prochaine forte décélération, voire récession, aura donc lieu d'ici un an et demi. C'est à ce moment-là que l'erreur stratégique de la Fed prendre toute son ampleur. Mais il sera trop tard.
En toute rationalité, la Fed devrait donc resserrer, au moins symboliquement, ses taux directeurs. Elle aurait déjà dû le faire depuis le printemps dernier. Cependant, il faut aussi reconnaître que, compte tenu du ralentissement économique en marche et de la fébrilité des marchés financiers, un resserrement monétaire pourrait être pro-cyclique, c'est-à-dire alimenter la décélération économique et la crise boursière.
La question est donc de savoir si Janet Yellen aura le courage de faire passer la crédibilité de la Fed devant la fébrilité des marchés financiers. Si elle ne le fait pas, elle n'aura alors aucune cartouche pour relancer la machine lors de la prochaine crise et/ou récession.
Il en va de sa crédibilité, mais aussi de la stabilité économique et financière des Etats-Unis et de la planète. Car, mieux vaut déclencher et piloter un ralentissement économique et une baisse boursière en douceur plutôt que de subir un krach et une récession incontrôlés.
Plus la Fed tardera à réagir, plus la probabilité du second scénario deviendra forte. Pour être encore plus clair, si la Fed ne clarifie pas la situation lors de son prochain FOMC et si elle ne remonte pas rapidement son étreinte monétaire rapidement, alors un nouveau krach pour deviendra inévitable.
En fait, quoiqu'il arrive, l'économie américaine ainsi que celle de la planète, sans oublier les marchés boursiers, vont connaître une fin d'année 2015 et une année 2016 particulièrement difficiles.
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Néanmoins, par crainte de susciter une panique boursière et/ou de fragiliser la croissance américaine, la Fed a préféré le statu quo monétaire. Mieux, ou plutôt pire, lors du FOMC du 17 septembre, la Présidente Janet Yellen a indiqué que la Fed ne resserrera pas son étreinte tant que l'inflation restera éloignée de la barre des 2 %. Dans la mesure où cette dernière n'est actuellement que de 0,2 % et où les risques de reflation sont particulièrement faible, cela signifie donc que le statu quo monétaire a encore de longs mois devant lui.
Si cette stratégie a de quoi satisfaire les marchés qui pourront profiter d'un excès durable de liquidités à très bas coût, elle confirme que les Etats-Unis sont bien entrés dans une phase durable de « trappe à liquidités ». Cela signifie que les sommes injectées iront avant tout grossir les bas de laine ou encore alimenter la spéculation sur les marchés financiers.
Car là aussi, la Fed a déjà péché par manque de réactivité. En effet, que ce soit dans les années 1980, 1990 ou 2000, la Fed a toujours accompagné la remontée boursière par une augmentation de ses taux directeurs de manière à limiter l'ardeur des investisseurs boursiers. Ce qu'elle n'a absolument pas fait au cours des dernières années.
Certes, il ne faut pas oublier qu'au cours de la crise de 2007-2008, la Fed a tout simplement sauvé l'économie américaine et par là même la sphère économico-financière internationale.
Pour ce faire, elle n'a pas hésité à utiliser les grands moyens. Tout d'abord, en réduisant son taux objectif des federal funds entre 0 et 0,25 % dès la fin 2008. Ensuite, en actionnant une « planche à billets » historique de près de 4 000 milliards de dollars. Enfin, en maintenant durablement ses taux directeurs au plus bas.
Autrement dit, elle n'a voulu prendre aucun risque et a ainsi permis à l'économie américaine d'éviter la dépression, puis de retrouver le chemin de la croissance soutenue et du plein-emploi.
Seulement voilà, le mieux est parfois l'ennemi du bien. Ainsi, plutôt que de profiter de la bonne tenue de la croissance américaine pour commencer à remonter ses taux directeurs, la Fed s'est complu dans le statu quo.
Malheureusement, cette politique monétaire trop accommodante n'a eu et n'aura que peu d'impact positif sur l'investissement productif et sur la croissance. Le problème est que lorsque cette dernière commencera à reculer significativement (ce qui devrait arriver dès 2016), la Fed n'aura aucun moyen de relancer la machine, puisque ses taux directeurs seront toujours proches de 0 %.
Pire, une nouvelle crise économico-financière a déjà commencé depuis l'été dernier et l'économie américaine pourrait même souffrir à l'horizon 2016. Et pour cause : un cycle de croissance dure entre 28 et 34 trimestres aux Etats-Unis. Or, le cycle actuel est déjà « vieux » de 29 trimestres. Dans le meilleur des cas, la prochaine forte décélération, voire récession, aura donc lieu d'ici un an et demi. C'est à ce moment-là que l'erreur stratégique de la Fed prendre toute son ampleur. Mais il sera trop tard.
En toute rationalité, la Fed devrait donc resserrer, au moins symboliquement, ses taux directeurs. Elle aurait déjà dû le faire depuis le printemps dernier. Cependant, il faut aussi reconnaître que, compte tenu du ralentissement économique en marche et de la fébrilité des marchés financiers, un resserrement monétaire pourrait être pro-cyclique, c'est-à-dire alimenter la décélération économique et la crise boursière.
La question est donc de savoir si Janet Yellen aura le courage de faire passer la crédibilité de la Fed devant la fébrilité des marchés financiers. Si elle ne le fait pas, elle n'aura alors aucune cartouche pour relancer la machine lors de la prochaine crise et/ou récession.
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