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Vendredi 15 Septembre 2023
Anne-Laure Allain

L'Actu vue par ...Benoît de Jessey : "Deposit tokens, la fin des stablecoins ? "

Cette semaine, notre chroniqueur-chef d'entreprise a choisi de s'attaquer aux "Deposit Tokens". Rendus populaires par l'annonce de JP Morgan et l'édition de son White Paper au début de cette année, ils sont revenus sur le devant de la scène il y a quelques jours, lorsque la banque a levé le voile sur certaines de ses avancées en la matière...
Benoît de Jessey, CEO de Cryptech s'est donc "jeté dans la mêlée" des commentaires sur le sujet qui vont bon train au sein de la mini planète crypto, en commençant, excusez du peu, par le commencement : Mais au fait c'est quoi un "Deposit Token" et quelles différences par rapport aux stablescoins ?


Alors que chaque pays travaille à l’élaboration de sa propre monnaie numérique de banque centrale (MNBC) et que les volumes d’échange du stablecoin USDT de Tether ont dépassé en 2022 ceux des géants du paiement Mastercard et Visa, une nouvelle forme de monnaie numérique pointe le bout de son nez.

Avant tout, rappelons la raison d’être de la blockchain et son principal avantage : la décentralisation. Cette technologie nous offre la formidable capacité de transférer de la valeur d’un point A à un point B en se passant d’un tiers de confiance, tout en assurant une rapidité d’exécution hors-norme (bien au delà des standards bancaires existants) de manière sécurisée, traçable, immuable et à moindre coût.

Si la blockchain est décentralisée par nature (sauf cas spécifiques), interviennent tout de même une panoplie d’acteurs dont la gouvernance et le fonctionnement ne le sont absolument pas. C’est notamment le cas des émetteurs de stablecoins, ces crypto-actifs dont l’utilité consiste à répliquer sur la blockchain la valeur d’une monnaie fiduciaire (en majorité le dollar américain). Les plus connus étant l’USDT (Tether) et l’USDC (Circle) et dont les valorisations représentent respectivement 83 et 26 milliards de dollars. Si ces chiffres apparaissent colossaux, ils ne sont pourtant qu’une goutte d’eau dans l’océan qu’est la finance traditionnelle.

Leur fonctionnement est simple : pour chaque stablecoin émis sur la blockchain, 1$ en équivalant cash (bons du trésor ou cash) est mis de côté par l’émetteur (société privée) afin de garantir une parité 1:1 entre le stablecoin et la monnaie fiduciaire qu’il représente.
Les stablecoins sont utilisés principalement en tant qu’actif d’échange sur la blockchain, avec les avantages d’être à la fois liquides et non-volatils.

Leur démocratisation est telle que ces deux stablecoins sont acceptés par une majorité de banques, par le réseau de paiement Visa et Mastercard et de nombreuses grandes entreprises à travers la planète.

Néanmoins, tout n’est pas rose dans notre écosystème en perpétuelle évolution et quelques faits notables ont su attirer l’attention des autorités financières du monde entier ces derniers mois.

Je veux bien entendu parler de l’affaire Terra et de son stablecoin algorithmique UST, où nous avons vu plusieurs dizaines de milliards de dollars partir en fumée. Par ailleurs, de nombreuses allégations ont été formulées à l’égard de Tether suite à un manque de transparence sur ses réserves et plus récemment, le stablecoin de Circle perdait sa parité avec le dollar le temps d’un week-end suite à la faillite de la SVB…

Par conséquent, l’usage de stablecoins, aussi centralisés soient-ils (BUSD), contrôlés et audités (USDT), ou même émanant de sociétés cotées en bourse (USDC), sont et seront sujets à risque. Du moins, voilà ce que pensent les banques traditionnelles.

C’est ici qu’intervient JP Morgan et son « deposit token »

Quoi de mieux qu’un token créé par une banque et pour une banque ? Bien que certains pourraient arguer à raison que ces dernières n’ont rien d’infaillible (SVB, Signature, Credit Suisse…), utiliser tous les avantages de la blockchain et les combiner à la sécurité, la fiabilité et la réputation d’établissement financiers traditionnels peut néanmoins s’avérer être un bon pari.

Car sur le papier, les avantages sont en effet nombreux :

- Règlements instantanés, 24/7 (utile pour le paiement transfrontalier)
- Automatisation par smart-contract (réduction des coûts et des erreurs)
- Interopérabilité (transactions inter-bancaires et échanges d‘actifs tokenisés)
- Réglementé (émis par des entités financières réglementées selon les standards bancaires)

Et c’est principalement dans ce dernier point que toute la différence est faite avec un stablecoin : la réglementation. C’est une différence de taille, mais rien n’est encore approuvé du côté des régulateurs américains, et il y a fort à parier que cette idée déplaise aux banques centrales dont l’objectif à moyen terme est la mise en place de leurs MNBC.

Par ailleurs, le développement d’une infrastructure blockchain sera complexe à mettre en oeuvre. D’ici là, quel sera le poids des stablecoins sur le marché ? Où en sera-ton des MNBC ? De quoi créer une saine compétition dans l’univers des stablecoins ou au contraire rendre inutile et inutilisables ces derniers ? Il faudra encore un peu de temps pour répondre à cette question…Et si personnellement l’idée d’une monnaie numérique de banque centrale me déplait fortement pour tout un tas de raisons (politiques, éthiques ou sociales), celle de « deposit tokens » reste intéressante d’un point de vue logistique et financier.

Nous évoluerons donc prochainement avec 3 grandes familles que sont les MNBC, les stablecoins et désormais les deposit tokens. Y’aura-t-il un grand gagnant ou seront-ils complémentaires ? Il ne nous reste plus qu’à analyser avec une grande attention l’évolution de la réglementation, grande maîtresse de ce match en cours !

Affaire à suivre…

Chronique réalisée par Benoît de Jessey, CEO de Cryptech

Notes :
Benoit de Jessey est co-fondateur de Cryptech, "solution innovante de placement pour la trésorerie d’entreprise"

Nota Bene, Benoît de Jessey s’exprime ici en qualité de contributeur afin d’éclairer sur des actualités du monde de la crypto. Il ne s’agit en aucun cas de conseil en investissement. Benoît de Jessey et Finyear ont conclu un engagement moral concernant ce point. Les propos tenus dans cette chronique ne concernent que son auteur. Si Finyear opère un filtre éditorial, les opinions émises ne peuvent pas être considérées comme le reflet de la direction.

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