Avant d’être politique, l’Europe a été industrielle. En créant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) en 1952, les pères fondateurs ont en effet privilégié l’intégration de deux filières économiques fortes de l’époque, rendues stratégiques par les contraintes de reconstruction d’alors. 60 ans plus tard, l’industrie est la grande oubliée de l’idée européenne, qui pâtit aujourd’hui d’un retour au national. Prenons la Grèce. Les efforts pour un règlement purement comptable de son déséquilibre budgétaire font l’impasse sur l’essentiel : l’industrialisation du pays (et non sa « réindustrialisation », faute d’un tissu industriel préalable). Or s’il est une bonne nouvelle pour le pays, c’est bien la hausse mécanique de sa productivité induite par le recul des salaires. Le moment est donc venu de jeter les bases d’un tissu économique viable. Ne reste plus qu’à donner l’impulsion. C’est là que l’Union européenne doit jouer un rôle. Car les sommes déboursées pour aider le pays à subvenir à ses fins de mois seraient bien mieux employées si elles soutenaient en réalité son industrialisation, par exemple sous la forme de subventions ciblées.
Et c’est bien là le problème. Sommée de gérer l’urgence, l’Europe ne prévient pas les problèmes et reste prisonnière de logiques purement nationales. Prenons l’usine de Renault à Tanger. Une politique industrielle paneuropéenne aurait très bien pu amener le groupe à opter pour une implantation locale (pourquoi pas en Grèce ?), à condition qu’elle découle d’une stratégie prospective réellement portée vers l’intérêt économique de ses maillons faibles.
Autre (contre)exemple : EADS. La classe politique allemande s’est dressé vent debout lorsque le patron du groupe européen, Tom Enders (lui-même allemand), a souhaité transférer des compétences de R&D sur le site d’Airbus à Toulouse. Que l’état-major d’un groupe aussi emblématique qu’EADS soit bloqué par des considérations de politique nationale au détriment de son intérêt économique témoigne du prisme cocardier (et finalement suicidaire) des gouvernants européens.
Variés, tous ces exemples convergent sur un point : l’industrie européenne ne manque ni d’atout, ni de moyen. Ce dont elle manque, c’est d’un état d’esprit qui dépasse les frontières nationales. Un constat qui rappelle la crise de la dette, pour laquelle chaque pays est sommé de se débrouiller seul, quitte à solliciter directement ses compatriotes pour subvenir à ses propres besoins de financement. A quand le premier eurobond indistinctement souscrits par les particuliers européens ? Ce jour-là, l’idée européenne aura fait un bond.
Et c’est bien là le problème. Sommée de gérer l’urgence, l’Europe ne prévient pas les problèmes et reste prisonnière de logiques purement nationales. Prenons l’usine de Renault à Tanger. Une politique industrielle paneuropéenne aurait très bien pu amener le groupe à opter pour une implantation locale (pourquoi pas en Grèce ?), à condition qu’elle découle d’une stratégie prospective réellement portée vers l’intérêt économique de ses maillons faibles.
Autre (contre)exemple : EADS. La classe politique allemande s’est dressé vent debout lorsque le patron du groupe européen, Tom Enders (lui-même allemand), a souhaité transférer des compétences de R&D sur le site d’Airbus à Toulouse. Que l’état-major d’un groupe aussi emblématique qu’EADS soit bloqué par des considérations de politique nationale au détriment de son intérêt économique témoigne du prisme cocardier (et finalement suicidaire) des gouvernants européens.
Variés, tous ces exemples convergent sur un point : l’industrie européenne ne manque ni d’atout, ni de moyen. Ce dont elle manque, c’est d’un état d’esprit qui dépasse les frontières nationales. Un constat qui rappelle la crise de la dette, pour laquelle chaque pays est sommé de se débrouiller seul, quitte à solliciter directement ses compatriotes pour subvenir à ses propres besoins de financement. A quand le premier eurobond indistinctement souscrits par les particuliers européens ? Ce jour-là, l’idée européenne aura fait un bond.