Parallèlement à l'exception de l'investissement logement des ménages (-0,1%) et de la formation de stocks (-0,3 point de PIB), tous les postes de la demande ont progressé au cours du quatrième trimestre. + 0,5 % pour la consommation des ménages, + 0,9 % pour l'investissement des entreprises, + 1,2 % pour les exportations. Formidable !
Mais ce n'est pas tout, car si, jusqu'à présent, les acrobaties statistiques de l'INSEE sur le PIB n'avaient pas permis de masquer la baisse de l'emploi, c'est désormais chose faite. Ainsi, pour la première fois depuis le premier trimestre 2012, l'emploi marchand n'a pas baissé dans l'Hexagone. Mieux, en réalisant une progression de 0,09 % au quatrième trimestre 2013, il enregistre sa meilleure « performance » depuis le deuxième trimestre 2011. Face à de telles évolutions, on aurait presque envie de croire aux prédictions de MM. Hollande, Ayrault, Moscovici et autres magiciens du gouvernement. « La crise est finie », « la reprise est là » n'ont-ils par arrêté de nous martelé pendant des mois.
Et si, après bientôt deux ans d'erreurs, ils avaient enfin raison ? Bien entendu, en tant que Français qui aime son pays, nous aimerions répondre positivement à cette question. Seulement voilà, si nous sommes patriotes, nous sommes aussi réalistes et conscients que les déceptions issues de la méthode Coué peuvent être bien plus dramatiques que la vérité, aussi difficile soit-elle à entendre.
Autrement dit, même en faisant l'hypothèse hautement optimiste que les statistiques de l'INSEE sont parfaitement fiables, les résultats passés et à venir de l'économie française ne permettent aucunement de dire que cette dernière est sur la voie d'une reprise durable et soutenue.
Tout d'abord, il faut noter que l'augmentation de 0,3 % du PIB en 2013 fait suite à une stagnation en 2012. L'atonie est donc durable dans l'Hexagone. D'ailleurs, de 2008 à 2013, la variation annuelle moyenne du PIB français n'est que de 0,1 %, soit l'une des plus mauvaises performances des pays de l'OCDE, pays d'Europe du Sud exceptés.
A ce sujet, il faut également souligner qu'au cours des derniers trimestres, la France fait encore moins bien que la plupart de ses partenaires européens. A commencer évidemment par le Royaume-Uni, dont le PIB a augmenté de respectivement 0,8 % et 0,7 % au cours des deux derniers trimestres, réalisant une progression annuelle de 1,9 % l'an passé. Histoire de rappeler que l'efficacité fiscale et la baisse des dépenses publiques sont bien des moteurs de croissance.
Les pays de la zone euro ne sont également pas en reste. A commencer bien entendu par l'Allemagne, qui a réalisé une croissance de 0,4 % au quatrième trimestre 2013 et de 0,6 % sur l'ensemble de l'année, après déjà 2,7 % en moyenne chaque année de 2010 à 2012. La Belgique et les Pays-Bas tirent aussi leur épingle du jeu, avec des croissances de respectivement 0,4 % et 0,7 % au quatrième trimestre.
Même les pays du Sud de l'Europe font désormais mieux que nous : 0,3 % et 0,5 % pour le Portugal au cours des deux derniers trimestres, avec un glissement annuel du PIB de désormais 1,6 % (contre 0,8 % pour la France) ; 0,1 % et 0,3 % pour l'Espagne, avec certes un glissement annuel toujours négatif de - 0,1 %. Heureusement que l'Italie reste encore derrière nous avec 0 % et 0,1 %, soit un glissement annuel de - 0,8 %. Mais, attention, les indicateurs avancés de l'économie italienne s'annoncent meilleurs que ceux de la France, qui risque donc de repasser au dernier rang.
C'est triste à dire mais ces écarts de croissance ne sont pas surprenants, dans la mesure où la France est le seul pays européen qui a refusé de réformer en profondeur ses structures économiques. D'ailleurs, le détail des comptes nationaux du quatrième trimestre et de l'année 2013 est loin d'être si euphorisant que certains le présenteront.
Ainsi, en dépit d'un rebond technique en fin d'année, la consommation des ménages n'a progressé que de 0,4 % sur l'ensemble de 2013, et ce, après avoir baissé de 0,4 % en 2012. Parallèlement, la contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB est redevenue négative en 2013, à - 0,1 point. Enfin et surtout, après avoir déjà chuté de 1,9 % en 2012, l'investissement des entreprises s'est encore effondré de 2,3 % en 2013. Par rapport à son sommet du premier trimestre 2008, il enregistre un plongeon de 11,6 %. Et ce en dépit du petit rebond du quatrième trimestre 2013.
C'est bien là que le bât blesse, car avec un investissement des entreprises en berne, l'emploi restera timoré. D'ores et déjà, malgré la bonne surprise du quatrième trimestre, l'emploi marchand affiche une baisse de 1,2 % depuis le deuxième trimestre 2011, soit 196 500 destructions d'emplois nettes.
De quoi rappeler, qu'avec une croissance économique durablement faible, le chômage continuera de croître et la consommation de souffrir. C'est d'ailleurs ce qu'indiquent les dernières enquêtes de l'INSEE auprès des chefs d'entreprises et des ménages, mais aussi les enquêtes PMI des directeurs d'achat. En effet, celles-ci ne cessent de montrer que la croissance restera faible en 2014.
Selon nos prévisions, elle oscillera entre 0,7 % et 1 %. Or, pour pouvoir créer des emplois, faire baisser le chômage et rembourser les intérêts de la dette publique sans avoir à s'endetter davantage, il faut au moins 1,5 % de croissance durablement. Nous en sommes encore très loin, et les atermoiements autour du pacte de responsabilité, de la baisse des dépenses publiques et de la fiscalité confirment malheureusement que 2014 sera encore une année difficile pour l'économie française. Bonne Saint-Valentin quand même…
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Mais ce n'est pas tout, car si, jusqu'à présent, les acrobaties statistiques de l'INSEE sur le PIB n'avaient pas permis de masquer la baisse de l'emploi, c'est désormais chose faite. Ainsi, pour la première fois depuis le premier trimestre 2012, l'emploi marchand n'a pas baissé dans l'Hexagone. Mieux, en réalisant une progression de 0,09 % au quatrième trimestre 2013, il enregistre sa meilleure « performance » depuis le deuxième trimestre 2011. Face à de telles évolutions, on aurait presque envie de croire aux prédictions de MM. Hollande, Ayrault, Moscovici et autres magiciens du gouvernement. « La crise est finie », « la reprise est là » n'ont-ils par arrêté de nous martelé pendant des mois.
Et si, après bientôt deux ans d'erreurs, ils avaient enfin raison ? Bien entendu, en tant que Français qui aime son pays, nous aimerions répondre positivement à cette question. Seulement voilà, si nous sommes patriotes, nous sommes aussi réalistes et conscients que les déceptions issues de la méthode Coué peuvent être bien plus dramatiques que la vérité, aussi difficile soit-elle à entendre.
Autrement dit, même en faisant l'hypothèse hautement optimiste que les statistiques de l'INSEE sont parfaitement fiables, les résultats passés et à venir de l'économie française ne permettent aucunement de dire que cette dernière est sur la voie d'une reprise durable et soutenue.
Tout d'abord, il faut noter que l'augmentation de 0,3 % du PIB en 2013 fait suite à une stagnation en 2012. L'atonie est donc durable dans l'Hexagone. D'ailleurs, de 2008 à 2013, la variation annuelle moyenne du PIB français n'est que de 0,1 %, soit l'une des plus mauvaises performances des pays de l'OCDE, pays d'Europe du Sud exceptés.
A ce sujet, il faut également souligner qu'au cours des derniers trimestres, la France fait encore moins bien que la plupart de ses partenaires européens. A commencer évidemment par le Royaume-Uni, dont le PIB a augmenté de respectivement 0,8 % et 0,7 % au cours des deux derniers trimestres, réalisant une progression annuelle de 1,9 % l'an passé. Histoire de rappeler que l'efficacité fiscale et la baisse des dépenses publiques sont bien des moteurs de croissance.
Les pays de la zone euro ne sont également pas en reste. A commencer bien entendu par l'Allemagne, qui a réalisé une croissance de 0,4 % au quatrième trimestre 2013 et de 0,6 % sur l'ensemble de l'année, après déjà 2,7 % en moyenne chaque année de 2010 à 2012. La Belgique et les Pays-Bas tirent aussi leur épingle du jeu, avec des croissances de respectivement 0,4 % et 0,7 % au quatrième trimestre.
Même les pays du Sud de l'Europe font désormais mieux que nous : 0,3 % et 0,5 % pour le Portugal au cours des deux derniers trimestres, avec un glissement annuel du PIB de désormais 1,6 % (contre 0,8 % pour la France) ; 0,1 % et 0,3 % pour l'Espagne, avec certes un glissement annuel toujours négatif de - 0,1 %. Heureusement que l'Italie reste encore derrière nous avec 0 % et 0,1 %, soit un glissement annuel de - 0,8 %. Mais, attention, les indicateurs avancés de l'économie italienne s'annoncent meilleurs que ceux de la France, qui risque donc de repasser au dernier rang.
C'est triste à dire mais ces écarts de croissance ne sont pas surprenants, dans la mesure où la France est le seul pays européen qui a refusé de réformer en profondeur ses structures économiques. D'ailleurs, le détail des comptes nationaux du quatrième trimestre et de l'année 2013 est loin d'être si euphorisant que certains le présenteront.
Ainsi, en dépit d'un rebond technique en fin d'année, la consommation des ménages n'a progressé que de 0,4 % sur l'ensemble de 2013, et ce, après avoir baissé de 0,4 % en 2012. Parallèlement, la contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB est redevenue négative en 2013, à - 0,1 point. Enfin et surtout, après avoir déjà chuté de 1,9 % en 2012, l'investissement des entreprises s'est encore effondré de 2,3 % en 2013. Par rapport à son sommet du premier trimestre 2008, il enregistre un plongeon de 11,6 %. Et ce en dépit du petit rebond du quatrième trimestre 2013.
C'est bien là que le bât blesse, car avec un investissement des entreprises en berne, l'emploi restera timoré. D'ores et déjà, malgré la bonne surprise du quatrième trimestre, l'emploi marchand affiche une baisse de 1,2 % depuis le deuxième trimestre 2011, soit 196 500 destructions d'emplois nettes.
De quoi rappeler, qu'avec une croissance économique durablement faible, le chômage continuera de croître et la consommation de souffrir. C'est d'ailleurs ce qu'indiquent les dernières enquêtes de l'INSEE auprès des chefs d'entreprises et des ménages, mais aussi les enquêtes PMI des directeurs d'achat. En effet, celles-ci ne cessent de montrer que la croissance restera faible en 2014.
Selon nos prévisions, elle oscillera entre 0,7 % et 1 %. Or, pour pouvoir créer des emplois, faire baisser le chômage et rembourser les intérêts de la dette publique sans avoir à s'endetter davantage, il faut au moins 1,5 % de croissance durablement. Nous en sommes encore très loin, et les atermoiements autour du pacte de responsabilité, de la baisse des dépenses publiques et de la fiscalité confirment malheureusement que 2014 sera encore une année difficile pour l'économie française. Bonne Saint-Valentin quand même…
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Lisez gratuitement chaque jour (5j/7) le quotidien Finyear.
Recevez chaque matin par mail la newsletter Finyear, une sélection quotidienne des meilleures infos et expertises de la finance d’entreprise.
Lien direct pour vous abonner : www.finyear.com/newsletter
Lisez gratuitement chaque mois :
- le magazine digital Finyear sur www.finyear.com/magazine
- la lettre digitale "Le Directeur Financier" sur www.finyear.com/ledirecteurfinancier
- la lettre digitale "Le Trésorier" sur www.finyear.com/letresorier
- la lettre digitale "Le Credit Manager" sur www.finyear.com/lecreditmanager
- la lettre digitale "Le Capital Investisseur" sur www.finyear.com/lecapitalinvestisseur
Recevez chaque matin par mail la newsletter Finyear, une sélection quotidienne des meilleures infos et expertises de la finance d’entreprise.
Lien direct pour vous abonner : www.finyear.com/newsletter
Lisez gratuitement chaque mois :
- le magazine digital Finyear sur www.finyear.com/magazine
- la lettre digitale "Le Directeur Financier" sur www.finyear.com/ledirecteurfinancier
- la lettre digitale "Le Trésorier" sur www.finyear.com/letresorier
- la lettre digitale "Le Credit Manager" sur www.finyear.com/lecreditmanager
- la lettre digitale "Le Capital Investisseur" sur www.finyear.com/lecapitalinvestisseur
Autres articles
-
ZBD, première entreprise en lice pour la licence MiCA de l'UE
-
Tether investit dans StablR pour promouvoir l'adoption du stablecoin en Europe
-
Chainalysis acquiert Hexagate, fournisseur de solutions de sécurité WEB3
-
Sia Partners ouvre "un peu" son capital à Blackstone.
-
IPEM 2025 - "New Promises for Private Markets" - du 28 au 30 janvier 2025 à Cannes