En effet, plutôt que de vilipender les patrons et les faire passer pour des voyous cupides qui ne pensent qu'à licencier pour augmenter leur profit, le Président préfère désormais leur proposer un « pacte de responsabilité », qui allierait baisse des charges, investissements et créations d'emploi.
Dans un contexte de morosité économique et climatique, une telle décision a évidemment de quoi redonner du baume au cœur. « Formidable ! » aurait pu dire en son temps Jack Lang, relayé désormais par Stromae, chanteur à succès, mais qui paiera ses impôts en Belgique, non pas parce qu'il a fui l'Hexagone, mais tout simplement parce qu'il est de nationalité belge.
Blague à part, il faut reconnaître qu'en ce début d'année et malgré les dérives extrémistes qui polluent notre douce France, le revirement du Président pourrait donner envie d'y croire. Et si, après un an et demi de dogmatisme et de dérive, François Hollande devenait le Gerhard Schröder français ? Au début de son mandat, l'ex Chancelier allemand était aussi perçu comme « mou » et avec peu de volonté. Pourtant, alors que l'Allemagne replongeait dans la récession en 2002-2003 et semblait même au bord de l'asphyxie, c'est lui qui a mis son pays sur les bons rails des réformes structurelles, renforcées ensuite par Angela Merkel.
C'est donc en partie grâce à lui que l'économie allemande a pu repartir et reprendre le leadership de la croissance en Europe. Mieux, avec un taux de chômage de 5,2 %, des comptes publics à l'équilibre et une dette publique en repli, l'Allemagne est désormais le modèle à suivre.
La similitude avec la situation française actuelle paraît donc troublante et finalement réconfortante. Cependant, si nous avons tous envie d'y croire, il nous faut aussi être réaliste. Ainsi, la volonté politique de François Hollande apparaît très loin de celle de Gerhard Schröder, Les syndicats français ne sont pas ceux de l'Allemagne et sont beaucoup trop politisés. La culture économique des Français est bien plus pauvre et beaucoup plus idéologique que celle des Allemands. Si ces derniers sont animés par la recherche de la croissance et du consensus, celle des premiers est malheureusement mue par la lutte des classes. Enfin, le poids de la fonction publique dans la société allemande est bien moins élevé et bien plus efficace que dans l'Hexagone.
Autrement dit, même si nous aimerions annoncer un virage à 180 degrés de la politique économique française, nous sommes contraints d'admettre qu'il n'en sera rien.
En fait, si le Président Hollande a changé son discours, c'est surtout parce qu'il sait que la croissance forte ne sera pas au rendez-vous, que le chômage va continuer d'augmenter et que les déficits publics et la dette vont encore déraper. Dès lors, il sait que la note de la France va encore être dégradée, et pas seulement par Standard and Poor's, qui a la gâchette facile, mais aussi par Moody's. Cette dégradation devrait même intervenir dans les tout prochains jours.
Or, si le dernier abaissement de la note de la dette publique française a pu être apaisé par la baisse du taux refi de la BCE juste un jour avant, cette dernière n'a désormais plus de marge de manœuvre. De plus, les taux d'intérêt obligataires ont déjà repris le chemin de la hausse, bien sûr aux Etats-Unis, mais aussi dans la plupart des pays européens et notamment en France.
Dans ce cadre, le moindre « stress » aura des impacts massifs sur les taux d'intérêt des obligations de l'Etat français. Dès lors, une nouvelle vague de baisse de la croissance, de l'investissement, de la consommation et de l'emploi s'en suivra.
Le démarrage très décevant des soldes d'hiver confirme d'ailleurs que la morosité reste à l'ordre du jour. Certains ont beau avancer que la multiplication des périodes de rabais et de soldes privés limite mécaniquement la fièvre acheteuse, il n'en demeure pas moins que le probable échec des soldes de janvier ne fait que refléter les impacts négatifs de l'augmentation des impôts et de la faiblesse des revenus, elle-même liée à la baisse de l'emploi dans l'Hexagone.
En conclusion, même si nous souhaitons de tout cœur que les dirigeants français sortent de leur dogmatisme maladif et mettent le pays sur les rails du dynamisme économique, nous savons d'ores et déjà que le changement de cap du Président Hollande répond avant tout à une démarche marketing. Il s'agit d'une sorte de « coup de bluff », destiné à gagner du temps, à amadouer les agences de notations et les investisseurs et qui ne sera pas suivi d'effets concrets.
Alors oui, la France est un pays formidable, ses entreprises sont formidables, une partie de ses habitants l'est également. Mais, malheureusement, à force de tirer sur la corde, elle finit par se casser. A force d'alourdir la pression fiscale, d'augmenter les rigidités, notamment sur le marché du travail, mais aussi de pratiquer la méthode Coué, de mentir aux Français et de laisser les extrémismes s'installer, les dirigeants politiques ont, depuis plus de vingt ans, affaibli notre beau pays. Et cela, ce n'est pas là du pessimisme, mais du réalisme… Oui, nous étions formidables…
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Dans un contexte de morosité économique et climatique, une telle décision a évidemment de quoi redonner du baume au cœur. « Formidable ! » aurait pu dire en son temps Jack Lang, relayé désormais par Stromae, chanteur à succès, mais qui paiera ses impôts en Belgique, non pas parce qu'il a fui l'Hexagone, mais tout simplement parce qu'il est de nationalité belge.
Blague à part, il faut reconnaître qu'en ce début d'année et malgré les dérives extrémistes qui polluent notre douce France, le revirement du Président pourrait donner envie d'y croire. Et si, après un an et demi de dogmatisme et de dérive, François Hollande devenait le Gerhard Schröder français ? Au début de son mandat, l'ex Chancelier allemand était aussi perçu comme « mou » et avec peu de volonté. Pourtant, alors que l'Allemagne replongeait dans la récession en 2002-2003 et semblait même au bord de l'asphyxie, c'est lui qui a mis son pays sur les bons rails des réformes structurelles, renforcées ensuite par Angela Merkel.
C'est donc en partie grâce à lui que l'économie allemande a pu repartir et reprendre le leadership de la croissance en Europe. Mieux, avec un taux de chômage de 5,2 %, des comptes publics à l'équilibre et une dette publique en repli, l'Allemagne est désormais le modèle à suivre.
La similitude avec la situation française actuelle paraît donc troublante et finalement réconfortante. Cependant, si nous avons tous envie d'y croire, il nous faut aussi être réaliste. Ainsi, la volonté politique de François Hollande apparaît très loin de celle de Gerhard Schröder, Les syndicats français ne sont pas ceux de l'Allemagne et sont beaucoup trop politisés. La culture économique des Français est bien plus pauvre et beaucoup plus idéologique que celle des Allemands. Si ces derniers sont animés par la recherche de la croissance et du consensus, celle des premiers est malheureusement mue par la lutte des classes. Enfin, le poids de la fonction publique dans la société allemande est bien moins élevé et bien plus efficace que dans l'Hexagone.
Autrement dit, même si nous aimerions annoncer un virage à 180 degrés de la politique économique française, nous sommes contraints d'admettre qu'il n'en sera rien.
En fait, si le Président Hollande a changé son discours, c'est surtout parce qu'il sait que la croissance forte ne sera pas au rendez-vous, que le chômage va continuer d'augmenter et que les déficits publics et la dette vont encore déraper. Dès lors, il sait que la note de la France va encore être dégradée, et pas seulement par Standard and Poor's, qui a la gâchette facile, mais aussi par Moody's. Cette dégradation devrait même intervenir dans les tout prochains jours.
Or, si le dernier abaissement de la note de la dette publique française a pu être apaisé par la baisse du taux refi de la BCE juste un jour avant, cette dernière n'a désormais plus de marge de manœuvre. De plus, les taux d'intérêt obligataires ont déjà repris le chemin de la hausse, bien sûr aux Etats-Unis, mais aussi dans la plupart des pays européens et notamment en France.
Dans ce cadre, le moindre « stress » aura des impacts massifs sur les taux d'intérêt des obligations de l'Etat français. Dès lors, une nouvelle vague de baisse de la croissance, de l'investissement, de la consommation et de l'emploi s'en suivra.
Le démarrage très décevant des soldes d'hiver confirme d'ailleurs que la morosité reste à l'ordre du jour. Certains ont beau avancer que la multiplication des périodes de rabais et de soldes privés limite mécaniquement la fièvre acheteuse, il n'en demeure pas moins que le probable échec des soldes de janvier ne fait que refléter les impacts négatifs de l'augmentation des impôts et de la faiblesse des revenus, elle-même liée à la baisse de l'emploi dans l'Hexagone.
En conclusion, même si nous souhaitons de tout cœur que les dirigeants français sortent de leur dogmatisme maladif et mettent le pays sur les rails du dynamisme économique, nous savons d'ores et déjà que le changement de cap du Président Hollande répond avant tout à une démarche marketing. Il s'agit d'une sorte de « coup de bluff », destiné à gagner du temps, à amadouer les agences de notations et les investisseurs et qui ne sera pas suivi d'effets concrets.
Alors oui, la France est un pays formidable, ses entreprises sont formidables, une partie de ses habitants l'est également. Mais, malheureusement, à force de tirer sur la corde, elle finit par se casser. A force d'alourdir la pression fiscale, d'augmenter les rigidités, notamment sur le marché du travail, mais aussi de pratiquer la méthode Coué, de mentir aux Français et de laisser les extrémismes s'installer, les dirigeants politiques ont, depuis plus de vingt ans, affaibli notre beau pays. Et cela, ce n'est pas là du pessimisme, mais du réalisme… Oui, nous étions formidables…
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
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