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Lundi 10 Juillet 2023
Anne-Laure Allain

Etude | Coup de frein sur les méga-levées au premier semestre 2023 malgré une accélération sur la CleanTech et l'amorçage.

Selon le baromètre des levées de fonds in Extenso Innovation Croissance, ESSEC Business School et France Angels, les levées de fonds ont reculé de 50 % en France et de 48% en Europe sur le S1-2023 par rapport aux montants records enregistrés sur le premier semestre 2022. Pour autant, les tendances restent dynamiques en termes de nombre d’opérations, en progression par rapport au 1er semestre 2022 (+14% en France et +23% en Europe). Les financements sont en cours de réallocation vers des entreprises en phase d’amorçage, des projets innovants (notamment le quantique) et à impact (par exemple l’énergie et la santé), tandis que le nombre de méga-rounds recule, en raison du désengagement des investisseurs « late stage » et d’une baisse générale des valorisations.


Comme on s'y attendait et en ligne droite avec les études déjà publiées (notamment France Invest), les mega-rounds ne sont plus dans l'air du temps. Selon le baromètre des levées de fonds In Extenso Innovation Croissance, ESSEC Business School et France Angels, sur ce premier semestre 2023, seules 7 opérations ont été enregistrées à plus de 100 millions d'euros dont 4 sur ce 2nde trimestre.
Il s'agit de :
-> DrivEco, solution de recharge de véhicules électriques, soutenu par Mirova, APG et CorsicaSole pour 250 M€.
-> Ynsect, spécialiste de l’élevage et transformation d’insectes, collecte une première tranche de série D pour 160 M€. Cette opération se réalise dans un contexte de réorientation de la stratégie et de réorganisation interne.
-> TSE, producteur d’énergie solaire, lève 130M€ auprès de 3 acteurs majeurs de la transition énergétique : Eurazeo, qui a mené ce tour, Bpifrance et un pool d’investisseurs du groupe Crédit Agricole, représenté notamment par IDIA Capital Investissement et Amundi.
-> Mistral AI, start-up d’IA générative spécialisée dans les grands modèles de langages et portée par d’anciens chercheurs de Meta et Google, lève 105 M€ moins de 2 mois après sa création, auprès d’une quinzaine d’acteurs dont des investisseurs en capital-risque comme Index Ventures, Headline ou encore Lightspeed.

De son côté, la DeepTech reste attractive sur le 2ème trimestre, en particulier dans la santé et l’énergie, avec Moon Therapeutics (robot chirurgical), SiPearl (microprocesseurs), Tissium (reconstruction tissulaire), DIogenX (diabète), Corwave (cardiaque), 45-8 énergie (He et H2 blanc), BeFC (énergie) ou encore Woodoo (matériaux).
Les secteurs des CleanTech et de l’impact confirment leur forte attractivité : ces sujets sont aujourd’hui clés et des montants importants sont alloués à ces thématiques. Le financement non dilutif des investissements est également facilité, avec le fléchage de dispositifs bancaires, d’aides publiques nationales (Bpifrance, France 2030, …) ou européennes (Innovation Fund, LIFE, …).

L’amorçage demeure un segment dynamique. Certaines plateformes de crowdequity comme Tudigo constatent un fort engouement pour des projets à impact, qui tendent à se démocratiser auprès du grand public. Les réseaux de business angels ont également la capacité à compléter des tours de table aux côtés d’investisseurs plus institutionnels.

Dans ce contexte, les auteurs de l'étude relève cependant des initiatives visant à renforcer la résilience de l'écosystème dont notamment :
-> L ’annonce à VivaTech de la 2ème phase de l’initiative TIBI, avec la mobilisation de 7 Md€ de fonds privés pour le capital-risque late stage, est soutenue par l’écosystème, qui permettra le financement de projets CleanTech et DeepTech ;
-> La BEI (Banque Européenne d’Investissement) lance également un dispositif de fonds de fonds, le European Tech Champion Initiative, à destination des fonds de croissance tech européens, afin de contribuer au financement des scale-ups européennes ;
-> La présence renforcée d’acteurs Family Office, se positionnant en evergreen (sans horizon de temps structurel de liquidité).

Car certains acteurs, habitués au rythme soutenu des deux dernières années, subissent des difficultés et parmi elles, le baromètre retient :
-> Le ralentissement de la vitesse de conclusion des opérations, qui peuvent être désormais réalisées en 6 à 9 mois au lieu de 4 à 6 précédemment ;
-> Des difficultés à finaliser certaines opérations de série B sur des projets trop éloignés de la rentabilité, qui vont plutôt s’orienter vers une extension de la série A ;
-> Une révision des valorisations à la baisse , y compris en amorçage, plus marquée dans le SaaS B2B à l’exception des projets DeepTech ;
-> Des sorties relativement bouchées en ce moment, avec l’absence d’acquéreurs industriels (dont certains indiquent ne pas souhaiter réaliser d’opérations en 2023), ainsi qu’un marché des introductions en bourse fermé ;
-> Une tendance à la réorganisation des start-ups, entraînant des plans de départs volontaires et licenciements, sur fond de consolidation (opérations de fusions et acquisitions).

Selon les auteurs, cette tendance à ce qui est plus un mouvement de "consolidation" du marché, qu'une réelle régression, devrait se poursuivre sur les prochains mois traduisant ainsi, ce qu'ils appellent une "phase de sain ajustement sectoriel" après 2 années d'exubérance.
Ils relèvent aussi la puissance des tendances de fonds qui ne devraient pas se démentir grâce à l'apport de productivité véhiculé par les technologies Saas et par l'IA ou encore la montée des thématiques climat/impact dans les modèles économiques.

« Malgré la persistance de la contraction des montants levés lors de ce premier semestre, la French Tech montre des signaux de résilience, faisant de la France le premier pays de l’Union Européenne en termes de montants levés. Les financements des entreprises en phase d’amorçage et des nouveaux projets tournés vers l’avenir, notamment à impact, tirent leur épingle du jeu. De plus, l’engouement pour la Tech observé lors de la dernière édition du Salon VivaTech confirme la dynamique autour de l’innovation en France et le nombre de deals sur le semestre (+14% par rapport au S1 2022) reste rassurant. Les annonces récentes en faveur de la French Tech relatives au plan TIBI 2 de 7 milliards d’euros, avec notamment des financements à destination de l'« early stage », en plus du « late stage » habituel, transmettent un signal fort à l’écosystème et viendront renforcer le financement des start-ups tricolores. » Patricia BRAUN, Présidente – Associée, In Extenso Innovation Croissance

« Le cycle baissier du capital-risque se poursuit malgré un retour de la performance de la Tech sur les marchés boursiers depuis le début de l’année. Du fait d’un accès au capital plus difficile, les dirigeants de start-ups et scale-ups réapprennent à croître grâce à l’innovation et la qualité d’exécution. L’IA générative apporte un nouvel élan inespéré avec des perspectives d’innovation et de développement insoupçonnées dans tous les secteurs de l'économie, ce qui pourrait accélérer l’arrivée d’un nouveau cycle haussier dans le capital-risque. » Nicolas LANDRIN, Executive Director, Center for Entrepreneurship & Innovation, ESSEC Business School

« A fin juin, les réseaux de Business Angels, constatent, au niveau national, une légère progression des montants levés malgré un contexte devenu difficile depuis la mi 2022. Le « deal flow » (nombre de dossiers reçus) reste soutenu avec des dossiers de qualité. Les valorisations attendues par les entrepreneurs en « early stage » restent un peu élevées. Toutefois ce sont les refinancements (seconds tours et suivants) qui ont pris une part prépondérante au détriment des premiers tours. Cela dénote une certaine prudence de la part de nos investisseurs Business Angels principaux acteurs de la phase d'amorçage. L'autre caractéristique du début d'année qui se confirme au second trimestre, est une tendance à l'allongement du délai pour boucler les tours de table, nous sentons en effet que les co-investisseurs habituels des phases série A ou B sont plus frileux. Au niveau sectoriel, nous voyons toujours beaucoup de dossiers à impact, ainsi que des technologies de rupture particulièrement en santé. » Jacques MELER, Co-Président de France Angels et Vice-Président de Provence Angels

À propos d’In Extenso Innovation Croissance
In Extenso Innovation Croissance conseille les organisations innovantes sur les grands défis de demain en apportant aux entreprises et aux acteurs publics la vision stratégique d’un partenaire capable de proposer et mettre en oeuvre des recommandations scientifique, technique, stratégique, financière et fiscale en matière d’innovation durable.
Avec près de 100 consultants maitrisant les enjeux entrepreneuriaux et sectoriels de leurs clients, In Extenso Innovation Croissance bénéficie d’un maillage territorial fort, grâce à 7 implantations en région, assurant à la fois réactivité & connaissance parfaite des écosystèmes et réseaux de décideurs.
In Extenso Innovation Croissance est référencé dans la catégorie Excellent des classements Leaders League "Energie & Environnement - Responsabilité sociétale des entreprises", "Partenaires de la Direction Financière – Financement de l’innovation (R&D, CIR)" et "Innovation, Technologies & Télécoms - Stratégie & management de l’innovation".
In Extenso Innovation Croissance, filiale du groupe In Extenso certifié Great Place To Work, a obtenu le label RSE Positive Company®.
IN EXTENSO INNOVATION CROISSANCE

À propos de l’ESSEC Business School
L’ESSEC, fondée en 1907, est un acteur majeur de l’enseignement de la gestion sur la scène mondiale qui détient la « Triple couronne » en ayant les accréditations EQUIS, AACSB et AMBA. Avec 7 200 étudiants en formation initiale, une large gamme de programmes en management, des partenariats avec les plus grandes universités dans le monde, un réseau de 65 000 diplômés, un corps professoral composé de 143 professeurs permanents en France et à Singapour dont 19 professeurs émérites, reconnus pour la qualité et l’influence de leurs recherches, l’ESSEC perpétue une tradition d’excellence académique et cultive un esprit d’ouverture au service des activités économiques, sociales et de l’innovation. En 2005, l’ESSEC a ouvert un campus en Asie, l’ESSEC Asia-Pacific, stratégiquement situé à Singapour. Ce campus représente pour l’ESSEC l’opportunité de participer à la croissance de l’Asie et d’apporter son expertise dans cette région en pleine expansion. En 2016, l’ESSEC a ouvert un nouveau campus ESSEC Afrique à Rabat, au Maroc. L'expansion internationale de l'ESSEC permet à ses étudiants et professeurs d'étudier et comprendre les forces économiques en présence dans les différentes régions du monde.
ESSEC

À propos de France Angels
France Angels est la fédération nationale française des Business Angels. Depuis 2001, France Angels fédère plus de 12 500 Business Angels dont 5 500 membres actifs au sein de 64 réseaux répartis dans tout l’ensemble du territoire, ou en tant que Business Angels Individuels. France Angels travaille au développement d'un environnement économique, social et juridique positif pour les Business Angels et promeut leur rôle de soutiens et de bailleurs de fonds de jeunes entreprises innovantes à fort potentiel de croissance et de création d'emplois. France Angels est un membre fondateur de Business Angels Europe.
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