Depuis le point bas de mars 2009, ces deux indices affichent d'ores et déjà des progressions de respectivement 150 % et 144 %. Avec un rebond de 70 % depuis ce même plancher de mars 2009, le Cac 40 apparaît bien terne. Depuis 2000, cet écart est tout aussi édifiant puisque depuis leur plafond de 2000, le Dax et le Dow Jones affichent des hausses de 22 % et 36 %, contre une baisse de 38 % pour le Cac 40. De quoi rappeler que, généralement, les marchés boursiers reflètent aussi une certaine réalité économique.
En effet, l'Allemagne et les Etats-Unis ont réussi à sortir par le haut des crises qui se sont succédé depuis 2000, notamment en se réformant et en restaurant une croissance économique appréciable. A l'inverse, la France a été incapable d'engager de véritables réformes structurelles, s'est contentée d'augmenter maladivement sa dépense publique avec pour seul résultat une croissance annuelle moyenne inférieure à 1 % depuis 2000 et de 0 % au cours des six dernières années. De part ce différentiel de réalité économique, il est donc normal que les indices boursiers américains et allemands surperforment largement leur homologue français.
La question est alors de savoir si l'orientation des marchés boursiers va rester positive au cours des prochains trimestres et si le Cac 40 va réussir à combler son retard. La réponse est positive dans le premier cas, mais elle est négative dans le second. En effet, le socle économique des marchés boursiers internationaux va rester favorable en 2014 : la croissance mondiale devrait avoisiner les 4 %, les prix des matières premières devraient rester sages et les politiques monétaires toujours très accommodantes. Pour autant, à côté de cette réalité économique satisfaisante, les risques demeurent nombreux et nous empêchent de conseiller d'investir massivement et sans réserve sur les marchés boursiers. Selon nous, les principaux risques qui pèsent sur l'économie et les bourses mondiales sont au nombre de six.
Incontournable et dépassant par définition le cadre économique, le premier type de risques réside dans l'instabilité géopolitique. Qu'il s'agisse de la situation en Iran, en Syrie, en Egypte, des menaces d'attentats,… le degré de dangerosité demeure particulièrement élevé. Mais comme nous ne sommes pas devins, nous n'irons pas plus loin sur ce point. En revanche, les autres risques économiques et financiers doivent attirer toute notre attention.
A commencer par la « trappe à liquidités ». En effet, à force d'injecter pléthore de liquidités, les banques centrales ont mécaniquement réduit l'efficacité économique de ces dernières. Ainsi, elles ne soutiennent que faiblement, voire pas du tout, l'activité économique. Et pour cause : le cash « donné » par la Fed, la BCE et la BoJ est davantage utilisé pour acheter des obligations d'Etat, spéculer sur les marchés financiers et/ou alimenter l'épargne de précaution que pour financer l'investissement et l'emploi.
Le troisième risque s'inscrit dans le prolongement du deuxième puisqu'il s'agit de la déflation. En effet, compte tenu de la faiblesse des cours des matières premières, de la morosité de la demande et d'une concurrence de plus en plus acharnée, la tendance des prix est assurément baissière à travers le monde. Or, l'exemple du Japon nous a montré qu'un mouvement de déflation ne concerne pas seulement le prix des biens, mais aussi celui des actifs, qu'ils soient immobiliers ou boursiers.
Enfin, les trois derniers risques sont à mettre à l'actif (ou plutôt au passif) de la crise de la dette publique qui n'est toujours pas terminée. Ainsi, en risque 4, nous avons les dangers relatifs aux blocages budgétaires aux Etats-Unis et au « fiscal cliff ». Seul élément rassurant sur ce point : Obama ne pourra pas augmenter les dépenses publiques indéfiniment.
A l'inverse, cette garantie n'existe pas en Europe et en particulier en France. D'où notre cinquième risque d'une réactivation de la crise de la dette publique européenne. Selon nous, le risque premier dans ce domaine est relatif à l'Hexagone, puisque la France est le seul pays européen à refuser de réformer son économie et de réduire ses dépenses publiques, ce qui finira forcément par se payer cher. Dès lors, l'écart entre le Cac 40 et ses homologues occidentaux devraient perdurer.
Sixième et dernier risque, ce nouvel accès de fièvre en matière de dette publique ne manquera pas de susciter une remontée des taux longs, engendrant un nouveau ralentissement économique, voire le retour de la récession. Les indices PMI de novembre montrent d'ailleurs que ce dernier risque doit vraiment être pris au sérieux. Et ce, en particulier en France où ces indicateurs avancés de l'activité sont repassés nettement sous la barre des 50 dans les services et l'industrie, indiquant non seulement que la reprise a déjà disparu mais qu'elle pourrait bien laisser place très rapidement au recul de l'activité.
En conclusion, même si les marchés boursiers disposent encore d'un potentiel de hausse (16 500 pour le Dow Jones, 4 500 pour le Cac 40 selon nos prévisions), l'ensemble de ces risques doit nous rappeler qu'il faut rester prudent et faire des allers retours réguliers pour éviter de « rester collés »…
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
En effet, l'Allemagne et les Etats-Unis ont réussi à sortir par le haut des crises qui se sont succédé depuis 2000, notamment en se réformant et en restaurant une croissance économique appréciable. A l'inverse, la France a été incapable d'engager de véritables réformes structurelles, s'est contentée d'augmenter maladivement sa dépense publique avec pour seul résultat une croissance annuelle moyenne inférieure à 1 % depuis 2000 et de 0 % au cours des six dernières années. De part ce différentiel de réalité économique, il est donc normal que les indices boursiers américains et allemands surperforment largement leur homologue français.
La question est alors de savoir si l'orientation des marchés boursiers va rester positive au cours des prochains trimestres et si le Cac 40 va réussir à combler son retard. La réponse est positive dans le premier cas, mais elle est négative dans le second. En effet, le socle économique des marchés boursiers internationaux va rester favorable en 2014 : la croissance mondiale devrait avoisiner les 4 %, les prix des matières premières devraient rester sages et les politiques monétaires toujours très accommodantes. Pour autant, à côté de cette réalité économique satisfaisante, les risques demeurent nombreux et nous empêchent de conseiller d'investir massivement et sans réserve sur les marchés boursiers. Selon nous, les principaux risques qui pèsent sur l'économie et les bourses mondiales sont au nombre de six.
Incontournable et dépassant par définition le cadre économique, le premier type de risques réside dans l'instabilité géopolitique. Qu'il s'agisse de la situation en Iran, en Syrie, en Egypte, des menaces d'attentats,… le degré de dangerosité demeure particulièrement élevé. Mais comme nous ne sommes pas devins, nous n'irons pas plus loin sur ce point. En revanche, les autres risques économiques et financiers doivent attirer toute notre attention.
A commencer par la « trappe à liquidités ». En effet, à force d'injecter pléthore de liquidités, les banques centrales ont mécaniquement réduit l'efficacité économique de ces dernières. Ainsi, elles ne soutiennent que faiblement, voire pas du tout, l'activité économique. Et pour cause : le cash « donné » par la Fed, la BCE et la BoJ est davantage utilisé pour acheter des obligations d'Etat, spéculer sur les marchés financiers et/ou alimenter l'épargne de précaution que pour financer l'investissement et l'emploi.
Le troisième risque s'inscrit dans le prolongement du deuxième puisqu'il s'agit de la déflation. En effet, compte tenu de la faiblesse des cours des matières premières, de la morosité de la demande et d'une concurrence de plus en plus acharnée, la tendance des prix est assurément baissière à travers le monde. Or, l'exemple du Japon nous a montré qu'un mouvement de déflation ne concerne pas seulement le prix des biens, mais aussi celui des actifs, qu'ils soient immobiliers ou boursiers.
Enfin, les trois derniers risques sont à mettre à l'actif (ou plutôt au passif) de la crise de la dette publique qui n'est toujours pas terminée. Ainsi, en risque 4, nous avons les dangers relatifs aux blocages budgétaires aux Etats-Unis et au « fiscal cliff ». Seul élément rassurant sur ce point : Obama ne pourra pas augmenter les dépenses publiques indéfiniment.
A l'inverse, cette garantie n'existe pas en Europe et en particulier en France. D'où notre cinquième risque d'une réactivation de la crise de la dette publique européenne. Selon nous, le risque premier dans ce domaine est relatif à l'Hexagone, puisque la France est le seul pays européen à refuser de réformer son économie et de réduire ses dépenses publiques, ce qui finira forcément par se payer cher. Dès lors, l'écart entre le Cac 40 et ses homologues occidentaux devraient perdurer.
Sixième et dernier risque, ce nouvel accès de fièvre en matière de dette publique ne manquera pas de susciter une remontée des taux longs, engendrant un nouveau ralentissement économique, voire le retour de la récession. Les indices PMI de novembre montrent d'ailleurs que ce dernier risque doit vraiment être pris au sérieux. Et ce, en particulier en France où ces indicateurs avancés de l'activité sont repassés nettement sous la barre des 50 dans les services et l'industrie, indiquant non seulement que la reprise a déjà disparu mais qu'elle pourrait bien laisser place très rapidement au recul de l'activité.
En conclusion, même si les marchés boursiers disposent encore d'un potentiel de hausse (16 500 pour le Dow Jones, 4 500 pour le Cac 40 selon nos prévisions), l'ensemble de ces risques doit nous rappeler qu'il faut rester prudent et faire des allers retours réguliers pour éviter de « rester collés »…
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
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