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Dimanche 9 Juillet 2006
Marie Charles-Leloup

Des perspectives positives pour les intervenants de la filière aéronautique en 2006-2007. Pétrole et taux de change pourraient changer la donne

La société d’assurance-crédit Euler Hermes SFAC a réalisé une étude sur «l’état des lieux et les perspectives de la filière aéronautique civile en 2006-2007». Les experts économiques et les experts métiers de l’assureur-crédit soulignent les perspectives globalement positives de cette filière pour 2006-2007. Les compagnies évoluent dans un environnement porteur malgré le prix élevé du pétrole, les constructeurs et équipementiers ont des comptes bien orientés. Seul bémol, les sous-traitants français resteraient sous pression. Les évolutions défavorables du prix du pétrole et de la parité euro-dollar pourraient toutefois changer la donne.


1. Poursuite des restructurations des compagnies aériennes dans un environnement porteur, malgré l’envolée du prix du pétrole

  • Décélération progressive de la croissance du trafic
Le trafic aérien a dépassé les 2 milliards de passagers en 2005. A court terme, les perspectives sont cependant plus réservées notamment en raison du ralentissement de l’activité mondiale (le PIB passerait de 3,3% en 2006 à 2,9% en 2007).
« Ceci nous permet d’anticiper une décélération progressive du trafic aérien qui resterait cependant en 2007 sur sa tendance de croissance à long terme de 5% par an » observe Alain Estrade, arbitre Euler Hermes SFAC.
D’ici une vingtaine d’années, le trafic aérien devrait être de plus de 5 milliards de passagers par an. La tendance se révèle donc favorable avec des perspectives de développement importantes : le nombre de passagers transportés en Amérique du Nord rapporté à la population locale est actuellement 25 fois supérieur à celui de la Chine et 115 fois supérieur à celui de l’Inde.

  • Impact négatif du pétrole sur les comptes en 2005 et perspectives favorables en 2006-2007
En 2005, la poursuite d’une croissance soutenue du trafic aérien (+8% en volume) a permis pour la première fois depuis 2000 d’avoir un effet prix positif (+1,9%). Mais la hausse du prix du baril (+43% en 2005) a annihilé les gains potentiels liés à cette croissance soutenue.
Pour 2006-2007, les prévisions (hors coûts de restructuration) sont plus favorables, malgré la décélération attendue de la croissance du trafic aérien et de la moindre capacité des acteurs en présence à augmenter les prix de vente en raison d’une concurrence accrue. Le redressement de la marge d’exploitation est toutefois conditionné à la poursuite d’une bonne maîtrise des coûts et un prix du pétrole assagi.

« La bonne maîtrise des coûts a permis de compenser la part croissante du pétrole dans les coûts d’exploitation des compagnies aériennes. Le poids du poste carburant dans les dépenses totales est ainsi passé de 16% en 2004, à 21% en 2005 et 24% en 2006 selon nos prévisions, analyse Nicolas Lioret, conseiller sectoriel Euler Hermes SFAC. Cependant, à plus long terme, la progression des livraisons d’appareils conjuguée à la décélération de la croissance du trafic pourrait conduire à une nouvelle détérioration du prix du siège affectant la rentabilité des compagnies aériennes. »

  • Baisse tendancielle des défaillances en 2006
Malgré les aléas liés au pétrole, le nombre de défaillances est tendanciellement en baisse depuis les années record de 2001-2003. Euler Hermes SFAC prévoit une trentaine de défaillances en 2006 contre 43 en 2005. Ceci tend à prouver que les compagnies aériennes sont davantage sensibles à l’effet volume - ralentissement ou non du trafic aérien - qu’à l’évolution des coûts.

2. Constructeurs et équipementiers de 1er rang : Américains et Européens différemment impactés par l’environnement économique

  • Des perspectives bien orientées pour les constructeurs et équipementiers
Après une année 2005 historique en termes de commandes, les comptes des constructeurs vont mécaniquement progresser, tirés par les perspectives favorables de livraisons pour AIRBUS et BOEING. Ce dernier s’est d’ailleurs fortement restructuré ces dernières années et sa division Aviation Civile se rapproche désormais des niveaux de rentabilité d’AIRBUS.
Les équipementiers connaissent également une tendance favorable, aidés en cela par le dynamisme du marché mais également par l’activité services, très rémunératrice. Les équipementiers retrouveraient ainsi à l’horizon 2007 des marges proches des hauts de cycle, comme en 2000.

  • La filière européenne menacée par l’évolution euro-dollar défavorable
L’évolution de la parité euro-dollar est un élément déterminant pour la filière aéronautique car cette industrie utilise principalement le dollar comme monnaie de facturation. Depuis 2000, l’Euro s’est apprécié de 25% par rapport au Dollar (et de 40% par rapport au Yen !). Ce taux de change défavorise la zone euro qui doit lutter pour maintenir sa compétitivité par rapport aux pays dont les salaires restent intrinsèquement faibles (PECO, Chine...) et aux pays dont l’évolution de la parité monétaire est plus favorable. A titre d’exemple, la zone euro a vu ses coûts salariaux (en euros) augmenter de 15,9% entre 2000 et 2005 alors que ceux des Etats-Unis baissaient relativement de 12,6%. Elle est donc très fortement pénalisée en termes de compétitivité or la production des Airbus y est encore réalisée à 75%.

« En raisonnant hors couverture de change et en considérant que 100% du chiffre d’affaires aéronautique est libellé en dollar, et que dans le même temps 75% de la production et donc des coûts sont situés en zone Euro, lorsque le dollar se déprécie de 10% la marge d’exploitation baisse de 6,8%, toutes choses égales par ailleurs », commente Nicolas Lioret.

3. Des sous-traitants français encore sous pression

  • Un redressement de la rentabilité en 2005 difficile à préserver malgré la croissance
Les gains de productivité réalisés par les sous-traitants ont permis un redressement de leur rentabilité. Leur résultat d’exploitation rapporté au chiffre d’affaires a augmenté de 0,4 point en 2005 à 5,7% et un taux de marge nette en progression à 4% contre 3.1% en 2004. Néanmoins, l’effort croissant d’investissement a entraîné un endettement plus élevé : la dette financière rapportée aux fonds propres était de 62 % en 2005 contre 49% en 2004.

«Sous la pression des donneurs d’ordre, le résultat d’exploitation rapporté au chiffre d’affaires devrait baisser à 5,5% en 2006, puis 5% en 2007. Les sous-traitants devront dans les années à venir gérer une croissance d’activité moins rémunératrice tout en maîtrisant leurs grands équilibres financiers », observe Nicolas Lioret.

  • Baisse de défaillances en 2006, après un rebond en 2005
Selon Euler Hermes SFAC, les défaillances des sous-traitants régionaux, après avoir crû de 14.6% en 2005, devraient baisser de 18,7% en 2006 compte tenu de la tendance observée sur les premiers mois de l’année (166 défaillances prévues en 2006 contre 204 l’année précédente).

Communiqué : Euler Hermes SFAC

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