Quant au Cac 40, s'il n'a toujours pas retrouvé son sommet de septembre 2000, son évolution récente a été tout aussi chaotique. 4 320 points le 18 novembre 2013, 4 059 un mois plus tard (soit une baisse de 6 %), 4 332 le 15 janvier (+ 6,7 %) et 4 107 le 3 février (- 5,2 %).
L'origine de ces mouvements était double. D'une part, les craintes de durcissement de la politique monétaire américaine. D'autre part, la peur d'une nouvelle crise « type 1997 » des pays émergents. Dans la mesure où ces deux inquiétudes étaient exagérées, les marchés boursiers ont ensuite pu remonter la pente aisément. Le Dow Jones a ainsi retrouvé les 16 320 points le 28 février et le Cac 40 les 4 419 points le 24 février, un plus haut depuis le 3 septembre 2008. Seulement voilà, la peur étant l'essence même des marchés, la crise ukrainienne et surtout les menaces d'une intervention militaire de la Russie ont remis le feu aux poudres. En une journée (le 3 mars précisément), le Dow Jones a ainsi perdu 0,9 % (certes, rien de dramatique), mais le Cac 40 a chuté de 2,7 %. Que dire alors de la baisse de 10,8 % de l'indice de la bourse de Moscou sur cette même journée ?!
Fort heureusement, comme dans toute superproduction hollywoodienne, la catastrophe a été évitée (du moins pour l'instant) et les indices boursiers ont repris de plus belle. Et ce dès le 4 mars : + 1,4 % pour le Dow Jones, + 2,5 % pour le Cac 40 et + 5,3 % pour l'indice moscovite. Mieux, dans la mesure où les risques d'intervention militaire russe s'estompent et où le marché du travail américain reste bien orienté, les bourses mondiales semblent sur le point de dépasser leur précédent sommet.
Faut-il pour autant en déduire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et que les marchés boursiers vont encore flamber en 2014 ? Pas forcément. En effet, les dangers demeurent importants et imminents. A commencer bien entendu par la situation en Ukraine. Car si une guerre mondiale semble très peu probable, il y a malheureusement fort à parier que la situation restera fragile pendant de nombreux mois. Et les milliards d'euros d'aides européennes n'y changeront pas grand-chose. C'est là que réside l'un des grands drames de l'Union européenne : elle ne réagit qu'une fois les problèmes bien avancés et n'arrivent pas à les anticiper, en agissant en amont.
Illustrant cette stratégie contre-productive, l'UE a par exemple refusé d'aider la Grèce fin 2010, lorsque la crise ne faisait que commencer. A l'époque, le coût de cette dernière était inférieur à 10 milliards d'euros. Finalement, devant la gravité de la crise, elle a été contrainte d'intervenir par la suite, mais avec un coût actuel de 300 milliards d'euros, qui n'est d'ailleurs certainement pas définitif.
Avec l'Ukraine, bis repetita. Si quelques centaines de millions d'euros d'aides européennes auraient été suffisants il y a quelques mois pour apaiser la situation et rapprocher définitivement l'Ukraine de l'Europe, la facture s'élève déjà à 11 milliards d'euros, mais avec une situation de guerre civile et d'instabilité durable. En d'autres termes, que les investisseurs en mal de sensations fortes soient rassurés, ils auront encore de quoi se faire peur avec l'Ukraine et la Russie dans les prochains mois. Le problème est que l'affaiblissement de ces deux puissances du monde émergent pourrait encore réduire les investissements vers ce dernier et relancer la crise dans certains pays émergents en difficulté.
Parallèlement, si la BCE a rehaussé de 0,1 point sa prévision de croissance pour la zone euro en 2014 (à 1,2 % précisément, oh, la belle affaire !), les menaces restent prégnantes au sein de la grande majorité des pays de l'UEM. A commencer par la France, qui vient de recevoir un triple carton rouge de la part de la Commission européenne sur son manque de réforme, sa faible croissance et son incapacité à réduire sa dette et ses déficits publics. Si les dirigeants français ont voulu minimiser cette mise sous surveillance, il s'agit pourtant d'une claque majeure.
De plus, en se déclarant plus optimiste, la BCE n'a pas manqué de relancer l'euro à la hausse. A plus de 1,38 dollar pour un euro, il est donc clair que « l'euro killer » est de retour et ne manquera pas de casser la petite reprise qui a commencé au second semestre 2013. Et ce, en particulier dans l'Hexagone, qui pourrait même enregistrer une baisse de son PIB dès le premier trimestre 2014. De quoi aggraver encore les déficits publics et chahuter les marchés obligataires qui finiront par engendrer une nette remontée des taux d'intérêt des obligations d'Etat.
En conclusion, entre la poursuite de la crise ukrainienne, le maintien d'un euro trop fort et d'une croissance trop faible dans les pays de l'UEM, sans oublier une réactivation prochaine de la crise de la dette publique, les marchés financiers (bourses, obligations d'Etat, devises, matières premières) vont rester particulièrement chahutés sur l'ensemble de l'année 2014.
Voilà pourquoi, nous maintenons, certes, notre objectif annuel d'une progression des bourses mondiales de l'ordre de 5 %, notamment grâce au maintien d'une croissance mondiale d'environ 4 % et à une politique monétaire américaine toujours très conciliante. En revanche, dès que ce potentiel de progression sera atteint, il faudra vite prendre ses bénéfices. Pour le Cac 40, cela signifie que l'indice phare de la bourse de Paris devrait osciller entre 4 000 et 4 600 points sur l'ensemble de l'année. Quant au Dow Jones, sa fourchette de variation devrait s'étendre de 16 000 à 17 500 points. Il faut s'y faire, les marchés boursiers vont rester abonnés aux montagnes russes au moins jusqu'à la fin 2014. Il faut juste souhaiter que cette « soupe au lait » ne devienne pas une « soupe à la grimace »…
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
L'origine de ces mouvements était double. D'une part, les craintes de durcissement de la politique monétaire américaine. D'autre part, la peur d'une nouvelle crise « type 1997 » des pays émergents. Dans la mesure où ces deux inquiétudes étaient exagérées, les marchés boursiers ont ensuite pu remonter la pente aisément. Le Dow Jones a ainsi retrouvé les 16 320 points le 28 février et le Cac 40 les 4 419 points le 24 février, un plus haut depuis le 3 septembre 2008. Seulement voilà, la peur étant l'essence même des marchés, la crise ukrainienne et surtout les menaces d'une intervention militaire de la Russie ont remis le feu aux poudres. En une journée (le 3 mars précisément), le Dow Jones a ainsi perdu 0,9 % (certes, rien de dramatique), mais le Cac 40 a chuté de 2,7 %. Que dire alors de la baisse de 10,8 % de l'indice de la bourse de Moscou sur cette même journée ?!
Fort heureusement, comme dans toute superproduction hollywoodienne, la catastrophe a été évitée (du moins pour l'instant) et les indices boursiers ont repris de plus belle. Et ce dès le 4 mars : + 1,4 % pour le Dow Jones, + 2,5 % pour le Cac 40 et + 5,3 % pour l'indice moscovite. Mieux, dans la mesure où les risques d'intervention militaire russe s'estompent et où le marché du travail américain reste bien orienté, les bourses mondiales semblent sur le point de dépasser leur précédent sommet.
Faut-il pour autant en déduire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et que les marchés boursiers vont encore flamber en 2014 ? Pas forcément. En effet, les dangers demeurent importants et imminents. A commencer bien entendu par la situation en Ukraine. Car si une guerre mondiale semble très peu probable, il y a malheureusement fort à parier que la situation restera fragile pendant de nombreux mois. Et les milliards d'euros d'aides européennes n'y changeront pas grand-chose. C'est là que réside l'un des grands drames de l'Union européenne : elle ne réagit qu'une fois les problèmes bien avancés et n'arrivent pas à les anticiper, en agissant en amont.
Illustrant cette stratégie contre-productive, l'UE a par exemple refusé d'aider la Grèce fin 2010, lorsque la crise ne faisait que commencer. A l'époque, le coût de cette dernière était inférieur à 10 milliards d'euros. Finalement, devant la gravité de la crise, elle a été contrainte d'intervenir par la suite, mais avec un coût actuel de 300 milliards d'euros, qui n'est d'ailleurs certainement pas définitif.
Avec l'Ukraine, bis repetita. Si quelques centaines de millions d'euros d'aides européennes auraient été suffisants il y a quelques mois pour apaiser la situation et rapprocher définitivement l'Ukraine de l'Europe, la facture s'élève déjà à 11 milliards d'euros, mais avec une situation de guerre civile et d'instabilité durable. En d'autres termes, que les investisseurs en mal de sensations fortes soient rassurés, ils auront encore de quoi se faire peur avec l'Ukraine et la Russie dans les prochains mois. Le problème est que l'affaiblissement de ces deux puissances du monde émergent pourrait encore réduire les investissements vers ce dernier et relancer la crise dans certains pays émergents en difficulté.
Parallèlement, si la BCE a rehaussé de 0,1 point sa prévision de croissance pour la zone euro en 2014 (à 1,2 % précisément, oh, la belle affaire !), les menaces restent prégnantes au sein de la grande majorité des pays de l'UEM. A commencer par la France, qui vient de recevoir un triple carton rouge de la part de la Commission européenne sur son manque de réforme, sa faible croissance et son incapacité à réduire sa dette et ses déficits publics. Si les dirigeants français ont voulu minimiser cette mise sous surveillance, il s'agit pourtant d'une claque majeure.
De plus, en se déclarant plus optimiste, la BCE n'a pas manqué de relancer l'euro à la hausse. A plus de 1,38 dollar pour un euro, il est donc clair que « l'euro killer » est de retour et ne manquera pas de casser la petite reprise qui a commencé au second semestre 2013. Et ce, en particulier dans l'Hexagone, qui pourrait même enregistrer une baisse de son PIB dès le premier trimestre 2014. De quoi aggraver encore les déficits publics et chahuter les marchés obligataires qui finiront par engendrer une nette remontée des taux d'intérêt des obligations d'Etat.
En conclusion, entre la poursuite de la crise ukrainienne, le maintien d'un euro trop fort et d'une croissance trop faible dans les pays de l'UEM, sans oublier une réactivation prochaine de la crise de la dette publique, les marchés financiers (bourses, obligations d'Etat, devises, matières premières) vont rester particulièrement chahutés sur l'ensemble de l'année 2014.
Voilà pourquoi, nous maintenons, certes, notre objectif annuel d'une progression des bourses mondiales de l'ordre de 5 %, notamment grâce au maintien d'une croissance mondiale d'environ 4 % et à une politique monétaire américaine toujours très conciliante. En revanche, dès que ce potentiel de progression sera atteint, il faudra vite prendre ses bénéfices. Pour le Cac 40, cela signifie que l'indice phare de la bourse de Paris devrait osciller entre 4 000 et 4 600 points sur l'ensemble de l'année. Quant au Dow Jones, sa fourchette de variation devrait s'étendre de 16 000 à 17 500 points. Il faut s'y faire, les marchés boursiers vont rester abonnés aux montagnes russes au moins jusqu'à la fin 2014. Il faut juste souhaiter que cette « soupe au lait » ne devienne pas une « soupe à la grimace »…
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