Le créneau est toujours le même : si vous avez survécu aux crises précédentes, celle que vous allez subir à présent sera encore pire. Bigre ! Ca fait froid dans le dos. Et cela tombe bien, car la crise qui se prépare est justement celle du froid, ou plutôt de l'absence de froid. Ainsi, le réchauffement climatique serait tel que les glaciers vont fondre complètement, que le trou de la couche d'ozone va encore s'élargir, que les terres vont être submergées, bref, les Mayas avec leur fin du monde en 2012 n'étaient finalement que des enfants de cœur…
A l'appui de cette théorie, les plus « éminents spécialistes » (d'on ne sait pas trop quoi d'ailleurs), mais aussi les principaux chefs d'Etat, à commencer par Barack Obama, se répandent à travers la planète pour nous dire que l'heure est très grave et qu'il est urgent de réagir. On croirait entendre d'autres « brillants spécialistes » qui nous annonçaient il y a peu que la crise économico-financière de 2009 serait pire que celle de 1929 et que la croissance mondiale ne repartirait pas avant des décennies. Dans la même veine, on croirait aussi entendre d'autres « illustres » professeurs qui nous annonçaient d'abord en 2003, puis en 2007, et encore en 2009 que le monde était sur le point de connaître une pandémie grippale pire que celle dite de la grippe espagnole du début du vingtième siècle.
Bien entendu, il ne faut pas prendre à la légère l'ensemble de ces risques. Dans la mesure où il n'y a jamais de fumée sans feu, il faut même admettre qu'il serait utile de s'informer un minimum pour se protéger au cas où. Mais c'est à ce moment-là que les choses se gâtent. Car si nous savions déjà qu'en matière de prévision économique, la subjectivité est de taille et la fiabilité minimale, nous étions loin d'imaginer qu'il en était de même pour la climatologie et la médecine. Ainsi, en fonction des avis (et il y a en a beaucoup), le monde vivrait ses derniers moments de sérénité. En d'autres termes, si ce n'est pas la finance qui en viendra à bout, ce sera soit la grippe, soit le CO2. A l'inverse, selon une minorité, le réchauffement n'est pas uniquement lié aux hommes. Il participe simplement à un mouvement pluriséculaire qui dépasse largement les spéculations alarmistes actuelles.
Ce qui reste étonnant néanmoins c'est qu'à l'instar de la crise financière, ce sont les scénarii du pire qui paraissent les plus crédibles. A croire que l'être humain adore se faire peur. C‘est ce que l'on pourrait appeler en langage populaire l'appel du vide et en langage scientifique du malthusianisme. Ancêtre des partisans de la décroissance, Malthus soulignait effectivement que, compte tenu du fait de la raréfaction des ressources terrestres, l'Homme ne peut croître indéfiniment. Les guerres, les épidémies ou les catastrophes naturelles ne seraient alors finalement que des régulateurs du système. Evidemment, dans la mesure où nous sommes au XXIème siècle et où la barbarie est moins répandue qu'il y a encore 70 ans (du moins en Occident, quoique…), cette vision extrême a été édulcorée et a priori humanisée. Ainsi, pour contrecarrer le réchauffement climatique sans faire appel à la réduction sauvage de la population, il suffirait de faire de la décroissance. Dans ce cadre, le sommet hautement médiatisé de Paris constituerait une chance historique pour retrouver un monde plus juste, plus écologique, plus beau, plus fraternel… Eh ! Oh ! Réveillons-nous ! Nous ne sommes pas au cinéma. N'oublions pas que la route de l'enfer est souvent pavée de bonnes intentions.
Ainsi, nous le disons haut et fort : la décroissance n'a aucun sens. Tout d'abord, parce que si cette stratégie était à la rigueur envisageable temporairement pour des pays riches, elle serait catastrophique pour les pays pauvres ou en voie de développement qui n'auraient donc plus le droit de rattraper les pays dits du Nord. Ensuite, même dans les pays riches, la décroissance, c'est-à-dire la baisse du PIB, se traduirait par une augmentation du nombre de sans-emploi et une aggravation de la pauvreté. Autrement dit, la décroissance constituerait une véritable catastrophe sociale, car elle se traduirait forcément par une aggravation des inégalités, une augmentation du chômage et une exacerbation des tensions sociales. C'est d'ailleurs là que réside l'un des grands paradoxes de cette thèse soutenue notamment par les altermondialistes et les soi-disant partisans d'une économie sociale : comment peut-on à la fois dénoncer la pauvreté dans le monde et exiger la décroissance qui ne fera finalement qu'aggraver cette dernière ?
La solution est donc ailleurs. Car le seul moyen de réaliser une croissance durable dans un monde limité réside dans l'optimisation de l'existant au travers du progrès technologique. C'est ainsi que notre monde a pu se développer presque continument depuis le XVIIème siècle. Et s'il est plaisant de vouloir réduire les émissions de CO2, ceci ne peut se faire que si une alternative existe. Il ne faut donc surtout pas se contenter de décroître, ce qui ne reviendrait qu'à détruire des emplois. Il est au contraire indispensable de développer des Nouvelles Technologies de l'Energie, mais aussi de l'agro-alimentaire, ou encore des Nanotechnologies qui nous permettront non seulement de protéger la planète mais aussi d'augmenter la croissance structurelle de nos économies et sa richesse en emplois.
Plutôt que de se lamenter sur la fin du monde et d'inventer des théories non-vérifiables qui ne paraissent crédibles que parce qu'elles sont terrifiantes, il serait plus constructif d'adopter un comportement positif basé sur une amélioration de notre croissance. Car sans développement, il n'y a pas de « durable ». Espérons que les dirigeants de la planète ne l'oublieront pas. Sinon, Paris ne sera plus la ville « lumière », mais celle de l'obscurité, notamment sociale.
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
A l'appui de cette théorie, les plus « éminents spécialistes » (d'on ne sait pas trop quoi d'ailleurs), mais aussi les principaux chefs d'Etat, à commencer par Barack Obama, se répandent à travers la planète pour nous dire que l'heure est très grave et qu'il est urgent de réagir. On croirait entendre d'autres « brillants spécialistes » qui nous annonçaient il y a peu que la crise économico-financière de 2009 serait pire que celle de 1929 et que la croissance mondiale ne repartirait pas avant des décennies. Dans la même veine, on croirait aussi entendre d'autres « illustres » professeurs qui nous annonçaient d'abord en 2003, puis en 2007, et encore en 2009 que le monde était sur le point de connaître une pandémie grippale pire que celle dite de la grippe espagnole du début du vingtième siècle.
Bien entendu, il ne faut pas prendre à la légère l'ensemble de ces risques. Dans la mesure où il n'y a jamais de fumée sans feu, il faut même admettre qu'il serait utile de s'informer un minimum pour se protéger au cas où. Mais c'est à ce moment-là que les choses se gâtent. Car si nous savions déjà qu'en matière de prévision économique, la subjectivité est de taille et la fiabilité minimale, nous étions loin d'imaginer qu'il en était de même pour la climatologie et la médecine. Ainsi, en fonction des avis (et il y a en a beaucoup), le monde vivrait ses derniers moments de sérénité. En d'autres termes, si ce n'est pas la finance qui en viendra à bout, ce sera soit la grippe, soit le CO2. A l'inverse, selon une minorité, le réchauffement n'est pas uniquement lié aux hommes. Il participe simplement à un mouvement pluriséculaire qui dépasse largement les spéculations alarmistes actuelles.
Ce qui reste étonnant néanmoins c'est qu'à l'instar de la crise financière, ce sont les scénarii du pire qui paraissent les plus crédibles. A croire que l'être humain adore se faire peur. C‘est ce que l'on pourrait appeler en langage populaire l'appel du vide et en langage scientifique du malthusianisme. Ancêtre des partisans de la décroissance, Malthus soulignait effectivement que, compte tenu du fait de la raréfaction des ressources terrestres, l'Homme ne peut croître indéfiniment. Les guerres, les épidémies ou les catastrophes naturelles ne seraient alors finalement que des régulateurs du système. Evidemment, dans la mesure où nous sommes au XXIème siècle et où la barbarie est moins répandue qu'il y a encore 70 ans (du moins en Occident, quoique…), cette vision extrême a été édulcorée et a priori humanisée. Ainsi, pour contrecarrer le réchauffement climatique sans faire appel à la réduction sauvage de la population, il suffirait de faire de la décroissance. Dans ce cadre, le sommet hautement médiatisé de Paris constituerait une chance historique pour retrouver un monde plus juste, plus écologique, plus beau, plus fraternel… Eh ! Oh ! Réveillons-nous ! Nous ne sommes pas au cinéma. N'oublions pas que la route de l'enfer est souvent pavée de bonnes intentions.
Ainsi, nous le disons haut et fort : la décroissance n'a aucun sens. Tout d'abord, parce que si cette stratégie était à la rigueur envisageable temporairement pour des pays riches, elle serait catastrophique pour les pays pauvres ou en voie de développement qui n'auraient donc plus le droit de rattraper les pays dits du Nord. Ensuite, même dans les pays riches, la décroissance, c'est-à-dire la baisse du PIB, se traduirait par une augmentation du nombre de sans-emploi et une aggravation de la pauvreté. Autrement dit, la décroissance constituerait une véritable catastrophe sociale, car elle se traduirait forcément par une aggravation des inégalités, une augmentation du chômage et une exacerbation des tensions sociales. C'est d'ailleurs là que réside l'un des grands paradoxes de cette thèse soutenue notamment par les altermondialistes et les soi-disant partisans d'une économie sociale : comment peut-on à la fois dénoncer la pauvreté dans le monde et exiger la décroissance qui ne fera finalement qu'aggraver cette dernière ?
La solution est donc ailleurs. Car le seul moyen de réaliser une croissance durable dans un monde limité réside dans l'optimisation de l'existant au travers du progrès technologique. C'est ainsi que notre monde a pu se développer presque continument depuis le XVIIème siècle. Et s'il est plaisant de vouloir réduire les émissions de CO2, ceci ne peut se faire que si une alternative existe. Il ne faut donc surtout pas se contenter de décroître, ce qui ne reviendrait qu'à détruire des emplois. Il est au contraire indispensable de développer des Nouvelles Technologies de l'Energie, mais aussi de l'agro-alimentaire, ou encore des Nanotechnologies qui nous permettront non seulement de protéger la planète mais aussi d'augmenter la croissance structurelle de nos économies et sa richesse en emplois.
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