Par ordre décroissant de proximité, il s'agit tout d'abord du Brésil, qui continue son « telenovela » sur la destitution de la Présidente Dilma Rousseff. Certes, compte tenu des graves erreurs et de l'amateurisme dangereux de cette dernière, qui ont contribué à plonger le Brésil dans une dramatique récession, cette destitution apparaît tout à fait justifiée.
Toutefois, elle pourrait susciter à court terme une forte instabilité sociale dans le pays, avec risque d'émeutes, voire de guerre civile à la clé. Espérons donc que le peuple brésilien saura se contrôler et que le successeur de Madame Rousseff pourra rapidement relancer le Brésil sur la voie de la confiance et de la croissance, comme cela s'est observé en Argentine après l'arrivée de son nouveau Président Mauricio Macri.
En attendant, il faut se préparer à une période de forte instabilité au Brésil, qui, ne l'oublions pas, est la locomotive de l'Amérique latine et l'un des moteurs principaux du monde émergent dans son ensemble.
Plus proche de nous, un autre évènement majeur est sur le point de se produire et de créer un précédent qui sera lourd de conséquence. A savoir, la suppression prochaine d'une partie de la dette grecque. En effet, même si cela n'est pas encore officiel et en dépit de la médiocrité des réformes engagées en Grèce, les Européens semblent désormais prêts à engager une annulation de quelques milliards de dette grecque !
Comme aurait dit Jacques Martin dans les années 1980 : « c'est incroyable, mais vrai ! » En fait, depuis son élection en janvier 2015, Alexis Tsipras (à l'instar d'ailleurs de ses prédécesseurs, mais quelques degrés au-dessus sur l'échelle de la malhonnêteté) ne cesse de jouer au poker menteur et de se moquer de l'ensemble de la communauté internationale. Le pire est que cela fonctionne puisque les Etats eurolandais continuent de courber l'échine.
Encore plus grave : non seulement les réformes annoncées n'ont pas été engagées (notamment en matière de levée de l'impôt, qui reste donc toujours problématique) et, en plus, la récession est revenue en Grèce, aggravant mécaniquement les déficits publiques et bien sûr la dette.
Malgré cette réalité évidente, les Européens vont donc créer un précédent particulièrement dangereux. Car, en supprimant une partie de la dette passée, rien ne permet d'imaginer que la dette future va reculer. Et ce d'autant que le retour de la récession va encore augmenter les déficits donc la dette à venir. Que vont donc faire les Européens dans un an, lorsqu'ils devront acter de cette nouvelle dégradation ? Vont-ils encore alléger la dette ? Et jusqu'où ?
Parallèlement, si ce « write off » partiel est engagé pour la Grèce, pourquoi ne pas en faire de même en Espagne, en Italie et au Portugal qui, au regard des réformes effectuées, apparaissent bien plus méritants que la Grèce de Tsipras ?
Les Européens ont ainsi créé un aléa moral lourd de conséquences : les slogans de Podemos pour les élections espagnoles de juin prochain sont déjà prêts : « Avec Podemos, réalisons en Espagne ce que Syriza a obtenu en Grèce ».
La boîte de Pandore est donc bien ouverte. A présent que le premier pas de l'annulation de la dette d'un Etat européen a été franchi, la route risque d'être encore longue et pavée de nombreux « write off » des dettes publiques eurolandaises.
Si cela n'est pas encore fait, il est donc urgent de vendre ses obligations d'Etat, y compris celle de la France. Nous touchons là au troisième évènement fâcheux de la semaine, en l'occurrence la confirmation que l'économie française est, à l'heure actuelle, irréformable. En effet, à l'instar de la réformette de la loi Macron, qui a nécessité à deux reprises l'utilisation du 49.3, celle de la Loi Travail a imposé au gouvernement Valls d'utiliser le même artifice. Le tout dans un climat de tensions sociales exacerbées et de crise politique majeure. Pour ne rien arranger, les syndicats ont lancé de nombreux préavis de grève, risquant encore de freiner une économie qui tourne déjà au ralenti.
Et si nous avons beau être habitués à de tels dérapages, il faut reconnaître qu'un tel amateurisme gouvernemental doublé d'un hermétisme maladif à la moindre réforme commencent vraiment à devenir inquiétant. A la rigueur, si les lois « Macron » et « Travail » avaient constitué des modernisations conséquentes de l'économie française et de son marché de l'emploi, un certain grincement de dents des syndicats aurait pu se comprendre. Mais il n'en est rien, ces deux lois ne sont que des réformettes, qui sont à des années lumières des réformes massives menées dans la plupart des pays européens.
C'est d'ailleurs bien là que le bât blesse, car non seulement ces lois ont attisé les tensions sociales voire sociétales, mais en plus elles n'amélioreront qu'à la marge la compétitivité et le dynamisme de l'économie française. Autrement dit, quitte à avoir du monde dans la rue, autant engager de vraies réformes. Mais malheureusement, comme cela s'observe depuis plus de vingt ans, les dirigeants français n'en ont toujours pas le courage.
Certes, pour le moment, notamment grâce à la bienveillance de la BCE qui permet de maintenir les taux d'intérêt des obligations de l'Etat français sur des niveaux anormalement bas, ces erreurs stratégiques et le climat quasi-insurrectionnel qui grossit de jour en jour n'ont que peu de conséquences concrètes. Néanmoins, lorsque les Français et les investisseurs vont retrouver leurs esprits, le réveil risque d'être particulièrement douloureux.
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com;
Toutefois, elle pourrait susciter à court terme une forte instabilité sociale dans le pays, avec risque d'émeutes, voire de guerre civile à la clé. Espérons donc que le peuple brésilien saura se contrôler et que le successeur de Madame Rousseff pourra rapidement relancer le Brésil sur la voie de la confiance et de la croissance, comme cela s'est observé en Argentine après l'arrivée de son nouveau Président Mauricio Macri.
En attendant, il faut se préparer à une période de forte instabilité au Brésil, qui, ne l'oublions pas, est la locomotive de l'Amérique latine et l'un des moteurs principaux du monde émergent dans son ensemble.
Plus proche de nous, un autre évènement majeur est sur le point de se produire et de créer un précédent qui sera lourd de conséquence. A savoir, la suppression prochaine d'une partie de la dette grecque. En effet, même si cela n'est pas encore officiel et en dépit de la médiocrité des réformes engagées en Grèce, les Européens semblent désormais prêts à engager une annulation de quelques milliards de dette grecque !
Comme aurait dit Jacques Martin dans les années 1980 : « c'est incroyable, mais vrai ! » En fait, depuis son élection en janvier 2015, Alexis Tsipras (à l'instar d'ailleurs de ses prédécesseurs, mais quelques degrés au-dessus sur l'échelle de la malhonnêteté) ne cesse de jouer au poker menteur et de se moquer de l'ensemble de la communauté internationale. Le pire est que cela fonctionne puisque les Etats eurolandais continuent de courber l'échine.
Encore plus grave : non seulement les réformes annoncées n'ont pas été engagées (notamment en matière de levée de l'impôt, qui reste donc toujours problématique) et, en plus, la récession est revenue en Grèce, aggravant mécaniquement les déficits publiques et bien sûr la dette.
Malgré cette réalité évidente, les Européens vont donc créer un précédent particulièrement dangereux. Car, en supprimant une partie de la dette passée, rien ne permet d'imaginer que la dette future va reculer. Et ce d'autant que le retour de la récession va encore augmenter les déficits donc la dette à venir. Que vont donc faire les Européens dans un an, lorsqu'ils devront acter de cette nouvelle dégradation ? Vont-ils encore alléger la dette ? Et jusqu'où ?
Parallèlement, si ce « write off » partiel est engagé pour la Grèce, pourquoi ne pas en faire de même en Espagne, en Italie et au Portugal qui, au regard des réformes effectuées, apparaissent bien plus méritants que la Grèce de Tsipras ?
Les Européens ont ainsi créé un aléa moral lourd de conséquences : les slogans de Podemos pour les élections espagnoles de juin prochain sont déjà prêts : « Avec Podemos, réalisons en Espagne ce que Syriza a obtenu en Grèce ».
La boîte de Pandore est donc bien ouverte. A présent que le premier pas de l'annulation de la dette d'un Etat européen a été franchi, la route risque d'être encore longue et pavée de nombreux « write off » des dettes publiques eurolandaises.
Si cela n'est pas encore fait, il est donc urgent de vendre ses obligations d'Etat, y compris celle de la France. Nous touchons là au troisième évènement fâcheux de la semaine, en l'occurrence la confirmation que l'économie française est, à l'heure actuelle, irréformable. En effet, à l'instar de la réformette de la loi Macron, qui a nécessité à deux reprises l'utilisation du 49.3, celle de la Loi Travail a imposé au gouvernement Valls d'utiliser le même artifice. Le tout dans un climat de tensions sociales exacerbées et de crise politique majeure. Pour ne rien arranger, les syndicats ont lancé de nombreux préavis de grève, risquant encore de freiner une économie qui tourne déjà au ralenti.
Et si nous avons beau être habitués à de tels dérapages, il faut reconnaître qu'un tel amateurisme gouvernemental doublé d'un hermétisme maladif à la moindre réforme commencent vraiment à devenir inquiétant. A la rigueur, si les lois « Macron » et « Travail » avaient constitué des modernisations conséquentes de l'économie française et de son marché de l'emploi, un certain grincement de dents des syndicats aurait pu se comprendre. Mais il n'en est rien, ces deux lois ne sont que des réformettes, qui sont à des années lumières des réformes massives menées dans la plupart des pays européens.
C'est d'ailleurs bien là que le bât blesse, car non seulement ces lois ont attisé les tensions sociales voire sociétales, mais en plus elles n'amélioreront qu'à la marge la compétitivité et le dynamisme de l'économie française. Autrement dit, quitte à avoir du monde dans la rue, autant engager de vraies réformes. Mais malheureusement, comme cela s'observe depuis plus de vingt ans, les dirigeants français n'en ont toujours pas le courage.
Certes, pour le moment, notamment grâce à la bienveillance de la BCE qui permet de maintenir les taux d'intérêt des obligations de l'Etat français sur des niveaux anormalement bas, ces erreurs stratégiques et le climat quasi-insurrectionnel qui grossit de jour en jour n'ont que peu de conséquences concrètes. Néanmoins, lorsque les Français et les investisseurs vont retrouver leurs esprits, le réveil risque d'être particulièrement douloureux.
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