Si la récession n'est donc toujours pas à l'ordre du jour, cette nette décélération appelle forcément une correction boursière. Depuis leur sommet du printemps dernier et jusqu'à la fin de l'année 2015, les grands indices boursiers occidentaux devraient ainsi enregistrer une baisse de l'ordre de 10 %. La question reste donc de savoir si cette correction baissière va ensuite se poursuivre ou laisser place à un rebond qui ouvrirait la porte à de nouveaux sommets historiques. Selon nous, la première solution devrait l'emporter dans un premier temps, en attendant une reprise plus nette fin 2016.
Certes, le socle économique des marchés boursiers internationaux va rester favorable l'an prochain : la croissance mondiale devrait légèrement dépasser les 2 %, les prix des matières premières devraient rester sages et les politiques monétaires toujours très accommodantes. Pour autant, à côté de cette réalité économique satisfaisante, les risques demeurent nombreux et nous empêchent de conseiller d'investir massivement et sans réserve sur les marchés boursiers. Selon nous, les principaux risques qui pèsent sur l'économie et les bourses mondiales sont au nombre de sept.
Incontournable et dépassant par définition le cadre économique, le premier type de risques réside dans l'instabilité géopolitique. Qu'il s'agisse de la situation en Syrie, au Proche et Moyen Orient, en Ukraine, des menaces d'attentats,… le degré de dangerosité demeure particulièrement élevé. Mais comme nous ne sommes pas devins, nous n'irons pas plus loin sur ce point. En revanche, les autres risques économiques et financiers doivent attirer toute notre attention.
A commencer par la « trappe à liquidités ». En effet, à force d'injecter pléthore de liquidités, les banques centrales ont mécaniquement réduit l'efficacité économique de ces dernières. Ainsi, elles ne soutiennent que faiblement, voire pas du tout, l'activité économique. Et pour cause : le cash « donné » par la Fed, la BCE et la BoJ est davantage utilisé pour acheter des obligations d'Etat, spéculer sur les marchés financiers et/ou alimenter l'épargne de précaution que pour financer l'investissement et l'emploi. Dans ce cadre, la croissance économique restera limitée, en particulier dans la zone euro, au Japon, mais aussi aux Etats-Unis, avec des performances pour 2016 de respectivement 0,9 %, 0,8 % et 2,0 %.
Le troisième risque s'inscrit dans le prolongement du deuxième puisqu'il s'agit de la déflation. En effet, compte tenu de la faiblesse des cours des matières premières, de la morosité de la demande et d'une concurrence de plus en plus acharnée, la tendance des prix est assurément baissière à travers le monde. Or, l'exemple du Japon nous a montré qu'un mouvement de déflation ne concerne pas seulement le prix des biens, mais aussi celui des actifs, qu'ils soient immobiliers ou boursiers.
Le quatrième risque réside dans la forte décélération des pays émergents. Dans certains cas (et notamment au Brésil, en Russie, au Venezuela, en Malaisie,…), la récession est déjà de retour depuis plusieurs trimestres. Dans la mesure où, depuis une dizaine d'années, la contribution du monde dit «émergent » à la croissance mondiale dépasse les 50 %, il est clair que cette dernière continuera de souffrir. D'autant que les pays développés restent englués dans la croissance molle et sont donc incapables de prendre le relais.
Enfin, les trois derniers risques sont à mettre à l'actif (ou plutôt au passif) de la crise de la dette publique qui n'est toujours pas terminée. Ainsi, en risque 5, nous avons les dangers relatifs aux blocages budgétaires aux Etats-Unis et au « fiscal cliff ». Seul élément rassurant sur ce point : Obama ne pourra pas augmenter les dépenses publiques indéfiniment.
A l'inverse, cette garantie n'existe pas en Europe et en particulier en France. D'où notre sixième risque d'une réactivation de la crise de la dette publique européenne. Selon nous, le risque premier dans ce domaine est relatif à l'Hexagone, puisque la France est le seul pays européen à refuser de réformer significativement son économie et de réduire ses dépenses publiques, ce qui finira forcément par se payer cher. Dès lors, l'écart entre le Cac 40 et ses homologues occidentaux devraient perdurer.
Septième et dernier risque, ce nouvel accès de fièvre en matière de dette publique ne manquera pas de susciter une remontée des taux longs, engendrant un nouveau ralentissement économique, voire le retour de la récession. Ce qui pèsera inévitablement sur la croissance mondiale, amoindrissant le chiffre d'affaires des entreprises, puis leur profit, donc les dividendes servis aux actionnaires et, in fine, les cours boursiers.
En conclusion, à leurs niveaux actuels, les marchés actions ont, selon nous, utilisé tout leur potentiel de hausse. Au-delà, ils entrent dans une bulle, qui ne manquera pas de se dégonfler. Néanmoins, une fois la correction baissière enregistrée et compte tenu de l'excès de liquidités accordées par les banques centrales, les marchés boursiers redeviendront attractifs. Cela signifie donc qu'ils connaîtront une grande volatilité à l'intérieur d'un intervalle assez large, avec une nette tendance baissière au cours des six prochains mois et un rebond significatif ensuite.
Pour le Cac 40, ce canal ira de 4 200 à 4 800, avec de possibles dépassements vers les 4 000 à la baisse et les 5 000 en phase de hausse. Pour le Dow Jones, cet intervalle devrait s'étendre de 15 800 à 18 500. Autrement dit, l'ensemble des risques qui pèsent sur la sphère économico-financière internationale doit nous rappeler qu'il faut rester prudent et faire des allers-retours réguliers pour éviter de « rester collés »… Bonne chance !
Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Certes, le socle économique des marchés boursiers internationaux va rester favorable l'an prochain : la croissance mondiale devrait légèrement dépasser les 2 %, les prix des matières premières devraient rester sages et les politiques monétaires toujours très accommodantes. Pour autant, à côté de cette réalité économique satisfaisante, les risques demeurent nombreux et nous empêchent de conseiller d'investir massivement et sans réserve sur les marchés boursiers. Selon nous, les principaux risques qui pèsent sur l'économie et les bourses mondiales sont au nombre de sept.
Incontournable et dépassant par définition le cadre économique, le premier type de risques réside dans l'instabilité géopolitique. Qu'il s'agisse de la situation en Syrie, au Proche et Moyen Orient, en Ukraine, des menaces d'attentats,… le degré de dangerosité demeure particulièrement élevé. Mais comme nous ne sommes pas devins, nous n'irons pas plus loin sur ce point. En revanche, les autres risques économiques et financiers doivent attirer toute notre attention.
A commencer par la « trappe à liquidités ». En effet, à force d'injecter pléthore de liquidités, les banques centrales ont mécaniquement réduit l'efficacité économique de ces dernières. Ainsi, elles ne soutiennent que faiblement, voire pas du tout, l'activité économique. Et pour cause : le cash « donné » par la Fed, la BCE et la BoJ est davantage utilisé pour acheter des obligations d'Etat, spéculer sur les marchés financiers et/ou alimenter l'épargne de précaution que pour financer l'investissement et l'emploi. Dans ce cadre, la croissance économique restera limitée, en particulier dans la zone euro, au Japon, mais aussi aux Etats-Unis, avec des performances pour 2016 de respectivement 0,9 %, 0,8 % et 2,0 %.
Le troisième risque s'inscrit dans le prolongement du deuxième puisqu'il s'agit de la déflation. En effet, compte tenu de la faiblesse des cours des matières premières, de la morosité de la demande et d'une concurrence de plus en plus acharnée, la tendance des prix est assurément baissière à travers le monde. Or, l'exemple du Japon nous a montré qu'un mouvement de déflation ne concerne pas seulement le prix des biens, mais aussi celui des actifs, qu'ils soient immobiliers ou boursiers.
Le quatrième risque réside dans la forte décélération des pays émergents. Dans certains cas (et notamment au Brésil, en Russie, au Venezuela, en Malaisie,…), la récession est déjà de retour depuis plusieurs trimestres. Dans la mesure où, depuis une dizaine d'années, la contribution du monde dit «émergent » à la croissance mondiale dépasse les 50 %, il est clair que cette dernière continuera de souffrir. D'autant que les pays développés restent englués dans la croissance molle et sont donc incapables de prendre le relais.
Enfin, les trois derniers risques sont à mettre à l'actif (ou plutôt au passif) de la crise de la dette publique qui n'est toujours pas terminée. Ainsi, en risque 5, nous avons les dangers relatifs aux blocages budgétaires aux Etats-Unis et au « fiscal cliff ». Seul élément rassurant sur ce point : Obama ne pourra pas augmenter les dépenses publiques indéfiniment.
A l'inverse, cette garantie n'existe pas en Europe et en particulier en France. D'où notre sixième risque d'une réactivation de la crise de la dette publique européenne. Selon nous, le risque premier dans ce domaine est relatif à l'Hexagone, puisque la France est le seul pays européen à refuser de réformer significativement son économie et de réduire ses dépenses publiques, ce qui finira forcément par se payer cher. Dès lors, l'écart entre le Cac 40 et ses homologues occidentaux devraient perdurer.
Septième et dernier risque, ce nouvel accès de fièvre en matière de dette publique ne manquera pas de susciter une remontée des taux longs, engendrant un nouveau ralentissement économique, voire le retour de la récession. Ce qui pèsera inévitablement sur la croissance mondiale, amoindrissant le chiffre d'affaires des entreprises, puis leur profit, donc les dividendes servis aux actionnaires et, in fine, les cours boursiers.
En conclusion, à leurs niveaux actuels, les marchés actions ont, selon nous, utilisé tout leur potentiel de hausse. Au-delà, ils entrent dans une bulle, qui ne manquera pas de se dégonfler. Néanmoins, une fois la correction baissière enregistrée et compte tenu de l'excès de liquidités accordées par les banques centrales, les marchés boursiers redeviendront attractifs. Cela signifie donc qu'ils connaîtront une grande volatilité à l'intérieur d'un intervalle assez large, avec une nette tendance baissière au cours des six prochains mois et un rebond significatif ensuite.
Pour le Cac 40, ce canal ira de 4 200 à 4 800, avec de possibles dépassements vers les 4 000 à la baisse et les 5 000 en phase de hausse. Pour le Dow Jones, cet intervalle devrait s'étendre de 15 800 à 18 500. Autrement dit, l'ensemble des risques qui pèsent sur la sphère économico-financière internationale doit nous rappeler qu'il faut rester prudent et faire des allers-retours réguliers pour éviter de « rester collés »… Bonne chance !
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