Marc Touati
Ainsi, en dépit des déclarations de son Président il y a encore quelques jours qui soulignaient que la BCE ferait tout pour sortir la zone euro de la récession, y compris en utilisant des moyens non conventionnels, l'Institut francfortois n'a finalement abaissé son taux refi que de 0,25 point, alors que l'unanimité des prévisionnistes attendaient 0,5 point. Histoire de rappeler que les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Une fois encore, la BCE montre donc son obstination à refuser de voir la réalité en face.
Bien entendu, ce n'est pas 0,25 point en plus ou en moins qui va changer la donne économique eurolandaise. Néanmoins, cela suffit pour différer la forte baisse de l'euro indispensable pour relancer la croissance, en particulier pour les pays du Sud qui sont en proie à une grave crise non seulement économique mais aussi sociale. Et ce d'autant que cette stratégie monétaire maintient les taux d'intérêt à long terme à plus de 3 % en Allemagne et autour des 6 % en Grèce, réduisant encore un investissement déjà bien mal en point.
Pis, ce refus d'abaisser davantage le taux refi tranche avec le repli de l'inflation vers les 0 %. Autrement dit, la BCE prend aujourd'hui le risque inutile d'alimenter une déflation dans la zone euro. Or, comme nous le montre l'exemple du Japon, lorsque la déflation commence, elle peut durer quinze ans.
Enfin, pour bien montrer que cette stratégie n'a aucun sens économique, il nous faut rappeler que le taux monétaire optimal de la zone euro selon la règle de Taylor est actuellement de 0,1 % !
C'est à croire que la BCE veut donner raison à son maître spirituel, Milton Friedman, qui disait que la zone euro ne survivrait pas à sa première grave récession.
Et pour cause : au bord de la crise sociale, des pays comme la Grèce, l'Espagne et l'Italie ont absolument besoin de sortir la tête de l'eau au plus vite. Mais, pour ce faire, ils n'ont malheureusement plus de marge de manœuvre : la BCE refuse de baisser son taux refi à un niveau en phase avec la réalité économique, leur dette publique pléthorique (même si la situation est un peu moins grave pour l'Espagne) leur interdit un plan de relance budgétaire digne de ce nom. Enfin, compte tenu d'un euro toujours trop cher, ces pays doivent également subir une politique de change restrictive.
Dans ce cadre, à l'instar du Royaume-Uni en 1992 qui a dû sortir du SME pour sortir de la récession, ces pays du Sud risquent d'être contraints de sortir de la zone euro pour éviter l'effondrement économique et social.
Le seul moyen d'éviter cette triste perspective serait de sortir au plus vite de la récession grâce à une forte baisse des taux directeurs de la BCE, un euro à 1,10 dollar et une relance budgétaire concertée au niveau de la zone. Malheureusement, nous n'en prenons pas le chemin… Car, même si la BCE baisse son taux refi à 1 % en mai, dans la mesure où toute inflexion de politique monétaire prend six à neuf mois pour agir sur l'activité, il est déjà trop tard….
Marc Touati
Economiste.
Directeur Général de Global Equities.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com
Bien entendu, ce n'est pas 0,25 point en plus ou en moins qui va changer la donne économique eurolandaise. Néanmoins, cela suffit pour différer la forte baisse de l'euro indispensable pour relancer la croissance, en particulier pour les pays du Sud qui sont en proie à une grave crise non seulement économique mais aussi sociale. Et ce d'autant que cette stratégie monétaire maintient les taux d'intérêt à long terme à plus de 3 % en Allemagne et autour des 6 % en Grèce, réduisant encore un investissement déjà bien mal en point.
Pis, ce refus d'abaisser davantage le taux refi tranche avec le repli de l'inflation vers les 0 %. Autrement dit, la BCE prend aujourd'hui le risque inutile d'alimenter une déflation dans la zone euro. Or, comme nous le montre l'exemple du Japon, lorsque la déflation commence, elle peut durer quinze ans.
Enfin, pour bien montrer que cette stratégie n'a aucun sens économique, il nous faut rappeler que le taux monétaire optimal de la zone euro selon la règle de Taylor est actuellement de 0,1 % !
C'est à croire que la BCE veut donner raison à son maître spirituel, Milton Friedman, qui disait que la zone euro ne survivrait pas à sa première grave récession.
Et pour cause : au bord de la crise sociale, des pays comme la Grèce, l'Espagne et l'Italie ont absolument besoin de sortir la tête de l'eau au plus vite. Mais, pour ce faire, ils n'ont malheureusement plus de marge de manœuvre : la BCE refuse de baisser son taux refi à un niveau en phase avec la réalité économique, leur dette publique pléthorique (même si la situation est un peu moins grave pour l'Espagne) leur interdit un plan de relance budgétaire digne de ce nom. Enfin, compte tenu d'un euro toujours trop cher, ces pays doivent également subir une politique de change restrictive.
Dans ce cadre, à l'instar du Royaume-Uni en 1992 qui a dû sortir du SME pour sortir de la récession, ces pays du Sud risquent d'être contraints de sortir de la zone euro pour éviter l'effondrement économique et social.
Le seul moyen d'éviter cette triste perspective serait de sortir au plus vite de la récession grâce à une forte baisse des taux directeurs de la BCE, un euro à 1,10 dollar et une relance budgétaire concertée au niveau de la zone. Malheureusement, nous n'en prenons pas le chemin… Car, même si la BCE baisse son taux refi à 1 % en mai, dans la mesure où toute inflexion de politique monétaire prend six à neuf mois pour agir sur l'activité, il est déjà trop tard….
Marc Touati
Economiste.
Directeur Général de Global Equities.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).
www.acdefi.com