Laurent Allais
Le rôle classique d’une monnaie est d’être un intermédiaire des échanges, une réserve de valeur et une unité de mesure de la valeur des biens. Les monnaies complémentaires, telles que le bitcoin, permettent de remplir une ou plusieurs fonctions des monnaies officielles. L’histoire est remplie d’exemples de monnaies liées à une région, un secteur économique, une communauté ou une période. Par exemple, la monnaie WIR est utilisée en Suisse par 60.000 PME pour les échanges entre sociétés du même secteur, et gérée par une banque sans but lucratif. Le Système d’Echange Local (SEL) est aussi une monnaie complémentaire connue, permettant des échanges de produits ou de services. Les monnaies complémentaires peuvent être valorisées en référence à une autre monnaie officielle ou en être totalement séparées. Par exemple, un WIR équivaut à un franc suisse, tandis que le SEL équivaut à une heure. ll existe plus de 5.000 monnaies complémentaires à travers le monde (recensées par le site ComplementaryCurrency.org).
La caractéristique principale d’une monnaie complémentaire est de faciliter les échanges sans passer par un système bancaire. Ainsi, il n’y a pas de frais, de commission, et le plus souvent les échanges sont instantanés. Aucun organisme n’en fait le prêt. En outre, si la monnaie n’est pas valorisée par rapport à une monnaie officielle mais en fonction d’un actif réel (à l’instar du WAT basé sur le prix du KWH) il n’y a pas de risque d’inflation monétaire. En particulier, une monnaie complémentaire n’est pas placée sur un marché financier, ne produit pas d’intérêt et ne peut être créée par une banque centrale pour couvrir les dettes d’un Etat.
D’autres initiatives proches des monnaies complémentaires apparaissent actuellement sur internet, tels que le google wallet (permettant le transfert d’argent ou le paiement en ligne) ou l’amazon coin. De plus en plus de sites internet permettent de stocker le fruit d’une vente et de l’utiliser pour un achat ultérieur (PriceMinister, Ebay…). Ces méthodes permettent de faciliter les échanges sans passer par un compte bancaire mais présentent l’inconvénient d’être associées à un nombre de sites web limités.
Comment fonctionnent les Bitcoins ?
Le principe de base du bitcoin réside dans le fait que chaque transaction est effectuée directement entre les individus (« peer-to-peer »). Toutes les transactions réalisées depuis l’origine par tous les utilisateurs sont enregistrées dans une base de données stockée sur l’ordinateur de chaque utilisateur, ce qui assure la traçabilité, l’exhaustivité et l’irréversibilité. Il n’y a donc pas d’organisme central qui répertorie et valide les échanges puisque ceci est assuré par le réseau des membres. Régulièrement, les ordinateurs les plus puissants disponibles sur le réseau valident les « blocs » de transactions et génèrent les écritures dans les comptes. En contrepartie, ils reçoivent des bitcoins en rémunération, à hauteur de 25 bitcoins par bloc (ce montant se réduit de moitié après 4 années). Chaque transaction est accompagnée d’une signature numérique qui permet de crypter fortement et sécuriser l’accès à l’information.
L’avantage des bitcoins réside particulièrement dans son universalité : il est possible d’en acheter et d’en vendre à partir de toutes devises, partout dans le monde, sans attendre. Les boutiques en ligne qui acceptent les bitcoins sont en pleine croissance. Pour un commerçant qui souhaite être payé en euros, l’intérêt est d’éviter les frais de banque : le client paye en euros, le fournisseur reçoit des euros, mais ceci transite en réalité par le marché des bitcoins de gré à gré.
Comment utiliser les bitcoins facilement sans installer une base de données volumineuse sur son ordinateur ? Des entreprises proposent des services en ligne permettant d’effectuer des opérations en bitcoins, tels que Paytunia, en France, ou BitPay aux US. Bien que payants, ces services présentent l’avantage de simplifier l’accès aux bitcoins sans perdre le bénéfice de la facilité des échanges instantanés et des coûts de transaction très faibles.
Comme une monnaie officielle, les bitcoins peuvent être conservés. Mais qui fixe la valeur du bitcoin et comment ne pas craindre une perte de valeur ? C’est là un point important du bitcoin : la valeur d’un bitcoin ne provient pas d’une convertibilité en actif tangible (comme l’or) et n’est pas à cours forcé. Elle est le résultat du jeu de l’offre et de la demande. La quantité de bitcoins est fixe (21 millions à terme) et divisible à l’infini. Sa valeur peut donc fluctuer rapidement selon la conjoncture. Elle l’a déjà fait fortement par le passé (de 9€ en octobre 2012, elle est passée à 200€ puis 66€ en avril 2013). Il est sans doute préférable de ne pas stocker des bitcoins, sauf à spéculer sur le long terme.
L’avenir des Bitcoins
Si nous n’en sommes qu’aux débuts, on peut imaginer que l’utilisation des bitcoins sera croissante et viendra bouleverser les méthodes de paiement, comme d’autres solutions en ligne sont venues bouleverser les domaines de la téléphonie, la distribution, les logiciels de gestion ou de bureautique. N’étant liée à aucun organisme central mais fonctionnant librement en réseau, elle répondra à un besoin de fluidification des échanges, de réduction des coûts, et de garantie contre les aléas des marchés financiers et de l’inflation.
Cependant, leur développement pourrait être freiné par la lutte contre les mouvements financiers illicites et la crainte d’une réduction de la capacité d’intervention monétaire des Etats. En effet, la valeur d’une monnaie non adossée à un actif tangible dépend de la confiance qu’on accorde aux institutions qui l’émettent. En cas d’inflation générée par une forte création monétaire ou de défaut de ces institutions, les individus pourraient s’éloigner de monnaies officielles au profit des Bitcoins facile d’accès et d’utilisation pour préserver leur pouvoir d’achat. Par ailleurs, les banques ne favoriseront a priori pas une monnaie qui produit un manque à gagner dans la gestion des comptes et des transactions.
De manière générale on constate un développement des solutions de paiement alternatives, notamment par mobile, dans lequel s’engouffrent de nombreux acteurs tels que Google, Amazon ou Microsoft qui, tôt ou tard, auront besoin d’une monnaie « pivot » pour fonctionner ensemble. Paypal, qui est un moyen de paiement en ligne aujourd’hui très répandu, pourrait également proposer de payer en bitcoins. On assisterait alors à l’émergence d’un système de paiement mondial alternatif basé sur les bitcoins et qui viendrait “concurrencer” celui des monnaies officielles, soutenues par les banques et les Etats.
Laurent ALLAIS
Directeur Général
www.alsight.fr
La caractéristique principale d’une monnaie complémentaire est de faciliter les échanges sans passer par un système bancaire. Ainsi, il n’y a pas de frais, de commission, et le plus souvent les échanges sont instantanés. Aucun organisme n’en fait le prêt. En outre, si la monnaie n’est pas valorisée par rapport à une monnaie officielle mais en fonction d’un actif réel (à l’instar du WAT basé sur le prix du KWH) il n’y a pas de risque d’inflation monétaire. En particulier, une monnaie complémentaire n’est pas placée sur un marché financier, ne produit pas d’intérêt et ne peut être créée par une banque centrale pour couvrir les dettes d’un Etat.
D’autres initiatives proches des monnaies complémentaires apparaissent actuellement sur internet, tels que le google wallet (permettant le transfert d’argent ou le paiement en ligne) ou l’amazon coin. De plus en plus de sites internet permettent de stocker le fruit d’une vente et de l’utiliser pour un achat ultérieur (PriceMinister, Ebay…). Ces méthodes permettent de faciliter les échanges sans passer par un compte bancaire mais présentent l’inconvénient d’être associées à un nombre de sites web limités.
Comment fonctionnent les Bitcoins ?
Le principe de base du bitcoin réside dans le fait que chaque transaction est effectuée directement entre les individus (« peer-to-peer »). Toutes les transactions réalisées depuis l’origine par tous les utilisateurs sont enregistrées dans une base de données stockée sur l’ordinateur de chaque utilisateur, ce qui assure la traçabilité, l’exhaustivité et l’irréversibilité. Il n’y a donc pas d’organisme central qui répertorie et valide les échanges puisque ceci est assuré par le réseau des membres. Régulièrement, les ordinateurs les plus puissants disponibles sur le réseau valident les « blocs » de transactions et génèrent les écritures dans les comptes. En contrepartie, ils reçoivent des bitcoins en rémunération, à hauteur de 25 bitcoins par bloc (ce montant se réduit de moitié après 4 années). Chaque transaction est accompagnée d’une signature numérique qui permet de crypter fortement et sécuriser l’accès à l’information.
L’avantage des bitcoins réside particulièrement dans son universalité : il est possible d’en acheter et d’en vendre à partir de toutes devises, partout dans le monde, sans attendre. Les boutiques en ligne qui acceptent les bitcoins sont en pleine croissance. Pour un commerçant qui souhaite être payé en euros, l’intérêt est d’éviter les frais de banque : le client paye en euros, le fournisseur reçoit des euros, mais ceci transite en réalité par le marché des bitcoins de gré à gré.
Comment utiliser les bitcoins facilement sans installer une base de données volumineuse sur son ordinateur ? Des entreprises proposent des services en ligne permettant d’effectuer des opérations en bitcoins, tels que Paytunia, en France, ou BitPay aux US. Bien que payants, ces services présentent l’avantage de simplifier l’accès aux bitcoins sans perdre le bénéfice de la facilité des échanges instantanés et des coûts de transaction très faibles.
Comme une monnaie officielle, les bitcoins peuvent être conservés. Mais qui fixe la valeur du bitcoin et comment ne pas craindre une perte de valeur ? C’est là un point important du bitcoin : la valeur d’un bitcoin ne provient pas d’une convertibilité en actif tangible (comme l’or) et n’est pas à cours forcé. Elle est le résultat du jeu de l’offre et de la demande. La quantité de bitcoins est fixe (21 millions à terme) et divisible à l’infini. Sa valeur peut donc fluctuer rapidement selon la conjoncture. Elle l’a déjà fait fortement par le passé (de 9€ en octobre 2012, elle est passée à 200€ puis 66€ en avril 2013). Il est sans doute préférable de ne pas stocker des bitcoins, sauf à spéculer sur le long terme.
L’avenir des Bitcoins
Si nous n’en sommes qu’aux débuts, on peut imaginer que l’utilisation des bitcoins sera croissante et viendra bouleverser les méthodes de paiement, comme d’autres solutions en ligne sont venues bouleverser les domaines de la téléphonie, la distribution, les logiciels de gestion ou de bureautique. N’étant liée à aucun organisme central mais fonctionnant librement en réseau, elle répondra à un besoin de fluidification des échanges, de réduction des coûts, et de garantie contre les aléas des marchés financiers et de l’inflation.
Cependant, leur développement pourrait être freiné par la lutte contre les mouvements financiers illicites et la crainte d’une réduction de la capacité d’intervention monétaire des Etats. En effet, la valeur d’une monnaie non adossée à un actif tangible dépend de la confiance qu’on accorde aux institutions qui l’émettent. En cas d’inflation générée par une forte création monétaire ou de défaut de ces institutions, les individus pourraient s’éloigner de monnaies officielles au profit des Bitcoins facile d’accès et d’utilisation pour préserver leur pouvoir d’achat. Par ailleurs, les banques ne favoriseront a priori pas une monnaie qui produit un manque à gagner dans la gestion des comptes et des transactions.
De manière générale on constate un développement des solutions de paiement alternatives, notamment par mobile, dans lequel s’engouffrent de nombreux acteurs tels que Google, Amazon ou Microsoft qui, tôt ou tard, auront besoin d’une monnaie « pivot » pour fonctionner ensemble. Paypal, qui est un moyen de paiement en ligne aujourd’hui très répandu, pourrait également proposer de payer en bitcoins. On assisterait alors à l’émergence d’un système de paiement mondial alternatif basé sur les bitcoins et qui viendrait “concurrencer” celui des monnaies officielles, soutenues par les banques et les Etats.
Laurent ALLAIS
Directeur Général
www.alsight.fr
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