Le Vietnam vit un boom économique. Situé dans la zone la plus dynamique du monde et dans une position centrale en Asie du Sud-est, il n’est dépassé que par la Chine concernant les taux de croissance moyenne en Asie. Après des décennies de terribles conflits armés internes et externes, le Vietnam a profité du milieu des années quatre-vingt pour lancer un programme de réformes économiques à orientation de marché, appelé « Doi Moi » (c.-à-d. le renouveau), pour sortir le pays de la ruine et prendre un nouveau départ, lequel s’avère gagnant. La renaissance du pays trouve notamment sa source dans la libéralisation et l’ouverture de l’économie, qui devrait être accentuée suite à l’adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce en janvier 2007. Troisième exportateur de pétrole en Asie du Sud-est, le Vietnam a une économie très diversifiée, qui repose sur l’exportation de multiples ressources naturelles et de biens manufacturés comme les produits textiles et biens électroniques. Les poumons de l’activité économique sont situés au sud à Ho Chi Minh City (HCMC ou Saigon), le véritable hub économique du pays, qui profite pleinement du delta du Mékong, et au nord à Hanoi, la capitale, qui comble progressivement son retard de développement économique. Trois principaux ports sont répartis harmonieusement sur le territoire national, le plus important étant celui de HCMC, suivi des ports de Danang au centre, et d’Haiphong au nord, non loin de Hanoi. Le dynamisme économique du Vietnam s’explique aussi par une population active jeune en raison d’une croissance démographique parmi les plus fortes d’Asie, qui porte à 85 millions d’âmes la population totale du pays. Le développement du pays a lieu dans un contexte de stabilité politique, dominé par le Parti Communiste Vietnamien (PCV), et de cohésion nationale, malgré l’existence de multiples groupes ethniques basés surtout dans le nord du pays.
Contrôle politique et pragmatisme économique
La chute de Saigon en 1975 a signifié la réunification du pays et le début de la mainmise politique du PCV, le parti unique du pays. Il détient les pleins pouvoirs politiques et contrôle aussi l’économie. Mais le PCV, à l’image de son homologue chinois, est très pragmatique et a eu vite fait de transformer l’économie centralisée de la république socialiste en une « économie de marché à orientation socialiste ». Le capitalisme y est donc roi. De même au niveau politique, progressivement, le PCV a normalisé ses relations extérieures avec la Chine, puis avec les Etats-Unis, en 1994, ce qui fut symbolisé par la levée de l’embargo. L’Assemblée populaire, l’organe politique dirigeant, a été renouvelée après les récentes élections législatives auxquelles ont participé les vietnamiens, dont le choix se limite toujours au PCV et à quelques candidats indépendants. L’absence d’opposition politique, de réelle revendication démocratique et de sérieuses tensions ethniques ou religieuses (la grande majorité de la population est de tradition bouddhiste) devrait assurer la suprématie du PCV encore certainement à moyen terme. A l’issue de ces élections, l’Assemblée populaire désigne le président (au rôle symbolique) et le gouvernement, mais le véritable homme fort du pays demeure le secrétaire général du PCV.
L’immobilisme démocratique du Vietnam s’explique entre autres par les aspirations d’une société vietnamienne très jeune (l’âge médian est de 26 ans), qui n’a pas été meurtrie par la guerre et a ainsi pour souci premier d’améliorer son pouvoir d’achat et d’atteindre le bien-être matériel à l’occidentale. La nouvelle génération est avide de biens de consommation, de marques et de produits de luxe, symboles de leur réussite sociale. Tout progrès démocratique est donc pour l’instant relégué au second plan. L’économie nationale en est le grand bénéficiaire, à en juger par les remarquables performances macroéconomiques et les avancées notables en ce qui concerne les « objectifs de réduction de pauvreté du Millénaire ».
L’immobilisme démocratique du Vietnam s’explique entre autres par les aspirations d’une société vietnamienne très jeune (l’âge médian est de 26 ans), qui n’a pas été meurtrie par la guerre et a ainsi pour souci premier d’améliorer son pouvoir d’achat et d’atteindre le bien-être matériel à l’occidentale. La nouvelle génération est avide de biens de consommation, de marques et de produits de luxe, symboles de leur réussite sociale. Tout progrès démocratique est donc pour l’instant relégué au second plan. L’économie nationale en est le grand bénéficiaire, à en juger par les remarquables performances macroéconomiques et les avancées notables en ce qui concerne les « objectifs de réduction de pauvreté du Millénaire ».
Les sources du succès économique vietnamien... et ses faiblesses
Pays membre de l’APEC (Coopération Economique Asie-Pacifique) et de l’ASEAN (Association des Nations du Sud-Est Asiatique), le Vietnam enregistre des taux de croissance records de son PIB (7,6% de moyenne depuis 2000), et à l’instar de 2007 (+8,3%), devrait voir cette tendance se poursuivre, poussée aujourd’hui surtout par les exportations du secteur manufacturier et investissements directs de l’étranger (IDE) dans la construction. Les IDE pour l’ensemble de l’économie ont d’ailleurs atteint le niveau record de 10,2 milliards USD en 2006 et devraient avoir doublé entre 2004 et 2007. Le Vietnam bénéficie pleinement de sa position d’exportateur net de pétrole, qui lui procure plus de 18% de ses recettes courantes, surtout au vu du niveau élevé des prix mondiaux. Toutefois, le pays compte beaucoup d’autres cordes à son arc, comme son industrie textile (12% des exportations), les chaussures (touchées cependant par les taxes anti-dumping de l’UE), les produits de la mer, les biens et équipements électroniques, le riz, le café, etc. L’importance des matières premières rend cependant l’économie vulnérable à toute baisse de leur prix ou à de mauvaises conditions climatiques. Actuellement, le secteur électronique, qui bénéficiera du méga investissement d’Intel à HCMC via l’installation d’une usine de processeurs, et celui du tourisme sont deux gros moteurs de la croissance.
Dans un environnement de forte concurrence régionale, l’économie vietnamienne est très compétitive et de plus en plus choisie comme terre d’investissements majeurs des multinationales, au détriment notamment de la Chine. Son avantage compétitif réside entre autres dans de plus faibles coûts de production (le salaire minimum est de 45-55 USD par mois selon la zone géographique), des droits de douane réduits et un grand volume de main d’oeuvre disponible et motivée, le seul bémol non-négligeable étant son manque d’expérience et de qualification. Un autre problème important, vu son poids grandissant, concerne le textile, avec la fin des quotas européens en 2008 (et peut-être américains en 2009) sur le textile chinois, qui devrait amorcer le retour d’usines chinoises sur leur territoire d’origine.
Les premiers destinataires des produits vietnamiens sont les Etats-Unis, le Japon, l’Australie, la Chine et Singapour, l’Allemagne étant son premier marché européen. Au niveau des importations, le Vietnam se fournit d’abord auprès de la Chine, de Singapour, de Taiwan, du Japon et de la Corée du sud, alors que la Suisse est le premier pays européen d’importation. Tandis que la Corée est devenue son premier investisseur étranger, la Chine et les Etats-Unis sont les deux premiers partenaires commerciaux du Vietnam. Ils contribuent beaucoup au rythme soutenu de l’activité économique, soulignant dès lors aussi la dépendance vietnamienne à leur bonne santé économique. Les flux commerciaux avec la Belgique restent limités jusqu’à présent, les 2/3 des exportations étant des pierres précieuses. On peut néanmoins être optimiste, vu le potentiel du pays et ses besoins, qui devraient encourager les entreprises belges à se tourner davantage vers le Vietnam. De belles opportunités existent pour elles dans le domaine médical, la chimie, l’acier, l’immobilier, l’énergie, les infrastructures et le secteur financier.
En dépit des importants flux commerciaux et revenus élevés de vietnamiens expatriés (plus de 8% des recettes courantes), la balance courante du Vietnam est légèrement déficitaire, autour de 3% du PIB en 2007, en raison d’une plus lourde facture de pétrole raffiné et des fortes importations en biens de capitaux qui accompagnent le développement rapide du pays. Le déficit courant est toutefois financé par les nombreux capitaux issus du boom des IDE. Les performances économiques robustes et continues du Vietnam lui permettent d’avoir un faible endettement extérieur (33,5% du PIB attendu en 2007), qui poursuit sa baisse en termes relatifs ainsi qu’un service de dette (soit le paiement du principal et des intérêts) stable autour de 5% des recettes d’exportations. Dès lors, la liquidité extérieure du Vietnam est bonne et est renforcée par les réserves de la Banque Centrale qui permettent désormais de couvrir plus de 3 mois d’importations grâce aux IDE.
Les autorités vietnamiennes stimulent leur économie par une politique macroéconomique assez expansionniste et devraient plutôt profiter de la conjoncture favorable pour être plus prudents. En effet, les finances publiques se détériorent graduellement. Le déficit budgétaire est supérieur à 6% du PIB à cause des nombreux grands programmes d’investissements publics et des réformes des entreprises d’Etat. La manne de recettes pétrolières n’est pas suffisante pour empêcher la dette publique de gonfler au-delà de 43% du PIB. De son côté, la politique monétaire devrait aussi être plus restrictive afin d’éviter de fortes pressions inflationnistes nées de la croissance soutenue des crédits domestiques, de la hausse des prix des produits alimentaires et de façon plus générale de l’afflux de liquidités dans l’économie, qui porte l’inflation des prix à la consommation à un des niveaux les plus élevés en Asie du Sud-est, atteignant près de 12% en décembre dernier.
En conséquence directe du boom économique, mais aussi d’une politique à orientation socialiste visant à maintenir tant que faire se peut une société égalitaire, la pauvreté est en recul constant. Elle reste élevée si l’on tient compte du faible PIB par habitant (690 USD) et du fait que la grande majorité de la population vit encore en zone rurale. Toutefois, en considérant les indicateurs de réduction de pauvreté dans le cadre des « objectifs du Millénaire » des Nations-Unies, le Vietnam est un des pays dont l’amélioration a été la plus significative. Ainsi, depuis 1990, la proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté (=1 USD/jour) a chuté de 51 à 8%. Cette évolution se déroule simultanément à la hausse de l’espérance de vie, la baisse de la mortalité infantile, un taux d’alphabétisation toujours plus élevé, l’exode rural et une plus grande urbanisation du pays, comme autour de Hanoi, HCMC et Danang. Les inégalités de revenus tendent néanmoins à augmenter légèrement, ce qui engendre des revendications salariales plus élevées, notamment auprès de multinationales étrangères. Le taux de chômage national est estimé à 2%, un niveau extrêmement bas qui s’explique par la jeunesse de la population active, qui profite des créations d’emplois urbains, et aussi par l’agriculture, qui fait encore vivre 40% de la population, mais dont la contribution (20%) à la croissance est aujourd’hui largement moins importante relativement aux secteurs de l’industrie et des services. Quoiqu’il en soit, tant que la prospérité demeure, crée beaucoup d’emplois, en combinaison avec de bons services publics qui assurent le maintien de la cohésion sociale, le modèle socio-économique actuel pourra durer encore de nombreuses années avant de voir sa nature-même contestée.
Dans un contexte économique porteur moins menacé par la bulle financière, les défis restent nombreux, comme l’insuffisance des infrastructures de transport, les problèmes récurrents de fourniture électrique et la lenteur de la mise en place des stratégies nationales. Il semble que les autorités soient décidées à les aborder de façon responsable, comme le prouve le plan quinquennal 2006-2010 prévoyant la construction de dizaines de centrales électriques, le développement de métros, aéroports et réseaux routiers et de télécommunication à grande échelle. Cependant, ces objectifs ambitieux se heurtent à des problèmes de lenteur bureaucratique et de financement. La récente adhésion à l’OMC, en plus de réduire les barrières tarifaires et faciliter l’accès au marché local pour les investisseurs étrangers, devrait donner un coup d’accélérateur aux réformes en cours, comme celles des entreprises étatiques et du secteur bancaire. Même si les grands groupes d’Etat restent leaders dans les secteurs stratégiques, reflétant la volonté du PCV de préserver son contrôle sur les rouages de l’économie, le secteur privé est aujourd’hui responsable de la majorité des exportations et des emplois créés. Le processus de privatisation va se poursuivre, soutenu par l’introduction prochaine en Bourse de nombreux groupes étatiques. C’est une étape nécessaire pour les renforcer financièrement face à une plus grande concurrence étrangère et qui devrait aussi renforcer la bonne tenue de la Bourse de HCMC. Son marché des actions a été parmi les plus performants au monde en 2006 et 2007, suite à la vague d’IPO et de l’intérêt croissant des ménages dans ce type d’investissement, mais est sujet à une certaine correction attendue cette année dans un contexte financier mondial fort détérioré.
Les IPO annoncées des principales grandes banques d’Etat (larges dominatrices du secteur) en 2007-2008, la hausse des dépôts bancaires et l’apparition de nouveaux produits bancaires attestent que les choses sont très lentement en train d’évoluer favorablement dans le secteur bancaire. Toutefois, la prudence reste de mise et explique que l’économie fasse encore surtout la part belle au cash, car ses principales fragilités demeurent: la faible supervision, l’opacité des comptes financiers et la forte croissance (30%) des crédits à l’économie susceptibles d’augmenter le volume déjà important de prêts non-performants. De plus, le système financier pourrait souffrir en cas d’une éventuelle dépréciation de la monnaie nationale, le dong, si celle-ci devenait plus flexible. Le dong est tendanciellement relativement stable puisqu’il est fixé de facto au dollar, avec lequel une bande de fluctuation quotidienne de 0,5% autour de son cours pivot est cependant tolérée. Il devrait néanmoins s’apprécier quelque peu en 2008 face à un dollar toujours faible.
Dans un environnement de forte concurrence régionale, l’économie vietnamienne est très compétitive et de plus en plus choisie comme terre d’investissements majeurs des multinationales, au détriment notamment de la Chine. Son avantage compétitif réside entre autres dans de plus faibles coûts de production (le salaire minimum est de 45-55 USD par mois selon la zone géographique), des droits de douane réduits et un grand volume de main d’oeuvre disponible et motivée, le seul bémol non-négligeable étant son manque d’expérience et de qualification. Un autre problème important, vu son poids grandissant, concerne le textile, avec la fin des quotas européens en 2008 (et peut-être américains en 2009) sur le textile chinois, qui devrait amorcer le retour d’usines chinoises sur leur territoire d’origine.
Les premiers destinataires des produits vietnamiens sont les Etats-Unis, le Japon, l’Australie, la Chine et Singapour, l’Allemagne étant son premier marché européen. Au niveau des importations, le Vietnam se fournit d’abord auprès de la Chine, de Singapour, de Taiwan, du Japon et de la Corée du sud, alors que la Suisse est le premier pays européen d’importation. Tandis que la Corée est devenue son premier investisseur étranger, la Chine et les Etats-Unis sont les deux premiers partenaires commerciaux du Vietnam. Ils contribuent beaucoup au rythme soutenu de l’activité économique, soulignant dès lors aussi la dépendance vietnamienne à leur bonne santé économique. Les flux commerciaux avec la Belgique restent limités jusqu’à présent, les 2/3 des exportations étant des pierres précieuses. On peut néanmoins être optimiste, vu le potentiel du pays et ses besoins, qui devraient encourager les entreprises belges à se tourner davantage vers le Vietnam. De belles opportunités existent pour elles dans le domaine médical, la chimie, l’acier, l’immobilier, l’énergie, les infrastructures et le secteur financier.
En dépit des importants flux commerciaux et revenus élevés de vietnamiens expatriés (plus de 8% des recettes courantes), la balance courante du Vietnam est légèrement déficitaire, autour de 3% du PIB en 2007, en raison d’une plus lourde facture de pétrole raffiné et des fortes importations en biens de capitaux qui accompagnent le développement rapide du pays. Le déficit courant est toutefois financé par les nombreux capitaux issus du boom des IDE. Les performances économiques robustes et continues du Vietnam lui permettent d’avoir un faible endettement extérieur (33,5% du PIB attendu en 2007), qui poursuit sa baisse en termes relatifs ainsi qu’un service de dette (soit le paiement du principal et des intérêts) stable autour de 5% des recettes d’exportations. Dès lors, la liquidité extérieure du Vietnam est bonne et est renforcée par les réserves de la Banque Centrale qui permettent désormais de couvrir plus de 3 mois d’importations grâce aux IDE.
Les autorités vietnamiennes stimulent leur économie par une politique macroéconomique assez expansionniste et devraient plutôt profiter de la conjoncture favorable pour être plus prudents. En effet, les finances publiques se détériorent graduellement. Le déficit budgétaire est supérieur à 6% du PIB à cause des nombreux grands programmes d’investissements publics et des réformes des entreprises d’Etat. La manne de recettes pétrolières n’est pas suffisante pour empêcher la dette publique de gonfler au-delà de 43% du PIB. De son côté, la politique monétaire devrait aussi être plus restrictive afin d’éviter de fortes pressions inflationnistes nées de la croissance soutenue des crédits domestiques, de la hausse des prix des produits alimentaires et de façon plus générale de l’afflux de liquidités dans l’économie, qui porte l’inflation des prix à la consommation à un des niveaux les plus élevés en Asie du Sud-est, atteignant près de 12% en décembre dernier.
En conséquence directe du boom économique, mais aussi d’une politique à orientation socialiste visant à maintenir tant que faire se peut une société égalitaire, la pauvreté est en recul constant. Elle reste élevée si l’on tient compte du faible PIB par habitant (690 USD) et du fait que la grande majorité de la population vit encore en zone rurale. Toutefois, en considérant les indicateurs de réduction de pauvreté dans le cadre des « objectifs du Millénaire » des Nations-Unies, le Vietnam est un des pays dont l’amélioration a été la plus significative. Ainsi, depuis 1990, la proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté (=1 USD/jour) a chuté de 51 à 8%. Cette évolution se déroule simultanément à la hausse de l’espérance de vie, la baisse de la mortalité infantile, un taux d’alphabétisation toujours plus élevé, l’exode rural et une plus grande urbanisation du pays, comme autour de Hanoi, HCMC et Danang. Les inégalités de revenus tendent néanmoins à augmenter légèrement, ce qui engendre des revendications salariales plus élevées, notamment auprès de multinationales étrangères. Le taux de chômage national est estimé à 2%, un niveau extrêmement bas qui s’explique par la jeunesse de la population active, qui profite des créations d’emplois urbains, et aussi par l’agriculture, qui fait encore vivre 40% de la population, mais dont la contribution (20%) à la croissance est aujourd’hui largement moins importante relativement aux secteurs de l’industrie et des services. Quoiqu’il en soit, tant que la prospérité demeure, crée beaucoup d’emplois, en combinaison avec de bons services publics qui assurent le maintien de la cohésion sociale, le modèle socio-économique actuel pourra durer encore de nombreuses années avant de voir sa nature-même contestée.
Dans un contexte économique porteur moins menacé par la bulle financière, les défis restent nombreux, comme l’insuffisance des infrastructures de transport, les problèmes récurrents de fourniture électrique et la lenteur de la mise en place des stratégies nationales. Il semble que les autorités soient décidées à les aborder de façon responsable, comme le prouve le plan quinquennal 2006-2010 prévoyant la construction de dizaines de centrales électriques, le développement de métros, aéroports et réseaux routiers et de télécommunication à grande échelle. Cependant, ces objectifs ambitieux se heurtent à des problèmes de lenteur bureaucratique et de financement. La récente adhésion à l’OMC, en plus de réduire les barrières tarifaires et faciliter l’accès au marché local pour les investisseurs étrangers, devrait donner un coup d’accélérateur aux réformes en cours, comme celles des entreprises étatiques et du secteur bancaire. Même si les grands groupes d’Etat restent leaders dans les secteurs stratégiques, reflétant la volonté du PCV de préserver son contrôle sur les rouages de l’économie, le secteur privé est aujourd’hui responsable de la majorité des exportations et des emplois créés. Le processus de privatisation va se poursuivre, soutenu par l’introduction prochaine en Bourse de nombreux groupes étatiques. C’est une étape nécessaire pour les renforcer financièrement face à une plus grande concurrence étrangère et qui devrait aussi renforcer la bonne tenue de la Bourse de HCMC. Son marché des actions a été parmi les plus performants au monde en 2006 et 2007, suite à la vague d’IPO et de l’intérêt croissant des ménages dans ce type d’investissement, mais est sujet à une certaine correction attendue cette année dans un contexte financier mondial fort détérioré.
Les IPO annoncées des principales grandes banques d’Etat (larges dominatrices du secteur) en 2007-2008, la hausse des dépôts bancaires et l’apparition de nouveaux produits bancaires attestent que les choses sont très lentement en train d’évoluer favorablement dans le secteur bancaire. Toutefois, la prudence reste de mise et explique que l’économie fasse encore surtout la part belle au cash, car ses principales fragilités demeurent: la faible supervision, l’opacité des comptes financiers et la forte croissance (30%) des crédits à l’économie susceptibles d’augmenter le volume déjà important de prêts non-performants. De plus, le système financier pourrait souffrir en cas d’une éventuelle dépréciation de la monnaie nationale, le dong, si celle-ci devenait plus flexible. Le dong est tendanciellement relativement stable puisqu’il est fixé de facto au dollar, avec lequel une bande de fluctuation quotidienne de 0,5% autour de son cours pivot est cependant tolérée. Il devrait néanmoins s’apprécier quelque peu en 2008 face à un dollar toujours faible.
Faire des affaires au Vietnam
Toute entreprise désireuse de faire du business avec un partenaire vietnamien devra s’armer de patience car nouer des contacts prend du temps, sans compter que la bureaucratie freine considérablement l’avancement des affaires. La relative difficulté à y faire des affaires est mise en lumière par l’indicateur annuel « Doing business » de la Banque mondiale, qui classe le Vietnam à la 91ème place sur 178 pays analysés. La législation n’est pas facile à apprivoiser, vu le peu de transparence et sa complexité, nécessitant ainsi le besoin d’avoir un représentant sur place avant de débuter toute opération commerciale. Le nombre de procédures et le temps nécessaire pour mettre sur pied une entreprise sont plus élevés que dans d’autres pays de la région. Les autorités vietnamiennes sont en train de moderniser leur cadre juridique afin de rendre notamment le climat d’investissement plus favorable. Ainsi, la nouvelle loi d’investissements est entrée en vigueur en juillet 2006: elle allège les procédures administratives et supprime toute discrimination entre investisseurs locaux et étrangers, ainsi qu’entre entreprises privées et publiques. S’agissant des investisseurs belges, il est important de signaler qu’ils bénéficient d’un accord bilatéral de protection des investissements depuis 1999. L’amélioration de l’arsenal législatif n’empêche pas la faible application des lois existantes, ce qui est le cas par exemple de la protection de la propriété intellectuelle, peu respectée en pratique.
Si les démarches sont lentes et nombreuses, par contre, lorsqu’un accord est signé, les choses vont vite et deviennent juridiquement plus sûres, a contrario de la Chine par exemple. En effet, le temps nécessaire et les coûts associés pour régler une dispute contractuelle sont plus bas que la moyenne régionale. Néanmoins, le Vietnam, de par le fait que son économie est encore en transition, n’a pas encore résolu tous les problèmes caractéristiques de son évolution inachevée. La corruption, fléau persistant à tous les échelons de la société, est à cet égard emblématique. Classé 123ème sur 179 pays par l’indice de référence de « Transparency international » évaluant son niveau de corruption, le Vietnam essaie d’y remédier, réalisant qu’il peut être un obstacle aux futurs investissements. Bien qu’une nouvelle loi anti-corruption ait vu le jour en juin 2006, la corruption est tellement ancrée dans la pratique des affaires qu’elle n’est pas prête de s’estomper rapidement.
Le retard moyen de paiement dans le commerce international est de trois mois, avec une expérience généralement positive s’agissant des acheteurs privés et publics. Cependant, pour prévenir l’incapacité ou le manque de volonté d’un débiteur vietnamien d’honorer ses obligations, la SA Ducroire offre une couverture en « open account », c.-à-d. sans exigence de garantie bancaire, contre le risque de non-paiement. Ce dernier pourrait devenir plus aigu avec un plus haut risque de faillite, étant donné l’attente d’une concurrence étrangère accrue après l’adhésion à l’OMC. La quotité garantie s’élève à 95% en cas de sinistre né d’une situation de force majeure (pénurie de devise, catastrophe naturelle, guerre...), tandis qu’elle s’élève à 90% pour les sinistres dus à un problème typiquement commercial (faillite...).
La monnaie locale, le dong, est convertible pour les affaires courantes, mais des restrictions existent par contre sur les transactions en capital. Le dong s’échangeait à 1 EUR = 23.600 VND fin janvier. Il ne jouit cependant que d’une faible confiance de la part des entreprises, ce qui explique que l’économie reste fort dollarisée (1USD = 16.060 VND). La langue des affaires est habituellement l’anglais, lequel est de plus en plus parlé dans le milieu commercial, mais il n’est pas inutile, pour une totale compréhension, de s’entourer d’un interprète. Pour ce qui est de l’approche, la patience, l’attitude des petit pas, le développement de la relation sociale avec le partenaire potentiel, le respect et le sourire sont des maîtres mots lorsque l’on aborde le marché vietnamien. L’assistance des bureaux régionaux, Awex, FIT et Bruxelles Export, est certainement à explorer pour avoir une meilleure compréhension du marché et de ses usages.
Si les démarches sont lentes et nombreuses, par contre, lorsqu’un accord est signé, les choses vont vite et deviennent juridiquement plus sûres, a contrario de la Chine par exemple. En effet, le temps nécessaire et les coûts associés pour régler une dispute contractuelle sont plus bas que la moyenne régionale. Néanmoins, le Vietnam, de par le fait que son économie est encore en transition, n’a pas encore résolu tous les problèmes caractéristiques de son évolution inachevée. La corruption, fléau persistant à tous les échelons de la société, est à cet égard emblématique. Classé 123ème sur 179 pays par l’indice de référence de « Transparency international » évaluant son niveau de corruption, le Vietnam essaie d’y remédier, réalisant qu’il peut être un obstacle aux futurs investissements. Bien qu’une nouvelle loi anti-corruption ait vu le jour en juin 2006, la corruption est tellement ancrée dans la pratique des affaires qu’elle n’est pas prête de s’estomper rapidement.
Le retard moyen de paiement dans le commerce international est de trois mois, avec une expérience généralement positive s’agissant des acheteurs privés et publics. Cependant, pour prévenir l’incapacité ou le manque de volonté d’un débiteur vietnamien d’honorer ses obligations, la SA Ducroire offre une couverture en « open account », c.-à-d. sans exigence de garantie bancaire, contre le risque de non-paiement. Ce dernier pourrait devenir plus aigu avec un plus haut risque de faillite, étant donné l’attente d’une concurrence étrangère accrue après l’adhésion à l’OMC. La quotité garantie s’élève à 95% en cas de sinistre né d’une situation de force majeure (pénurie de devise, catastrophe naturelle, guerre...), tandis qu’elle s’élève à 90% pour les sinistres dus à un problème typiquement commercial (faillite...).
La monnaie locale, le dong, est convertible pour les affaires courantes, mais des restrictions existent par contre sur les transactions en capital. Le dong s’échangeait à 1 EUR = 23.600 VND fin janvier. Il ne jouit cependant que d’une faible confiance de la part des entreprises, ce qui explique que l’économie reste fort dollarisée (1USD = 16.060 VND). La langue des affaires est habituellement l’anglais, lequel est de plus en plus parlé dans le milieu commercial, mais il n’est pas inutile, pour une totale compréhension, de s’entourer d’un interprète. Pour ce qui est de l’approche, la patience, l’attitude des petit pas, le développement de la relation sociale avec le partenaire potentiel, le respect et le sourire sont des maîtres mots lorsque l’on aborde le marché vietnamien. L’assistance des bureaux régionaux, Awex, FIT et Bruxelles Export, est certainement à explorer pour avoir une meilleure compréhension du marché et de ses usages.
En bref
Le Vietnam, grâce à ses remarquables performances économiques et une bonne liquidité extérieure, est classé par la SA Ducroire en catégorie 2 (sur une échelle de 1 à 7, 1 étant le risque le plus faible) pour le risque politique lié aux transactions courantes. Par contre, ses caractéristiques d’économie de transition, telles qu’une forte corruption, un cadre juridique complexe, lent et incertain, justifient la classification du risque commercial systémique au-delà de la normale, soit en catégorie C (échelle de A à C, A correspondant au plus faible risque).
Dans un climat politique stable, la croissance devrait rester très soutenue au Vietnam, tirée par les exportations et investissements dans les secteurs manufacturiers et des services, et être de plus en plus une destination privilégiée des investisseurs étrangers attirés par des coûts de production bas et une main d’oeuvre abondante. Alors que l’endettement extérieur et le déficit de la balance courante sont faibles, les préoccupations viennent plutôt d’une politique macroéconomique trop expansionniste, caractérisée par la détérioration des finances publiques et une inflation encore élevée dans un contexte d’un afflux de liquidité dans l’économie. Les autres défis futurs sont de type structurel, comme la nécessité d’accélérer les réformes du système bancaire et des sociétés étatiques. La récente adhésion à l’OMC pourrait jouer un rôle positif dans cette optique.
Raphaël Cecchi
Country Risk Analyst
Dans un climat politique stable, la croissance devrait rester très soutenue au Vietnam, tirée par les exportations et investissements dans les secteurs manufacturiers et des services, et être de plus en plus une destination privilégiée des investisseurs étrangers attirés par des coûts de production bas et une main d’oeuvre abondante. Alors que l’endettement extérieur et le déficit de la balance courante sont faibles, les préoccupations viennent plutôt d’une politique macroéconomique trop expansionniste, caractérisée par la détérioration des finances publiques et une inflation encore élevée dans un contexte d’un afflux de liquidité dans l’économie. Les autres défis futurs sont de type structurel, comme la nécessité d’accélérer les réformes du système bancaire et des sociétés étatiques. La récente adhésion à l’OMC pourrait jouer un rôle positif dans cette optique.
Raphaël Cecchi
Country Risk Analyst