Patrick d’Humières
1ère tendance : 30 à 50 entreprises leaders en France sont la locomotive de la durabilité et de la responsabilité, avec une position internationale forte qui se lit dans les ratings de référence (DJSI, CDP, SustainAnalytics…) 2ème tendance : Au-delà de cette dynamique collective incontestable, les entreprises élèvent « leur niveau de jeu » en collant aux nouvelles exigences qui se font jour, mais de façon plus inégale : appropriation croissante par la gouvernance, procédures de vigilance (principes Ruggie et recommandations OCDE) en voie de structuration et surtout offre de plus en plus « eco-conçue », permettant d’afficher des modèles «environnementaux friendly » croissants. 3ème tendance : Les leaders français sont les entreprises qui font peu d’impasse sur l’ensemble des enjeux RSE et qui ont à cœur de se positionner globalement en recherchant des « modèles durables », à la différence de celles qui ont de bons résultats sur certains points significatifs – le social, l’environnemental – mais moins sur d’autres – la transparence, le sociétal, la gouvernance, en général.
Le trio de tête Schneider, Danone, L’Oréal traduit un travail de fond de plus d’une décennie, sans discontinuité, sans impasses, porté au plus haut niveau et soucieux de « bien faire » autant que de « faire savoir ». On notera que ce sont aussi les entreprises qui ont mis « l’enjeu carbone » en haut de la pile et que cette posture « climato-engagée » entraîne le reste dans son sillage.
Etudié de plus près, ce palmarès révèle néanmoins des points faibles dans la pratique collective française qu’il est utile d’analyser.
Première remarque, les entreprises disent qu’elles disposent d’analyse de matérialité et qu’elles s’intéressent au rapport intégré, alors qu’elles sont en réalité très-très peu nombreuses à pouvoir attester des travaux structurés en la matière. Bien plus, elles avouent peu leur grande faiblesse : des relations parties prenantes limitées à des opérations de proximité ou à des liens avec des communautés intéressées ; elles ont du mal à attester des grandes enquêtes disponibles et des consultations très ouvertes en continu, voire des restitutions publiques, comme Veolia vient de le faire cette année avec un Président très en pointe sur le sujet.
La RSE à la française associe une métrique sérieuse – mais peu analysée et peu comparée encore – à un souci de conformité élevé ; à la différence des démarches anglo-saxonnes, cela reste pour beaucoup une démarche plus corporate qu’un engagement de marque, en direction des consommateurs et de la société, pour les entraîner dans la démarche de « durabilité ». Schneider, Danone, L’Oréal et quelques autres – Kering, Orange – qui font ce pari de « la marque durable » avec une stratégie finale grand public, émergent de ce fait parmi les meilleures dans un classement qui panache l’engagement large, la performance des ratings et la reconnaissance de pratiques originales, en matière de transparence notamment (L’Oréal a conduit des dialogues parties prenantes dans une dizaine de villes du monde et Kering a mis en open-source son e-P&L précurseur..).
Cela dit, les écarts très faibles entre les entreprises du CAC ne déjugent pas celles qui ne sont pas premières ; les Engie, Michelin, Axa, etc….sont des acteurs incontestablement engagés et méritants dont les positions différentes s’expliquent de trois façons :
des contraintes plus fortes pour certains secteurs, des démarches moins soucieuses des rating internationaux parfois des choix d’action plus concentrés
Et puis, osons le dire, toute méthodologie a ses biais et il n’existe pas de cadre objectif en matière extra-financière. La variété des partis-pris méthodologiques – il y a autant d’appréciations que d’acteurs – est une problématique d’autant plus gênante qu’on demande aux entreprises de se concentrer sur la gestion de leurs impacts matériels prioritaires alors même que les ratings les poussent à la dispersion, comme l’a fait remarquer le Secrétaire Général d’Aéroports de Paris à la conférence extra-financière organisée autour de Robert Eccles par IRSE et l’Ordre des experts-comptables. Conclusion, la quête des bonnes notations ne fait pas une politique ; celles-ci viennent par surcroît, dès lors que l’entreprise s’est fixée un cap de durabilité à long terme. Le classement des Echos révèle ainsi « 4 familles RSE », dans l’ordre, au vu de notre parti-pris de mixer les engagements de management, les notes de rating et l’appréciation des pratiques par les experts :
La famille des « modèles durables engagés et communicants » La famille des modèles engagés peu communicants La famille des praticiens RSE conformes La famille des praticiens engagés à leur main
Au final, l’intérêt de ce type de classement n’est pas de distribuer les bons points ; il est de faire remonter dans le débat public les enjeux de durabilité de nos entreprises, terrain sur lequel se joue une partie importante de leur compétitivité, dont la criticité est de moins en moins discutée par les dirigeants, comme on le voit avec la décision de certaines de passer des « mesures carbone annuelles » à des feuilles de route climat à long terme . Il est aussi et surtout de faire réfléchir sur ce que veut dire une « réputation d’entreprise responsable » : iIl ne s’agit pas de faire de la RSE parce que c’est bien porté ou fortement demandé…contrairement à certaines pratiques persistantes ! C’est le résultat mesuré, vérifié, d’une démarche stratégique de fond que l’entreprise prend le risque d’engager pour que son offre soit durable, au travers d’une gouvernance responsable et d’initiatives de long terme de maîtrise de ses impacts. Il y a une corrélation directe entre la position reconnue des entreprises en RSE et la globalité de leur management dans tout le processus de création de valeur. CQFD.
Patrick d’Humières
www.institutrse.com
Le trio de tête Schneider, Danone, L’Oréal traduit un travail de fond de plus d’une décennie, sans discontinuité, sans impasses, porté au plus haut niveau et soucieux de « bien faire » autant que de « faire savoir ». On notera que ce sont aussi les entreprises qui ont mis « l’enjeu carbone » en haut de la pile et que cette posture « climato-engagée » entraîne le reste dans son sillage.
Etudié de plus près, ce palmarès révèle néanmoins des points faibles dans la pratique collective française qu’il est utile d’analyser.
Première remarque, les entreprises disent qu’elles disposent d’analyse de matérialité et qu’elles s’intéressent au rapport intégré, alors qu’elles sont en réalité très-très peu nombreuses à pouvoir attester des travaux structurés en la matière. Bien plus, elles avouent peu leur grande faiblesse : des relations parties prenantes limitées à des opérations de proximité ou à des liens avec des communautés intéressées ; elles ont du mal à attester des grandes enquêtes disponibles et des consultations très ouvertes en continu, voire des restitutions publiques, comme Veolia vient de le faire cette année avec un Président très en pointe sur le sujet.
La RSE à la française associe une métrique sérieuse – mais peu analysée et peu comparée encore – à un souci de conformité élevé ; à la différence des démarches anglo-saxonnes, cela reste pour beaucoup une démarche plus corporate qu’un engagement de marque, en direction des consommateurs et de la société, pour les entraîner dans la démarche de « durabilité ». Schneider, Danone, L’Oréal et quelques autres – Kering, Orange – qui font ce pari de « la marque durable » avec une stratégie finale grand public, émergent de ce fait parmi les meilleures dans un classement qui panache l’engagement large, la performance des ratings et la reconnaissance de pratiques originales, en matière de transparence notamment (L’Oréal a conduit des dialogues parties prenantes dans une dizaine de villes du monde et Kering a mis en open-source son e-P&L précurseur..).
Cela dit, les écarts très faibles entre les entreprises du CAC ne déjugent pas celles qui ne sont pas premières ; les Engie, Michelin, Axa, etc….sont des acteurs incontestablement engagés et méritants dont les positions différentes s’expliquent de trois façons :
des contraintes plus fortes pour certains secteurs, des démarches moins soucieuses des rating internationaux parfois des choix d’action plus concentrés
Et puis, osons le dire, toute méthodologie a ses biais et il n’existe pas de cadre objectif en matière extra-financière. La variété des partis-pris méthodologiques – il y a autant d’appréciations que d’acteurs – est une problématique d’autant plus gênante qu’on demande aux entreprises de se concentrer sur la gestion de leurs impacts matériels prioritaires alors même que les ratings les poussent à la dispersion, comme l’a fait remarquer le Secrétaire Général d’Aéroports de Paris à la conférence extra-financière organisée autour de Robert Eccles par IRSE et l’Ordre des experts-comptables. Conclusion, la quête des bonnes notations ne fait pas une politique ; celles-ci viennent par surcroît, dès lors que l’entreprise s’est fixée un cap de durabilité à long terme. Le classement des Echos révèle ainsi « 4 familles RSE », dans l’ordre, au vu de notre parti-pris de mixer les engagements de management, les notes de rating et l’appréciation des pratiques par les experts :
La famille des « modèles durables engagés et communicants » La famille des modèles engagés peu communicants La famille des praticiens RSE conformes La famille des praticiens engagés à leur main
Au final, l’intérêt de ce type de classement n’est pas de distribuer les bons points ; il est de faire remonter dans le débat public les enjeux de durabilité de nos entreprises, terrain sur lequel se joue une partie importante de leur compétitivité, dont la criticité est de moins en moins discutée par les dirigeants, comme on le voit avec la décision de certaines de passer des « mesures carbone annuelles » à des feuilles de route climat à long terme . Il est aussi et surtout de faire réfléchir sur ce que veut dire une « réputation d’entreprise responsable » : iIl ne s’agit pas de faire de la RSE parce que c’est bien porté ou fortement demandé…contrairement à certaines pratiques persistantes ! C’est le résultat mesuré, vérifié, d’une démarche stratégique de fond que l’entreprise prend le risque d’engager pour que son offre soit durable, au travers d’une gouvernance responsable et d’initiatives de long terme de maîtrise de ses impacts. Il y a une corrélation directe entre la position reconnue des entreprises en RSE et la globalité de leur management dans tout le processus de création de valeur. CQFD.
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