Token For Good Summit : 3 questions à... Emilie-Alice Fabrizi, The Good Token Society

Le 15 octobre à Genève, un nouvel événement Blockchain/ WEB 3, célébrera son avènement au coeur du Musée Ethnographique. Son nom : Token for Good. Sa baseline : The Power of Decentralization for Positive Impact. Son objectif: Démontrer au travers de tables rondes comment les applications utilisant la décentralisation contribuent à résoudre les problèmes d'aujourd'hui et le feront encore plus demain.
A l'origine de cette conférence, soutenue notamment par Blockchain for Good ou la Swiss Blockchain Federation, Emilie-Alice Fabrizi, présidente de The Good Token Society.
La jeune femme, française, qui évolue au coeur de l'écosystème web3 suisse depuis une dizaine d'années, nous explique les raisons et les dessous de ce nouvel événement.
AL ALLAIN

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Vous inaugurerez le 15 octobre, la première édition de Token for Good à Genève, pouvez-vous nous en dire plus sur cet événement ?

L’événement conférence Token for Good est né d’un constat et d’un besoin. Le constat que la blockchain émerge comme une force transformatrice capable de révolutionner divers secteurs - au-delà de la finance et de la cryptomonnaie. Et le besoin de réunir cette nouvelle génération d’entrepreneurs visionnaires, d’experts et leaders d’opinion qui allient technologie blockchain, impact social et business. Nous souhaitons montrer que « For Good » et « For Profit » ne sont pas antinomiques, et de surcroît, que les solutions technologiques aujourd’hui développées peuvent intéresser plusieurs industries. La traçabilité et la transparence de la supply chain trouvent des applications dans le domaine environnemental, agricole mais aussi dans l’industrie du luxe et des biens de consommation. La protection des données concernent tant les individus que les entreprises et le secret des affaires. Ces sujets sont vitaux pour les démocraties mais aussi pour l’économie. La technologie blockchain se déploie de manière transversale, agnostique.
Token for Good s'inscrit dans une démarche holistique de responsabilité sociale, sociétal et environnementale en mettant l'accent sur l'utilisation des technologies blockchain pour créer un impact positif.

Organisé au Musée Ethnographique de Genève, l’événement va réunir une quarantaine d’experts de renom à travers une série de conférences, discussions et keynotes. Une journée pour explorer des applications concrètes allant de la finance décentralisée (P2P Money, Financial Freedom, stablecoin, …) à la traçabilité et transparence de la supply chain (approvisionnement, origine d’un produit, composition, …) en passant par les initiatives de développement durable (grâce à des données plus précises, fiables, normalisées), l’identité décentralisée, la protection des données et les projets humanitaires. Nous avons souhaité désiloter les univers en rassemblant organisations internationales (Médecins Sans Frontières, UNICEF, WEF, WTO, ..), entreprises tech à impact (Open Forest Protocol, Farmer Connect, Keenest, …), fondations blockchain (Mina Foundation, Cardano Foundation, Hedera, Wakweli Foundation), entreprises pionnières dans le paiement crypto (MtPelerin), dans la protection de l’identité (MyDid), industrie (Nicomatic Explorer) …
Tous ces acteurs ont su transformer leurs idées innovantes en entreprises prospères, démontrant que l'impact social et le succès commercial ne sont pas incompatibles.
Nous avons pu compter sur le précieux soutien du Canton de Genève, de la Ville de Genève et du Fond Genevois pour l’Innovation Technologique. L’innovation est un des piliers de la stratégie économique 2023/2028 de Genève et le « développement à impact » est très encouragé. Nous avons également des partenariats avec l’association Blockchain For Good, la Nordic Blockchain Federation et la Swiss Blockchain Federation. Dans cet écosystème en construction, il est vital d’agir en réseau.

Parisienne installée à Genève depuis près de 10 ans, pouvez-vous nous dire en quoi l’écosystème suisse est différent ?

Il est effectivement différent pour de nombreuses raisons. Culturelle, administrative, économique. En France, tout est assez centralisé. C’est franchement l’inverse de la Suisse. Il y a une agence de l’innovation située à Berne qui s’occupe du soutien aux startups et chaque Canton dispose de son propre système d’aide et d’encouragement. Ce qui permet de créer une plus grande proximité public-privé. Sans faire du cas par cas, chaque canton peut soutenir telle ou telle industrie et créer les conditions favorables au renforcement de son tissu économique.

La Suisse dispose d’un cadre incitatif très centré sur l’innovation dans la tech. Et si le pays n’est pas spontanément perçu comme l’un des plus innovants au monde, il détient pourtant le plus grand nombre de brevets par habitant. Le plus grand centre de recherche de Google dans le monde (après les États-Unis) se trouve à Zurich.

Le Canton de Genève, avec ses 500'000 habitants, son excédent budgétaire d'environ 1,4 milliard CHF en 2023, son PIB en hausse et une fiscalité compétitive, est reconnu pour son attractivité internationale. Il y a une culture économique plurielle : hub international en raison de la présence de nombreuses organisations internationales, centre financier de premier plan, industrie du luxe avec l’horlogerie.
Cette diversité économique, sur un petit territoire, contribue à créer un véritable environnement dynamique et multiculturel. D’ailleurs de nombreuses sociétés françaises de la tech, et de la blockchain en particulier, cherchent à s’y installer. Il y a une « ligne directe » Paris-Genève qui est en train de se mettre en place. De fait, la Suisse s'est positionnée très tôt comme pionnière dans le domaine de la blockchain. Le 1er août 2021, la Suisse a été l'un des premiers pays au monde à mettre en vigueur des dispositions légales pour la technologie blockchain (la loi « DLT »). La priorité a été de garantir la sécurité juridique et de favoriser l’innovation. L’approche suisse se caractérise surtout par l’intégration des nouvelles technologies dans le cadre réglementaire existant. Dans d’autres parties du monde, notamment en Europe et aux USA, on sent un durcissement croissant de la régulation crypto. Avec sa forte culture financière, ses lois solides sur la protection de la vie privée et son approche règlementaire pragmatique, la Suisse peut continuer d’attirer un écosystème blockchain dynamique. Les entreprises suisses ont par ailleurs été parmi les premières à adopter la blockchain. Il reste néanmoins de nombreux défis pour booster un peu plus cet écosystème, dont un en particulier, et qui est de taille : l’accès et l’ouverture aux comptes bancaires pour les sociétés blockchain. C’est un véritable problème, et ce même en Suisse.

Blockchain et impact ne font pas toujours bon ménage, en quoi pour vous, le token est il vraiment for GOOD ?

Vous avez raison de souligner que blockchain, token et impact positif ne vont pas toujours de pair. C’est malheureusement plus un problème de perception plus que de réalité.

La blockchain peut jouer un rôle crucial dans la promotion du bien commun et la création d'un impact positif. Il en va de même avec la tokénisation, ou le processus de conversion d'actifs en jetons numériques sur une blockchain. Ces technologies sont en train de révolutionner divers secteurs de l'économie mondiale, transformant la manière dont nous gérons, échangeons et investissons dans des actifs.

De fait, la blockchain offre une transparence et une traçabilité inégalées. Cela est particulièrement utile dans des domaines où la confiance et la vérifiabilité sont essentielles. On compte, parmi les projets les plus avancés, des plateformes de micro-crédit et de sécurisation de collatéral, des infrastructures d’identité numérique et de transfert de fonds, la mise en place de marchés de crédits carbone volontaires, l’émission et l’échange d’obligations vertes, la certification de provenance d’électricité produite par des sources d’énergie renouvelable, …
Par exemple, face à l’exigence d’un commerce international plus transparent au fur et à mesure qu’il se complexifie, les blockchains peuvent améliorer la traçabilité des ressources naturelles, des matières premières, des denrées alimentaires, des biens de consommation. Cette traçabilité « de la terre à l’assiette » ou « de la fibre aux vêtements » peut enfin permettre de lever le voile sur les nombreux intermédiaires qui rendent le système actuel opaque, et enfin avoir des filières responsables. On pourrait par exemple ajouter différentes données pertinentes pour l’information des consommateurs et pour la garantie de droits des artisans et producteurs (salaires, origine et matière d’un produit, quantité d’eau utilisée, le trajet…). L’apport fondamental de l’usage de blockchains tient dans leur capacité à valoriser des pratiques sociétales positives. La technologie n'est qu'un outil au service d'une fin. Le passage de l’identification numérique à l’identité numérique est révélateur d’un glissement de l’esprit. Il ne s’agit plus du processus purement technique d’identification mais bien de la gestion de son identité numérique et donc de la propriété des données. On parle ici de l’« identité auto-souveraine » (Self-Sovereign Identity - SSI). La SSI élimine le besoin de recourir à des autorités ou à des plateformes centrales pour gérer l'identité numérique des utilisateurs. Cette décentralisation signifie que vous n'avez plus besoin de faire confiance à des intermédiaires pour stocker et gérer vos informations personnelles en toute sécurité. Imaginez, par exemple, que vous puissiez accéder à des articles sur un site Web payant comme le New York Times, mais sans avoir à vous inscrire. Au lieu de remettre votre nom et votre adresse électronique à l’éditeur, qui les stocke ensuite dans une base de données centralisée, vous pourriez accéder à un article via un identifiant numérique vérifié, puis payer, en crypto ou en fiat, pour ce que vous consommez.

De fait, la technologie blockchain peut être le moteur de nouveaux modèles de changement. Mais cet optimisme rencontre tout de même des défis significatifs. Celui de l’adoption et de la standardisation pour assurer l'interopérabilité entre différents systèmes. Les utilisateurs doivent être éduqués et sensibilisés aux concepts et aux avantages de la blockchain. Une meilleure compréhension de la technologie et de ses applications peut aider à surmonter les réticences et à encourager l’adoption. Et bien sûr celui du financement. Trop souvent, on considère les initiatives "for good" comme relevant davantage de la philanthropie que des investissements. Ce qui dissuade de considérer les entreprises qui ont besoin de financement comme des opportunités d'investissement sérieuses. Et c’est ce sur quoi nous souhaitons agir. L’innovation n’est pas l’ennemi du good. Et le good n’est pas incompatible avec la croissance. L'investissement et l'innovation responsable ne doivent plus être considérée une niche ou un investissement « bonne action ». Les entreprises qui seront présentes lors du Token For Good n’oeuvrent pas seulement pour le bien commun, elles savent faire du business.

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TOKEN FOR GOOD SUMMIT

Mercredi 25 Septembre 2024


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