Walter France : Quels sont les effets que vous avez pu constater sur la mise en place du télétravail ?
Edwige Zandecki : Le premier confinement a été subi et le télétravail a été instauré en urgence. Toutes les entreprises n'étaient pas outillées pour cela, loin s'en faut, et chacune a fait ce qu'elle a pu avec les moyens du bord. Les outils adéquats ont été mis en place au fur et à mesure. Les effets ont été variés et extrêmement différents d'une structure à l'autre, et également d'un confinement à l'autre. En premier lieu, le premier confinement a ouvert un éventail d'opportunités aux entreprises qui étaient persuadées que le télétravail était impossible et qui ont pu constater que cela fonctionnait. Ensuite, du point de vue des collaborateurs, il faut bien avouer que lorsque le premier confinement a été annoncé, nombreux étaient ceux qui se réjouissaient de pouvoir rester chez eux, de supprimer les temps de transport, d'éviter de poser une demi-journée de congé pour le passage du plombier ou le relevé des compteurs... Mais au fil des jours et des semaines, ils se sont rendu compte que le télétravail cinq jours sur cinq avait ses limites.
Si la première visio-conférence avait l'attrait de la nouveauté, le soufflé de l'enthousiasme est rapidement retombé : participer à trois, quatre, voire plus pour certains, video-conférences par jour est extrêmement fatiguant. De plus, tous ont pris conscience que la communication verbale et visuelle par écran interposé ne suffit pas. En effet, sans contact physique, c'est tout un panel de la communication qui est coupé, le lien social ne peut exister pleinement.
Le deuxième effet que nous avons pu constater est le ralentissement de l'innovation et de la créativité. Au cours d'un brainstorming en présentiel, les participants peuvent passer d'un sujet à l'autre, rebondir sur une idée, ce qui est impossible en visio-conférence où l'on est obligé d'attendre sagement la fin de la prise de parole de chacun si on veut éviter la cacophonie. Certaines entreprises ont davantage besoin de créativité et d'innovation que d'autres, et pour celles-là, les projets à long terme, pour cette raison, se sont trouvés ralentis.
La troisième constatation est la différence de comportement des salariés, qui, lors du deuxième confinement, ont souvent été demandeurs de venir travailler en présentiel un ou deux jours par semaine, voire plus. Les entreprises ont essayé de mettre en place un roulement par équipes. Et les apéros Zoom étaient beaucoup moins fréquents lors du deuxième confinement, signe d'une relative lassitude...
Walter France : Quels sont les enseignements à tirer ?
Edwige Zandecki : Le télétravail n'est bien évidemment pas appréhendé de la même manière selon qu'un salarié vit dans un studio de 20 m2 en zone urbaine ou dans une maison avec jardin. Lorsqu'elle est tentée (ou contrainte) d'imposer le télétravail, l'entreprise doit en tenir compte. La plus grande difficulté réside dans l'intégration des nouveaux collaborateurs. Pour que ceux-ci puissent disposer du matériel adéquat, se familiariser avec les outils, être formés aux logiciels et aux méthodes, il est impératif qu'ils soient présents dans l'entreprise ; et encore plus si c'est leur premier emploi ou qu'ils sont jeunes. Créer l'inclusion, retrouver les collègues autour d'un café est primordial pour qu'ils se sentent accueillis et bien dans leur nouveau poste.
Walter France : Quelles évolutions avez-vous pu constater chez les managers ?
Edwige Zandecki : Les confinements ont été un révélateur de personnalités, quelle que soit la catégorie de salariés. Certains que l'on pensait solides et organisés ont très mal supporté le télétravail et ont « lâché », d'autres à l'inverse qui pouvaient paraître plus fragiles s'en sont parfaitement accommodés et ont maintenu leur productivité.
Concernant les managers, ce sont les pivots des entreprises et c'est sur eux que reposent beaucoup de choses. Ils doivent jongler entre d'une part la nécessité d'être bienveillant et inclusif, en commençant par s'assurer que tout le monde va bien, qu'il n'y a pas de malades dans les familles, etc, car, au-delà de la problématique du télétravail, la crise sanitaire peut générer de la peur ; et d'autre part, la nécessité de donner un cadre et de le faire respecter, tout en pouvant être plus tolérant sur la flexibilité des horaires de travail. Le management en présentiel est plus simple : on donne des objectifs clairs et définis, mais en cas d'incompréhension, il est facile de passer dans le bureau d'un collaborateur pour lui réexpliquer, ou, pour le collaborateur, d'aller solliciter son collègue ou son supérieur hiérarchique de manière informelle. C'est plus difficile à distance, cela demande un effort de communication et de clarté beaucoup plus important, et suppose que le manager soit pro-actif pour s'assurer qu'il n'y a pas d'incompréhensions pouvant être bloquantes dans le travail de ses équipes.
Walter France : Quels sont les nouveaux défis que les entreprises doivent relever ?
Edwige Zandecki : Bien sûr, les entreprises doivent gérer le court terme, et elles le font toutes, du mieux qu'elles peuvent. Mais pour continuer à motiver les salariés, en période de tempête, c'est la vision long terme qui est primordiale, pour ne pas oublier de garder le cap. Elles doivent faire face à un paradoxe : apprendre à être plus évolutives, plus souples, dans le sens où les confinements et les déconfinements se succèdent, avec des changements de rythme permanents entre télétravail et présentiel, et dans le même temps garder une vision claire pour rassurer et motiver leurs équipes. Tout le monde est conscient que l'on se dirige vers une crise économique et les salariés peuvent craindre pour leur emploi. C'est pour cela qu'il est essentiel d'être transparents sur la situation de l'entreprise et de ne pas duper les salariés. Si la direction a annoncé aux salariés « ça va aller », et que ceux-ci s'aperçoivent quelques semaines plus tard que rien ne va, c'est encore plus déstabilisant pour eux. Les salariés peuvent accepter les creux et les vagues, à condition qu'on leur donne le cap et des perspectives à long terme. C'est cette vision de la direction, bien expliquée, qui permet de maintenir la solidarité et la cohésion d'équipe.
https://www.walterfrance-allinial.com/fr
Edwige Zandecki : Le premier confinement a été subi et le télétravail a été instauré en urgence. Toutes les entreprises n'étaient pas outillées pour cela, loin s'en faut, et chacune a fait ce qu'elle a pu avec les moyens du bord. Les outils adéquats ont été mis en place au fur et à mesure. Les effets ont été variés et extrêmement différents d'une structure à l'autre, et également d'un confinement à l'autre. En premier lieu, le premier confinement a ouvert un éventail d'opportunités aux entreprises qui étaient persuadées que le télétravail était impossible et qui ont pu constater que cela fonctionnait. Ensuite, du point de vue des collaborateurs, il faut bien avouer que lorsque le premier confinement a été annoncé, nombreux étaient ceux qui se réjouissaient de pouvoir rester chez eux, de supprimer les temps de transport, d'éviter de poser une demi-journée de congé pour le passage du plombier ou le relevé des compteurs... Mais au fil des jours et des semaines, ils se sont rendu compte que le télétravail cinq jours sur cinq avait ses limites.
Si la première visio-conférence avait l'attrait de la nouveauté, le soufflé de l'enthousiasme est rapidement retombé : participer à trois, quatre, voire plus pour certains, video-conférences par jour est extrêmement fatiguant. De plus, tous ont pris conscience que la communication verbale et visuelle par écran interposé ne suffit pas. En effet, sans contact physique, c'est tout un panel de la communication qui est coupé, le lien social ne peut exister pleinement.
Le deuxième effet que nous avons pu constater est le ralentissement de l'innovation et de la créativité. Au cours d'un brainstorming en présentiel, les participants peuvent passer d'un sujet à l'autre, rebondir sur une idée, ce qui est impossible en visio-conférence où l'on est obligé d'attendre sagement la fin de la prise de parole de chacun si on veut éviter la cacophonie. Certaines entreprises ont davantage besoin de créativité et d'innovation que d'autres, et pour celles-là, les projets à long terme, pour cette raison, se sont trouvés ralentis.
La troisième constatation est la différence de comportement des salariés, qui, lors du deuxième confinement, ont souvent été demandeurs de venir travailler en présentiel un ou deux jours par semaine, voire plus. Les entreprises ont essayé de mettre en place un roulement par équipes. Et les apéros Zoom étaient beaucoup moins fréquents lors du deuxième confinement, signe d'une relative lassitude...
Walter France : Quels sont les enseignements à tirer ?
Edwige Zandecki : Le télétravail n'est bien évidemment pas appréhendé de la même manière selon qu'un salarié vit dans un studio de 20 m2 en zone urbaine ou dans une maison avec jardin. Lorsqu'elle est tentée (ou contrainte) d'imposer le télétravail, l'entreprise doit en tenir compte. La plus grande difficulté réside dans l'intégration des nouveaux collaborateurs. Pour que ceux-ci puissent disposer du matériel adéquat, se familiariser avec les outils, être formés aux logiciels et aux méthodes, il est impératif qu'ils soient présents dans l'entreprise ; et encore plus si c'est leur premier emploi ou qu'ils sont jeunes. Créer l'inclusion, retrouver les collègues autour d'un café est primordial pour qu'ils se sentent accueillis et bien dans leur nouveau poste.
Walter France : Quelles évolutions avez-vous pu constater chez les managers ?
Edwige Zandecki : Les confinements ont été un révélateur de personnalités, quelle que soit la catégorie de salariés. Certains que l'on pensait solides et organisés ont très mal supporté le télétravail et ont « lâché », d'autres à l'inverse qui pouvaient paraître plus fragiles s'en sont parfaitement accommodés et ont maintenu leur productivité.
Concernant les managers, ce sont les pivots des entreprises et c'est sur eux que reposent beaucoup de choses. Ils doivent jongler entre d'une part la nécessité d'être bienveillant et inclusif, en commençant par s'assurer que tout le monde va bien, qu'il n'y a pas de malades dans les familles, etc, car, au-delà de la problématique du télétravail, la crise sanitaire peut générer de la peur ; et d'autre part, la nécessité de donner un cadre et de le faire respecter, tout en pouvant être plus tolérant sur la flexibilité des horaires de travail. Le management en présentiel est plus simple : on donne des objectifs clairs et définis, mais en cas d'incompréhension, il est facile de passer dans le bureau d'un collaborateur pour lui réexpliquer, ou, pour le collaborateur, d'aller solliciter son collègue ou son supérieur hiérarchique de manière informelle. C'est plus difficile à distance, cela demande un effort de communication et de clarté beaucoup plus important, et suppose que le manager soit pro-actif pour s'assurer qu'il n'y a pas d'incompréhensions pouvant être bloquantes dans le travail de ses équipes.
Walter France : Quels sont les nouveaux défis que les entreprises doivent relever ?
Edwige Zandecki : Bien sûr, les entreprises doivent gérer le court terme, et elles le font toutes, du mieux qu'elles peuvent. Mais pour continuer à motiver les salariés, en période de tempête, c'est la vision long terme qui est primordiale, pour ne pas oublier de garder le cap. Elles doivent faire face à un paradoxe : apprendre à être plus évolutives, plus souples, dans le sens où les confinements et les déconfinements se succèdent, avec des changements de rythme permanents entre télétravail et présentiel, et dans le même temps garder une vision claire pour rassurer et motiver leurs équipes. Tout le monde est conscient que l'on se dirige vers une crise économique et les salariés peuvent craindre pour leur emploi. C'est pour cela qu'il est essentiel d'être transparents sur la situation de l'entreprise et de ne pas duper les salariés. Si la direction a annoncé aux salariés « ça va aller », et que ceux-ci s'aperçoivent quelques semaines plus tard que rien ne va, c'est encore plus déstabilisant pour eux. Les salariés peuvent accepter les creux et les vagues, à condition qu'on leur donne le cap et des perspectives à long terme. C'est cette vision de la direction, bien expliquée, qui permet de maintenir la solidarité et la cohésion d'équipe.
https://www.walterfrance-allinial.com/fr
No Offer, Solicitation, Investment Advice, or Recommendations
This website is for informational purposes only and does not constitute an offer to sell, a solicitation to buy, or a recommendation for any security, nor does it constitute an offer to provide investment advisory or other services by FINYEAR.
No reference to any specific security constitutes a recommendation to buy, sell or hold that security or any other security.
Nothing on this website shall be considered a solicitation or offer to buy or sell any security, future, option or other financial instrument or to offer or provide any investment advice or service to any person in any jurisdiction.
Nothing contained on the website constitutes investment advice or offers any opinion with respect to the suitability of any security, and the views expressed on this website should not be taken as advice to buy, sell or hold any security. In preparing the information contained in this website, we have not taken into account the investment needs, objectives and financial circumstances of any particular investor.
This information has no regard to the specific investment objectives, financial situation and particular needs of any specific recipient of this information and investments discussed may not be suitable for all investors.
Any views expressed on this website by us were prepared based upon the information available to us at the time such views were written. Changed or additional information could cause such views to change.
All information is subject to possible correction. Information may quickly become unreliable for various reasons, including changes in market conditions or economic circumstances.
No reference to any specific security constitutes a recommendation to buy, sell or hold that security or any other security.
Nothing on this website shall be considered a solicitation or offer to buy or sell any security, future, option or other financial instrument or to offer or provide any investment advice or service to any person in any jurisdiction.
Nothing contained on the website constitutes investment advice or offers any opinion with respect to the suitability of any security, and the views expressed on this website should not be taken as advice to buy, sell or hold any security. In preparing the information contained in this website, we have not taken into account the investment needs, objectives and financial circumstances of any particular investor.
This information has no regard to the specific investment objectives, financial situation and particular needs of any specific recipient of this information and investments discussed may not be suitable for all investors.
Any views expressed on this website by us were prepared based upon the information available to us at the time such views were written. Changed or additional information could cause such views to change.
All information is subject to possible correction. Information may quickly become unreliable for various reasons, including changes in market conditions or economic circumstances.
Laurent Leloup : Conseil, accompagnement, financement fintech, blocktech
Finyear : Future Finance, Fintech, DeFi | Daily News
Chaineum : Plateforme STO, financements alternatifs
HealthTech.Finance : Conseil, accompagnement, financement Healthtech
Gryn.Tech : Decarbonation Solutions
Tickando : Financement participatif sur blockchain
MyLastWill: The Willtech Company
Finyear : Future Finance, Fintech, DeFi | Daily News
Chaineum : Plateforme STO, financements alternatifs
HealthTech.Finance : Conseil, accompagnement, financement Healthtech
Gryn.Tech : Decarbonation Solutions
Tickando : Financement participatif sur blockchain
MyLastWill: The Willtech Company
Autres articles
-
ZBD, première entreprise en lice pour la licence MiCA de l'UE
-
Visa finalise l'acquisition de Featurespace
-
Tether investit dans StablR pour promouvoir l'adoption du stablecoin en Europe
-
Chainalysis acquiert Hexagate, fournisseur de solutions de sécurité WEB3
-
Nomination | Esker annonce la nomination de Dan Reeve en tant que membre du Comité Exécutif